Le carré de l’amour

Introduction

L’amour est une notion qui est aujourd’hui sur toutes les lèvres. La Bible aussi en parle beaucoup, mais de façon très profonde et en nous donnant un modèle.

Le carré de l’amour

A partir de plusieurs versets tirés de l’Evangile selon Jean, il est possible de représenter les différentes dimensions de l’amour divin sous la forme d’un carré.

L’apôtre Jean écrit son Evangile à la fin du 1er siècle, à une période où les hérésies commencent à se développer. Pour autant, s’il rappelle, tant dans son Evangile que dans ses Epîtres, le prix de la vérité, il trouve indispensable de mettre l’accent sur l’amour. L’amour divin est, bien entendu, déjà présent dans les trois Évangiles synoptiques, ne serait-ce que par l’affirmation du Père au baptême de Jésus et lors de la transfiguration : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé »; toutefois, c’est dans le quatrième Evangile, si complémentaire des trois autres, que nous trouvons les mentions les plus fréquentes de l’amour — et, en particulier, de l’amour du Père et du Fils.

Nous vivons actuellement dans la « dernière heure » dont parlait déjà Jean dans sa 1ère Epître. Tout nous dit que le retour du Seigneur est proche. On constate que « l’esprit de l’antichrist » se développe plus encore que du temps de l’apôtre. De plus, nous vivons dans une période dure, où l’individualisme est prôné. Nous avons donc particulièrement besoin de réentendre ces douces affirmations sur l’amour.

L’amour selon Dieu

Le N.T. comprend trois expressions, toutes sous la plume de Jean, qui, pour ainsi dire, « définissent » la nature de Dieu :

1.« Dieu est esprit » (Jean 4. 23) ;
2.« Dieu est lumière » (1 Jean 1. 5) ;
3.« Dieu est amour » (1 Jean 4. 8, 16) — la seule à être répétée.

L’amour selon Dieu n’est pas l’amour selon le monde. Celui-ci intervertit volontiers les termes et prétend : « l’amour est Dieu ». Autrement dit, on pourrait tout justifier par amour — même les actes les plus opposés à ce que Dieu définit dans sa Parole comme le véritable amour. Par exemple, on ne peut pas justifier le mariage d’homosexuels simplement parce qu’il y a une forme d’amour entre eux. L’amour n’est pas une notion (très floue d’ailleurs) au-dessus de toutes les autres. C’est certes une composante essentielle de la nature du Dieu qui nous a créés à sa ressemblance, mais ce n’est pas la seule. Dieu est parfaitement cohérent dans tous ses attributs, et il est impossible d’en opposer un aux autres.

Cependant, « Dieu est amour » est répété deux fois, car l’amour est « premier » en Dieu. Comme le dit Jacques sous une autre forme, « la miséricorde prévaut sur le jugement » (Jac. 2. 13). Si Dieu ne nous avait pas montré d’abord son amour, où serions-nous ?

L’amour selon Dieu est essentiellement don de soi, comme nous le verrons en détaillant les sept affirmations de l’amour du Père pour le Fils. On est bien loin de la notion insipide de l’amour à la sauce pop ou star-ac actuelle. Il est d’ailleurs frappant de noter que le même magazine qui fera l’apologie de « l’amour » comme remède universel, comme valeur suprême, prônera aussi la recherche de soi, l’attention prioritaire à sa petite personne — bref, fera l’éloge de l’égoïsme, attitude diamétralement opposée à l’amour selon Dieu ! Il est des rédacteurs en chef un peu schizophréniques…

Les cercles de l’amour

Très schématiquement, on peut définir sept cercles d’amour, selon un ordre d’importance décroissante :

1.l’amour pour Dieu, qui doit avoir la première place, car il est éternel ;
2.l’amour vis-à-vis de notre conjoint, si nous sommes mariés — amour qui dure jusqu’à la mort ;
3.l’amour pour nos enfants, si nous en avons ;
4.l’amour pour notre famille « élargie », parents, frères et sœurs, etc. ;
5.l’amour pour nos frères et sœurs dans l’église locale ; nous avons envers eux une responsabilité particulière, puisque nous partageons au quotidien la vie d’église ;
6.l’amour pour tous les chrétiens, où qu’ils soient ;
7.l’amour pour tous les hommes, à l’image du Dieu qui « a tant aimé le monde

L’ordre est important, car il ne sert à rien de penser aimer très fort un frère africain dont nous lisons des nouvelles, si nous n’arrivons pas à supporter dans l’amour celui à côté de qui nous nous asseyons tous les dimanches… Il en est de même dans notre famille : nos relations privées sont le meilleur crible de la réalité de notre amour ; inutile de penser montrer beaucoup d’amour pour les âmes perdues, si, dans le même temps, notre conduite familiale est infecte.

Le modèle divin

Quand nous pensons à l’amour, c’est souvent d’abord à sa dimension inférieure : l’amour entre humains. Comment faire pour mieux aimer ma femme, pour ressentir davantage d’amour pour mon frère ou ma sœur ? Or c’est sans doute prendre le problème à l’envers, car la source de l’amour n’est pas en nous, mais en Dieu : « En ceci est l’amour, non en ce que nous, nous ayons aimé Dieu, mais en ce que lui nous aima » (1 Jean 4. 10). La source de l’amour n’est qu’en Dieu. C’est donc en lui que nous aurons le modèle et les indications pour vivre dans l’amour. Pour mieux nous aimer entre nous, regardons comment le Père aime le Fils.

L’amour est, nous l’avons vu, constitutif de la nature même de Dieu. Cette affirmation a pour corollaire que Dieu, dans son unité, est plusieurs « personnes », car l’amour tel que le définit la Bible a quelqu’un d’autre pour objet(1) . Il y a donc cohérence entre la doctrine de la tri-unité de Dieu et l’amour entre le Père et le Fils. Cet amour — nous y reviendrons — est éternel, absolu, parfait, constant. C’est le modèle. Ce qui donne au carré de l’amour sa dimension et sa stabilité, c’est sa barre horizontale supérieure.

Dans les Évangiles, le Seigneur parle donc sept fois de l’amour du Père pour lui, mais une seule fois de son amour pour le Père. En effet, « l’amour ne se vante pas » (1 Cor. 13. 5) et c’est bien ce que Jésus a mis en pratique. Son amour pour le Père, il l’a démontré par chacun de ses actes, chacune de ses paroles, chacune de ses pensées ; de ses motifs à ses actions, tout était inspiré par l’amour qu’il portait à son Père. La seule mention qu’il en a fait était pour indiquer que l’acte suprême qu’il allait accomplir — son sacrifice à la croix — serait pour le monde l’occasion par excellence de constater son amour pour le Père.

Avant de détailler la barre horizontale supérieure du carré de l’amour, examinons les barres descendantes :

– Le Père nous aime comme il aime son Fils : c’est sans doute une des déclarations les plus surprenantes de toute la Bible. Il n’y a pas de différence : « comme »(2) . Ces affirmations, que nous devrions connaître par cœur, sont un rocher pour notre foi. Si, un jour, les circonstances semblaient contraires et que nous en arrivions à douter de l’amour de Dieu, reprenons notre Bible et relisons ces versets. Le Dieu qui ne peut mentir a écrit ; sa Parole est une base objective : il nous aime du même amour et au même niveau que son Fils unique et bien-aimé !
– Le Fils nous aime comme le Père l’aime : par transitivité, on est toujours sur le même registre, celui de l’amour du Père pour le Fils. C’est toujours la même qualité d’amour. Et Jésus l’a montré en allant « jusqu’à la fin », ou, comme on peut également le traduire, « en mettant le comble à son amour ». Cette « fin » a été la croix, où je vois que « le Fils de Dieu m’a aimé » (Gal 2. 20) ; c’est aussi un amour qui me suivra jusqu’à la « fin », jusqu’à ce que Jésus revienne pour me prendre dans la gloire et me donner ainsi la preuve finale de son amour

L’amour au quotidien, au travers des sept expressions : « Le Père aime le Fils »

Si donc l’amour est d’abord vu en Dieu et dans les relations entre le Père et le Fils, chacune de ces expressions va nous donner des indications pratiques utiles. Nous appliquerons telle ou telle expression à tel ou tel domaine de nos relations (un des sept cercles évoqués ci-dessus), et laisserons à chacun le soin d’en trouver d’autres.

1. « Le Père aime le Fils, et a mis toutes choses entre ses mains » (3.35) — ou l’amour-confiance

Le Père montre son amour pour le Fils en lui faisant confiance. C’est bien l’accent mis dans ces versets, car le verset suivant insiste sur ce registre de la confiance : c’est celui qui ne met pas sa confiance dans le Fils qui est sous la colère de Dieu. En contraste, le Fils s’est vu accorder la pleine confiance de son Père pour tout ce qu’il avait à faire sur la terre.

On peut facilement appliquer ce verset, par exemple à nos relations avec nos enfants. Leur faire confiance est une preuve de notre amour. C’est ce que faisait Job (Job 1.4-5). Cette confiance sera d’autant plus grande après leur conversion. Le Fils, lui, avait l’esprit « sans mesure » (3. 34) ; mais l’Esprit qui demeure dans un de nos enfants convertis sera capable, en dépit des obstacles, de le conduire. Aussi pouvons-nous avoir la confiance de l’amour

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2. « Le Père aime le Fils, et lui montre toutes les choses qu’il fait lui-même » (5.20) — ou l’amour-transparence

Les versets qui encadrent celui-ci mettent en évidence la coordination dans l’action du Père et du Fils. Ce dernier est au courant de tous les actes du Père et, comme il travaille au même titre que lui, il l’honore de sa transparence. Rien de ce que fait le Père est étranger au Fils et réciproquement. Il en résulte une imitation.

Cela s’applique aisément à notre vie de couple — premier cercle humain, rappelons-le, où doit se montrer notre amour. Mari et femme, nous avons à être transparents vis-à-vis de notre conjoint. Vouloir lui cacher quelque chose est un accroc à l’amour mutuel, qui peut avoir des conséquences beaucoup plus graves que nous pourrions le penser. Osons donc nous livrer, nous dire tout, dans la pleine liberté de l’amour.

3. « À cause de ceci le Père m’aime, c’est que moi je laisse ma vie, afin que je la reprenne » (10. 17) — ou l’amour-dévouement

Ce verset est tiré d’un chapitre bien souvent médité, celui du bon Berger. Que fait le bon Berger ? Il donne sa vie pour ses brebis. Par cet acte de dévouement, il offre à son Père un nouveau motif pour l’aimer. Cette affirmation peut paraître paradoxale, car l’amour du Père pour le Fils est éternel et inconditionnel, comme nous le verrons bientôt. Toutefois, à un infini (celui de l’amour de son Père), le Seigneur ajoute un autre infini par son sacrifice.

L’apôtre Jean a bien compris le sens profond de l’amour indiqué par ce passage. Dans sa première Epître, il revient sur cet amour de Dieu, qui se sacrifie : « En ceci a été manifesté l’amour de Dieu pour nous, c’est que Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde » (1 Jean 4. 9). Le verset le plus connu de la Bible (Jean 3.16) affirme aussi que Dieu, par amour, a « donné ».

Remarquons que, dans le contexte de Jean 10, les premiers bénéficiaires de cet amour sont les brebis, pas directement le Père. Mais ne puis-je pas me réjouir du dévouement de quelqu’un de cher en faveur d’un tiers ? Et ce dévouement ne renforcera-t-il pas mon amour pour lui ?

Que peut signifier aujourd’hui « donner sa vie », comme le bon Berger l’a fait pour ses brebis ? Quel peut être le sens de ce verset, qui est l’application si directe pour nous de ce que le Seigneur a fait : « Par ceci nous avons connu l’amour, c’est que lui a laissé sa vie pour nous ; et nous, nous devons laisser nos vies pour les frères » (1 Jean 3.16) ? Quand j’étais petit, il me semblait qu’il s’agissait de se sacrifier physiquement pour un autre, comme dans l’histoire d’une princesse russe sauvée des loups par son majordome chrétien. Mais le Seigneur ne nous appelle pas forcément au martyre physique. L’apôtre Jean, qui avait décidément bien compris l’enseignement du Maître, indique une piste dans le verset suivant : ouvrir ses entrailles à son frère, lui donner. Aujourd’hui, « donner sa vie pour son frère » peut être, par exemple, risquer sa réputation, son « statut » dans l’église, pour venir en aide à un frère injustement accusé.

4. « Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés » (15.9) — ou l’amour-fiabilité

Le sens de l’amour dans ce contexte est éclairé par le verset suivant : « Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour; comme moi j’ai gardé les commandements de mon Père, et je demeure dans son amour. » (15.10) Le Père avait laissé des commandements à son Fils, qui les accomplissait parfaitement. Et en effet, qui a, comme lui, pensé, dit, agi, toujours en conformité avec la pensée de Dieu révélée dans ses commandements ?

La relation d’amour n’est pas toujours dans un contexte d’obéissance à des commandements. C’est certes le cas dans la relation avec nos enfants : nous attendons d’eux qu’ils nous montrent leur amour par l’obéissance aux ordres que nous leur donnons — même si cela est de moins en moins bien vu ! Eh oui, ce n’est pas populaire, mais l’amour n’est pas rebelle. De manière générale, l’obéissance tend vers la fiabilité. Par contre, si un frère me demande un service, que j’acquiesce mais ne fais rien, par négligence, par un trop-plein d’activités (et il est bien facile de trouver de bons prétextes), je manque à l’amour mutuel. Montrons donc notre amour en hommes et femmes sur lesquels on peut compter, qui sont fiables.

5. « … afin que le monde connaisse que tu les as aimés comme tu m’as aimé » (17.23) — ou l’amour-extériorisation

Les trois dernières mentions de l’amour du Père pour le Fils sont tirées de la prière unique que le Seigneur a adressée à son Père avant d’aller à la croix. Dans ce verset, Jésus évoque par anticipation le moment où les siens seront glorifiés au vu de tout l’univers : leur unité sera, en elle-même, un témoignage de l’amour du Père pour le Fils. Et le Fils se réjouit que cet amour, dont il jouit personnellement, soit aussi contemplé par d’autres. L’amour du Père pour le Fils n’est donc pas un secret entre eux deux, mais sera connu du monde entier.

Il est en effet normal que l’amour s’extériorise. Que penser d’un couple de jeunes mariés qui ne se témoigneraient en public qu’une grande froideur ? L’amour satisfait le besoin de reconnaissance inhérent à tout être humain. C’est pourquoi n’ayons pas peur de dire publiquement (mais pas forcément en présence des intéressés) combien nous apprécions notre conjoint, ce que nous avons trouvé de positif chez tel frère ou sœur, etc.

6. « Tu m’as aimé avant la fondation du monde » (17.24) — ou l’amour-inconditionnel

Dans le verset précédent celui-ci, le Seigneur évoque la gloire éternelle qu’il va retrouver auprès de son Père. Cela le conduit à parler de l’éternité de l’amour du Père pour lui. En Dieu, il n’y a pas de changement, de sorte que l’amour du Père est aussi stable, constant, parfait, immense, aujourd’hui qu’hier. Le Père aime le Fils avant que le Fils aille à la croix ; il n’y a aucune condition à cet amour.

Les psychologues ont bien mis en évidence l’importance d’être aimé pour ce que l’on est, pas pour ce que l’on fait. Se savoir aimé inconditionnellement est très important, en particulier pour nos enfants. Même s’ils nous déçoivent, même si leur (in)conduite nous conduisait à modifier les preuves concrètes de notre amour, ils doivent pouvoir sentir que nous les aimons par-dessus tout, pour eux-mêmes, quoi qu’ils aient fait. C’est cela, l’amour inconditionnel selon Dieu.

7. « Je leur ai fait connaître ton nom, et je le leur ferai connaître, afin que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux, et moi en eux » (17.26) — ou l’amour-communication

Dans ce dernier verset, le Seigneur indique qu’il introduira ses disciples dans la connaissance du Père, et, en particulier, dans la connaissance de l’amour dont il est lui-même aimé. Connaissance et amour s’imbriquent de façon étroite dans ce verset, car comment aimer celui qu’on ne connaît pas ? Et comment ne pas aimer celui qu’on connaît — surtout quand il s’agit du Seigneur ? Mais la personne est plus vaste qu’une de ses caractéristiques, et c’est peut-être pourquoi Jésus termine en ajoutant « et moi en eux ». L’amour en nous : on aurait pu penser que, par cette expression, on atteignait un sommet absolu, mais il y a plus : « moi en eux », sa personne, lui-même.

Il en est de même à notre niveau : notre prochain ne se réduit à l’une de ses fonctions. Je peux voir dans mon frère le serviteur du Seigneur, ou dans ma femme la mère de mes enfants. Mais il (ou elle) est plus que cela : sa personne dépasse sa fonction et l’amour cherchera à établir une relation de personne à personne. Pour cela, il est nécessaire, indispensable même, de communiquer, de se connaître. Comment aimer, si on ne prend pas le temps nécessaire pour vraiment apprendre à se connaître ?

Conclusion : l’amour-horizontal, preuve de l’amour-remontant

Il est encore une dimension dont nous n’avons pas beaucoup parlé : c’est la flèche remontante de notre carré de l’amour : comment montrer à Dieu, au Seigneur, notre amour pour lui ? C’est Dieu qui a eu l’initiative de l’amour ; mais quand nous nous rendons compte à quel point lui nous a aimés, surgit naturellement dans notre cœur le désir de l’aimer en retour.

Terminons donc avec l’apôtre Jean, qui nous dit comment montrer notre amour : « Nous, nous l’aimons parce que lui nous a aimés le premier. Si quelqu’un dit : J’aime Dieu, et qu’il haïsse son frère, il est menteur ; car celui qui n’aime pas son frère qu’il voit, comment peut-il aimer Dieu qu’il ne voit pas ? Et nous avons ce commandement de sa part, que celui qui aime Dieu, aime aussi son frère. » (1 Jean 4.19-21) Apprenons de l’amour du Père pour le Fils pour nous aimer davantage les uns les autres, et montrer par là un peu d’amour en retour de celui dont nous avons été aimés.

notes
(1)La Parole incite aussi à « aimer notre prochain comme nous-même » et donc à s’aimer soi-même. Ce thème de l’estime de soi et de l’amour pour soi a été largement repris depuis quelques années dans divers ouvrages évangéliques — un peu trop, à mon sens. En effet, s’il est des situations personnelles douloureuses qui poussent au dégoût de soi-même, elles ne sont heureusement pas la généralité, ce que les thérapeutes auteurs de ces livres pourraient laisser croire. Il faut sans doute s’aimer pour pouvoir aimer les autres, mais l’amour biblique est fondamentalement dirigé vers autrui et non vers soi.
(2)« Comme » se retrouve aussi lorsqu’il est question de la connaissance (cf. Jean 10). « Connaître-aimer-servir » sont trois verbes à prendre dans cet ordre (on aime qui on connaît et on sert qui on aime) ; leur étude est très riche, en particulier le parallèle entre la relation Père-Fils et nous.

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Écrit par

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

Écrit par

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Écrit par

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)

 

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