L’âge de l’Empire Christianisé (3)

HISTOIRE DE L’EGLISE

Période 3: de 312 à 590 après J.-C.

I. Introduction

Le titre de cet article pourrait faire croire que l’Empire romain s’est converti bibliquement à Christ. Il n’en est rien! Après le IIIe siècle, l’empire se «christianise» de plus en plus, au moins en apparence, et le christianisme biblique se dilue et se corrompt toujours davantage par la mondanité et par l’influence impériale. Les trois siècles étudiés ici sont complexes par l’interaction de forces de natures différentes: politiques, religieuses, sociales, morales, doctrinales.

L’étude est divisée en deux parties: un regard général sur l’Empire (son déclin, sa «christianisation», sa disparition), puis l’étude (future) des luttes intestines vigoureuses, parfois violentes, parmi les chrétiens pour trouver une orthodoxie œcuménique (= universelle) en accord avec celle du Nouveau Testament. Notre présente étude va consister seulement en un survol général, même si cette période est la seconde en importance dans sa totalité après celle des Apôtres. Son étude est nécessaire pour comprendre la période suivante: «l’Âge des Ténèbres», du 7e au 16e siècle, à laquelle elle sert en quelque sorte de tremplin, et pour comprendre aussi ce qui amènera à la Réforme protestante du 16e siècle. Le futur est toujours caché dans le présent, le présent enfante le futur.

C’est l’évidence même que le mot «Église» a perdu son acception du 1er siècle et ne ressemble pratiquement plus au modèle apostolique! À partir de 312, l’Église devient essentiellement une organisation qui accepte pratiquement tout ce que le monde a à lui offrir, en abritant minoritairement, quand même, le vrai christianisme! La date butoir de 590 indique l’année où le système épiscopal occidental devient la force papale du Moyen Âge.

II. Survol politique et religieux

Il est nécessaire de traiter ces deux domaines ensemble, car ils sont inextricablement liés l’un à l’autre..

En 312 le général Constantin unifie la partie occidentale de l’Empire romain sous son nom après sa victoire sur son rival; il dit que Jésus-Christ a répondu à sa prière! S’était-il réellement converti? Qui sait! En tout cas, il favorise le christianisme de maintes manières, même si sa vie contredit souvent sa profession de foi.

L’Église, jusqu’ici méprisée, persécutée, se trouve instantanément avantagée, et Constantinople devient la capitale de la chrétienté en 330! Une anecdote: en 324 l’Empereur offre de l’argent aux païens pour se convertir; ainsi en une année 12’000 d’entre eux sont baptisés à Rome! En 325 il exhorte tous les sujets de l’Empire à embrasser le christianisme.

Cette aide a eu certaines conséquences heureuses: la persécution s’achève; la législation est influencée pour le bien de l’être humain en général.

Mais aussi des conséquences mauvaises: le christianisme est sécularisé au point qu’il est souvent difficile de distinguer entre le «chrétien» et le païen; la conversion est à la mode; l’adoration des dieux est adaptée pour devenir l’adoration des martyrs (= «saints»); l’adoration accordée à Isis, la déesse égyptienne appelée «la Grande Vierge» et «la Mère de Dieu», est transférée à Marie, la mère du Seigneur (!); le christianisme en se paganisant devient la chrétienté (!); la hiérarchisation ecclésiastique se développe sans frein; «l’Église» devient parfois à son tour la persécutrice des païens (!); certains chrétiens, exaspérés par la mondanité rampante, se tournent vers un ascétisme excessif et le monachisme; et les empereurs successifs s’octroient le droit d’intervenir dans toute dispute entre des chrétiens. Longue est la liste des manifestations de l’éloignement des chrétiens des enseignements du N.T! En 391, l’Empereur Théodose ferme tous les temples païens dans les villes, mais à la campagne le paganisme se maintiendra pendant plusieurs siècles, jusqu’à ce qu’il soit «christianisé»!

En 395, l’Empire est définitivement divisé entre l’empire d’Orient et celui d’Occident pour des raisons politico-militaires. Cette décision a pour résultat le développement de deux entités dans la chrétienté, l’une romaine de langue latine, l’autre grecque de langue grecque. Leurs relations deviennent très conflictuelles, car chacune veut la première place et les honneurs pour pouvoir imposer ses manières et ses interprétations à tous les chrétiens.

Lorsque les Barbares parviennent finalement à anéantir le gouvernement de la partie «latine» restante de l’Empire en 475, ils prennent le contrôle des peuples depuis la Yougoslavie jusqu’en Espagne et en Afrique du Nord. À ce moment, le peuple de Rome se tourne vers les papes successifs pour qu’ils leur donnent un gouvernement bien structuré et très efficace, car «l’Église de Rome» est bien organisée et a des «moyens».

Le pape Grégoire I régnant de 590 à 604 a pu, par ses capacités extraordinaires et par ses œuvres, garantir la future domination religieuse de l’Europe par Rome.

Constantin établit le dimanche comme jour de repos; il désigne également le 25 décembre comme un jour consacré à Jésus en transposant une fête païenne en une fête «chrétienne»! D’autres «changements » de cette nature se font au fur et à mesure que la chrétienté avance à travers les siècles.

Voici un exemple d’une journée de culte (rien n’est statué au début de notre période pour fixer un seul style de réunion pour toutes les églises dans l’Empire): il commence le dimanche matin vers 8 heures avec l’Eucharistie (la Sainte Cène) suivie par des lectures bibliques et des exposés des textes, puis suivent des hymnes ou psaumes chantés, des prières. Vers midi un repas en commun est suivi d’une sieste (en été); puis des gens, après une offrande d’argent ou de nourriture, s’engagent à accomplir des œuvres de bienfaisance envers des pauvres, des prisonniers, des veuves, des orphelins ou des personnes âgées et à rendre visite aux malades. Parfois, à la fin de la journée il y a une agape. Chaque église locale ou région décide de l’ordre et du contenu de son culte selon des facteurs différents. Progressivement la simplicité et l’indépendance cèdent leur place sous la pression charnelle au cérémoniel, au sacramentalisme et au cléricalisme.

Le baptême est normalement pratiqué par immersion des adultes convertis, mais déjà vers la fin du IIe siècle le baptême des enfants non-convertis est introduit petit à petit! Tertullien vitupère, avec raison, contre cette pratique, car comment un bébé ou un jeune enfant peut-il se convertir? Le candidat adulte au baptême doit prouver que ses motivations sont pures après avoir suivi un cours d’enseignement qui pouvait durer jusqu’à trois ans. Cet enseignement porte sur la bonne doctrine, la pratique de la vie chrétienne et la mise en garde contre le paganisme ambiant. Et aujourd’hui, où en est-on avec les candidats pour le baptême des bibliquement convertis dans nos églises? Malheureusement, petit à petit d’autres éléments s’immiscent dans la cérémonie: l’exorcisme, l’onction, l’imposition des mains, le signe de la croix, puis l’idée que le baptême lave l’individu de tous ses péchés!

Dans le N.T. la discipline des chrétiens a parfois été sévère (1 Cor 5; 2 Thes 3: 6 à 15), mais elle avait pour but d’amener le coupable à la repentance et à la restauration. Après quelques siècles, elle est devenue arbitraire, légaliste, incohérente: on distingue trois classes de «disciplinés »: (1) les «pleureurs» debout devant l’église souvent par mauvais temps, confessant leurs péchés et demandant les prières des chrétiens; (2) les «auditeurs» sous le porche avec des non-croyants pour entendre la lecture des Écritures; (3) les «agenouilleurs» qui sont à l’intérieur de l’église avec des catéchumènes.

Le célibat est de plus en plus considéré comme l’état idéal pour pouvoir cultiver une vie de prière et d’abstinence, pour démontrer sa spiritualité, et pour se rendre acceptable à la prêtrise (1 Tim 4.1-3). Il y a des abus sexuels (!): des «célibataires » vivent en concubinage avec des femmes, des hommes mariés veulent abandonner leurs épouses pour vivre une vie ascétique. L’ascétisme monacal est le résultat de l’accent mis sur le célibat pour devenir «saint».

Au IVe siècle les fonctions ecclésiastiques – évêques, anciens, diacres, sous-diacres, exorcistes, acolytes, lecteurs – déjà hiérarchisées depuis un certain temps, deviennent formelles et fixes.

Les églises, en accueillant de plus en plus de «membres», s’enrichissent. Un sénateur romain païen s’exclame: «Consacrez- moi évêque de Rome et demain je deviendrai chrétien!» À la campagne, les églises restent malgré tout assez modestes. L’évêque prend une importance grandissante au IVe siècle dans les métropoles avec l’augmentation du nombre de «chrétiens »; même Irénée († 117), Tertullien († 220), et Cyprien († 258) appuient l’idée que l’évêque de Rome est supérieur à tous les autres évêques (cf. Mt 16.18), une idée étrangère au N.T (cf. 1 Pi 5.1,3; Eph 2.22). Au cours des siècles l’église de Rome a parfois des hommes aux qualités humaines extraordinaires en son sein, hommes qui sauront imposer l’idée que l’Evêque de Rome doit être le chef suprême des chrétiens en Occident.

L’histoire complète de l’expansion du christianisme au cours des premiers siècles (et surtout après le 1er) est impossible à raconter par manque de place ici. Le christianisme s’est séparé du judaïsme au 1er siècle. Il s’est ensuite répandu dans tout l’Empire, de la Grande Bretagne jusqu’en Iran en passant par la partie sud de l’ex-URSS, de l’Afrique du Nord au Soudan, en Arabie Saoudite et peutêtre jusqu’aux Indes! On raconte qu’au IIIe siècle, un missionnaire, parti pour servir le Seigneur au N.-O. de la Turquie, a trouvé 17 chrétiens en arrivant sur place; mais après 30 années de dur service, il ne restait que 17 non-convertis!!

III. CONCLUSION

Après la «conversion» de Constantin, le christianisme quitte les catacombes pour entrer par étapes dans les palais. Entre le début et la fin du IVe siècle, le christianisme devient la religion de l’État romain. On peut dire que l’Église se marie avec le pouvoir politique, et qu’elle assume aussi la responsabilité morale pour toute la société. Pour mieux «servir » (?) l’État, elle adapte ses doctrines et imite la structure hiérarchique de l’Empire. Heureusement, tout n’est pas mauvais. Toutefois, le christianisme du N.T. a subi une transformation totale par rapport au Ier siècle. Cette transformation prépare l’Occident pour «l’Age des Ténèbres » (=le Moyen Âge).

Pour terminer le survol des siècles IV à VI, un regard particulier sur les controverses doctrinales des IVe et Ve siècles devrait occuper notre attention dans la prochaine parution de «PROMESSES».

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En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)