Flashs Sur Marc

A. Marc, initiateur d’un genre nouveau

Plus de trente années se sont écoulées depuis la mort, la résurrection et l’ascension d’un certain Jésus de Nazareth quand Marc se décide à rédiger une biographie aussi complète que possible concernant « Jésus le Nazaréen, qui était un prophète puissant en ouvre et en parole devant Dieu et devant tout le peuple » (Luc 24.19).

Dans les premières communautés chrétiennes, l’histoire de Jésus – ô combien importante ! – se transmettait bien de bouche à oreille (tradition orale) mais quand Marc se décide à mettre par écrit toutes ces « anecdotes », il inaugure un genre littéraire original et l’intérêt de son document ira crescendo au point que deux autres rédacteurs bibliques s’inspireront directement de son évangile pour transcrire à leur tour leurs souvenirs de « toutes les choses que Jésus commença de faire et d’enseigner, jusqu’au jour où il fut élevé dans le ciel » (Act 1.1b-2a). En effet, Matthieu et Luc utiliseront, entre autres, l’évangile selon Marc comme ouvrage de référence : c’est ainsi que les trois premiers évangiles ont été appelés « synoptiques », parce qu’ils offrent une même vue d’ensemble de l’ouvre de Jésus (p. ex. le plan général et les itinéraires empruntés sont fort similaires chez les trois premiers évangélistes).

Chaque biographe de Jésus s’appliquera à le présenter sous un angle personnel.

Marc mettra en évidence la qualité du service accompli pour la gloire de Dieu et les perfections infinies du Serviteur venu en ce monde pour obéir, servir, souffrir et mourir. Sa totale dépendance et sa communion intime avec son Dieu permettent d’établir un lien direct entre Jésus et le Serviteur souffrant du livre d’Ésaïe qui reçoit une pleine et entière approbation de la part de l’Éternel : « Voici mon serviteur que je soutiens, mon élu en qui mon âme trouve son plaisir. Je mettrai mon Esprit sur lui. » (És 42.1) Beaucoup d’autres passages peuvent être lus prophétiquement à la lumière de cette notion du Serviteur parfait : 49.1-7 ; 50.4-11 ; 52.13 – 53.12.

Ainsi Marc amène directement Jésus dans sa mission : « Commencement de l’évangile de Jésus Christ » (Marc 1.1a) ; sans aucune transition (sa naissance, son enfance, sa généalogie ne sont pas nécessaires). Tel est Marc : de l’action !

B. Marc, évangéliste – type

Selon la tradition, Papias, évêque d’Hiérapolis (ville située entre Colosses et Laodicée, cf. Col 4.13), vers 140, parle d’un certain « Marc, interprète de Pierre » qui a pu retranscrire « avec exactitude, mais pourtant sans ordre, tout ce dont il se souvenait de ce qui avait été dit ou fait par le Seigneur » (Papias, selon Eusèbe de Césarée, Histoire ecclésiastique 3,39,15).

Un peu plus tard, Irénée, évêque de Lyon, vers 180, affirme (dans Prologue antimarcionite) que l’évangile de Marc a été écrit à Rome, d’après le témoignage direct de Pierre ; ce qui situe la date de rédaction aux alentours des années 64 / 65.

Selon les rares sources bibliques le désignant, Marc serait le fameux « Jean surnommé Marc » (Act 12.12) dont la mère avait mis à la disposition de l’assemblée de Jérusalem son propre domicile à l’occasion de l’emprisonnement de Pierre.

La transition entre les instantes prières faites par l’assemblée locale en faveur de l’apôtre (Act 12.5) et sa sortie de prison miraculeuse a dû bouleverser notre homme et conditionner son engagement de foi et sa décision de servir (Marc 10.43 b-44).

Pierre se considérera d’ailleurs plus tard comme le père spirituel de Marc (1 Pi 5.13).

Ce serait donc prioritairement au contact de l’apôtre Pierre que Marc perçoit la richesse du « phénomène Jésus » : il l’enrichit alors d’une profonde méditation, il la traduit en termes percutants et il la transmet sous l’impulsion d’une forte émotion.

C’est probablement sa formation missionnaire qui lui donnera ce style si particulier. En effet Marc avait d’abord suivi l’apôtre Paul (Act 12.25 et 13.5) avant de s’en séparer pour des raisons inconnues (Act 13.13) pour ensuite accompagner son cousin (ou oncle) Barnabas (Col 4.10) à Chypre (Act 15.39) et enfin devenir l’assistant privilégié de l’apôtre Pierre, lequel lui a transmis de vive voix tous ses souvenirs si précis et si précieux de Celui qu’il avait défini comme « le Christ » (Marc 8.29) et dont il peut déclarer à la fin de son ministère : « Christ a souffert pour vous, vous laissant un modèle, afin que vous suiviez ses traces. » (1 Pi 2.21)

Son écrit sera à la fois le premier et le plus court des quatre évangiles et situera clairement d’emblée la mission de « Jésus Christ, Fils de Dieu » (Marc 1.1b) : « le fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et pour donner sa vie en rançon pour plusieurs. » (Marc 10.45).

Par ses diverses touches personnelles, Marc s’est montré particulièrement habile dans sa perception des événements (capacité d’écoute comme disciple de Pierre), dans sa relation des faits (capacité de transcription et d’interprétation des paroles et des actions de Jésus) et dans ses multiples explications perspicaces (capacité de « transculturation » et de transmission fidèle d’un message unique).

C. Marc, récepteur fidèle du témoignage de Pierre

Marc n’ayant pas été un témoin oculaire de Jésus Christ, c’est donc essentiellement sur les nombreux souvenirs directs de Pierre qu’il va rédiger la vie du Fils de Dieu.

L’homme vif et pratique qu’était le pêcheur devenu apôtre n’avait pas son pareil pour capter une foule de petits détails précis qu’il va transmettre à son auditeur privilégié lequel va les transcrire tels quels, donnant à son évangile une touche singulière grâce à des informations qui font défaut dans les autres biographies de Jésus.

Nous en avons au moins un exemple dans chaque chapitre :
  
– des gens à gage travaillaient pour Zébédée 1.20)
– le paralytique était porté par quatre hommes (2.3) ;
– Jésus et les siens n’avaient pas le loisir de manger (3.20 ; 6.31) ;
– Jésus dormait, à la poupe, sur un oreiller (4.38) ;
– l’explication des chaînes inutiles pour le démoniaque de Gadara (5.3-4) ;
– les circonstances du festin d’Hérode : sentiments de crainte à l’égard de Jean, liste des invités – seigneurs, chiliarques et principaux de Galilée (6.20-21) ;
– la nationalité de la femme cananéenne : grecque, syrophénicienne (7.26) ;
– les disciples n’avaient emporté qu’un seul pain dans la barque (8.14) ;
– Jésus n’hésitait pas à prendre des enfants dans ses bras (9.36 ; 10.16) ;
– l’aveugle de Jéricho est nommé : Bartimée, le fils de Timée et sa réaction est soulignée : il jette loin son vêtement et se lève en hâte (10.46,50) ;
– l’ânon était attaché dehors, à la porte, au carrefour (virage) (11.4) ;
– le don de la pauvre veuve est précisé : deux pites = un quadrant (12.42) ;   
– les disciples qui questionnent Jésus face au Temple sont explicitement désignés : Pierre, Jacques, Jean et André qui le font en particulier (13.3) ;   
– la joie des sacrificateurs suite à la démarche de Judas Iscariote (14.11) ;
– Barabbas est décrit comme chef de bande : il avait des complices (15.7) ;
– la pierre, à l’entrée du sépulcre, était fort grande (16.4).

D. Marc, rédacteur singulier d’une histoire exceptionnelle

Son style est vif et percutant. Son récit est haletant et passionnant.

Tel un cameraman, il suit Jésus partout sur le terrain et le capte instantanément.

La naissance du Fils de Dieu est passée sous silence tandis que ses qualités de Serviteur sont soulignées : l’adverbe grec « euthus », souvent traduit par « aussitôt » revient une quarantaine de fois, dénotant chez lui sa disponibilité constante, son obéissance parfaite et son activité incessante à la gloire de Dieu.

Marc s’attache surtout aux actes de Jésus ; il le voit en perpétuel mouvement.

Il décrit 18 récits de guérisons (souvent des démoniaques libérés) pour 4 paraboles seulement et très peu de discours (hormis la longue explication eschatologique du ch.13).

Sur les 679 versets (répartis en 16 chapitres, soit une moyenne de +/- 42 versets par chapitre) que compte son évangile, une cinquantaine sont typiquement de Marc et n’ont donc été repris ni par Matthieu ni par Luc. Parmi ceux-ci, citons :
– des récits particuliers : 
   la guérison d’un sourd-muet (7.32-37),
   la guérison graduelle d’un aveugle (8.22-26),
   le jeune homme nu de Gethsémané1 (14.51-52) ;
– quelques paroles originales telles que :
    le péché éternel (3.29),
    la parabole de la semence (4.26-29),
    Jésus, charpentier lui-même (6.3),
    l’allusion au règne de David (11.10).

Marc se distingue aussi par ses nombreuses précisions chronologiques : grâce à ses informations pointilleuses, nous vivons l’événement minute par minute et nous suivons Jésus pas à pas. Par exemple, au ch.1, toute une journée nous est détaillée :
– « comme il marchait le long de la mer de Galilée » (v.16) ;
– « étant entré aussitôt le jour du sabbat dans la synagogue » (v.21) ;
– « et aussitôt, sortant de la synagogue » (v.29) ;
– « et le soir étant venu, comme le soleil se couchait » (v.32) ;
– « et s’étant levé sur le matin, longtemps avant le jour » (v.35).

E. Marc, traducteur particulier d’un message unique

Il est communément admis que Marc adresse son évangile à une communauté de croyants non juifs, ce qui l’oblige à fournir de multiples explications transculturelles pour rendre son message totalement compréhensible à quiconque le lirait.

Par ses dispositions d’adaptation littéraire, Marc fait preuve d’un talent extraordinaire : dans un langage simple et à la portée de tous, il décode le « phénomène Jésus » et le met à la portée d’un public hermétique à la culture juive.

C’est un vrai évangéliste capable de traduire et de transmettre l’essence même de la bonne nouvelle divine en la personne et l’ouvre de Jésus Christ.

Dans son souci constant de clarté, Marc répond parfaitement à l’injonction de Jésus : « Allez dans tout le monde et prêchez l’évangile à toute la création » (16.15).

Il inclut d’ailleurs volontiers cette vision universelle dans le programme de Jésus :

– « Ma maison sera appelée une maison de prières pour toutes les nations » (11.17) ;

– « Et il faut que l’évangile soit auparavant prêché dans toutes les nations » (13.10).

Et Marc de se mettre au service de toutes ces nations qu’il veut évangéliser en rendant son propos le plus compréhensible possible. Ce qu’il réussit fort bien !

Plusieurs détails nous prouvent ses énormes qualités de rédacteur universel :

La rareté des citations de l’Ancien Testament :

Puisque Marc destine son écrit à des lecteurs ignorant la religion hébraïque, il n’utilise pratiquement pas les saintes Écritures juives pour ne pas désorienter ses interlocuteurs et pour éviter de leur fournir de multiples explications.

Ainsi Marc ne cite l’A.T. qu’à 12 reprises seulement, ce qui est peu par rapport à Matthieu (environ 40 fois !) dont les destinataires sont, eux, des juifs devenus chrétiens.

Évangile selon Marc
1.2
1.3
7.6-7
7.10
11.17
12.10-11
12.26
12.29b-30
12.31b
12.36
14.27
15.28
Ancien Testament
Mal 3.1
És 40.3
És 29.13
Ex 20.12 ; 21.17
56.7
Ps 118.22-23
Ex 3.6
Deut 6.4-5
Lév 19.18
110.1
Zach 13.7
És 53.12

La traduction systématique de certaines expressions araméennes :

Il était impossible pour des chrétiens d’origine latine et/ou païenne de comprendre des mots ou des lieux géographiques cités en araméen, langue parlée par les Hébreux depuis leur retour de captivité babylonienne.

Chaque fois qu’il sera amené à rapporter une expression araméenne dans son contexte, Marc s’empressera de la traduire pour rendre son propos intelligible :

– Boanergès
– Béelzébul 
– Talitha coumi
– Corban
– Ephphatha
– Bartimée
– Abba
– Golgotha
– Eloï, Eloï, lama sabachtani ?

Fils du tonnerre 3.17
Chef des démons 3.22
Jeune fille, je te dis, lève-toi 5.41
Don 7.11
Ouvre-toi 7.34
Le fils de Timée 10.46
Père 14.36
Lieu du crâne 15.22
Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? 15.34

Certaines allusions précises à la culture latine 

Celles-ci nous permettent d’affirmer que Marc réserve son écrit à des chrétiens du monde romain (certains commentateurs précisent même à l’église de Rome) :

– Au trésor du temple de Jérusalem, une pauvre veuve vient jeter deux pites et Marc nous signale la contre-valeur en monnaie romaine : un quadrant (12.42).

– Jésus, obligé de porter sa croix jusqu’à Golgotha, est aidé par un certain Simon de Cyrène (15.21) dont Marc nous cite les noms des deux fils (Alexandre et Rufus) qui semblent donc être connus par les destinataires de l’évangile. En effet, nous retrouvons Rufus parmi ceux à qui l’apôtre Paul remet ses salutations lorsqu’il écrit à la communauté des fidèles à Rome (Rom 16.13).

– Dans l’original grec, plusieurs mots latins ont été directement « grécisés » et ne demandent donc aucune explication complémentaire de la part de Marc :
  * « krabaton », du latin « grabatus » : méchant lit, grabat 2.4; 6.55
 * « spekoulatora », du latin « speculator » : observateur, espion 6.27
 * « kenturiôn », du latin « centurio » : centurion, chef d’une centurier 15.39,44

Quelques utiles explications au sujet de coutumes juives particulières :

– Marc s’évertue à expliciter certains détails trop liés à la culture juive :
   * l’utilisation des pains de proposition réservés aux sacrificateurs 2.26
   * l’observation stricte de certaines lois au sujet des ablutions rituelles 7.1-4
   * le rite du premier jour des pains sans levain 14.12
   * la chronologie de la Préparation de la fête de Pâque 15.42
– D’autre part, Marc est amené à donner quelques précisions géographiques :
   * « Nazareth de Galilée » (mention de la province) 1.19
   * l’itinéraire précis suivi avant l’entrée triomphale à Jérusalem 11.1
   * l’orientation de la montagne des Oliviers vis-à-vis du temple 13.3

F. Marc, auteur antique d’une étonnante modernité

à l’aube d’un XXIe siècle où la vitesse demeure le maître mot de toute la civilisation (désormais : on scanne, on faxe, on zappe, on clique, on surfe,.) et où l’essentiel doit se résumer en un bref communiqué pour frapper l’imagination et retenir l’attention, reconnaissons les grandes qualités de l’ouvre de Marc :brièveté et concision ; clarté et action ; sobriété et application. Marc est passionné par la personne et par l’ouvre de Jésus Christ et son Évangile est passionnant. D’ailleurs, en lecture silencieuse et attentive, 75 minutes seulement suffiront pour le lire entièrement, ce qui ne représente même pas la durée d’un match de football !

L’Évangile selon Marc doit être conseillé en toute première lecture à quiconque veut découvrir Christ : le récit est complet et l’appel à la foi omniprésent : « Et Jésus, répondant, leur dit : Ayez foi en Dieu » (11.22).

Ajoutons-y l’esprit dans lequel Marc s’est attaché à réaliser son ouvrage : « Toute écriture est inspirée de Dieu, et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire » (2 Tim 3.16). En cela Marc n’a pas failli à sa mission : son ouvre a d’ailleurs été très vite reconnue comme divinement inspirée et par conséquent possédant toute autorité en matière de foi. Ce label de qualité rehausse encore davantage la valeur de cet Évangile attachant et exceptionnel.

Puisse tout lecteur contemporain arriver, convaincu, à la même conclusion que Marc, le seul évangéliste qui ait affirmé de Jésus : « Il fait toutes choses bien » ! (7.37)

Soli Deo gloria !

1 Certains ont vu en cet homme Marc lui-même.

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)