Le vrai fondement du pardon

Notre monde postmoderne est confronté à des paradoxes frappants. Un exemple : on parle de « pardon collectif » pour enterrer « le passé », alors que, parallèlement à ces efforts humains, violence, haine et guerre remplissent nos quotidiens. On assiste à un renversement des valeurs, et « le mal est appelé bien et le bien est appelé mal ». À l’instar des habitants de Ninive, notre société ne « sait plus distinguer sa droite de sa gauche » (Jonas 4.11). Les termes « pardon », « réconciliation », « paix », n’ont plus la même connotation que jadis. L’Église, annonciatrice de la Bonne Nouvelle, est-elle à même aujourd’hui d’être le héraut du pardon ancré dans les Écritures, ou sonne-t-elle de plus en plus du même cor que le monde ? Avons-nous un message libérateur clair à vivre et à annoncer au milieu d’un monde déchiré par des conflits ? Posons donc les bases nécessaires à un vrai pardon.

A. L’homme en guerre avec Dieu

La réalité de la corruption totale de l’être humain depuis la chute d’Adam et Eve n’est plus à prouver. Nous sommes tous pécheurs et avons tous des penchants vers le péché :

« Il n’y a point de juste, non pas même un seul, il n’y a personne qui ait de l’intelligence, il n’y a personne qui recherche Dieu ; ils se sont tous détournés, ils se sont ensemble rendus inutiles ; il n’y en a aucun qui exerce la bonté, il n’y en a pas un seul… » (Rom 3.10-18).

« Il n’y a pas de différence, car tous ont péché et n’atteignent pas à la gloire de Dieu » (Rom 3.23)

Nous sommes « ennemis » de Dieu (Rom 5.10), spirituellement morts (Éph 2.1) et « enfants de colère » (Éph 2.2).

Dieu, juste et saint, hait le péché, le mal. Il n’en est pas l’auteur. Les chapitres 1 à 3 de la Genèse nous enseignent cette vérité historique que Dieu a créé le monde parfait, mais que par « un seul homme le péché est entré DANS le monde et par le péché la mort et qu’ainsi la mort a passé à tous les hommes en ce que tous ont péché » (Rom 5.12). Séduite par Satan, « le serpent ancien », Ève a cédé à la tentation et a entraîné Adam dans le péché par sa désobéissance à Dieu.

Comment dès lors concilier la justice de Dieu et sa colère face au péché et à celui qui le commet ? Nous devons être conscients que Dieu « s’irrite en tout temps » (Ps 7.12) et « hait ceux qui commettent l’iniquité » (Ps 5.6). Justice doit être faite parce que la loi de Dieu le réclame. De plus, on ne peut pas innocenter celui qui a commis l’iniquité et déclarer coupable celui est innocent d’un acte criminel : « celui qui absout le coupable et celui qui condamne le juste sont tous deux en abomination à l’Éternel » (Prov 17.15).

Donc, « la colère de Dieu est révélée du ciel contre toute impiété et toute iniquité des hommes qui possèdent la vérité (tout en vivant) dans l’iniquité » (Rom 1.18).

B. L’intervention de Dieu en Christ, le pardon

« Si quelqu’un est en Christ, c’est une nouvelle création : les choses vieilles sont passées ; voici toutes choses sont faites nouvelles ; et toutes sont du Dieu qui nous a réconciliés par Christ, et qui nous a donné le service de la réconciliation, savoir, que Dieu était en Christ, réconciliant le monde avec lui-même, ne leur imputant pas leurs fautes et mettant en nous la parole de la réconciliation. Nous sommes ambassadeurs pour Christ, – Dieu pour ainsi dire exhortant par notre moyen ; nous supplions pour Christ : soyez réconciliés avec Dieu ! Celui qui n’a pas connu le péché, il l’a fait péché pour nous, afin que nous devenions justice de Dieu en lui » (2 Cor 5.17-21).

La vérité de l’œuvre substitutive de Christ est le fondement de la foi chrétienne. Dieu a fait de son Fils la victime expiatoire pour nos péchés. Sans l’œuvre de la rédemption qui nous apporte le pardon de Dieu, il n’y a pas de salut, ni de réconciliation, ni de paix pour le pécheur.

– Dieu est l’auteur et l’initiateur du pardon

Dieu est l’auteur et l’initiateur de la réconciliation du pécheur avec lui. Esclave du péché et hostile à Dieu, l’homme est dans l’incapacité de s’approcher de lui si le Père ne l’attire pas. Personne ne peut expier son péché pour apaiser la colère de Dieu et ne satisfaire à sa justice. « Nous sommes des impurs, et toute notre justice est comme un vêtement souillé » (És 64.5). Ni par sa volonté, ni par aucun autre moyen le pécheur peut satisfaire la justice de Dieu. Ésaïe, face à la justice et à la sainteté de Dieu, s’écriait : « Malheur à moi ! Je suis perdu, je suis un homme aux lèvres impures, j’habite au milieu d’un peuple dont les lèvres sont impures » (És 6.5).

– Dieu a donné le moyen de réconciliation et de pardon

Ce qui fait obstacle au pardon du pécheur, c’est la colère de Dieu contre le péché. Il faut que justice soit faite et que le coupable soit châtié pour apaiser la colère de Dieu et satisfaire sa justice.

L’expiation par substitution

Comment un pécheur peut-il prétendre au pardon ? Pour comprendre en profondeur le pardon, la clé nous est donnée dans 2 Cor 5.21 : « Celui qui n’a point connu le péché, il l’a fait devenir péché pour nous, afin que nous devenions en lui justice de Dieu ».

Christ a souffert la mort à notre place et subi le jugement pour nos péchés. « Les implications profondes de cette vérité sont que la mort de Christ est un paiement pour les péchés de ceux qui croiraient. Il s’est substitué à eux à la barre du jugement. Il a porté leur culpabilité et a subi le châtiment à leur place1 ». Nous l’entendons s’écrier à la Croix : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Mat 27.46 ; Marc 15.34). Toute la colère de Dieu s’est déversée sur Christ à la Croix, où il a expié nos péchés, en subissant le jugement à notre place (És 53.4-6). Il y a eu satisfaction totale des exigences de la justice de Dieu par la mort de Christ à ma place.

Il a payé la rançon (Marc 10.45) pour satisfaire la justice de Dieu. La théorie d’une rançon payée à Satan n’a aucun fondement biblique. Pour le libéralisme théologique et l’humanisme séculier, la doctrine de l’expiation par substitution reste inhumaine, cruelle, inadmissible et simpliste. On la range parmi les concepts des religions, antiques en particulier, de propitiation sous deux aspects : celui d’apaiser les divinités païennes et celui de s’approprier vie et puissance par des rites sacrificiels, l’immolation d’animaux. Mais l’œuvre expiatoire de Christ va à l’encontre de ces théories et religions diverses en apportant la seule et véritable solution au problème du péché et de la mort. En voici les raisons :

– Pour l’humanisme, le péché est d’abord une violation commise contre l’homme et contre la nature, tandis que, pour Dieu, le péché est d’abord une violation de sa loi, une transgression contre la justice et la sainteté du Dieu vivant.

– L’homme verse du sang par l’homme parce qu’il est pécheur. Pour combattre la violence, il utilise la violence. Mais il ne traite pas la cause véritable. Quant à Dieu, offensé par l’homme pécheur, il a fallu un moyen qui satisfasse sa justice et sa sainteté, les conciliant avec son amour. Pour Dieu, la seule expiation acceptable pour le péché était un sacrifice sanglant, car « sans effusion de sang, il n’y a pas de pardon » (Héb 9.22). Christ est ce sacrifice en ce qu’il a donné sa vie, ce dont témoigne son sang versé, ce sang qui conduit à la rémission de nos péchés (Héb 9.11-28).

– Dans toute religion, nous retrouvons l’élément que Dieu a mis dans le cœur de l’homme : «la pensée de l’éternité » et la soif de connaître l’Ultime, Dieu, le Créateur de l’univers. L’homme est toujours à la recherche du « paradis perdu » et les diverses religions sont une simple manifestation des efforts humains et vains pour essayer de le retrouver à tout prix.

– Soudainement, nos premiers parents, lors de la chute, ont pris conscience de leur nudité devant Dieu. Leurs yeux furent ouverts sur leur propre misère, le péché. Ils découvrirent leur culpabilité par imputation devant le Créateur. Les religions antiques portaient ces traces, cherchant par des rites sacrificiels à s’approcher de Dieu. Mais c’est impossible, car aucun moyen humain n’est à même de se substituer au sacrifice de Christ à la croix de Golgotha.

– Dieu, dans sa grâce, a merveilleusement pourvu à notre incapacité de nous approcher de Dieu, de nous sauver par quelque œuvre ou sacrifice humains que ce soit. Pour cela, « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils, afin que quiconque croit en lui ne périsse point mais qu’ils ait la vie éternelle » (Jean 3.16). Il a donné son sang, symbole de la vie, car « sans effusion de sang, il n’y a pas de pardon » (Héb 9.22).

– Le sang est donc d’une importance capitale. Il charrie la vie à travers nos artères, nos veines et nos capillaires. Il apporte de l’oxygène pour alimenter les tissus et éliminer le dioxyde de carbone avec d’autres « déchets », en renouvelant ainsi tout le corps. Tant que le sang coule dans nos veines, il y a la vie. La vie est sacrée, car « l’âme de la chair est dans le sang » et… « c’est le sang qui fait propitiation pour l’âme » (Lév 17.11). Le terme « sang » se trouve 365 fois dans la Bible, dont 103 fois en relation avec le sang sacrificiel. Les sacrifices d’animaux devaient être sans cesse répétées ; ils ne pouvaient enlever la culpabilité du pécheur. Jésus, lui, s’est substitué à nous en mourant à notre place pour nos péchés et notre culpabilité. En « entrant une fois pour toutes dans le lieu très saint, non avec le sang des boucs et des veaux, mais avec son propre sang, il a obtenu une rédemption éternelle » (Héb 9.11-12).

« Il était blessé pour nos péchés, brisé pour nos iniquités ; le châtiment qui nous donne la paix est tombé sur lui et c’est par ses meurtrissures que nous sommes guéris. Nous étions tous errants comme des brebis, chacun suivait sa propre voie ; et l’Éternel a fait retomber sur lui l’iniquité de nous tous» (És 53.5-6).

Il a « fait la paix par lui par le sang de sa croix » (Col 1.20).

Ennemis de Dieu jadis, nous avons été réconciliés avec lui par la mort de son Fils, et « nous sommes maintenant justifiés par son sang, et serons sauvés par lui de la colère » (Rom 5.6-11).

L’imputation

« Celui qui a n’a pas connu le péché, il l’a fait devenir péché pour nous » (2 Cor 5.21). Ma culpabilité devant Dieu a été imputée à Christ ; elle a donc été portée à son compte. C’est lui qui a été déclaré coupable à la place du pécheur. La culpabilité des péchés a été imputée à Christ, mais « non pas transmise » (John F. McArthur). Dieu a mis ma culpabilité sur le compte de Christ qui a été pleinement jugé pour moi.

La justification

À la Croix, le Seigneur a mis sa justice à notre compte. Nous bénéficions de la justice de Dieu, en ce qu’elle a été mise sur notre compte : nous avons été déclarés justes par imputation.

Comment cela ? Dieu, par l’Esprit Saint, a produit la repentance dans le cœur du pécheur qui le cherche, et par la foi en Jésus-Christ il a été sauvé, régénéré.

« La justice de Dieu vient par la foi. » (Phil 3.9)

« Celui qui croit en celui qui justifie l’impie, sa foi est comptée à justice. » (Rom 4.5)

« Repentez-vous… en rémission de vos péchés. » (Act 2.38)

« Dieu… ordonne maintenant aux hommes que tous, en tous lieux, ils se repentent. » (Act 17.30).

Nous recevons ainsi une vie nouvelle, et sommes devenus une « nouvelle création, car les choses vieilles sont passées. Voici toutes choses sont faites nouvelles » (2 Cor 5.17). Nous sommes « devenus justice de Dieu en Christ » (2 Cor 5.21).

Devenus justes par imputation de la justice de Dieu en Christ, nous restons néanmoins des pécheurs sauvés par grâce, marchant sur la voie de la sanctification progressive.

La réconciliation et la paix

« Ayant été justifiés sur le principe de la foi, nous avons la paix avec Dieu par Jésus-Christ » (Rom 5.21). « Dieu nous a réconciliés avec lui-même par Christ » (2 Cor 5.18). Sous l’angle juridique, la réconciliation de Dieu avec le pécheur s’est faite en vertu de l’œuvre rédemptrice de Christ. Par la foi, nous avons pu saisir la main tendue du Sauveur. C’est le pardon judiciaire de Dieu.

Dès lors, nous sommes devenus « ambassadeurs de Christ, et Dieu exhorte les hommes par nous à être réconciliés avec Dieu » (2 Cor 5.20). Notre message est pressant : « Nous supplions les hommes » à se repentir de leurs péchés et à saisir le pardon offert par Christ. « Bienheureux ceux qui procurent la paix, parce qu’ils seront appelés fils de Dieu » (Mat 5.9).

Nos églises ont besoin de redécouvrir la doctrine biblique cardinale du pardon qui implique les différents aspects présentés ci-dessus.

Jamais on a autant parlé de paix, de pardon et de réconciliation dans le monde. Mais est-ce vraiment ce pardon de Dieu ou simplement une sorte de « pardon collectif » provenant d’une grâce à bon marché ?

L’Église remplit-elle cette mission urgente d’apporter le message du pardon, de la réconciliation et de la paix, d’abord de Dieu avec le pécheur, puis des hommes entre eux ? Le pardon, la réconciliation et la paix passent nécessairement par une véritable confession des péchés, par la repentance et la foi en Jésus-Christ qui se traduiront par un changement radical du pécheur coupable.

« Oh, si mon peuple m’avait écouté ! Si Israël avait marché dans mes voies ! En un instant j’aurais confondu leurs ennemis, j’aurais tourné ma main contre leurs adversaires. Ceux qui haïssent l’Éternel, se seraient soumis à lui ; et leur temps, à eux, aurait été à toujours. Et il les aurait nourris du meilleur froment, et je t’aurais rassasié du miel du rocher ! » (Ps 81.13-16).

Le message du pardon de Dieu en Christ transforme le cœur de l’homme. Si le peuple de Dieu vit et proclame ce message-là, nous verrons des réconciliations dans les familles, dans les Églises et parmi les hommes, les tribus, les peuples2.

1John F. McArthur, La liberté et la puissance que procure LE PARDON, édition Impact, Cap-de-la-Madeleine, p. 20.

2Nous recommandons l’excellent ouvrage de John F. MacArthur, La liberté et la puissance que procure LE PARDON, édition Impact, Cap-de-la Madeleine, Québec (Canada). Ce message est un résumé du premier chapitre, Le fondement de tout pardon.

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)