L’eschatologie est-elle une science à haut risque?

Plus du quart des 66 livres de la Bible sont des livres dits prophétiques. Ils regroupent de nombreuses prophéties politiques, économiques, sociales et religieuses, chacune contribuant à éclairer certains faits importants ou mineurs de l’Histoire. Depuis plus de 4000 ans, un grand nombre se sont déjà accomplies dans le détail. Cette présentation a pour but d’aider à comprendre la raison d’être de l’eschatologie, à proposer une approche biblique d’interprétation et à exhorter tout homme à se préparer à rencontrer son Dieu.

Définition

L’eschatologie est la partie de la théologie qui traite "des fins dernières de l’homme et du monde". Cela couvre l’étude des événements futurs : l’enlèvement de l’Eglise, la tribulation, le tribunal de Christ, le retour de Christ, le millénium, les différents jugements et l’état éternel. Soulignons la différence entre la prophétie et l’eschatologie. La prophétie est un message transmis par l’Esprit de Dieu à un prophète dans le but d’apporter sur un événement passé, présent, ou futur, l’éclairage et le point de vue divins. Dans le cas d’un message concernant l’avenir, l’intervalle entre l’annonce et l’accomplissement peut être de quelques minutes (1 Rois 13.3-5) ou de plusieurs milliers d’années (Es 11.6-12). L’eschatologie est la partie de la prophétie qui ne concerne que les événements groupés vers la fin de l’histoire humaine, elle est donc plus restrictive.

Pourquoi s’intéresser à l’eschatologie ?

L’avenir nous intéresse tous, car nous aimerions savoir ce que nous réserve le futur. La Bible, en nous donnant un aperçu, affirme que l’histoire suit un plan divin. Puisqu’elle a pour auteur l’Eternel, qui domine l’espace et le temps, elle nous parle avec autorité du passé, du présent et de l’avenir.

De nos jours, nombreux sont ceux qui pensent que la prophétie est un sujet vaste et compliqué. Le fait que les sectes en aient si souvent abusé ne fait que renforcer ce sentiment. Le chrétien est néanmoins tenu de prendre en considération les textes prophétiques, car ils sont à la base de sa vie. La prophétie l’aide dans sa vie personnelle et dans son service pour le Seigneur en lui donnant une espérance (1 Jean 3.3). Elle le rassure à travers les crises économiques, sociales et politiques qu’il peut traverser. Elle le réconforte lorsqu’il est éprouvé (1 Thes 4.18 et Hab 3.16-19).

Certaines prophéties concernent le futur, mais il est évident qu’au moment où nous les lisons, il faut distinguer entre ce qui est déjà accompli et ce qui ne l’est pas encore. Le fait qu’une prophétie soit déjà accomplie (comparer Gen 2.17 avec 3.7,8,16,19) ou ne le soit pas encore (Dan 9.27 et Mat 24.15) ne change rien à l’intérêt qu’il y a à l’étudier. En effet, les prophéties déjà accomplies :

o révèlent la puissance et la sagesse de Dieu ; montrent qu’il est maître de l’avenir,
o prouvent l’existence et la réalité de cette mode de révélation,
o soulignent l’intégrité et la moralité de la source divine et du porte-parole humain,
o prouvent la véracité de la Bible (par exemple: Es 44.28 ; Mat 2.15,17,23 ; 27.9 ; Act 7.17 ; 13.32-33 ; 1 Pi 1.10-12),
o créent une base de confiance chez le lecteur pour la réception et l’acceptation des prophéties non-accomplies,
o révèlent la manière dont les prophéties sont accomplies.

Les prophéties non-accomplies :

o nous font connaître l’avenir dans ses grandes lignes sans nous en révéler tous les détails,
o nous incitent à rester toujours dans l’attente et dans l’attitude des prophètes qui faisaient des recherches (1 Pi 1.10), ce qui nous empêche de nous enfler d’orgueil,
o nous assurent de la puissance, de la sagesse et du triomphe final de Dieu,
o nous donnent la paix de Dieu,
o nous poussent à une vie de justice et de sainteté (Mich 6.8).

Quelques dangers liés à l’étude de la prophétie

Il y a pourtant quelques dangers à étudier la prophétie, en particulier:

o l’orgueil, croire qu’on est le seul capable d’interpréter la prophétie,
o le sectarisme, croire que si l’on n’interprète pas la prophétie exactement de la même façon, on ne peut pas être en communion ; c’est le résultat d’une conception fausse de la communion fraternelle dont la base est la personne et l’œuvre de notre Seigneur Jésus-Christ,
o ne pas chercher à voir la personne du Seigneur au cours de l’étude et ne s’arrêter qu’à ce qui satisferait notre curiosité ; n’oublions pas que "le témoignage de Jésus, est l’esprit de la prophétie" (Apoc 19.10, voir aussi Act 10.43),
o faire dire au texte plus qu’il ne dit,
o trop actualiser ; de nombreuses générations de chrétiens ont cru être arrivées à la fin des temps et ont identifié, pour ne prendre qu’un exemple, la bête de l’Apocalypse au tyran de leur époque.

Esprit général de la prophétie

La prophétie n’est pas une prescience naturelle : elle vient de Dieu. Nous devons donc nous y soumettre comme à toute autre parole de l’Ecriture. Cela nécessite de bien comprendre ce que Dieu veut nous communiquer par elle. La prophétie concerne l’ensemble des rachetés, qu’ils soient Juifs ou chrétiens. Elle couvre également l’histoire des nations païennes et envisage l’histoire de ces trois groupes (Juifs, chrétiens et païens) à des moments déterminés de leur existence. Tous les détails de l’histoire des Juifs et de l’Eglise ne sont pas tracés dans la Parole, bien que celle de l’Eglise puisse, entre autre, être vue aussi sous un angle synthétique tel qu’il est offert au lecteur des chapitres 2 et 3 de l’Apocalypse. Cet angle particulier permet de discerner, derrière les sept églises nommées, toutes les églises de tous les temps. La prophétie se rapporte avant tout à la personne de notre Seigneur Jésus-Christ (Luc 24.44-48 ; Apoc 19.10 ; Act 10.43). Comme les prophéties font partie de la Bible au même titre que les autres passages, elles obéissent, en général, aux mêmes règles d’interprétation. Elles ont été données aux croyants pour leur édification et ne sont donc pas réservées qu’à une poignée de "spécialistes".

Comment étudier la prophétie ?

Il est bon de rappeler d’emblée que sans l’intervention du Saint-Esprit, nul ne peut comprendre correctement les Ecritures. Le Seigneur Jésus disait aux disciples : "l’Esprit de vérité… vous conduira dans toute la vérité" (Jean 16.13). L’application de certaines règles est pourtant nécessaire pour qu’un passage soit correctement interprété et non dénaturé. Les prophéties déjà accomplies fournissent une clé importante pour la compréhension de celles qui ne sont pas encore accomplies : l’accomplissement de ces dernières aura lieu avec la même précision et la même exactitude que pour les précédentes. Voici donc quelques règles saines et logiques :

o Il faut interpréter les prophéties de façon littérale ou normale, c’est-à-dire en conférant aux mots leur sens ordinaire. Cette méthode d’interprétation est aussi appelée historico-grammaticale car elle s’intéresse au contexte historique, aux mots, et à la grammaire du texte. Signalons le danger d’interpréter systématiquement de façon allégorique les prophéties non encore accomplies, indépendamment de leur genre littéraire. Lorsque Dieu a demandé aux prophètes de parler ou d’écrire, il leur a laissé le soin de le faire dans leur langage de tous les jours. Ce principe n’exclut pas l’emploi de symboles ou de figures de rhétorique, tout comme en poésie.
o Il faut interpréter le texte dans son contexte, c’est-à-dire en relation avec les paragraphes qui l’entourent et les passages parallèles dans le même livre ou dans un autre.
o Il faut interpréter le texte dans le contexte de tout le programme prophétique, l’interprétation d’un passage doit s’harmoniser avec le tout (2 Pi 1.20-21).
o Il faut interpréter le texte selon la perspective prophétique. Il arrive que des événements en rapport les uns avec les autres et faisant partie d’un même programme prophétique se trouvent groupés dans une seule prophétie. Mais il peuvent être distincts quant à l’époque de leur accomplissement. Un prophète peut grouper sans discrimination des prophéties concernant la captivité, les événements du jour de l’Éternel, le retour de Babylone, la dispersion d’Israël et son rassemblement.
o Il faut interpréter le texte en accord avec son arrière-plan historique et culturel, l’interprétation peut devenir immédiate si on comprend le langage et les coutumes de la société dans laquelle la prophétie a été donnée.
o Il faut interpréter le texte selon l’analogie de la foi. Ce principe, mis en évidence par les Réformateurs, souligne que les Ecritures sont les meilleurs interprètes de l’Ecriture. La Bible a la solution à ce que nous considérons comme ses propres problèmes. Avec le concours de l’archéologie, de l’histoire, de l’anthropologie, de la linguistique et de la grammaire, la Bible donnera 9 fois sur 10 la solution aux problèmes et aux paradoxes découverts ou imaginés. Il se peut aussi qu’une génération trouve la solution "voilée" qui échappait à la génération précédente. La foi et la patience sont requises.
o Il faut interpréter le texte en se rappelant que la révélation d’une doctrine est progressive. Dieu n’a pas révélé d’un seul coup tout ce qu’il avait à dire sur un sujet donné. Toutefois, il ne faudrait pas en déduire qu’une révélation donnée risque d’être contredite par la suite. Dieu n’est pas un Dieu de confusion, mais d’ordre (1 Cor 14.33).
o Il faut interpréter les textes en se rappelant qu’il ne doit y avoir qu’une seule interprétation pour chaque verset, mais qu’il peut y avoir plusieurs applications. Ainsi, par exemple, la prière du Psaume 122.6-7 se réfère aux juifs (exilés ou habitant le pays) et à la paix que le Messie apportera lors de son apparition glorieuse, mais une application peut en être faite dans la vie chrétienne.
o Parfois l’interprétation nécessite l’application du principe de la "double référence". L’exemple classique est celui de Joël 2.28-32 qui est interprété comme une prophétie de la descente du Saint-Esprit le Jour de la Pentecôte (Act 2.16-21). Toutefois, tous les signes associés ne se sont pas accomplis "ce jour-là". Ce passage aura donc un second accomplissent vers la fin de la Tribulation et au début du Millénium (Zach 13.9).
o Il faut interpréter le texte par rapport à son application au Christ. Jésus est le personnage central autour duquel tourne toute la prophétie (Luc 24.27 ; Act 10.43 ; Apoc 19.10 ; Eph 1.10; Rom 11.36).

Ces principes, développés ici d’une manière très générale, doivent être employés régulièrement et systématiquement, sous la direction du Saint-Esprit, si l’on veut comprendre la Bible et la prophétie en particulier.

Les trois interprétations majeures de l’eschatologie

Disons d’emblée que dans le camp des évangéliques et des réformés évangéliques tous confessent l’autorité souveraine de l’Ecriture et son inerrance, tous affirment le retour personnel de Jésus-Christ en gloire, la résurrection des justes et des injustes, le jugement du monde, le règne visible de Christ, le bonheur éternel de tous les rachetés et le châtiment éternel des impénitents. Cependant, tous les chrétiens n’ont pas la même conception ni la même approche de l’eschatologie.

Les paragraphes suivants donnent les trois interprétations majeures du règne de mille ans présenté en Apocalypse 20 :

a) l’interprétation amillénariste

L’approche amillénariste rejette l’interprétation littérale du Millénium (Apoc 20.1-10), Christ ne régnera donc pas mille ans sur la terre. Cette approche remonte à Origène (mort en 254 ap. JC) qui interpréta la Bible en harmonie avec la philosophie grecque. Dans la ligne de l’école d’Alexandrie, il spiritualisa les passages de l’Ancien Testament, excluant entre autres l’espérance pour Israël d’un règne terrestre. Cette approche a été érigée en doctrine par Augustin (mort en 430 ap. JC) qui considère le Millénium comme un royaume spirituel dans le cœur de tout converti à Christ. Ce règne avance au fur et à mesure que l’Evangile progresse dans la vie de l’Eglise. En suivant cette voie, Origène et Augustin ont réagi contre la foi apostolique et post-apostolique ancrée dans un règne littéral de Christ sur la terre. Aujourd’hui, l’Eglise catholique romaine, certains protestants et une partie des évangéliques tiennent cette approche. Mais, ni l’histoire des trois premiers siècles ni la Bible ne soutiennent leur théorie. Il existe aujourd’hui de petites variantes de l’idée d’Augustin; l’amillénarisme n’est donc pas monolithique.

b) l’interprétation postmillénariste

Les formes modernes de cette approche eschatologique ont été associées à Daniel Whitby, pasteur anglican qui, en 1703, a publié Paraphrase et Commentaire du N.T. Cependant, déjà John Owen, en 1651, dans un sermon sur "le royaume de Christ" exprimait une vision postmillénariste. D’autres pasteurs puritains de ce temps-là prêchaient les mêmes convictions. Selon Whitby, le Millénium serait le dernier millénaire de l’histoire humaine, et Christ ne reviendrait qu’à la fin de cette période pour recevoir les acclamations de toute l’humanité convertie. Les tenants de cette théorie croient que l’Evangile parviendra à christianiser progressivement le monde et que le résultat de ce miracle sera l’établissement de l’Age d’Or ou Millénium. Le postmillénarisme se base sur certaines paraboles qui présentent le royaume en croissance, comme par exemple celle du grain de moutarde qui devient un grand arbre.

Vers la fin du 19e siècle, le postmillénarisme, sous une forme humaniste et influencé par la théorie darwinienne de l’évolution, a adopté le concept d’un progrès spirituel étalé sur une période très longue grâce au progrès technologique, intellectuel et social. Le monde serait métamorphosé par "le bien" permettant à Christ de revenir à la fin de ce processus pour introduire l’état éternel. Une sorte de christianisation humaniste: la confiance en l’homme pour améliorer son environnement.

D’une manière générale, l’interprétation postmillénariste pose les mêmes problèmes que ceux de l’interprétation amillénariste: cette approche allégorise les textes. Le postmillénarisme avait le vent en poupe parmi bien des conservateurs et parmi les libéraux jusqu’à la première guerre mondiale, mais ce conflit entre nations "christianisées" a porté un coup fatal à l’optimisme placé dans la capacité de l’homme. Depuis les années 50, le postmillénarisme est réapparu chez certains évangéliques, surtout aux USA.

Il existe trois branches de postmillénaristes :

o les libéraux, qui prônent l’humanisme,
o les évangéliques, qui prônent la progression du christianisme par la prédication de l’Evangile,
o les évangéliques appelés « théonomistes » ou « reconstructionnistes » : le triomphe de Christ parmi les nations, son héritage, à travers la prédication de l’Evangile, en mettant l’accent sur l’application de la loi de Moïse à tous les domaines de la société (la théonomie est le régime où l’Etat est gouverné par Dieu).

c) l’interprétation prémillénariste

Cette façon de concevoir la prophétie et l’eschatologie croit que la 2e venue de Christ sur la terre (son retour) aura lieu après la Tribulation de 7 ans. Christ établira alors son règne de mille ans sur la terre à Jérusalem. Selon P. Schaff, un historien réputé du 19° siècle, il est incontestable que l’Eglise avant le 4e siècle a été majoritairement millénariste, croyant au règne littéral de Christ sur la terre pour mille ans. Même le célèbre historien protestant allemand Adolf Harnack (mort en 1930), qui n’était pas prémillénariste, a affirmé que le millénarisme des premiers siècles devait être considéré comme une partie essentielle du christianisme. Avec la "christianisation" de l’Empire romain et l’influence des théologiens allégorisants d’Alexandrie en Egypte, le millénarisme des Pères apostoliques et post-apostoliques a disparu jusqu’à son réveil par les Anabaptistes du 16e siècle, puis par les Huguenots. Le grand bond en avant du prémillénarisme commença au 19e siècle avec des théologiens et des commentateurs de grande érudition en Angleterre, en Allemagne, aux USA et même en France.

Tous les prémillénaristes s’accordent sur la place particulière qu’occupera Israël dans le règne messianique. Pour tous, la Tribulation précède le retour de Christ en gloire, retour incluant les divers jugements qui s’abattront sur "les habitants de la terre" (perturbations cosmiques, naturelles, sociales et politiques, persécutions). Mais les opinions diffèrent quant à l’enlèvement de l’Eglise (avant, au milieu ou à la fin de la Tribulation). Cela n’a pas d’incidence sur la théologie prémillénariste du retour de Christ pour juger les nations, produire la repentance d’Israël, et établir son règne messianique terrestre de paix et de justice. La majorité des prémillénaristes situe l’enlèvement de l’Eglise avant la Tribulation.

La position prémillénariste est tenue en général par des chrétiens évangéliques conservateurs. Cette interprétation, qui date de l’Eglise apostolique et post-apostolique, est aussi la mienne. Elle s’expose et se défend, lorsqu’on étudie les textes prophétiques et eschatologiques selon les règles herméneutiques présentées ci-dessus.

Conclusion

Nous avons essayé de présenter ces quelques jalons sur l’étude de l’eschatologie dans le but d’encourager le lecteur à méditer toute la Parole de Dieu et à s’atteler également à l’étude des lignes de l’histoire de la rédemption en se rappelant que "les choses cachées sont à l’Eternel, notre Dieu; les choses révélées à nous et à nos fils, à perpétuité, afin que nous mettions en pratique toutes les paroles de cette loi" (Deut 29.28). Quel bonheur pour "celui qui lit et ceux qui écoutent les paroles de la prophétie et gardent ce qui s’y trouve écrit! Car le temps est proche" (Apoc 1.3). "Maranatha" – "Notre Seigneur vient" – "Viens Seigneur" Amen.

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En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)