Les quatre piliers de l’Église

Bernard Cousyn, retraité et anciennement professeur en mathématique, est marié à Danièle, et père de 3 enfants. Il était ancien dans une grande assemblée évangélique au nord de la France. Il fait partie du comité de Promesses et est dans notre équipe depuis la fondation de notre revue en 1967. Enseignant de la Parole, il est un conférencier apprécié.

« Faites de toutes les nations des disciples. » (Mat 28.l9) C’est un lieu commun de dire que les disciples dont il est question prennent le « parti de Dieu » avec tous les privilèges attachés à leur nouvelle vocation, sans oublier le désir puissant de montrer leur amour pour Dieu en gardant ses commandements (1 Jean 5.3). Ces disciples, dont la communauté est identifiée dans les Écritures comme étant l’Église, auront donc à cœur, individuellement et collectivement, de maintenir et de perfectionner les critères vitaux de leur engagement :

« Les disciples s’attachaient à écouter assidûment l’enseignement des apôtres, à vivre en communion les uns avec les autres, à rompre le pain et à prier ensemble. » (Act 2.42) Ces quatre directions, signalées dès la fondation de l’Église, sont à même d’authentifier et de vivifier notre foi. Chacun des quatre axes cités dans ce verset est une synthèse de ce qui paraît essentiel de retenir et d’entretenir. Chacune de ces affirmations a évidemment généré dans tous les âges une multitude de messages explicatifs et une abondante littérature développant ces thèmes. Notre propos ici a la modeste ambition d’être un rappel, en insistant sur quelques aspects exhortatifs, sans vouloir être exhaustif.

1. « Ils s’attachaient à écouter attentivement l’enseignement des apôtres »

« Quand on découvre tes paroles, c’est la lumière. » (Ps 119.130) Il n’est pas étonnant de trouver en premier lieu l’importance de la Parole. La formulation nous invite à prendre une place très « scolaire » d’apprentissage du contenu des Écritures, avec notre adhésion nécessaire à une grande constance dans la démarche.

Le texte original dit « qu’ils persévéraient dans la doctrine des apôtres » (Act 2.42). « Persévérer » implique « écouter assidûment », mais aussi « apprendre, s’instruire et vivre l’enseignement des apôtres ».

La doctrine des apôtres est la transmission de l’enseignement du Christ (Jean 14.25-26 ; 16.13). Or le Christ se référait constamment à l’A.T., à la loi, aux prophètes et aux Psaumes (Luc 24.27,44). Les apôtres, témoins oculaires de la vie, de la mort et de la résurrection du Seigneur, n’enseignaient rien d’autre que « la doctrine de Christ » (1 Jean 4.6). En conséquence, « quiconque connaît Dieu, écoute aussi les apôtres » (1 Jean 4.6). Cet enseignement comprend également l’A.T., la Torah avec le sens de l’instruction, y compris les Prophètes et les Psaumes. La doctrine biblique occupait donc une place on ne peut plus importante dans l’Église primitive. Cette doctrine des apôtres — celle de Christ — était d’abord axée sur les trois points centraux : « Jésus est le Christ » (Act 3.13-18), Jésus est ressuscité d’entre les morts (Act 1.22 ; 2.24,26), le salut est par la foi en son nom (Act 2.38 ; 3.16 ; 4.12).

Nous ajoutons que cet enseignement apostolique est christologique : « Personne ne peut poser un autre fondement que celui qui a été posé, savoir Jésus-Christ. » (1 Cor 3.11) « Vous avez été édifiés sur le fondement des apôtres et des prophètes, Jésus-Christ étant lui-même la pierre de l’angle. » (Éph 2.20)

Finalement Paul, l’apôtre des nations choisi par Dieu, nous a laissé ses épîtres qui font partie de la doctrine des apôtres.

L’enseignement des apôtres n’est fondé ni sur des émotions, ni sur des circonstances, mais sur toutes les Écritures saintes (A.T. et N.T.), divinement inspirées pour « enseigner, convaincre corriger et instruire dans la justice » (2 Tim 3.16).

Précisons encore que cet enseignement des apôtres concerne toute la Bible et rien que la Bible, Parole de Dieu1.

2. « Ils s’attachaient à vivre en communion les uns avec les autres »

L’explosion numérique constatée après l’annonce de l’Evangile (Act 2.41) a développé l’Église. Dès le début, les apôtres ont eu conscience que pour cette « mini-société » en formation, ils devaient répondre à une double exigence :
– structurer et gérer l’Église, sans la transformer en une organisation pure et simple
– canaliser et s’adapter face au flux des fidèles, et ne pas tomber dans le flou et l’anarchie.

« Vous êtes le corps de Christ, et vous êtes ses membres chacun pour sa part. » (1 Cor 12.27) « La crainte » (Act 2.43) qui saisissait les croyants, dénote la gravité et le sérieux qui caractérisaient les participants — nouveaux ou non — quant à leur implication dans la vie de l’Église qui est le « corps de Christ ». Dans sa sagesse, le Seigneur a voulu que l’une des motivations de notre vie chrétienne soit de participer activement, les uns à côté des autres, à la construction de l’Église.

La lisibilité de l’Église est à ce prix :
– l’authenticité de la vie de ses membres,
– la qualité de leur accueil,
– leur amour fraternel sincère.
C’est la démonstration sans complexe que la vie par la foi est une aventure exceptionnelle.

La communion fraternelle participe au rayonnement de l’Église et se concrétise visiblement par l’enthousiasme et la joie régnante (Act 2.46). Ne masquons pas pour autant les écueils d’une telle entreprise. L’ennemi reste vigilant dans l’exploitation des failles humaines et des faiblesses de la chair. Il y aurait beaucoup à dire sur les chapitres « utilité commune » (1 Cor 12.7) et « édification de l’Église » (1 Cor 14.12). Que dire par exemple de quelqu’un qui dans l’Église n’est pas à la place que Dieu lui destine ? Que dire aussi de celui qui n’y prend pas la place qui devrait être la sienne ? Ou à l’inverse, que dire de celui qui a usurpé une place, et qui de ce fait n’est pas reconnu ? Dans notre participation à la vie de l’église locale, dans notre adoration, la recherche de ce que Dieu est, de ce qu’iI dit, dans notre service sans amateurisme… est-ce que j’admets, sans juger que mon prochain le fait différemment de moi certes, mais avec la même qualité ?

Enfin, évoquons juste la question sous-jacente de l’exercice de l’autorité dans l’Église. Dans le cadre des relations fraternelles, cela reste un sujet sensible en permanence. Osons affirmer que veiller sur le troupeau est un renoncement à soi-même. Conduire l’église locale, n’est-ce pas servir ceux dont on a la charge ? Dans tous les rouages de la communion fraternelle, l’amour les uns pour les autres résout bien des écueils.

«L’amour ne cherche pas son intérêt… il espère tout, il supporte tout. » (1 Cor 13.5,7)

3. « Ils s’attachaient à rompre le pain »

La cène a été instituée à la fin du ministère terrestre de Jésus « dans la nuit où il fut livré » (1 Cor 11.23). Elle fera désormais partie du temps de l’Église. L’événement de la cène est à la fois historique et prophétique :

– « Toutes les fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous annoncez la mort du Seigneur. » (1 Cor 11.26). Les éléments dont il est question nous rappellent que « nous sommes en communion au corps de Christ » tout autant qu’unis les uns aux autres (1 Cor 10.16, 17). D’où la centralité du moment de la cène dans la vie de l’église. D’où aussi la solennité de ce moment pour soi-même, qui implique de s’examiner, de s’éprouver, pour réactualiser le fondement de notre appartenance à Christ (1 Cor 11.28 ; 2 Cor 13.5).

– La cène marque également un moment d’attente collectif : « jusqu’à ce qu’il vienne », attente d’un accomplissement final annoncé par le Seigneur lui-même, savoir la venue du Royaume visible de Dieu (Mat 26.29). La cène porte aussi le message de l’espérance, espérance qui a son point de départ avec la Passion, et qui est ponctuée par notre persévérance à la cultiver dans le temps que Dieu a imparti à l’Église.

La cène, qui nous remémore l’œuvre de Christ tout autant que notre statut de racheté, précise les conditions requises pour « attendre des cieux Jésus comme Sauveur » (Phil 3.20). Son institution par Jésus-Christ est le coup d’envoi de cette attente. Sa répétition au sein de l’église reformule, sans lassitude ni répétition à notre cœur oublieux, les termes de l’alliance que Dieu nous propose en Christ (Marc 14.24).

4. « Ils s’attachaient à prier ensemble »

« En toutes circonstances, faites toutes sortes de prières et de requêtes sous la conduite de l’Esprit. Faites-le avec vigilance et constance. » (Éph 6.18)

Le seul discernement humain ne suffit pas pour diriger sa propre vie. Et que dire lorsqu’il s’agit d’une responsabilité prise au sein de l’église locale ? Conscient de ce handicap, le Seigneur a prévu et pourvu : « L’Esprit vient nous aider dans notre faiblesse. Comme nous ne savons pas que prier, l’Esprit lui-même intercède… et c’est en accord avec Dieu qu’il intercède en faveur de ceux qui lui appartiennent » (Rom 8.26, 27).

Voilà donc le fondement de la prière, de notre prière : le Seigneur sur-intercède en ce sens qu’il prend notre prière dans la sienne pour en combler les déficits. Les apôtres du début de l’ère chrétienne, conscients de leurs insuffisances, allèrent à l’essentiel en se consacrant « à la prière et au ministère de la Parole » (Act 6.4). C’est une sage décision que de prendre du temps pour Dieu, avec cette logique de parler à Dieu d’abord avant de parler aux hommes.

La prière est un engagement de 1’homme tout entier, qui reconnaît sa fragilité en même temps que la majesté de Celui à qui il s’adresse. La prière est tout à la fois louange, reconnaissance, requête, mais aussi patience devant la souveraineté de Celui qui accueille nos attentes et dont la réponse est une bénédiction répandue au temps convenable.

Selon les circonstances, la prière peut se faire plus pressante : « Étant en agonie, Jésus priait plus instamment. » (Luc 22.44) Cependant, elle est déraisonnable quand elle ne vise que notre propre satisfaction. Moïse qui réclamait avec insistance d’entrer en Canaan, se fit réprimander par Dieu en ces termes : « C’est assez ! Ne me parle plus de cette affaire. » (Deut 4.26)

En bref, la prière est à la fois respiration de l’âme et complicité avec Dieu, tout autant que requête de notre part et main tendue de Dieu vers les siens.

Prier ensemble, c’est exprimer ensemble une dépendance totale du Seigneur pour l’adoration, les décisions à prendre, la protection et le service. C’est admettre que nous n’avons aucune puissance en nous-mêmes et que nous avons besoin constamment d’être dépendants de Christ. C’est également s’approcher avec confiance du trône de la grâce pour trouver du secours au moment où les épreuves et les difficultés peuvent s’abattre sur l’un ou sur l’autre — voire sur l’assemblée entière (Héb 4.16). Les Actes sont remplis d’exemples de rencontres de prières en commun (Act 1.13-14 ; 4.23-31 ; 12.5 ; 13.1-3 ; 16.13 ; 20.36). La persévérance dans la prière collective — réunions de prière, en groupes, en église — constitue la base d’une vie saine de l’église locale. Ne pas éprouver le besoin constant du secours divin conduit à l’affaiblissement spirituel. Un serviteur de Dieu avait l’habitude de dire : « Pour prendre la température d’une église, visitez sa réunion de prière ! » Quelle impression aurait un visiteur de nos rencontres de prière ?

Conclusion : la foi dénominateur commun

Comment ne pas voir, dans chacune des quatre démarches ci-dessus, un dénominateur commun : celui de la foi ? « Sans elle, il est impossible de plaire à Dieu. Car celui qui s’approche de Dieu, doit croire qu’il existe et qu’il récompense ceux qui le cherchent. » (Héb 11.6) C’est pourquoi les apôtres s’appliquaient « à fortifier les âmes des disciples, les exhortant à persévérer dans la foi » (Act 14.22). En effet,

– la foi rend pertinente les Écritures ;
– la foi purifie les relations fraternelles ;
– la foi donne du sens à la cène ;
– la foi stimule la prière.

Cette foi entretenue qui vivifie tous les aspects de la vie personnelle du disciple, et par là même embellit la vie de l’église, n’est pas à mettre au crédit de l’homme. Car « notre foi ne repose pas sur la sagesse des hommes, mais sur la puissance de Dieu » (1 Cor 2.5).

Ainsi, tout procède de Dieu. Tout revient à Dieu. Gloire à notre Dieu!

Notes
1 La Bible a souffert des attaques menées par des personnes qui, pour mieux justifier le bien-fondé de leurs critiques, arguaient de leur démarche scientifique, s’appuyant pêle-mêle sur l’histoire, la linguistique, les reprises d’écrits existants, les légendes anciennes, les coutumes archaïques, la confusion des lieux, les dates de rédaction des textes sacrés, etc. Il s’agissait pour eux, avec leur propre raison humaine, d’éliminer les scories du texte sacré pour découvrir enfin la Parole de Dieu contenue quelque part dans la Bible. Il semble à l’heure actuelle que la démarche soit inversée, c’est-à-dire que la Bible soit considérée comme une Parole de Dieu parmi d’autres que nul ne désespère de découvrir bientôt. A ce point de vue, notre époque paraît exaltante, puisqu’elle permet régulièrement la découverte de manuscrits anciens. Ceux-ci révèlent de nouveaux textes ayant un air de famille avec le christianisme. Par voie de conséquence, on déchoit la Bible de son rôle de référence. Sans le formuler explicitement, on incline à penser que la Bible n’est pas la version définitive que l’on croit. La Parole est comme diluée dans une littérature religieuse abondante parallèle, et on affirme en plus que le choix de la Vérité devient difficile ! Affirmer que la Parole de Dieu n’est pas quelque part dans la Bible, affirmer que la Bible n’est pas qu’une Parole de Dieu à côté d’autres livres, mais affirmer que la Bible c’est la Parole de Dieu, nous fait rejoindre la légion de témoins qui ont aimé les écritures, s’en sont réjouis et en ont vécu. En ce qui concerne l’église, la beauté de la vie qui l’anime a sa source et son prolongement dans la vie personnelle des fidèles qui la composent. Encore faut-il bâtir sur « le Roc de la Parole » entendue, crue et mis en pratique (Mat 7.24). « Je retiens mon pied loin de tout mauvais chemin, afin de garder ta Parole. » (Ps 119.101)

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Écrit par

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

Écrit par

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Écrit par

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)

 

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