Les controverses doctrinales 312-590 ap. J.C. (4)

Histoire de l’Église

I. Introduction

Une lecture, même rapide, du N.T. peut nous convaincre qu’une saine doctrine est essentielle et les premiers chrétiens tenaient à la Vérité. La doctrine détermine le contenu du salut et elle influence la conduite quotidienne. Après un calme doctrinal relatif pendant les trois premiers siècles, le Corps de Christ a été secoué par des discussions âpres au sujet du contenu de la doctrine biblique :

1) Comment Christ, le Fils de Dieu, est-il lui-même Dieu (la doctrine trinitaire), en même temps homme et Dieu (la doctrine de la personne de Christ) ?
2) Comment distinguer le Père du Fils sans nier la vraie humanité, ni la vraie divinité absolue du Fils ? Les meilleurs penseurs et théologiens s’y sont penché pendant 125 années (de 325 à 451).

L’hérésie consiste souvent, au départ, à s’accrocher avec ténacité à un aspect évident, mais incomplet, de la vérité biblique. Cet aspect, développé hermétiquement, est déformé jusqu’à compromettre l’équilibre de toute la saine doctrine. En relisant cette histoire doctrinale, si complexe et subtile – où même parfois l’incompréhension et la violence dominaient – je suis émerveillé par la manière dont les doctrines du N.T. se sont imposées. Chaque protagoniste se servait de la Bible pour affirmer « sa vérité ». Où est La Vérité ? Sans la ténacité de certains érudits éclairés par le Saint-Esprit quant à l’enseignement du N.T., le christianisme aurait sombré dans le marasme hérétique : les vérités concernant le Christ, la rédemption, le salut par la grâce, la vie éternelle auraient été irrémédiablement perdues. Nous devons remercier Dieu pour le contrôle qu’il a exercé sur l’élaboration de la doctrine dans cette période.

L’orthodoxie a été définie par les travaux exténuants des quatre premiers Conciles, appelés « œcuméniques » (= généraux), où étaient représentés les chrétiens de tout l’Empire, et tenus sous les auspices des empereurs romains (!) : les conciles de Nicée (325), de Constantinople (381), d’Éphèse (431) et de Chalcédoine (451). Seul un survol en est possible ; mais il vaut la peine de lire les textes qui y ont été élaborés pour saisir pourquoi ils ont tenu à l’orthodoxie doctrinale, comme nous le faisons aujourd’hui.

II. Les Quatre Conciles.

A. Le Concile de Nicée (325)

Arius, ancien d’une église d’Alexandrie en Egypte, veut à tout prix sauvegarder les privilèges du Père au sein de la Trinité, car Lui seul est éternel, souverain, incréé, selon Arius. Il affirme : puisque le Fils de Dieu a été créé par la volonté et la puissance du Père, il n’est donc pas de la même « substance » que le Père. Donc, Christ est une créature qui s’est développée humainement avec ses propres faiblesses ; il n’est pas Divin, car seulement similaire au Père, mais différent de lui, quant à sa nature. Le Logos (le Fils de Dieu) remplace l’âme humaine de Jésus ; le Logos habite le corps de Christ, mais il a soigneusement évité de s’identifier avec la nature humaine complète. Le Fils est subordonné dans sa nature au Père.

Cet enseignement hérétique plaît beaucoup aux ex-païens « convertis » ( ?), parce qu’il ressemble au gnosticisme qui affirme que Dieu (=le Père) règne seul entouré d’êtres moins importants mais au service de Dieu vis-à-vis des humains. Même les vrais convertis ont de la difficulté pour comprendre que le Logos ( la Parole, Jean 1.1) existe éternellement en tant que l’égal du Père ! Les vues d’Arius étaient très populaires, parce que sa prédication était prisée, et il savait gérer les relations publiques ! Il a écrit des chansons appréciées qui véhiculaient ses erreurs ! Les idées de « La Tour de Garde » (Témoins de Jéhovah) sont un type d’arianisme moderne.

Après bien des débats « animés », le Concile réuni à Nicée (Iznik, Turquie), adopte le Credo suivant :

« Nous croyons en un seul Dieu, Père Tout-Puissant, Créateur de tous les êtres visibles et invisibles ; et en un seul Seigneur Jésus-Christ, le Fils de Dieu, lumière de lumière, vrai Dieu de vrai Dieu, engendré non pas créé, consubstantiel au Père, par qui tout a été fait, ce qui est dans le ciel et ce qui est sur la terre, qui à cause de nous les hommes et à cause de notre salut est descendu et s’est incarné, s’est fait homme, a souffert et est ressuscité le troisième jour, est monté au ciel, viendra juger les vivants et les morts ; et en l’Esprit Saint.

Ceux qui disent : "Il était un temps où il n’était pas" et : "Avant d’avoir été engendré, il n’était pas" et qu’il est devenu à partir de ce qui n’était pas, ou d’une autre hypostase ou substance, ou qui affirment que le Fils de Dieu est susceptible de changement ou d’altération, ceux-là l’Église catholique et apostolique les anathémise. »

Le Corps de Christ avait toujours cru en la Trinité, laquelle est biblique, et l’a confessée dans la formule trinitaire (Mat 28.19). Le Fils est entièrement Dieu existant éternellement en la même « substance » que le Père et l’Esprit, car Dieu est UN, présent en trois révélations personnelles – Père, Fils, et Saint-Esprit – , tous égaux en la même essence et en actions. Dieu est Un en Trois et Trois en UN. Il n’existe ni trois dieux ni un Dieu divisé en trois tiers. Toute connaissance biblique du Père est acquise en Christ par l’Esprit-Saint. Notre salut dépend de la connaissance du vrai Dieu trinitaire révélé dans le N.T. «La Définition» de Nicée fut la norme pour toutes les autres définitions conciliaires futures.

B. Le Concile de Constantinople (381)

Qui est Jésus-Christ ? Tous les chrétiens n’avaient pas la même conviction !

Appollinarius, un pasteur de Laodicée (en Turquie actuelle), nie que Christ possède un esprit humain. Il affirme : Christ a été dépossédé de son esprit par le divin Logos, ce dernier étant un homme céleste préexistant ! Il est impossible que deux natures, divines et humaines cohabitent en une seule personne, donc Christ n’est ni entièrement Dieu, ni entièrement homme, mais une combinaison des deux. (Appollinarius voulait pour résoudre ce dilemme que Christ sauve des hommes, et pour cela Christ n’ait eu qu’une seule nature, la humaine, selon lui ).

Après délibération, le Concile a publié le Credo suivant :

« Nous croyons en un Dieu, Père tout?puissant, créateur du ciel et de la terre, de toutes les choses visibles et invisibles ; et en un Seigneur Jésus?Christ, le Fils unique de Dieu, engendré du Père avant tous les siècles, lumière de lumière, vrai Dieu de vrai Dieu, engendré, non créé, consubstantiel (?µ???s??? (homoousios) au Père, par qui tout a été fait, qui pour nous, les hommes, et pour notre salut, est descendu des cieux, par le Saint Esprit s’est incarné de la Vierge Marie, et s’est fait homme ; il a été crucifié pour nous sous Ponce Pilate, a souffert, a été enseveli, est ressuscité le troisième jour, selon les Écritures, est monté aux cieux ; il siège à la droite du Père et il reviendra en gloire juger les, vivants et les morts ; son règne n’aura pas de fin ; et en l’Esprit Saint, le Seigneur, qui vivifie, qui procède du Père, qui avec le Père et le Fils est conjointement adoré et glorifié, qui a parlé par les prophètes, et en une Église sainte, catholique{= universelle}, et apostolique. Nous confessons un baptême pour la rémission des péchés. Nous attendons la résurrection des morts et la vie du siècle à venir. Amen. »

Il est évident que l’évangélique ne peut accepter l’avant-dernière phrase de ce « symbole ». Elle n’est pas biblique : le pardon des péchés vient par la repentance du péché et par la foi en Christ, et non par le baptême d’eau.

Ce Concile affirme

1) l’unité de la Trinité,
2) la pleine divinité de Christ,
3) la nature humaine complète, mais sans péché, de Christ permettant ainsi à Jésus-Christ de racheter le corps-l’âme-l’esprit de l’individu,
4) la divinité et l’égalité du Saint-Esprit.

Le problème de la relation entre la nature divine et la nature humaine en Christ n’y est pas totalement solutionné, mais l’Église va dans la bonne direction : Dieu a été manifesté en chair. Ce concile réaffirme, puis élargit le « Symbole de Nicée ».

C. Le Concile d’Éphèse (431)

La bataille pour l’orthodoxie doctrinale biblique continue entre 381 et 431. Le sommet, sur le plan de l’explication théologico-biblique dans certains domaines importants, y est atteint à Éphèse.

Nestorius, prédicateur fameux et grand évêque à Constantinople, s’est opposé hardiment à l’emploi populaire de « Marie, Mère de Dieu », dans le culte des églises. Combien il avait raison de le faire ! Or, en condamnant cette appellation, il employait des mots qui faisaient croire que Christ était composé de deux personnes ! Il ne nie pas la divinité de Christ, mais en accentuant tellement la réalité et l’intégrité de son humanité, il parle d’une « conjonction » morale ou d’une fonte de deux volontés plutôt qu’une union essentielle des deux natures. Il refuse de reconnaître la participation de la nature divine dans les actes et les souffrances de l’homme Jésus. Il considère Jésus-Christ comme un composite de deux personnes distinctes, divine et humaine ; selon lui, Jésus-Christ a eu deux personnalités distinctes. Dieu résidait en l’homme Jésus ; Jésus n’a été que le « véhicule » qui portait le passager Dieu. Jésus et Dieu (le Père) sont de très bons amis ! Cette conception met en danger l’unité théanthropique (Dieu-homme) de la personne et de l’œuvre de Christ. De plus l’œuvre de la rédemption est affaiblie, compromise.

Nestorius est condamné par le Concile d’Éphèse. Ce concile affirma sa foi en la « Définition » de Nicée, mais fait étrange, il n’a promulgué ni « définition=symbole », ni canons doctrinaux. Le concile exprima sa pensée positivement en approuvant solennellement une lettre écrite par l’imminent théologien d’Alexandrie, Cyrille. En voici l’explication essentielle :

La nature divine du Verbe n’a subi aucun changement en S’incarnant, car Il S’est uni selon l’hypostase (« l’être réel », cf., Héb 1.3) une chair (sans péché), animée d’une âme raisonnable, par laquelle Il est appelé Fils de l’homme. Les deux natures différentes ont fait une unité véritable, un seul Christ et un seul Fils. La différence des natures n’a pas été supprimée par l’union. On croit en un seul Christ, le Seigneur, donc nous n’adorons pas un homme avec le Verbe ; nous adorons un seul et même Christ. Refuser l’union selon l’hypostase serait dire qu’il existait deux fils, deux personnes. L’Ecriture ne dit pas que le Logos S’est uni à l’apparence (prosopon) d’un homme, mais qu’Il S’est fait chair. Une seule personne donc (Jésus-Christ, Dieu-homme) est morte et ressuscitée.

Le Christ est Dieu et homme, une seule personne en deux natures, divine et humaine (sans péché). Malheureusement, le terme « Marie, Mère de Dieu » y est reproduit ; le faux terme signifie que Marie a créé Dieu ! Marie est seulement « la mère du Seigneur » (cf. Jean 2.1 ; Act 1.14).

Nestorius est exilé par l’Empereur en 431 et meurt en 439. Le Nestorianisme est éradiqué assez rapidement dans l’Empire, mais il se perpétue parmi les chrétiens en Iran, se répandant jusqu’aux Indes et en Chine au 7ème siècle ! Cette conception de Christ existe aujourd’hui en Arménie, en Iraq (sous le nom de « chaldéen » ; le Premier Ministre actuel (Tariq Aziz) du dictateur Saddam Hussein est un « chaldéen » !).

Malheureusement Mahomet a reçu sa connaissance, très imparfaite, au sujet de Christ d’un moine nestorien ! D’ailleurs, l’Islam a protégé et a permis la propagation de nestorianisme pendant des siècles !

D. Le Concile de Chalcédoine (451)

L’enseignement d’Éphèse n’a pas tout réglé : Après la mort de Cyrille en 444, certains théologiens d’Alexandrie propagent l’hérésie du « monophysisme » (= une seule nature, la Divine, en Christ ) afin de contrer la vérité des deux natures élaborée 20 années plus tôt à Ephèse. En Christ, selon eux, il n’y a qu’une nature, l’humaine absorbée par la divine. Ainsi, le Logos, Christ, possède les attributs humains sans avoir eu la nature humaine, car la nature humaine de Jésus est assimilée et divinisée par la Parole (Jean 1.1). Ainsi, le corps de Christ est rendu divin et incorruptible !

La réaction ne tarde pas à venir pour combattre l’hérésie qui supprime la vraie humanité de Jésus-Christ. Si Christ n’est pas réellement humain mais sans péché, Ses souffrances, Sa Mort et Sa résurrection n’ont plus de valeur réelle. Le Concile de Chalcédoine définit théologiquement en peu de mots la relation entre l’humain et le divin en Jésus-Christ :

" Suivant donc les saints Pères, nous enseignons tous unanimement que nous confessons un seul et même Fils, notre Seigneur Jésus-Christ, le même parfait en divinité, et le même parfait en humanité, le même vraiment Dieu et vraiment homme (composé) d’une âme raisonnable et d’un corps, consubstantiel au Père selon la divinité et le même consubstantiel à nous selon l’humanité, en tout semblable à nous sauf le péché, avant les siècles engendré du Père selon la divinité, et aux derniers jours le même (engendré) pour nous et pour notre salut de la Vierge Marie, Mère de Dieu selon l’humanité, un seul même Christ, Fils du Seigneur, l’unique engendré, reconnu en deux natures, sans confusion, sans changement, sans division et sans séparation, la différence des deux natures n’étant nullement supprimée à cause de l’union, la propriété de l’une et l’autre nature étant bien plutôt sauvegardée et concourant à une seule personne et une seul hypostase, un Christ ne se fractionnant ni se divisant en deux personnes, mais en un seul et même Fils, unique engendré, Dieu Verbe, Seigneur Jésus-Christ".

Jésus-Christ est parfaitement Dieu et homme, étant de la même substance que le Père et de la même substance que l’homme, sans péché. Ces deux natures, divine et humaine, sont unies sans être mélangées ni transformées ni divisées ni séparées. L’erreur, « Marie, Mère de Dieu » est encore incluse !

Le Symbole de Chalcédoine crée immédiatement une énorme division dans la chrétienté qui dure jusqu’au 21ème siècle ! Les « chrétiens » d’Égypte (coptes), d’Éthiopie, ceux de Syrie (2 groupes), et d’Arménie n’ont pas accepté « Chalcédoine », car ils voulaient rester monophysites (une seule nature). Sont-ils sauvés selon le N.T. ? Dieu est seul juge, mais il me paraît logique de croire qu’il faudrait le « bon » Sauveur biblique pour être sauvé.

III. Un Résumé.

Les grandes branches du protestantisme évangélique apprécient ces 4 Conciles pour leurs formulations de la vérité biblique touchant à toute la personne de Jésus-Christ :

1) Le Credo de Nicée (325) a été rédigé afin de réfuter la prétention arienne que le Fils de Dieu aurait seulement été le sommet de la création de Dieu, et donc, différent en tout aspect du Père. Le Credo affirme l’unité de Dieu en insistant que Christ est de la même « substance » que le Père et éternel comme lui. Le Saint Esprit, lui aussi, est Dieu au même titre.
2) Le Credo de Constantinople (381) est calé sur celui de Nicée, mais avec des additions très importantes ; les historiens les regroupent jusqu’à appeler celui de Constantinople (plus complet) « le Credo de Nicée » (le premier et le plus connu) !
3) Le Credo d’Éphèse (431) déclare que les deux natures, divine et humaine, sont distinctes, chacune ayant ses propres caractéristiques, quoique unies en une seule personne, Jésus-Christ.
4) Le Credo de Chalcédoine (451) atteste que Christ, quant à sa divinité, est consubstantiel avec le Père et consubstantiel avec l’humanité dans son humanité parfaite ; de plus la divinité et l’humanité de Christ existent ensemble sans mélange, ni changement, ni division, ni séparation.

IV. La Conclusion

Des credos bibliques, et parfois d’autres, ont toujours eu des fonctions multiples :

– L’emploi dans le contexte baptismal (Matt 28.19 ; Act 8.37 ).
– Un rôle de bases pour l’instruction dans les essentiels de la FOI biblique et chrétienne. Leur concision aide les convertis à les mémoriser (Rom 1.4 ; 10.9-11 ; 1 Cor 15.3-4 ; Phil 2.6-11 ; 2 Cor 13.13 ; 1 Tim 3.16 ; etc.).
– Un rôle pour encadrer la bonne doctrine afin de contrer les hérésies.
– Leur place dans le culte, des siècles suivants, à la fin de la lecture des Ecritures où tous pouvaient confirmer leur attachement à la FOI biblique (toutes les doctrines qui font du christianisme ce qu’il est). Le seul danger ici serait la répétition mécanique pour les convertis et de la possibilité de tromper des perdus assistant au culte de se croire convertis si facilement en ne répétant que des mots!
– Le danger de composer un credo se révèle parfois dans sa rigidité formelle, complexe, et abstraite, car il peut devenir extensible à l’infini. Pire, les bien intentionnés, mais ignorants, les utilisent pour « filtrer » même la vérité des Écritures, portant, ainsi, des lunettes bien colorées pour voir seulement ce que l’on veut voir !

Apprécier le rôle joué dans le passé et l’utilité actuelle dans le domaine théologique des credos encourage la foi personnelle, nous protège des erreurs, et nous pousse vers l’étude plus approfondie de la Bible afin de connaître ses vérités pour nous-mêmes.

La prochaine grande étude de l’histoire de l’Église va couvrir la période de 590 à 1517, coupée en plusieurs mini-périodes à cause de sa richesse, de son enseignement, et de ses avertissements.

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En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)