Vivre le pardon

« Pardonnez-vous réciproquement comme Dieu vous a pardonné en Christ. » (Éph 4.32)

Philippe JUSTON

Philippe Juston est à plein temps pour l’œuvre du Seigneur en région parisienne. Il travaille pour une association humanitaire chrétienne, « La Gerbe » (voir site www.lagerbe.org) ; il a également un ministère par internet de réponses à des questions et il est actif dans son église locale. Diplômé de l’Institut biblique de Nogent-sur-Marne, il a 38 ans et il est marié à Catherine. Ils ont adopté deux enfants, puis ont eu récemment une petite fille.

Le thème du pardon fait partie de l’ossature sur laquelle s’articule l’histoire de Dieu et de l’humanité. Il s’agit d’un sujet essentiel qu’il est bon de méditer pour pouvoir mieux le vivre comme nous y encourage la Bible, qui nous exhorte à nous pardonner les uns aux autres comme Dieu nous a pardonnés (Éph 4.32 ; Col 3.13). C’est pourquoi dans les lignes suivantes nous proposons de nous arrêter rapidement sur quelques aspects du pardon divin, avant d’examiner un peu plus longuement différents aspects du pardon humain. Les limites imposées à cette étude ne permettant pas de traiter le sujet du pardon dans son ensemble, le choix a été fait de privilégier quelques aspects "théologiques" souvent mal compris.

Le pardon divin, relationnel et juridique

Parmi les nombreux textes bibliques qui font référence au pardon divin, nous en relèverons un qui permet de saisir plusieurs aspects de ce pardon : « Et vous, qui étiez morts à cause de vos fautes, et parce que vous étiez des incirconcis, des païens, Dieu vous a donné la vie avec le Christ. Il nous a pardonné toutes nos fautes. Car il a annulé l’acte qui établissait nos manquements à l’égard des commandements. Oui, il l’a effacé, le clouant sur la croix. » (Col 2.13-14)

Le début de ce texte place le « cadre » dans lequel prend place le pardon divin en abordant la question du rapport entre l’homme et Dieu sous son angle relationnel et sous son angle juridique :

– parler de mort spirituelle, c’est dire qu’il y a séparation entre l’homme et Dieu et qu’il ne peut exister de relation de communion entre eux ;
– parler de fautes, c’est dire qu’il y a une loi qui a été transgressée, donc qu’il y a un offenseur (celui qui a commis la faute) et un offensé (celui envers qui la faute a été commise).

Les fautes de l’homme sont présentées ici comme la cause de sa mort spirituelle ; vu sous un autre angle, cela signifie que la cause du problème relationnel qui existe entre l’homme et Dieu est de nature juridique.

Après avoir dépeint la situation passée des destinataires de sa lettre, l’apôtre parle de leur situation présente : ils ont la vie. Ils sont donc maintenant enfants de Dieu et ont une relation de communion avec lui. L’apôtre souligne alors que ce qui a permis de rétablir cette relation, c’est le pardon que Dieu leur a octroyé ; pardon qui consistait en l’annulation, en l’effacement de l’acte qui établissait leurs manquements. Ainsi le pardon divin se révèle être l’acte par lequel Dieu ôte l’accusation qui pèse contre celui qui a transgressé sa loi. Dès lors, une relation de communion peut exister entre Dieu et l’homme puisque ce qui faisait obstacle à cette dernière a été ôté. Le pardon divin qui se situe sur un plan juridique a pour conséquence la réconciliation qui se situe sur un plan relationnel.

Encore un point important à relever au sujet du pardon divin : à qui est-il octroyé ? Bien que Dieu aime l’homme et soit disposé à lui pardonner, le pardon divin n’est accordé que dans la mesure où l’homme se repent de ses fautes et demande pardon à Dieu.

Le pardon humain, à l’image du pardon divin

Le pardon divin servant de modèle au pardon humain, nous nous proposons maintenant d’aborder quelques aspects du pardon humain en gardant à l’esprit les différents points rappelés précédemment.

Parler de nécessité de pardon entre deux personnes, c’est dire qu’il y a nécessité de restaurer la relation entre ces deux personnes à cause d’une offense qui l’a perturbée. À l’image de ce que nous avons vu pour le pardon divin, lorsque l’offensé déclare à l’offenseur qu’il lui pardonne, il lui déclare qu’il ne tient plus compte du contentieux qui le séparait de lui. Cela a plusieurs conséquences.

Pardon et libération du ressentiment

Une première implication est que pardon et libération du ressentiment sont deux choses différentes. Lorsque nous sommes offensés, cela génère en nous des émotions : tout comme la douleur physique nous avertit que notre corps a été blessé, les émotions que nous ressentons nous signalent que notre âme a été blessée. Ces émotions peuvent être saines ou malsaines ; si elles sont malsaines il peut nous arriver de les garder pour nous-mêmes et de les laisser dégénérer et se transformer en ressentiment profond, voire même en haine contre celui qui nous a blessés. Ce ressentiment, cette amertume, voire même cette haine, sont un péché qu’il nous faut régler devant Dieu. Rejeter sur l’offenseur la responsabilité de ce que nous vivons n’est pas la solution pour régler ce péché qui entrave notre relation avec Dieu. Même s’il est vrai que celui qui nous a blessés est coupable de ce qu’il a fait, qu’il y a sans doute une réelle injustice à notre égard, nous sommes pour notre part responsables devant Dieu de notre réaction ; et si nous réagissons mal, ce n’est pas uniquement à cause de celui qui nous a blessés, mais c’est avant tout dû au fait que nous sommes pécheurs et que notre réaction est entachée par le péché. Si nous n’étions pas pécheurs, nous réagirions sainement, à l’exemple de Jésus … Ainsi, lorsque nous réalisons que nous avons laissé se développer en nous des sentiments qui ne sont pas selon Dieu, c’est vers lui qu’il faut se tourner en les lui confessant avec repentance, et en lui demandant qu’il nous en libère et qu’il place en nous son amour et sa paix. Cette démarche qui a lieu entre Dieu et nous-mêmes et qui vise notre restauration spirituelle est donc différente de la démarche du pardon qui a lieu entre l’offenseur et l’offensé et qui vise leur réconciliation. Ce qu’il faut encore souligner, afin que les choses soient bien claires, c’est qu’être libéré de son ressentiment ne signifie pas nécessairement que l’on ne va plus souffrir de l’offense subie ; cela signifie plutôt que l’on va réagir de manière saine face à cette souffrance.

Pardon et disposition à pardonner

Une deuxième implication est que pardon et disposition à pardonner sont deux choses différentes. En effet, lorsque quelqu’un nous a offensés, nous pouvons être libérés de tout ressentiment envers lui, être prêts à lui pardonner et même l’aimer, sans pour autant lui avoir pardonné ! Le modèle divin du pardon aide à saisir cela : Dieu est disposé à pardonner à l’homme, Dieu aime l’homme, mais tant que ce dernier ne s’est pas repenti, Dieu ne lui accorde pas son pardon et l’homme ne peut espérer avoir communion avec lui. Il devrait en être de même pour nous : si nous sommes dans une situation où nous n’avons pas pu accorder notre pardon à notre offenseur (mais où nous sommes cependant prêts à l’accorder s’il vient nous le demander), alors nous ne pourrons pas avoir une relation normale avec cette personne comme si de rien n’était. Cela ne nous dispensera pas de l’aimer et de rechercher son bien comme Dieu nous le demande pour tout être humain ; mais sur le plan pratique cela signifiera qu’une relation harmonieuse ne pourra pas s’établir tant que le problème ne sera pas réglé.

Pardon et réconciliation

Une troisième implication est que pardon et réconciliation sont deux choses différentes. Même si la réconciliation est intimement liée au pardon, elle en est cependant distincte puisqu’elle en est la conséquence comme nous l’avons vu dans le modèle divin. Confondre ces deux choses peut amener à chercher la réconciliation sans régler le problème de fond, ce qui aboutira à une relation bancale où le problème finira par ressortir tôt ou tard.

Pardon et oubli

Une quatrième implication est que pardon et oubli sont deux choses différentes. En s’appuyant sur des traductions littérales de textes comme Héb 8.12 ou 10.17 qui disent que Dieu ne se souviendra plus de nos péchés, nous pourrions penser que le fait de pardonner une offense implique que nous oubliions celle-ci (dans le sens d’un « effacement » de notre mémoire). En fait une telle compréhension est à écarter, tant sur le plan linguistique que sur le plan théologique. En effet, l’emploi de l’expression : « Dieu se souvient » dans des textes comme Gen 8.1 ; 19.29, etc., montre que l’expression « Dieu ne se souviendra plus de nos péchés » signifie qu’il n’en tiendra plus compte (cf. la traduction du Semeur), qu’il ne va pas agir en fonction de nos péchés. Et sur le plan théologique, il est évident que cette expression ne peut être comprise dans le sens d’une « amnésie » de Dieu par rapport aux péchés pardonnés : sinon cela signifierait que nous serions à même de savoir des choses que le Dieu omniscient lui-même ignorerait !

Ainsi, puisque pardonner n’implique pas de devenir « amnésique » quant à l’offense subie, cela signifie que même après avoir remis ses griefs à Dieu et pardonné à l’offenseur, l’offensé peut garder une cicatrice liée à l’offense, cicatrice qui peut être longue à se refermer.

L’octroi du pardon humain

Avant de terminer, nous aimerions nous arrêter encore sur un point, celui de l’octroi du pardon humain.

Si nous nous reportons au modèle divin, nous en concluons que le pardon ne peut être accordé que s’il y a repentance. Et cela est confirmé par Jésus en Luc 17.3-4 où il met tout spécialement en évidence la nécessité de la repentance pour que le pardon puisse être accordé par l’offensé. À cet égard, il faut souligner qu’il n’est peut-être pas toujours nécessaire de s’attacher à entendre exactement les mots : « je me repens », car la repentance peut s’exprimer par d’autres termes. Mais il est essentiel qu’elle soit là pour que le pardon puisse être accordé : d’abord parce que vouloir pardonner sans qu’il y ait repentance, c’est refuser de se conformer au modèle divin. C’est finalement vouloir faire les choses comme on l’entend, et non pas comme Dieu le veut ! Ensuite, parce que se repentir, c’est reconnaître qu’on a eu tort, qu’on est fautif. Par conséquent, pardonner sans exiger de repentance, c’est donner raison à l’offenseur et d’une certaine façon c’est l’encourager à continuer dans sa voie ! La repentance est aussi importante vis-à-vis de l’offenseur, car une offense envers le prochain est aussi une offense envers Dieu puisqu’il demande d’aimer son prochain. Ainsi, c’est par la repentance envers Dieu et envers son prochain que l’offenseur peut être délivré de son péché. Enfin, exiger la repentance est important, car pardonner sans repentance revient plus ou moins à cautionner le mal et c’est d’une certaine manière refuser de rétablir l’ordre moral qui a été bafoué.

Affirmer que la repentance est nécessaire à l’octroi du pardon amène inévitablement à s’interroger sur des textes comme Matt 6.15 ; 18.33-35 ; Marc 11.25-26 ou Luc 11.4, qui semblent faire dépendre le pardon divin du pardon humain. Cette compréhension ne peut cependant pas être retenue, car le reste de l’enseignement biblique montre clairement que ce n’est pas en pardonnant que nous pouvons gagner le pardon de Dieu (ce serait le salut par les œuvres). Dès lors, il nous semble que ces textes présentent le pardon humain comme la « condition-conséquence » du pardon divin et non comme la cause, qui en est la grâce de Dieu. Et ce n’est pas un cas isolé puisque l’enseignement biblique présente d’autres « conditions-conséquences » du salut telles par exemple la persévérance (Matt 10.22 ; 24.13) ou la sanctification (Héb 12.14 ; 1 Cor 6.9, etc.).

Vivre le pardon

Vivre le pardon dans nos relations interpersonnelles n’est donc pas une option pour le chrétien. Se pardonner les uns aux autres est un acte que Dieu nous appelle à vivre pour restaurer les relations avec notre prochain. Car comment pourrions-nous vivre l’amour de notre prochain tout en refusant de lui pardonner ?

En même temps, vivre le pardon à l’image du pardon divin peut paraître un but impossible à atteindre. Mais l’amour de Dieu versé dans nos cœurs par l’Esprit Saint n’est-il pas le moteur essentiel qui permet de réaliser ce qui pourrait paraître inconcevable ?

« Le Seigneur vous a pardonné : vous aussi, pardonnez-vous de la même manière. Et, par-dessus tout cela, revêtez-vous de l’amour qui est le lien par excellence. » (Col 3.13-14)

Bibliographie

Nous conseillons vivement au lecteur qui voudrait approfondir le sujet du pardon l’excellent livre de Jacques Buchhold et duquel nous nous sommes largement inspirés pour cet exposé.

– Neil Anderson, Une nouvelle identité pour une nouvelle vie, Editeurs de Littérature Biblique, Braine-L’Alleud, p. 191-206.
– Jacques Buchhold, Le pardon et l’oubli, Excelsis, Cléon d’Andran, 1997, 169 p.
– Samuel Hatzakortzian, Le pardon une puissance qui libère, Compassion, Challes-les-Eaux, 1980, 93 p.
– Jacques et Claire Poujol, Manuel de relation d’aide, vol. 2, Empreinte, Paris, 1996, p. 99-107.
– R. Vercellino-Aris, « Le pardon : une résurrection », La Revue Réformée, n° 198, mars 1998, p. 33-53.

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)