Dieu sans frontières

Né en 1925, F. Horton passe sa première enfance avec ses parents missionnaires américains à Kavungu en Angola. Il fait ensuite ses études à l’Université du Cap et au Northwestern Technological Institute et obtient sa licence en génie civil. Il travaille comme ingénieur de recherche en hydrologie attaché à la Tennessee Valley Authority à Knoxville, États-Unis. En 1950 il se marie avec Anne-Marie Béguin. Il fait ensuite ses études théologiques au Biblical Seminary à New York.

De 1952 à 1964, il s’établit à Paris avec son épouse pour exercer un ministère de secrétaire général des GBU en France. Deux fils naîtront à Paris ; ils sont maintenant mariés, médecins et établis en Suisse.

Dès 1964, Frank Horton exerce son ministère comme professeur à l’Institut Biblique Emmaüs en Suisse. Il assume la responsabilité de directeur de l’Institut de 1971 à 1991.

Sa retraite sera active. Jusqu’en 1999, il donne des cours occasionnels à l’Institut Emmaüs, et continue son ministère d’enseignement biblique dans diverses églises, en Suisse et dans les pays francophones proches et lointains, et dans des conventions bibliques.

Il est l’auteur d’un ouvrage sur l’Épître aux Éphésiens et d’articles qui ont paru dans divers périodiques évangéliques. Son ministère l’a conduit dans plusieurs pays francophones, en Europe et en Afrique.

Depuis de nombreuses années, il est membre du comité de soutien de Promesses et ses conseils et contributions écrites sont des plus appréciées.

Chantez à l’Eternel [YHWH] un cantique nouveau !
Chantez à l’Éternel, toute la terre !
Chantez à l’Éternel, bénissez son nom,
Annoncez de jour en jour la bonne nouvelle de son salut !
Racontez parmi les nations sa gloire,
Parmi tous les peuples ses merveilles !
Psaume 96.1-3

Un seul Dieu suprême et véritable

« YHWH fait des Israélites ses évangélistes, pour annoncer son salut à toutes les nations. Ils ont à chanter jusqu’à ce que le monde entier chante également. Ce chant est nouveau parce que la miséricorde renouvelée fait appel à des mélodies nouvelles. Les termes principaux de cette strophe sont : chant nouveau, toute la terre, salut, gloire, merveilles. Les Israélites sont appelés à chanter [3x], à bénir, à annoncer, et à raconter. Le troisième de ces mots est, dans la version des Septante, l’équivalent du mot néo-testamentaire : prêcher l’Évangile. » 1

a. Imposer le monothéisme juif… mais de quel droit ?

D’où vient la croyance en un seul Dieu ?

Lors d’un voyage en Égypte, il y a quelques années, mon épouse et moi avons assisté à un spectacle « son et lumière », mis au point avec les voix d’acteurs de la Comédie Française, et présenté au Temple de Karnak, à Louxor. Notre étonnement fut grand d’entendre dire que Moïse avait reçu l’inspiration de la notion monothéiste de la part du Pharaon Aménophis IV, de la XVIIIe dynastie, aux environs du milieu du XIVe s. av. J-C. Souvenons-nous du fait que, pour briser le pouvoir politique considérable des prêtres de Thèbes, Aménophis IV avait déclaré qu’il n’y avait qu’un seul dieu, le disque solaire Aten. Il adopta le nom d’Akhenaten, et déménagea en aval le long du Nil pour établir une nouvelle ville capitale d’Égypte à laquelle il donna le nom d’Akhetaten — aujourd’hui Tell El Amarna. Après sa mort, tout redevint « normal », et l’Égypte retourna rapidement à son polythéisme traditionnel.

L’hypothèse avancée lors du spectacle de Louxor ne tient pas compte de la chronologie dite « longue », qui situerait Moïse dans la période précédant le règne d’Aménophis IV (vers 1450). Dans un tel cas de figure, c’est plutôt le Pharaon qui aurait pu être inspiré par le témoignage de Moïse… mais passons.

De tels rapprochements entre le Dieu biblique et d’autres divinités ont souvent tenté les chercheurs. Barbara Watterson, par exemple, laisse entendre que la résurrection de Jésus-Christ aurait eu son origine dans l’histoire du dieu égyptien Osiris, le mieux connu et le plus populaire du panthéon égyptien, dont l’attraction « résidait dans la croyance qu’il avait vécu sur la terre comme un homme qui n’apportait que du bien à l’humanité, mais qui fut trahi et mis à mort. Sa résurrection et l’espérance de la vie éternelle offerte à tous rehaussaient sa popularité. » 2

Dans quelle mesure les Hébreux ont-ils hérité leurs croyances religieuses des peuples contemporains d’Égypte et du Croissant fertile ? Deux écoles de pensée défendent des thèses contradictoires :

1) l’école « évolutionniste », non- ou anti-théiste, soutient l’idée que les Hébreux ont tout reçu, y compris leur religion et leur système éthique, de leurs contemporains, dans le contexte général d’idées religieuses qui évoluaient en se raffinant à partir de l’animisme, pour passer par le polythéisme et arriver enfin au monothéisme ;

2) l’école théiste de la « Révélation » insiste sur le fait que les Hébreux ressemblaient à leurs contemporains dans tous les domaines — culture, agriculture, architecture, langage, écriture, etc. — à une exception près : leurs croyances religieuses étaient radicalement différentes parce que reçues, par révélation, d’une source divine.

b. Arguments en faveur de la Révélation

Feu l’éminent spécialiste Samuel Zwemer, professeur émérite d’histoire de la religion et des missions chrétiennes à la Faculté de théologie de Princeton (USA), rejette fermement la première thèse en faveur de la seconde, en écrivant :

« L’évidence soutenant un monothéisme primitif est trouvée, non seulement dans tous les domaines de la culture primitive, mais aussi dans les formes antérieures des grandes religions ethniques. » Et d’étayer sa conviction en disant : « Cet argument est fondé, non pas principalement sur les Écritures, ni sur des préconceptions dogmatiques, mais sur la méthode historique d’investigation […]. Le recours à la méthode historique en anthropologie a obligé de nombreux savants à reformuler leur approche de l’origine de la religion et, ce faisant, à s’approcher des Écritures. Le point de vue évolutionniste a été lié à l’axiome douteux que le supérieur doit toujours procéder de l’inférieur. Cependant, force nous est de conclure que l’histoire de la religion a été marquée par le déclin et la dégénérescence, plutôt que par une montée évolutive ininterrompue. » 3

Le Dr J. A. Thompson, directeur de l’Institut australien d’archéologie à l’Université de Melbourne, a examiné « la religion païenne aux temps patriarcaux ». Voici ce qu’il écrit au sujet d’Abraham :

« Abraham, avant son séjour en Canaan, vivait parmi les Mésopotamiens, qui étaient polythéistes. Les pratiques religieuses de son peuple doivent avoir persisté pendant de longs siècles, car Josué dut exhorter Israël : « Ôtez les dieux qu’ont servi vos pères, de l’autre côté du fleuve et en Egypte, et servez l’Eternel. » (Josué 24.14) La religion sumérienne de Mésopotamie avait un panthéon […]. Tous les dieux rivalisaient de popularité. Abraham était probablement en contact avec le peuple sémite d’Our. Par les Amorites, il avait eu connaissance de dieux tels que El (et son épouse Achéra), Achtarot, Anat, Melkart, et d’autres que nous rencontrons parmi les Canaanéens qu’Israël eut à affronter par la suite au cours de son histoire, tels que Baal, Dagon et Chamach.

« Au sein de ces courants religieux divers, Abraham prit conscience de la réalité d’un Dieu unique, qu’il connut comme El Chaddaï (Dieu tout-puissant, Genèse 17.1-2) […]. Ses descendants eurent à découvrir les conséquences d’une telle vision dans l’ambiance religieuse très différente de l’Égypte, où ils étaient devenus esclaves […]. Certains spécialistes ont avancé l’idée qu’il y a eu un mouvement partiel, mais finalement sans effet, vers le monothéisme en Égypte à l’époque du roi hérétique Akhénaton (vers 1356-1340 av. J-C.) […]. Le dieu suprême et universel du soleil, Amon-Rê, fut débarrassé de tous ses aspects mythologiques et considéré comme le seul Dieu, connu sous le nom d’Aton (disque solaire) […]. Cependant, le culte d’Aton ne convenait pas à la religion nationale d’Égypte, et le monothéisme naissant disparut rapidement. » 4

Citons, parmi d’autres autorités compétentes qui confirment ces positions, l’exemple de G. H. Livingstone, professeur d’Ancien Testament à la Faculté de théologie Asbury (USA), extrait d’un chapitre de 20 pages consacré à la relation entre l’A.T. et les cultures anciennes :

« L’accumulation des renseignements provenant de l’ancien Proche-Orient fournit un arrière-plan essentiel à l’Ancien Testament. Si l’on compare la matière de l’A.T. avec la scène culturelle plus large, l’on constate que le peuple hébreu ressemblait à ses voisins en ce qui concerne l’hébergement, la nourriture, les vêtements, le commerce, l’agriculture, les métiers, les armes, le langage, l’écriture et bien d’autres aptitudes. Mais en ce qui touche à la théologie et à la morale, les Hébreux différaient totalement de leurs voisins, bien qu’il ne leur ait pas été facile de maintenir leur caractère distinctif, car l’idolâtrie exerçait une pression à la fois attirante et puissante. Beaucoup d’entre eux succombèrent au polythéisme, cependant qu’un reste fidèle persévérait ; c’est ce reste que Dieu a affermi pour être sa ‘tête de pont’ dans le monde.

« En lieu et place de la vision du monde et des mœurs polythéistes, Dieu instilla dans les structures [religieuses juives] la vérité le concernant : seul Dieu véritable, Souverain, Juge, Sauveur et Créateur […]. La totalité des adaptations et innovations inscrites dans l’A.T. avaient pour but d’exposer les folies et la banqueroute de l’idolâtrie, et de poser les fondements sur lesquels se développerait un peuple choisi et racheté, préparant ainsi un peuple saint pour l’avènement du Messie. » 5

c. Témoignage de l’Écriture

À partir de la révélation que donne Dieu de lui-même dès la création dans les premiers chapitres de la Genèse, ce monothéisme originel dégénère en polythéisme païen pendant les siècles suivants. De temps en temps, Dieu intervient pour se révéler tout à nouveau à ceux qu’il a choisis, opérant ainsi un « nouveau départ ». Nous avons déjà évoqué l’exemple d’Abraham qui, appelé d’Our en Chaldée aux alentours de 2000 av. J-C., laisse derrière lui le panthéon sumérien et s’attache au seul vrai Dieu, El Chaddaï.

Environ six siècles plus tard, après les quatre siècles pendant lesquels les descendants d’Abraham, esclaves en Égypte, ont adopté le panthéon égyptien, Dieu se révèle de nouveau à Moïse, au buisson ardent, sous le nom de YHWH (le « Je suis » éternel, Ex. 3-4). Au travers des dix plaies, il démontre son autorité absolue et sa suprématie sur le panthéon égyptien tout entier, dévoilant qu’il est le seul vrai Dieu, en Égypte comme partout ailleurs. Le but du rendez-vous avec Israël au Sinaï est de lier les Hébreux à lui-même en tant que possession précieuse (Exode ch. 19ss). Les deux premiers des dix commandements appellent Israël à une fidélité exclusive, et Dieu ajoute un avertissement contre tout glissement en arrière vers l’idolâtrie.

L’histoire subséquente d’Israël présente une série de descentes dans l’apostasie : il ne peut pas résister, semble-t-il, à l’attraction des dieux visibles et tangibles de ses voisins, avec leurs rites sensuels, et leurs promesses de satisfaction immédiate. L’incident du veau d’or (Ex. 32) met en relief l’influence séductrice exercée par les divinités bovines qu’étaient Hathor et Apis. À maintes reprises les prophètes sont envoyés pour dénoncer cette tendance et exhorter Israël à revenir à sa relation d’alliance avec YHWH. Plus tard, l’exil à Babylone servira de leçon magistrale pour prévenir Israël contre un retour à l’idolâtrie.

d. Et Jésus dans tout cela ?

Parmi les textes prophétiques de l’A.T. qui annoncent l’avènement du Messie, en précisant qu’il sera Dieu lui-même venu en chair, citons És 9.6 :

« Car un enfant nous est né, un fils nous est donné,
Et la souveraineté (reposera) sur son épaule ;
On l’appellera Admirable, Conseiller, Dieu puissant,
Père éternel, Prince de la paix. »

Le Nouveau Testament abonde en témoignages rendus à la déité de Jésus de Nazareth : l’Évangile selon Jean, les épîtres de Paul, l’Épître aux Hébreux, etc. Citons en particulier ce que dit Jésus à son propre sujet dans Jean 8.58 :

« En vérité, en vérité, je vous le dis, avant qu’Abraham fût, MOI, JE SUIS ».

Les dirigeants juifs ont bien compris le sens de sa déclaration car, le croyant coupable de blasphème, ils ont pris des pierres pour le lapider.

Par conséquent, tout ce que nous avons dit au sujet du seul Dieu véritable, suprême sur toute la terre, s’applique également à la personne de Jésus-Christ.

e. Considérations pratiques

Nos convictions « évangéliques » sont fondées sur des réalités solides, objectives, historiques. « La foi chrétienne tient debout ou s’écroule avec l’assertion impérieuse que le Créateur tout-puissant de tout ce qui existe, a agi dans l’espace et le temps pour se révéler dans la nature et l’histoire, afin de racheter le monde au travers de la mort et la résurrection de Jésus-Christ. Il s’agit là d’une affirmation concernant les choses telles qu’elles sont, et non pas seulement de ce qui est ‘vrai pour moi’. » 6

Notre société paganisée du XXIe siècle n’est pas moins idolâtre que celles des temps anciens. Quel « dieu » adorez-vous ? Mammon, dieu de l’argent ? Aphrodite, déesse du sexe ? Dionysos, dieu de la bonne chère ? Apollon, dieu de la littérature et des arts ? etc. L’appel que Moïse lance au peuple d’Israël dans son dernier discours, devenu le « Grand Sh’mà » cité deux fois chaque jour par le juif pieux, garde toute son actualité :

« Écoute, Israël ! L’Éternel, notre Dieu, l’Éternel est un. Tu aimeras l’Éternel, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, et de toute ta force. »

(Deut 6.4-5 ; cf. Mat 22.37 ; Marc 12.30 ; Luc 10.27)

Forts de cette conviction, nous aurons la joie de chanter à la gloire de l’Éternel, et de proclamer avec courage à tous les peuples la bonne nouvelle de son salut.

NOTES
1 W. Graham Scroggie, The Psalms: Psalms 1 to 150, éd. Pickering & Inglis, London, 1948, p. 280.
2 B. Wattessen, The Gods of Ancient Egypt, London, 1984, p. 88.
3 S. Zwemer, The Origin of Religion, Loizeaux Brothers, New York, 1945, p. 12s.
4 J.A. Thompson, Vie et coutumes aux pays bibliques, Ligue pour la Lecture de la Bible, Lausanne, 1989, p. 316s.
5 F.E. Gaebelein, The Expositor’s Bible Commentary, Zondervan, Grand Rapids, USA, 1978, vol. 1, p. 355s.
6 Carol Stream, Christianity Today, Illinois, USA, juin 2005, p. 49s.

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)