La pratique de l’autorité dans l’église

2. La pratique

La première partie du thème "L’autorité dans l’église locale" a été traitée dans le no 142 (octobre – décembre 2002) et touche "ses sources" qui sont en Dieu et en sa Parole. A différents niveaux, Dieu a délégué son autorité.

L’autorité a été donnée aux hommes pour être exercée en tous les domaines de l’existence. Le principe de l’autorité est bon en lui-même, mais la chute en a perverti la pratique. Dans la vie chrétienne, nous sommes parfois singulièrement marqués par des relents de la chute. Pour que le principe soit bienfaisant, il faut un esprit qui commande la pratique.

Quand les fils de Zébédée demandent à Jésus de partager son autorité, Jésus répond: "Les chefs des nations les tyrannisent, et les grands abusent de leur pouvoir sur elles; il n’en est pas de même parmi vous. Mais quiconque veut être grand parmi vous sera votre serviteur; et quiconque veut être le premier sera l’esclave de tous. Puis il ajoute: Le Fils de l’homme est venu, non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour beaucoup" (Marc 10.37,42-45). Voilà la règle de l’esprit qui commande une vraie pratique d’autorité dans l’Église!

1. Comment reconnaître le vrai service ?

Par certains éléments de base, qui sont indispensables. Ils sont au nombre de trois: l’appel, les qualifications et l’amour.

a) L’appel

Remettons-nous en mémoire ces trois étapes obligatoires: Toi, suis-moi!, à quoi nous répondons: Me voici, Seigneur pour faire ta volonté. L’appel de Dieu est personnel. Il ne se présente pas à chacun de la même manière. Soyons prudents quand nous donnons notre témoignage, pour ne pas nous présenter comme modèles. Et n’essayons pas d’imiter le témoignage des autres, car l’appel découle d’une rencontre personnelle, vivante et décisive avec le Seigneur.

Cet appel doit être également reconnu par l’église locale, car nous ne sommes pas appelés à travailler en francs-tireurs. L’église doit pouvoir reconnaître l’appel.

Prenons le cas de Saul de Tarse. Son appel est dramatique, mais authentique. Cela pourtant ne suffit pas pour l’Église. A Damas, Dieu rassure Ananias quant à la véracité de l’appel reçu. Alors Ananias l’accueille en disant: Mon frère Saul! Plus tard, à Jérusalem, on se méfie du persécuteur devenu disciple. Il faudra l’intervention de Barnabas pour que la situation se décrispe…

Plus tard, à Jérusalem encore, il faudra que Jacques, Céphas et Jean donnent la main d’association et confirment que l’appel de Paul d’apporter l’Évangile aux païens est authentique. Il y avait les preuves: l’engagement, la persévérance et le bon témoignage.

Écoutons l’avis qu’un pasteur chevronné émit des décennies en arrière: "Ce ne sont pas cinq mille kilomètres qui vont vous transformer en un missionnaire efficace! Si vous ne l’êtes pas sur place, vous ne le serez pas au loin. Tel vous êtes ici, tel vous serez là-bas."

b) Les qualifications

En plus de la reconnaissance de notre ministère, il faut en avoir les aptitudes.

Il y a d’abord des qualifications naturelles, qui dépendent de la naissance, de l’éducation et de l’exemple reçu. Timothée en est un modèle frappant: il avait appris les Écrits sacrés par sa mère et sa grand-mère, qui étaient chrétiennes, alors que son père grec était païen.

Puis il faut des qualifications acquises par la formation et l’étude. L’apôtre Paul avait été instruit aux pieds de Gamaliel. Devenu chrétien, il sonda les Écritures en profondeur.

Enfin, il y a des qualifications charismatiques. Je n’entends pas ici le mouvement que le nom évoque, mais les dons de grâce (nommés "charismes") pleinement en accord avec le message biblique. En tant que chrétiens, nous participons forcément aux dons de l’Esprit. Ils sont nécessaires pour exercer un ministère que l’Ennemi attaque sans cesse.

Il est intéressant de voir comment le Seigneur dirige les uns et les autres. Au début de mon ministère, je pensais aller plutôt dans la direction de l’évangélisation. Mais après quelques mois, je me suis rendu compte que ce n’était pas la voie dans laquelle je devais m’engager. Le Seigneur conduit les siens.

c) L’amour

Sans lui, point de ministère durable et béni. Rappelons-nous 1 Cor 13 qui énumère une série d’exploits allant jusqu’au martyre, pour aboutir à la constatation que sans l’amour, tout cela n’est rien. Pour glorifier le Seigneur, il faut son amour.

Pierre a renié Jésus, qui lui demande trois fois: "M’aimes-tu?" Et Pierre répond: "Seigneur, tu sais que je t’aime". Pour Jésus, cela suffit. Il charge Pierre de prendre soin de son Église.

Paul, quant à lui, dévoile le secret du succès de ses voyages missionnaires dans 2 Cor 5.14: "L’amour de Christ nous presse". Le « nous » implique ses coéquipiers. Il fait écho aux paroles du Seigneur: "Demeurez dans mon amour, comme moi j’ai gardé les commandements de mon Père… Je vous ai dit ces choses, afin que ma joie soit en vous et que votre joie soit parfaite" (Jean 15.9-11). Trois mots ressortent de ce texte: l’amour, le commandement et la joie. L’autorité dans le ministère repose sur ces éléments!

Et c’est ainsi que nous recevons l’autorité du Seigneur, de sa Parole et de son Esprit, pour accomplir la volonté du Père.

2. Comment mettre en œuvre l’autorité ?

a) Veiller sur nous-mêmes et persévérer

Ici apparaît une importante priorité. Même si ce n’est pas le lieu de la développer, j’aimerais néanmoins la citer. Au début du siècle passé, un petit fascicule avait été édité par la Convention de Keswick portant le titre: “L’ouvrier, plus que l’œuvre”. Voilà une priorité: "Prenez garde à vous-mêmes, et à tout le troupeau sur lequel le Saint-Esprit vous a établis" (Act 20.28)… "Veille sur toi-même, et sur ton enseignement. Persévère dans ces choses, car en agissant ainsi, tu te sauveras toi-même, et tu sauveras ceux qui t’écoutent" (1 Tim 4.16). Cette priorité de soi-même n’est pas égocentrique. Il s’agit simplement du souci d’être cohérent et vrai.

Nous ne pouvons apporter aux autres que ce que nous avons reçu nous-mêmes. Et nous ne pouvons parler avec autorité aux autres de ce que le Seigneur demande, que si nous le vivons vraiment pour nous-mêmes.

b) La collégialité des anciens

Notons que le mot ancien est pratiquement toujours au pluriel. La collégialité est de rigueur! Dans l’Ancien Testament, il englobait les principaux responsables en Israël, à l’intérieur des familles, des clans, des tribus, comme à l’armée, ainsi qu’à l’intérieur des structures établies par Moïse sur le conseil de Jéthro. Il y avait donc un principe collégial bien structuré. Mais il y avait aussi des fonctions d’autorité qui s’exerçaient en solitaire: Moïse était le conducteur du peuple et législateur; le souverain sacrificateur, le juge, le prophète, le roi, tous ces ministères étant dans l’ancienne alliance.

Dans le Nouveau Testament, le principe collégial est présenté comme une norme. Jésus commence son ministère avec douze apôtres. Dans Act 15, l’église décide en commun de problèmes importants concernant l’avenir des chrétiens d’origine païenne: doivent-ils être circoncis ou non? A la fin des débats, nous lisons: "Alors il parut bon aux apôtres et aux anciens, ainsi qu’à l’église toute entière, de…" (v. 22). Et lorsqu’ils envoient la lettre, il est dit: “Car il apparut bon au Saint-Esprit et à nous de ne vous imposer d’autres choses que ce qui est indispensable" (verset 28). Dans la liste des apôtres, des anciens et de l’église entière, le Saint-Esprit est mis au début.

c) Les responsabilités partagées des anciens

Dans l’église locale, des anciens sont nommés. Ils partagent les responsabilités. Il n’est pas toujours facile de se respecter et de lutter ensemble. Les divergences doivent se résoudre, car nous devons apprendre à vivre et à travailler ensemble. Cela comporte certains risques. Il existe un jeu subtil de personnalités. Il faut à tout prix éviter un rapport de force par lequel un des anciens chercherait à imposer sa volonté, ouvertement ou plus discrètement. Il en résulterait une hiérarchie à laquelle il deviendrait difficile de résister. Cela est vrai non seulement dans les conseils d’église, mais également dans les commissions synodales et les pastorales. Cette situation peut entraîner des églises dans une direction nouvelle pas toujours très heureuse.

La véritable autorité spirituelle ne se prouve pas par le succès ou la réussite, mais dépend de l’humilité, de l’écoute de chacun, de l’honnêteté, de l’amour pour le Seigneur, sa Parole et son Église.

3. Les grands axes

Je voudrais rappeler les grands axes qui doivent se traduire dans la pratique de chacune de nos vies.

a) La prédication enseignement

D’abord, la prédication enseignement: elle est la fonction première de l’Église de faire entendre, avec autorité, la parole de Dieu! Rom 10.17: "La foi vient de ce qu’on entend, et ce qu’on entend vient de la parole de Christ". Elle sauve, elle engendre, fait croître, sanctifie, prépare le chrétien à rencontrer son Dieu; elle doit demeurer au cœur de la vie de l’église locale.

Dans les églises de la Réforme, la chaire était au centre, ce qui signifiait la priorité donnée à la parole de Dieu. De nos jours, les prédications se rétrécissent comme une peau de chagrin, au soulagement des prédicateurs autant que de l’audience – cela demande moins d’efforts! Quant aux études bibliques hebdomadaires, les églises les ont trop souvent abandonnées…

Quelle en est la raison? Les aînés n’aiment plus sortir le soir. Les gens actifs n’ont pas le temps, et les jeunes ne s’y intéressent guère. A la place, on a mis des témoignages, des partages, des études à thèmes sociologiques et beaucoup de musique. Comme cela a été dit: “La louange est devenue parfois l’enzyme glouton de nos cultes!

Tous ces éléments doivent pourtant rester à leur place. Nous ne devons pas les écarter, mais notre responsabilité est de veiller à garder le sens des proportions, en intervenant avec tact quand il le faut, tout en nous demandant aussi si nous ne sommes pas un peu responsables. Savons-nous toujours rendre vivant et pratique le texte des Écritures? Comment enseignons-nous? Nos exhortations ne sont-elles pas parfois un peu trop moralisantes?

Dans les Évangiles, combien de fois est-il dit que Jésus enseignait? Les quatre Évangiles comprennent environ une cinquantaine de textes. Qu’en est-il dans le livre des Actes? Le livre s’ouvre par ce premier verset: "…tout ce que Jésus a commencé de faire et d’enseigner". Le dernier verset présente Paul: "…il prêchait le royaume de Dieu et enseignait ce qui concerne le Seigneur Jésus-Christ, en toute assurance et sans empêchement". Et entre ce début et cette fin, constamment référence est faite à l’enseignement … sans parler des épîtres qui sont essentiellement didactiques.

Immédiatement après la Pentecôte, le profil de l’Eglise se dessine ainsi: "Ils persévéraient dans l’enseignement des apôtres…" Il en découle ce qui suit: communion fraternelle, fraction du pain, prières, etc… (Act 2.42-47).

Le Baptême et la Cène sont à placer dans le prolongement de cette annonce, comme proclamation de la mort du Seigneur et de sa résurrection. A propos de la Sainte Cène, les responsables veilleront à ne pas mettre des personnes en position d’autorité si elles n’ont pas la maturité. L’ordre, la bienséance et le respect sont de mise, sans tomber toutefois dans le formalisme.

b) L’herméneutique

Puis vient l’herméneutique, qui tend vers l’application de la Parole, conformément à l’analogie de la foi. Car à quoi servirait une prédication qui renierait l’inspiration divine de la Bible, pour annoncer un autre évangile qui ne produirait aucun fruit?

L’herméneutique oblige à appliquer correctement les leçons pratiques du message divin. L’autorité, quand elle est responsable, oblige à voir les différentes situations, à encourager ce qui aide le peuple de Dieu à rester fidèle, et à dénoncer les dangers qui menacent la fermeté et la persévérance à suivre le Christ.

c) La discipline

Elle appelle l’autorité des anciens. Certains membres se mettent alors facilement sur la défensive. N’associons pas prioritairement autorité et discipline, car l’autorité déborde la discipline. Celle-ci n’est pas d’abord punitive, mais éducative. Lorsqu’il faut se résoudre à une autorité disciplinaire, la situation devient délicate. Le serviteur de Dieu redoute de devoir exercer une telle autorité qui, dans certains cas, est pourtant inévitable.

d) Le domaine relationnel

Nos églises locales représentent une famille dont les membres sont unis par l’Esprit. Mais certains d’entre eux sont aussi liés par les liens du sang. Cela peut être une force et une bénédiction. Mais quand intervient dans ce contexte une décision disciplinaire, le réflexe du clan familial joue soudain un rôle affligeant. Il arrive qu’on rencontre une résistance farouche quand un membre de sa famille doit être discipliné.

Les situations de ce genre fragilisent la foi et affectent le témoignage. Des personnes quittent une église dans laquelle ils sont depuis des années, simplement parce que l’on a osé toucher à des membres de leur famille… Il faut que l’autorité soit fondée sur le Seigneur et sa Parole, pour résister à ce genre d’épreuve. La fidélité est à ce prix.

e) Le domaine des mœurs

Une autre situation douloureuse touche au domaine des moeurs. L’Église vit dans le monde. Dieu le veut pour le témoignage. Il faut savoir si l’Église influence le monde ou si c’est le monde qui influence l’église! Toutes les dénominations de nos églises évangéliques sont impliquées. L’amour libre, le mariage à l’essai, le concubinage, l’homosexualité, sont-ils tolérés comme une variante de l’amour? Avons-nous l’autorité pour résister au nom de la Parole de Dieu, et d’annoncer le Christ? Dans les camps de jeunes, acceptons-nous la cigarette, l’alcool, la drogue? Sommes-nous à ce point tenaillés par la crainte de passer pour des "légalistes" que nous n’osons plus recommander l’observation des commandements de Dieu (1 Jean 2.3-6)?

Avons-nous réfléchi à ce que pourrait nous réserver l’avenir proche? Quand les homosexuels et les lesbiennes auront obtenu le statut légal, avec tous les droits normalement réservés aux couples hétérogènes, qu’arrivera-t-il lorsque de tels "couples" demanderont à être baptisés, accueillis à la Cène, puis engagés dans toutes sortes d’activités? Serons-nous assez fermes et courageux, au risque d’être accusés de ne plus respecter la loi du pays ? C’est nous qui risquons d’être pris en défaut par le non-respect des textes légaux! Ce sera alors le moment de nous rappeler cette parole: Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes. Car il faudra bien que la Parole de Dieu continue à primer sur celle des hommes.

4. La pratique des apôtres

Chez les Galates, le fondement était menacé. L’apôtre leur adresse un avertissement sévère: "Je m’étonne que vous vous détourniez si vite de celui qui vous a appelés, par la grâce de Dieu, pour passer à un autre évangile! Non pas qu’il y en ait un autre, mais il y a des gens qui vous troublent et qui veulent pervertir l’évangile du Christ. Mais si nous-mêmes ou un ange du ciel vous annonçait un évangile différent de celui que nous vous avons annoncé, qu’il soit anathème! Nous l’avons dit précédemment et je le répète maintenant… Est-ce la faveur des hommes que je désire ou celle de Dieu? Est-ce que je cherche à plaire aux hommes? Si je plaisais encore aux hommes, je ne serais pas serviteur de Christ" (Gal 1.6-10).

Paul aborde ce problème parce qu’il l’estime fondamental. Il a commencé par dire: Je m’étonne… Surprise douloureuse, comme un cri du cœur en même temps qu’il contient beaucoup de tendresse et d’amour blessé.

Cette autorité, le monde ne la comprend pas. Elle est pourtant la marque distinctive de l’autorité spirituelle. Elle correspond à la pensée de Dieu. Paul ne cède pas un pouce de terrain dans l’accommodement éventuel d’un évangile qui serait “légèrement autrement”! Et il va même plus loin. Parlant par hypothèse, il dit: “Quand un évangile différent porterait la marque apostolique ou même angélique, et quand cet apostat serait moi, ne le recevez pas!”

L’apôtre ne se place pas au même niveau que la Parole reçue, encore moins au-dessus d’elle! Il est simplement le serviteur de cette Parole. Combien plus nous! Inspirons-nous de son attitude. D’autant plus que l’apôtre avait reçu la grâce de transmettre des révélations nouvelles (Eph 3.3-13). Aucun homme ne peut le faire aujourd’hui. La Révélation écrite interdit qu’on puisse ajouter ou enlever quoi que ce soit (Apoc 22.18-19).

Que Dieu nous donne de rester fidèles à sa Parole donnée une fois pour toutes. Nous n’avons pas d’autre autorité que celle-là. Mais exerçons-la avec amour et discernement pour tous ceux que le Seigneur place sur notre chemin.

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Écrit par

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

Écrit par

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Écrit par

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)

 

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