N’ayons plus peur du tribunal de Christ !

Introduction : une triple peur

Le tribunal de Christ est un sujet qui paralyse, inquiète ou asservit de trop nombreux chrétiens. Ils vivent dans la peur :
– La peur d’un châtiment futur : Même s’ils se savent sauvés par l’œuvre de Christ à la croix, ils craignent de devoir payer dans le futur, au moins dans une mesure, pour les fautes qu’ils ont commises pendant leur vie terrestre. Certains se limitent aux seuls péchés qu’ils n’ont pas explicitement confessés — mais, étant donnée la difficulté que nous avons de percevoir nos fautes, sans parler de notre négligence à les confesser, le nombre reste tout à fait effrayant.
– La peur de la honte qu’ils vont ressentir : Qui n’a pas entendu un prédicateur annoncer à une assemblée tremblante qu’un jour la vie de chacun serait dévoilée entièrement, jusqu’aux pensées les plus secrètes, devant les autres chrétiens rassemblés en cercle autour de lui ? Et d’imaginer à l’avance le regard de réprobation que tel frère, beaucoup plus spirituel — et qui aura donc passé cet épouvantable examen beaucoup plus vite, ne manquera pas de faire peser sur le coupable.
– La peur d’évoquer même le sujet : On a pu écrire que si quelqu’un ose s’interroger sur la justesse de la doctrine d’un châtiment public futur devant le tribunal de Christ, c’est précisément le signe imparable qu’il est dans un mauvais état et qu’il a sans aucun doute un péché grave à cacher
. Ces peurs sont-elles bibliquement fondées ? Que nous dit vraiment la Parole sur le tribunal de Christ ?

Une triple assurance

Une règle herméneutique de base est d’interpréter les textes difficiles à la lumière de textes plus clairs. Or, grâce à Dieu, les textes sur l’assurance du chrétien sont parmi les plus clairs de toute la Bible. Nous avons une triple assurance :

a. L’asssurance donnée par Jésus :

– « Dieu, en effet, n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour qu’il juge le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui. » (Jean 3.17)
– « En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui écoute ma parole, et qui croit à celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle et ne vient point en jugement, mais il est passé de la mort à la vie. » (Jean 5.24) => Nous ne sommes plus sous le jugement !

b. L’assurance donnée par Paul :

– « Étant donc justifiés par la foi, nous avons la paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus-Christ. » (Rom 5.1)
– « Il n’y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ. » (Rom 8.1)
– « Il nous a délivrés de la puissance des ténèbres et nous a transportés dans le royaume de son Fils bien-aimé, en qui nous avons la rédemption, le pardon des péchés. » (Col 1.13)
– « Jésus nous délivre de la colère à venir. » « Dieu ne nous a pas destinés à la colère, mais à la possession du salut par notre Seigneur Jésus-Christ. » (1 Thes 1.10 ; 5.9)
=> Nous ne sommes plus sous la condamnation, Dieu a fait passer sa colère et tous nos péchés ont été définitivement pardonnés !

c. L’assurance donnée par Jean :

– « Et nous, nous avons connu l’amour que Dieu a pour nous, et nous y avons cru. Dieu est amour ; et celui qui demeure dans l’amour demeure en Dieu, et Dieu demeure en lui. Tel il est, tels nous sommes aussi dans ce monde : c’est en cela que l’amour est parfait en nous, afin que nous ayons de l’assurance au jour du jugement. La crainte n’est pas dans l’amour, mais l’amour parfait bannit la crainte ; car la crainte suppose un châtiment, et celui qui craint n’est pas parfait dans l’amour. Pour nous, nous l’aimons, parce qu’il nous a aimés le premier. » 1 Jean 4.16-19 ? Nous sommes dans l’amour de Dieu et il n’y a plus de crainte1 dans l’amour !
Ce ne sont pas des raisonnements humains, des argumentations, mais la puissante Parole de Dieu qui peut, par ces textes simples et clairs, convaincre chacun : celui qui est sauvé ne sera plus jamais condamné.

Cinq textes difficiles

À côté de ces passages irréfutables, il en est d’autres qui semblent dire le contraire et introduire un doute quant à la possibilité d’un jugement futur des croyants au tribunal divin. Avant d’en examiner cinq principaux, clarifions d’emblée le sens du mot « tribunal », bema en grec. Ce mot signifie littéralement « lieu élevé, plateforme, estrade ». Par extension, ce mot en est venu à désigner un tribunal judiciaire (Act 18.12-17), mais initialement c’était le siège du juge sportif dans les jeux isthmiques (les concurrents des jeux olympiques). Aujourd’hui, c’est par ce mot qu’on pourrait désigner la chaise haute où s’assied l’arbitre d’un match de tennis ou l’estrade sur laquelle se tiennent les juges d’une épreuve de patinage artistique.

a. Romains 14.10-12 : la responsabilité personnelle

« Mais toi, pourquoi juges-tu ton frère ? ou toi, pourquoi méprises-tu ton frère ? puisque nous comparaîtrons tous devant le tribunal de Dieu. Car il est écrit : Je suis vivant, dit le Seigneur, tout genou fléchira devant moi, et toute langue donnera gloire à Dieu. Ainsi chacun de nous rendra compte à Dieu pour lui-même. » Dans tout ce chapitre, Paul donne deux leçons importantes pour nos relations entre chrétiens : ne nous méprisons pas ; ne nous jugeons pas, mais souvenons-nous que c’est chacun de nous personnellement qui sera « jugé ».
L’analogie sportive derrière le mot « tribunal » aide à comprendre : un patineur qui a moins bien patiné que les autres parce qu’il est tombé, est-il puni ? il a juste une moins bonne note — mais il ne peut pas blâmer les autres patineurs pour sa chute… Ainsi ce texte insiste-t-il sur la responsabilité personnelle de chacun devant Dieu dans sa conduite

b. 1 Corinthiens 3.12-15 : l’estimation des œuvres, non de la personne

« Si quelqu’un bâtit sur ce fondement avec de l’or, de l’argent, des pierres précieuses, du bois, du foin, du chaume, l’œuvre de chacun sera manifestée ; car le jour la fera connaître, parce qu’elle se révélera dans le feu, et le feu éprouvera ce qu’est l’œuvre de chacun. Si l’œuvre bâtie par quelqu’un sur le fondement subsiste, il recevra une récompense. Si l’œuvre de quelqu’un est consumée, il perdra sa récompense ; pour lui, il sera sauvé, mais comme au travers du feu. »
La « perte » dont il est question n’est pas absolue, mais relative. Elle tient à l’absence de récompense. De même que le juge-arbitre d’un tournoi de tennis indique que le joueur qui a mis la balle dans le filet a « perdu » un point, Dieu, un jour, révélera ce qu’un service peu soigneux ou mal orienté aura fait perdre : la joie de la récompense que le Maître donnera au « bon et fidèle » serviteur.
Quant à la personne, le texte est clair : « il sera sauvé ». L’essentiel, le salut, ne peut être perdu : il est attaché à la personne, à son nom écrit dans le livre de vie.

c. 1 Corinthiens 4.2-5 : la motivation intérieure

« Ne jugez de rien avant le temps, jusqu’à ce que vienne le Seigneur, qui mettra en lumière ce qui est caché dans les ténèbres, et qui manifestera les desseins des cœurs. Alors chacun recevra de Dieu la louange qui lui sera due. »
Remarquons qu’il est écrit que chacun recevra sa « louange » — il n’est pas écrit sa « réprobation ». Cette louange pourra être plus ou moins grande, en fonction de la diligence du serviteur. L’appréciation en sera exacte et sera fondée sur la juste estimation par Dieu de l’état d’esprit dans lequel auront été accomplies les œuvres. Aujourd’hui, nous mesurons surtout l’effet extérieur d’un service ; Dieu mettra alors en lumière la motivation profonde… et nous aurons des surprises !

d. 2 Corinthiens 5.9-11 : la stimulation

« Il nous faut tous comparaître devant le tribunal de Christ, afin que chacun reçoive selon le bien ou le mal qu’il aura fait, étant dans son corps. Connaissant donc la crainte du Seigneur, nous cherchons à convaincre les hommes. »
Ce texte, le plus difficile des cinq, doit être examiné avec attention. Notons que le mot « mal » n’est pas l’un des deux mots les plus courants (kakos ou poneros), qui sont en relation avec le diable ou le mal en tant que tel ; Paul utilise ici le mot phaulos qui signifie litt. « non comme il faudrait être », « moins bien »2 . Chacun de nous peut utiliser son temps, son argent, ses facultés, etc. (choses moralement neutres) soit pour la « gloire de Dieu » (1 Cor 10.31) — et ce sera récompensé comme « le bien », soit pour ses intérêts égoïstes — et ce sera considéré comme « le mal ».
Ce mot « mal » ne doit pas faire croire à la possibilité d’un jugement : en effet, c’est dans le même chapitre que nous trouvons une des déclarations de l’Écriture les plus fortes sur la portée de notre salut : nous sommes désormais la justice même de Dieu (5.21) ! Comment condamner quelqu’un que Dieu lui-même érige en monument de justice à sa gloire ! Cependant, ce texte constitue une forte motivation pour être sérieux3 dans notre vie chrétienne en attendant le Seigneur et pour parler de l’amour de Dieu.

e. 1 Jean 2.28 : les sentiments au retour du Seigneur

« Maintenant, petits enfants, demeurez en lui, afin que, lorsqu’il paraîtra, nous ayons de l’assurance, et qu’à son avènement nous n’ayons pas la honte d’être éloignés de lui. »
Peut-être la deuxième peur évoquée en introduction vient-elle de cette expression : « couverts de honte ». Mais plutôt qu’une allusion à une hypothétique scène céleste, ce verset fait penser à une situation qui pourrait se présenter si, lorsqu’il reviendra, Jésus nous trouve en train de faire, dire, penser, de façon indépendante de lui ou opposée à son enseignement — en bref, si nous ne « demeurons » pas en lui.

L’impossibilité de jugement

IMPOSSIBILITÉ DU JUGEMENT Au-delà des assurances positives données par la Parole et d’une interprétation correcte de textes apparemment inquiétants, le jugement des croyants est une impossibilité logique et théologique :
– L’œuvre accomplie par Jésus Christ est parfaite, complète, définitive : « Par une seule offrande, il a amené à la perfection pour toujours ceux qui sont sanctifiés. » (Héb 10.14) S’il subsistait une possibilité de jugement, cela voudrait dire que le sacrifice de Jésus est insuffisant ou incomplet.
– Dieu est juste et ne peut pas « rejuger » ce qu’il a déjà jugé en Christ sur la croix. Pour le chrétien, il ne peut pas y avoir de double peine ; ce que Christ a porté à ma place, Dieu ne me demandera jamais de le reprendre.
– Au ciel, les « jugés » potentiels seront conformes à leur « juge », Jésus Christ en gloire : « Nous savons que, lorsqu’il paraîtra, nous serons semblables à lui, parce que nous le verrons tel qu’il est. » (1 Jean 3.2) Comment punir des saints désormais sans péché ?

Des récompenses

Le tribunal de Dieu (ou de Christ) est en fait le lieu et le moment de la distribution des récompenses.

Que seront ces récompenses ?

– La couronne de vainqueur viendra récompenser celui qui aura été vigilant dans sa conduite (1 Cor 9.25), patient dans l’épreuve (Jac 1.12), fidèle sous la persécution (Apoc 2.10), diligent dans son service (1 Pi 5.4), persévérant dans son attente (2 Tim 4.8), ferme dans sa foi (Apoc 3.11).
– La place de chaque racheté dans le royaume sera fonction de sa fidélité. Il y aura une gradation (Luc 19 ; Matt 25), une entrée plus ou moins « large » (2 Pi 1.11).
– Mais c’est l’appréciation du Seigneur qui sans doute nous touchera le plus. Lequel d’entre nous n’aimerait pas entendre son Seigneur bien-aimé lui dire : « Bien, bon et fidèle esclave, entre dans la joie de ton maître » (Matt 25.21 ; Luc 12.37).

Qui recevra une récompense ?

Peut-être certains pensent-ils que ces récompenses, ces couronnes, ces félicitations seront le partage des serviteurs éminents, des évangélistes à succès, des chrétiens les plus doués. Or le Seigneur veut encourager chacun :
– Le chrétien persécuté et qui reste fidèle, aura une « grande » récompense « dans les cieux » (Matt 5.11).
– Le croyant qui, tout simplement, aura reçu un prophète aura la même récompense que lui (Matt 10.41-42) — même s’il n’a pas le don de prophète !
– L’esclave chrétien, obligé de travailler jour et nuit, sans pouvoir accomplir un service proprement « chrétien » sera récompensé pour son travail séculier s’il le fait « de bon cœur, comme pour le Seigneur » (Col 3. 23-24). Même en travaillant pour gagner notre vie ou pour élever notre famille, nous pouvons accumuler pour notre récompense future !

Pourquoi des récompenses dans le futur ?

– La récompense future n’est pas contradictoire avec notre situation actuelle : celui qui abandonne quelque chose pour le Seigneur le retrouve déjà dans ce monde (Marc 10.29-30) — en attendant la vie éternelle. La récompense ne nous isole pas du présent
. – La récompense n’est pas contradictoire avec la grâce : n’oublions pas que le service que le Seigneur nous confie est une grâce de sa part ; nous restons des « esclaves inutiles » (Luc 17.10).
La récompense n’est pas méritoire : « Qu’as-tu que tu n’aies reçu? Et si tu l’as reçu, pourquoi te glorifies-tu, comme si tu ne l’avais pas reçu? » (1 Cor 4.7) Tous les dons, toutes les qualités, toutes les facultés, que nous pouvons mettre en œuvre au service de Christ, nous ont été donnés par grâce.
– La récompense n’est pas limitée aux « grandes œuvres » : donner un verre d’eau suffit à être qualifié (Matt 10.41-42).
La récompense revient à Jésus Christ et à notre Dieu : les vieillards autour du trône jetteront leurs couronnes et rendront gloire à Dieu (Apoc 4.10-11). Tout retourne finalement à lui.

Conséquences pratiques ; plus de peur, mais…

En conclusion, le tribunal de Christ ne doit plus être un sujet de peur, mais une saine incitation à une marche qui glorifie notre Seigneur. En cela, il est :
– un appel à la fidélité, pour accomplir avec zèle le service qu’il place devant nous ; – un appel à la vigilance, pour rester droit et pur dans notre vie chrétienne, non seulement dans nos actes, mais aussi dans nos motivations profondes ;
– un appel à la seule vraie raison pour vivre pour celui qui nous aime, nous a sauvés et nous réserve des récompenses que nous devrons avant tout à sa bonté.

1Le N.T. utilise le mot « crainte » (phobos) dans un sens négatif de peur, d’effroi, comme dans ce verset ou dans un sens positif de profond respect, d’honneur, de révérence. Les croyants n’ont plus à avoir « peur » mais ils sont appelés à une juste crainte de Dieu (2 Cor 7.1), de Christ (Éph 5.21), de leurs supérieurs humains (Éph 6.5), des autorités (Rom 13.7), etc.
2 Voir Richard Trench, Synonymes du Nouveau Testament, Impact, p. 352-353.
3Le mot « crainte » a ici le sens de respect, de sérieux, de révérence, de prise en compte de la pensée divine.

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Écrit par

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

Écrit par

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Écrit par

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)

 

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