3. Les valeurs chrétiennes dans la vie de la cité

Les valeurs chrétiennes dans la vie de la cité

« Les perfections invisibles de Dieu, sa puissance éternelle et sa divinité, se voient comme à l’oeil nu, depuis la création du monde, quand on les considère dans ses ouvrages. Ils (les hommes) sont donc inexcusables.» (Ro. 1 : 20).

Aujourd’hui, le développement de la société humaine fait apparaître une séparation toujours plus grande entre

l’espérance et le désespoir,
le possible et l’impossible,
le bien et le mal.

Cette cassure est particulièrement remarquée dans la vie de la cité (de la grande ville), car elle est l’image de la civilisation et résume en son sein le meilleur et le pire. Nous entendons parler des cités malades, des dernières frontières de la vie simple, en contraste avec celle des agglomérations urbaines surpeuplées. Un urbaniste s’exprimait ainsi: « Les problèmes les plus sérieux de nos cités sont, déjà aujourd’hui, insolubles et le resteront dans un avenir immédiat ».

La communauté urbaine est née en Asie de l’Ouest et en Amérique centrale,

autour du temple,

ce territoire sacré où se retrouvaient

l’humain et le divin,
le point de rencontre du cosmos et du chaos,
dans sa plus intense réalité.

C’est là, comme en d’autres créations de sa main, que l’homme de la cité est toujours en danger d’oublier son vrai Seigneur et Créateur. La Bible est bien au fait des valeurs que représente la grande agglomération.

Ainsi, Babel fut construite pour la gloire seule de l’homme. Sodome et Gomorrhe furent des monuments de la dépravation de la race humaine. Babylone a symbolisé le pouvoir de l’homme aussi bien en la puissance de sa force séculaire qu’en ses institutions religieuses.

Plus grande est la cité, la métropole, plus grande est la tentation d’oublier

« Le Tout-puissant qui règne sur les royaumes des hommes et qui les donne à qui Il veut» (Da. 4 : 25).

Tout comme la justice de Dieu (concernant la vie civique), fut proclamée à Béthel, – ainsi un Amos est-il aujourd’hui nécessaire pour se tenir sur la brèche, pour réparer les ruines, pour rebâtir et replanter (9 : 11). Et nous! Hommes peureux et craintifs, nous sommes tentés de croire que Sa voix n’est pas entendue dans le brouhaha de notre civilisation matérialiste. Oh, combien nous aimerions échapper à ce bruit, afin d’éviter ses complications et ses luttes! C’est en effet ce que nous faisons en proclamant les valeurs simples, les vérités de toujours, mais en nous cantonnant loin des compétitions, des pressions de masses, de confusions, des problèmes entrevus au-delà de nos possibilités de saisir et de résoudre…

Certes, le monde des Evangiles est un monde pastoral: scènes de campagne, peu- ples de villages, solutions simples à résoudre. En revanche, la cité n’a-t-elle pas été fondée par les fils de Caïn ? N’est-ce pas sur la vanité obstinée de Jérusalem que Jésus a pleuré ?

N’est-ce pas la décision de Jésus de quitter les paysages de la Galilée pour la grande ville, qui a marqué la grande crise de son ministère?

N’est-ce pas là-bas, hors de ses murs, qu’Il a été crucifié, symbole de sa réjection ?

Oui, la cité, la métropole résume, concentre la tendance d’autonomie, le désir de secouer tout joug, de se libérer des lois divines. Elle est, par cela même, le problème du chrétien de la ville, du citadin.

Ainsi, dans la cité, dans les circonstances les plus difficiles de la vie moderne, c’est là que nous devons annoncer le Royaume de Dieu !

L’emprise, l’influence de la grande ville

L’explosion, c’est-à-dire le développement trop rapide de la vie dans la grande agglomération, accentue le mouvement dont nous nous sommes entretenus ci-dessus. Les exigences sociales et technologiques amplifient la révolution urbaine. Simultanément, trois causes peuvent être observées :

1. l’extension des zones habitées,
2. les relations sociales d’un nouveau genre,
3. un état d’esprit nouveau, associé et adapté à la vie urbaine.

A titre d’exemple, en 1850, seulement le 2,4 % du total de la population du globe vivait dans des villes de plus de 20’000 habitants. En 1950, cette proportion était estimée à 25 %. Pour l’an 2000, on s’attend à la voir doublée. La vitesse de progression est plus rapide encore dans les pays qui, aujourd’hui, sont en voie de développement (l’Afrique francophone en particulier).

Autrefois, les cités étaient bâties en fonction des dimensions utiles à l’être humain. Elles correspondaient à ses forces et à ses possibilités. Elles s’adaptent actuellement à la mesure de la voiture automobile, horizontalement, et à celle des gratte-ciel, verticalement. Alors qu’autrefois, la cité était le centre réservé à la divinité, et ensuite seulement à l’homme, aujourd’hui, la ville est l’habitation de la machine ! En nommant la cité le « polis » (mot qui nous a donné le terme « politique ») les Grecs d’antan reconnaissaient que la ville est davantage qu’un contexte physique : c’est un ensemble

de relations sociales,
d’institutions organisées,
de sociétés à but matériel.


Recherchant la « vie agréable », la « commodité », la cité est habitée par des personnes qui cherchent à vous persuader, à vous dominer, à vous organiser, par des professionnels de toutes sortes dont les noms remplissent les pages du répertoire téléphonique spécialisé. La cité est un monstre à tête d’or et aux pieds fragiles – de terre et d’argile : distractions et abstractions, commodités et institutions, hôpitaux et police, services du feu et assurances de tout genre. D’autre part, elle est pleine de contradictions :

foules humaines et solitude,
inter-dépendance et indifférence sociale,
richesse et pauvreté,
pluralisme et ségrégation ( = séparation).

La cité accorde moins de place à la vie privée, à la vie de famille, moins de possibilité de travail à proximité du lieu d’habitation. Les valeurs, par contre, sont à partager avec d’autres: la morale, la culture (enseignement, études) luttent et se heurtent les unes contre les autres, ajoutant à la confusion, parfois jusqu’à la violence et au crime. Manquant de solitude et de paix, la vie urbaine crée une société qui reçoit ses directives du DEHORS, plutôt que celles qui prendraient source au DEDANS, enracinées dans une terre de convictions et d’engagements mutuels. La cité est la sphère de ceux qui persuadent: commerçants, journalistes, agences de publicité, études du marché en vue de créer des besoins parmi les consommateurs, en vue de la vente en masse des biens de ce monde. Les valeurs morales et la foi de l’individu sont laissées de côté.

Cependant, certaines coutumes, un standard moral hérité, certaines valeurs d’ordre général devraient être appuyées par la classe de la population qui tient encore à quelques principes et qui réfléchit –

si toutefois elle désire encore survivre !

Tout cela constitue le danger moral qui nous guette, la perpétuation de l’encadrement des masses de gens, ce qui mène à l’indifférence, à l’atrophie (à l’annihilation, à la destruction) du caractère: l’individu ne réagit plus…

Les pressions de l’ère technique

Les églises établies ne sont plus en mesure de répondre aux exigences religieuses chrétiennes de la grande ville, mais ce ne sont pas les seuls problèmes qui se présentent à nous. La vie urbaine est un formidable bassin de « principautés et de puissances ». « Car nous n’avons pas à lutter contre la chair et le sang, mais contre les dominations, contre les autorités, contre les princes de ce monde de ténèbres, contre les esprits méchants dans les lieux célestes » (Ep. 6: 12). La technologie et l’industrialisation ont contribué à augmenter la croissance et l’étendue des villes dans une telle mesure que l’homme se trouve en face d’une grande tentation, celle de se considérer comme étant sa propre Providence: « Il sacrifie à son filet » (écrivait Hab. 1 : 16). Pour beaucoup, la vie est devenue un grand « Faites-le vous-même », « débrouillez-vous vous-même », un géant « Do-it-yourself » vous invite à prendre la place du Tout-puissant.

Autrefois, l’homme priait pour la pluie, comme Elie (I Ro. 17 : 1); maintenant, il ensemence les nuages. Il conserve l’eau et il irrigue les cultures. Autrefois, il demandait la bénédiction pour ses champs, aujourd’hui il les fertilise avec des engrais. Il importe de la viande en conserve et même la crée par synthèse… Autrefois, il cherchait la délivrance du péché, maintenant il cherche un « ajustement psychologique ». Même pour le chrétien, l’agitation, l’activisme et la course effrénée, jointe à un esprit pratique, tout tend à rendre très difficile de réserver un moment de calme en vue de la méditation et de la prière.

Simultanément, la technologie tend, par ses possibilités étendues, à dénigrer, à abaisser l’homme dans sa propre estime. La machine, symbole d’émancipation, qui joue un si grand rôle dans la libération de la condamnation qui fut la part de Caïn (Ge. 11 : 12), « Tu seras maudit de la terre… quand tu cultiveras le sol, il ne te donnera plus sa richesse », la machine menace de détruire l’homme par d’autres moyens. L’influence du machinisme est déplorée, car elle n’est pas stimulante: l’homme devient un engrenage dans la roue, rien de plus.

Notre inquiétude grandit concernant les tensions dans le monde du travail, le man- que d’humanité au niveau des rapports humains dans l’industrie. Nous pensons à tout ce qu’a apporté la voiture automobile dans nos villes, bloquant ces dernières à mort par la congestion du trafic et la pollution de l’air. Enfermé dans son armure d’acier, le « centaure », le monstre motorisé change de mentalité: de piéton qu’il était, il devient une personnalité beaucoup plus agressive, responsable des deux tiers des accidents. Les relations de voisin à voisin sont moins faciles et les faubourgs des villes sont peu favorables aux rapports sociaux.

Une autre révolution a été accomplie dans nos logis par la télévision, changeant les habitudes de la famille, apportant un bouleversement radical de l’atmosphère morale de bien des foyers.

Où trouvons-nous encore ce sens moral inné, intime, héritage de plusieurs générations, alors que

ce sont les produits usinés qui dictent notre conduite…

La technologie apporte une culture de changements, précisément parce que, par nature, elle va de l’avant: toujours plus productive, toujours plus efficiente. Nous y Sommes habitués. C’est ainsi que l’on nous dit que nous devons avoir une nouvelle théologie, une nouvelle morale, et sans nul doute un nouveau christianisme! Nous allons d’émotion en émotion, de distraction en distraction, ce qui conduit à des névroses, à la violence, au désordre.

Et vraiment, nous avons des motifs de croire que nous ne sommes qu’au départ d’un changement plus rapide encore et que notre course contre la montre va atteindre une vitesse inimaginable.

Notre civilisation se déploie en toutes sortes de contradictions.

Il y a davantage d’ambition et moins de satisfaction,
Il y a davantage de vitesse et moins de direction,
Il y a davantage de variétés et moins de cohérence,
Il y a davantage de connaissances et moins de sagesse.
Il y a davantage de puissance et moins de transcendance,
La vie de l’église aussi devient confuse: le but est moins précis,
Il y a davantage d’adhérents et moins de disciples.
Il y a davantage de succès et moins de sainteté.
Il y a davantage d’organisation et moins de prières…


L’image, la présentation de ce qui est bien ordonné tend à obscurcir les valeurs spirituelles, celles de l’homme intime. Notre connaissance de ces divergences, de ces disparités, de ces oppositions révèle la profondeur de l’esprit humain, lequel ne peut être enfermé dans les superficialités de notre culture moderne.

Le chrétien dans la cité

Face à ces pressions si énormes, face aux conséquences si effrayantes que développe un monde dont l’unité trouve son expression dans des villes démesurées et dans la technique, sinon dans de nouvelles idéologies ou émotions…

que peut faire le chrétien ?

Il peut être tenté, de reprendre pied dans les traditions passées, et accepter la place d’un gardien de musée! Ainsi, il pourra donner à d’autres l’impression qu’il est plus important de prouver que Dieu était vivant au premier siècle de notre ère que de montrer qu’Il est actif aujourd’hui.

Or le chrétien est tenté de vivre deux vies, une ecclésiastique, et une autre dans les activités séculaires. Un tel partage implique que la vie religieuse ne touche qu’une partie de l’être, qu’elle est restreinte et non pas ce que nous enseigne le christianisme : un style de vie complet qui demande tout l’homme.

A vrai dire, il s’agit là de notre besoin le plus grand, le développement d’un style de vie livrée à Dieu, convaincante, dans le cadre des communautés chrétiennes, – vie virile, attirante, telle celle des chrétiens du premier siècle, comme des Franciscains du 13e, des Puritains du 17e siècle. Il est de notre devoir de présenter de telles vies authentiquement chrétiennes, dans la cité, chacun pour son propre compte.

En voici quelques caractéristiques 1. Je suggère que le premier souci de nous tous soit de chercher à comprendre la nature de l’homme et de préserver (autant que possible) son humanité: les passions, les craintes, les espérances et les désirs sont semblables à ceux d’hier, mais il faut tenir compte que le machinisme et les obligations de la grande ville nous ont aussi changés. Un souci ardent d’être un homme dans le plein sens du mot, authentique et sensible, est rarement évoqué, mis en avant, dans les cercles religieux; parfois, il est comprimé, supprimé même. Telle est une contradiction de base, alors que l’évangile apporte la liberté et proclame vouloir rendre l’homme capable de vivre une vie harmonieuse et vraie.

2. Vivant au centre de ces masses de peuples, de l’influence de ces préoccupations égoïstes et des compétitions innombrables, le chrétien doit être et rester un témoin de Christ, un homme de compassion, de désintéressement, de don de soi- même, un symbole de réussite! Partout où la machine forme les valeurs, moule le peuple, conditionne sa manière d’être, nous devons, nous chrétiens, résister à son influence pernicieuse.

Considérez comment notre société régie par la technologie envoie ceux du troisième âge dans des centres de repos et d’isolement, les exilant comme étant incapables de suivre notre néo-culture. Voyez combien la voiture automobile a aidé à créer de nouvelles formes d’égoïsme. Remarquez combien l’effort et le désir de vouloir être aussi bien lotis que le voisin a affecté le support financier destiné à l’oeuvre chrétienne en général.

3. Le chrétien est mis en demeure de vivre une vie livrée à son Seigneur, attachée d’une part au peuple dans lequel il a vu le jour, étant intégré à ce peuple par l’enseignement, (écoles, etc.) et par les occasions de travail offertes, mais d’autre part enraciné et affermi dans la foi en Christ. Dans un monde où la crainte du lendemain est de tous les instants, nous sommes invités à montrer des coeurs en paix, capables ainsi d’être compréhensifs aux soucis et aux luttes de nos contemporains.

Certains chrétiens donnent l’impression que la réalité de leur foi n’est qu’une affaire intellectuelle, que seule importe la pureté de la doctrine. Nous nous comporterons et vivrons très différemment si nous acceptons que réalité et foi habitent la demeure de l’homme chrétien complet, présentant, dans une humble assurance, tous les aspects de sa personnalité. Tout cela n’est pas le travail d’un jour, au milieu des complexités de la pensée moderne. Pour cette dernière raison, un témoignage visible et adéquat est une impérieuse nécessité; il est d’autant plus vital d’en rechercher le chemin.

4. Un quatrième point pour le chrétien est de découvrir, dans la foi, le sens profond de la transcendance de Dieu, de sa présence réelle, aussi bien dans les cieux que sur la terre, autour et dans tout croyant. Pour trop de nos contemporains, la vie semble plate, sans relief, superficielle, sans la résonance du mystère que révèle la foi en la personne de Christ. En cet âge d’analyses, nos contemporains voient beaucoup de choses; en fait, ils ne découvrent rien. Dans ce cadre, le chrétien ne peut s’affranchir de ce monde attaché à ses biens matériels, sinon

par un sens profond de la présence
et de la puissance de Dieu dans sa vie.

Seule la puissance de Dieu peut nous rendre capables de nous élever au-dessus de notre civilisation, de notre culture, de nos tempéraments et des pressions de notre époque. L’oeuvre chrétienne est de donner des preuves convaincantes de la réalité de Dieu et de son amour. Ce sera dans le monde de la ville, de la métropole géante, un renouveau de notre témoignage chrétien atrophié, amoindri par l’influence de ce même monde voué au gigantisme.

En tous nos souhaits, en tous nos désirs et nos plans, nous réalisons que sans cette puissance divine, don d’En-haut, saisie par le Saint-Esprit, tous nos efforts seraient vains. Nous nous rendons compte que seule une très petite partie de notre peuple citadin reçoit connaissance du salut que Dieu offre en Jésus-Christ.

Il est clair que l’évangélisation de la grande ville, ce monde dans lequel la vaste majorité de la population sera bientôt compressée, va demander un effort de stratégie et de ministères diversifiés, inconnus jusqu’à ce jour. Un esprit de coopération parmi les chrétiens et les églises sera nécessaire. Nos problèmes sont trop vastes pour permettre les affrontements des charismes particuliers, des intérêts locaux, des clubs religieux fermés. L’immensité de la tâche devrait susciter en nous une vague d’espérance.

La grande ville et l’église chrétienne

C’est aux citoyens romains (convertis à Christ) que l’apôtre Paul adressait cette exhortation :

« Ne vous conformez pas au siècle présent » ou comme le donne la traduction Philipps : « Ne vous laissez pas compresser dans son propre moule », sous-entendu dans le moule de la cité romaine, Rome (Ro. 12: 2).

Comment évaluer le travail, l’impact, l’emprise de la religion chrétienne sur nos villes ? Elles ont grandi si rapidement que les églises n’ont pu suivre 1eur développement, ni répondre à leurs besoins les plus urgents. En général, plus la ville est grande, plus petite est la proportion des membres actifs dans les églises.

D’une manière générale, le citoyen non chrétien n’entre pas dans nos temples ou dans nos salles. Il écoutera peut-être là où les jardins publics sont ouverts à la propagande politique ou autre. Ce ne sont que grains de sable au bord de la mer! Comment annoncer Christ dans la grande cité ?

Aux premiers siècles de notre ère, les chrétiens répandus dans le monde environnant la Judée ont rendu individuellement témoignage de leur foi au Christ. ils ont été les fondateurs de l’église chrétienne. Nous estimons que, dans nos grandes agglomérations, rien ne pourra remplacer le témoignage de chaque enfant de Dieu individuellement, témoignage d’une foi entière à Dieu et à son Christ. Tout nouveau converti est un évangéliste en puissance; s’il est fidèle là où il travaille, Dieu le bénira.

Dans toute communauté, un ou plusieurs anciens, ou conseillers, devraient être au courant des diverses possibilités de témoignage chrétien et être à même de renseigner les jeunes dans la foi (quel que soit leur âge, bien entendu). Certainement, il y a des métiers qu’il serait préférable de laisser de côté. En revanche, il en est où les occasions de témoigner peuvent être nombreuses. Services sociaux dans la cité, hôpitaux de tous genres, soins aux malades décentralisés, à la population nécessiteuse, à l’enfance malheureuse. Toutes les situations dans l’enseignement, comme aussi dans la surveillance des écoles; services de librairie (auxquels l’église pourrait donner son appui); occasionnellement des études de journalisme pourraient être fort utiles. Dans les grands centres, une pléthore d’activités offrent une possibilité de s’approcher de nos contemporains et de leur venir en aide, possibilités qui n’existent pas dans nombre de places de travail.

En général, les églises évangéliques et fidèles à la Parole n’ont pas étudié ce problème ; elles n’ont pas inventorié les possibilités d’évangélisation par le moyen de leurs membres. Pourtant, ce moyen est accessible aux chrétiens enracinés dans leur foi, sauvés par la rédemption qui est en Christ. C’est à leur portée, tout en gagnant leur pain, en poursuivant un vrai ministère parmi les activités multiples qui forment le complexe qui est la vie d’une grande cité.

Witness 1181, adapté avec autorisation.
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les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)