La Résistance à l’Esprit du Monde (2ème partie)

VIE CHRÉTIENNE

(2ème partie)

Cet article comprend la deuxième et dernière partie du thème «la résistance à l’esprit du monde». Son auteur, Paul-André Dubois, expose les différentes facettes du culte de l’homme et, dans sa conclusion, nous donne le secret pour résister à l’esprit du monde régi par son prince. Les deux articles ont paru dans la revue trimestrielle «La Bonne Nouvelle», 21, rue de la Patinoire, CH-2504 Bienne (n° 4/2000 et 1/2001). Nous les avons reproduits avec l’aimable autorisation de sa rédaction.

Dans la première partie de cet article – «La résistance à l’esprit du monde» -, nous avons illustré ce combat par l’exemple donné au VIIe siècle avant Jésus-Christ par Daniel et ses trois compagnons, dans leur confrontation avec l’idolâtrie païenne: Daniel ch. 1, 3, 6. Puis nous avons dégagé trois leçons:

– Il incombe au croyant, quelle que soit l’époque, de ne pas reculer d’un pouce dans la lutte contre l’esprit du siècle.
– C’est l’erreur qui doit reculer; les rois païens ont fini par «louer» le Dieu des Hébreux, cf. Dan 6.25-27. L’emprise de l’idolâtrie sur eux s’est relâchée.
– Cette victoire spirituelle n’est possible que par la foi, cf. Héb 11.30-34; 1 Jean 5.3-5, qui est capable de vaincre des royaumes, à savoir la coalition de la puissance politique et religieuse.

III – La résistance au monde aujourd’hui

A chaque époque de l’histoire, les croyants ont été et sont confrontés à l’esprit du siècle, à ce qui émane de la société sans Dieu. La culture du jour, les modes de penser, de sentir, de vivre, voudraient s’imposer à l’enfant de Dieu, le modeler, et pour la simple raison qu’il y a, derrière tout cela, une puissance spirituelle invisible en conflit irréductible avec Dieu et avec le peuple de Dieu. Le diable, appelé par Jésus- Christ le prince de ce monde, Jean 12.31; 14.30, et par Paul le dieu de ce siècle, qui aveugle l’intelligence des incrédules afin qu’ils ne voient pas briller la splendeur de la gloire de l’Evangile de Christ, cf. 2 Cor 4.3,4, patronne la société sans Dieu. Il est le «chef d’orchestre» invisible derrière le rideau.

Nous aussi, nous sommes exposés, soumis à d’énormes pressions dans notre intelligence, notre âme, notre sensibilité, nos sens. Nous aussi, nous devons affronter un rouleau compresseur culturel qui cherche à «niveler» les conceptions, les émotions, les réactions, les aspirations. Ce rouleau compresseur agit avec d’autant plus d’efficacité qu’il dispose d’un appareil médiatique perfectionné et de la puissance grandissante des images. L’homme moderne ne court-il pas le risque d’être un jour enseveli sous les images et les moyens d’information et de communication toujours plus développés et performants?

Le danger est d’être peu à peu conformés à un modèle culturel unique conçu par le diable, d’être embrigadés à notre insu dans de nouvelles formes d’idolâtrie, dans des cultes adaptés à notre époque, cf. Rom 12.2.

Ce modèle culturel unique se reflète dans le langage, de plus en plus impersonnel, uniforme et d’une pauvreté effrayante! Les cultes dominants sont facilement repérables et ils vont dans le sens d’une nouvelle «paganisation » de notre société. Je vais partir de ce qui est le plus tangible et choquant.

A) Le culte du sexe

Avec ce culte, de plus en plus agressif et envahissant, on est tout près de la pourriture morale de la Grèce et de la Rome antiques. Il suffit pour s’en rendre compte de lire les dénonciations de Paul et de Pierre, cf. Rom 1.18-32; 1 Pi 4.1-6.

Après la seconde guerre mondiale, on a beaucoup parlé de révolution sexuelle et de libération des mœurs. Mais le dernier mot, «libération», est terriblement trompeur. L’apôtre Pierre ne dit-il pas: Ils leur promettent la liberté, quand ils sont euxmêmes esclaves de la corruption, car chacun est esclave de ce qui a triomphé de lui, 2 Pi 2.19?

Les idéaux de pureté, chasteté, discipline dans le domaine des sens, ont été mis au rancart. On a prôné et prêché «l’amour libre », hors mariage, avant le mariage (pour ceux qui donnaient encore une valeur à cette institution divine), sans cadres, sans frontières, sans contraintes, sans tabous!

La pression du sexe, de l’érotisme, de la sensualité, de l’hédonisme (recherche du plaisir, cf. 2 Tim 3.4), se fait sentir partout, et les chrétiens n’y échappent pas. Ce «moule » culturel veut s’imposer. L’idolâtrie du sexe pénètre tout: les journaux, les livres, certains festivals, un certain type de musique, le cinéma, la télévision, les bandes dessinées, la publicité et, bien sûr, la mode!

On peut dire de la société moderne «sans dieu», et sur tous les continents: Ils ont pour dieu leur ventre, ils mettent leur gloire dans ce qui fait leur honte, ils ne pensent qu’aux choses de la terre, Phil 3.19.

B) Le culte du corps

Voilà encore un relent de paganisme, et il y a forcément connexion entre ce culte et le précédent.

Plus l’homme moderne se vend au péché, aux plaisirs de la chair, autrement dit plus «il se vide de son âme», plus aussi son corps prend de la place.

Il est légitime de se préoccuper de la santé corporelle, mais l’attention et les soins apportés au corps – enveloppe de l’âme – ne doivent pas tourner à l’obsession. Pour la santé, le bien-être, la forme physique, les exercices, les disciplines et thérapies de tout genre se multiplient. Il suffit de penser à la prolifération des établissements de «fitness »!

Pour la beauté du corps, les produits et les soins cosmétiques sont légion; l’étalage publicitaire donne la nausée…

Le rite sacré du bronzage – malgré tous les risques qu’il comporte – montre que le corps est devenu le centre de tout et jusqu’où certains sont prêts à sacrifier à sa beauté.

C) Le culte de l’exploit ou de la performance

Peut-être pour se prouver à lui-même qu’il est quelqu’un, l’homme veut se dépasser, se surpasser. Il se lance des défis. A un présentateur de télévision qui lui demandait le pourquoi de sa tentative, une jeune Bretonne qui a traversé l’Atlantique à la rame a fait cette réponse significative: «Le dépassement de moi». Il semble que l’homme moderne soit hanté par l’image du «surhomme ».

Il y a les défis et les exploits d’ordre scientifique et technologique, comme la conquête de l’espace, le génie génétique… Mais Rabelais nous avertit que: «Science, sans conscience, n’est que ruine de l’âme». Cet écrivain du XVIe siècle a pressenti les dangers qui guettaient ceux qui veulent aller toujours plus loin dans la recherche de la connaissance.

Il y a les défis et les exploits sportifs: on tente aujourd’hui les épreuves les plus extrêmes, les plus risquées, les plus osées, les plus coûteuses aussi: il n’est que de penser au fameux «Paris Dakar», qui se répète chaque année, malgré son caractère scandaleux.

On se pâme devant des records qui se comptent en quelques centièmes de seconde!

De plus, les champions deviennent de vrais dieux: un joueur de basket-ball a même été qualifié de «dieu vivant». C’est du blasphème, de l’idolâtrie et de la pure folie collective.

Cette rage de l’exploit révèle le vide profond de l’homme moderne, orphelin de Dieu. Quel contraste avec le profond rassasiement intérieur de l’homme qui adore Dieu, devenu son Père en Jésus-Christ, cf. Phil 4.11 b, 12; Ps 131!

Que veut dire «se dépasser, repousser ses limites», si, en définitive, l’on passe toujours à côté du but suprême: Dieu Lui-même?

Ne s’agit-il pas de vains records et de vaines tentatives? L’homme se dépasse pour le vide et pour le néant, ce qui est tout à fait irrationnel. N’est-ce pas là ce que Jean appelle l’orgueil – ou la fanfaronnade – de la vie? (1 Jean 2.16)

D) Le culte du délire

Le trafic et l’usage de la drogue dans notre culture sont emblématiques. Ils révèlent que, dans ce domaine aussi, l’homme veut «s’éclater», dépasser ses limites. Mais il y a toutes sortes de drogues et toutes sortes de délires, de transes et d’extases.

A côté de la drogue chimique qui altère les états de conscience, qui «dilate» le psychisme et les perceptions sensorielles (le poète Rimbaud parlait déjà d’un «dérèglement de tous les sens»), il y a aujourd’hui le délire de la musique. Dans certains concerts l’on assiste à un phénomène d’hystérie collective, que le dictionnaire définit comme un «délire nerveux». Or, l’hystérie – la perte de contrôle – est contraire à la volonté de Dieu, cf. Eph 5.18, et l’inverse du résultat de l’action du Saint-Esprit. Dans Gal 5.22, «la tempérance», un des fruits de l’Esprit, signifie l’auto-contrôle.

Il y a aussi le délire mystique ou religieux. A Delphes, la pythie vouée au culte d’Apollon et qui rendait des oracles, entrait en transe en mâchant des feuilles de laurier.

Aujourd’hui, une frange importante de la chrétienté s’est laissé envahir, depuis le milieu du XXe siècle, par une série de vagues mystiques accompagnées de phénomènes bizarres extraordinaires: visions, prophéties, parler en langues, souvent dans une atmosphère survoltée. C’est un signe certain de paganisation, bien que tout cela soit attribué à l’action du Saint-Esprit, malgré le fait que la Bible le caractérise comme un Esprit d’ordre et de paix, cf. 1 Cor 14.33,40. Dans un livre paru en 1981 (Labor & Fides), intitulé «Le Mouvement Charismatique », l’auteur, Françoise Van der Mensbrugghe, enseignante et sociologue, a ajouté au-dessous du titre une double question: «Retour de l’Esprit? Retour de Dionysos?» Nous avons reconnu dans ce nom grec l’équivalent de Bacchus, dieu de l’ivresse et du délire.

E) Le culte de l’argent

La cupidité sans frein, taxée d’idolâtrie par l’Ecriture, cf. Col 3.5, est une des marques ignominieuses de notre société matérialiste, où les «affaires» (détournements, abus des biens publics, profits scandaleux, corruption), pullulent.

La poursuite frénétique du gain, du profit, accompagne l’exploitation du sexe, du sport et même du délire mystique. Ne connaissons- nous pas des «gourous» qui se remplissent les poches?

F) Le culte du nombre

Le nombre, la majorité, l’opinion majoritaire, semblent avoir une auréole. Voyez la course aux records d’audience à la télévision!

Un jour, une religion majoritaire, basée sur une unité de façade, factice, humaine et diabolique parce que fondée sur le compromis et la confusion, exigera la soumission des minoritaires, soit des chrétiens attachés à la pureté et à l’unité authentique de l’Eglise.

Serons-nous impressionnés, ébranlés, écrasés par le prestige du nombre, et allonsnous fléchir les genoux devant l’idéologie religieuse dominante et menaçante? Il en est aujourd’hui, hélas, et même dans le monde évangélique, qui ont déjà succombé et qui ont fait des alliances honteuses avec l’immense machine œcuménique (cf. la Célébration œcuménique du 23 janvier 2000 à la cathédrale de Lausanne, où une fédération d’églises évangéliques (1) a pris publiquement et officiellement des engagements qui déshonorent Dieu et constituent une trahison de l’Evangile).

G) Le culte de la nature

Quand l’adoration du vrai Dieu cède place à une perversion du sentiment religieux – par le rejet de la vérité révélée dans la création, cf. Rom 1.18-32, dans la conscience, Rom 2.14-16, et dans l’Ecriture – le sens du sacré doit se loger ailleurs que dans son objet légitime. «La créature» (les chose créées) se substitue au Créateur: … Ils ont adoré et servi la créature au lieu du Créateur, qui est béni éternellement. Amen! Rom 1.25.

Aujourd’hui, la déesse «nature» a remplacé le Dieu vivant et vrai. Ne lisons-nous pas souvent, sous la plume de scientifiques, que «la nature a bien fait les choses»? C’est une façon commode d’escamoter Dieu, d’occulter l’action du Dieu personnel infiniment sage et puissant.

Lors des dernières et toutes récentes catastrophes en Europe (tempêtes), les médias se sont référés à la fragilité de l’homme face… à la nature, aux éléments déchaînés. Je n’ai entendu personne faire allusion à Celui à qui la nature obéit, au Maître absolu de toutes choses, au Souverain de l’univers qui tient tout dans Sa main. Qui a élevé son regard au-dessus du monde naturel, vers Dieu qui siège dans les cieux? (Ps 123.1; Dan 4.34)

La majesté de Dieu est anachronique, une notion rétrograde! On en drape la nature, qui est «sacralisée».

Il peut y avoir, chez les écologistes, si épris et jaloux des équilibres naturels, un respect louable et utile des choses créées. Mais, le mal, c’est que la plupart d’entre eux ont complètement oublié le Créateur et qu’ils voient la nature presque comme une entité divine. Leur respect tourne à l’idolâtrie, la divinisation.

H) Le culte de l’homme

Sur un fond d’oubli volontaire de Dieu (dans ses rubriques religieuses, le Figaro a parlé «d’Europe apostate», de «paganisation de la France» et de «panthéisme qui revient au galop»), se développe le culte abominable de la confiance en l’homme, en ses capacités extraordinaires, en son génie «prométhéen », en son pouvoir à changer son destin, à infléchir le cours des événements.

Quelques esprits lucides, ici et là, discernent le côté dramatique de notre situation, voient que l’humanité va tout droit «dans le mur», entrevoient avec terreur la catastrophe finale. Mais ce qui prévaut, en général, c’est une confiance folle, aveugle et obstinée en l’homme, un optimisme buté, suicidaire, et cela malgré les coups de boutoir des deux grandes guerres mondiales, et les preuves accumulées au cours des siècles – «erreurs et horreurs» – de la misère morale de l’homme. Même s’il reste «grand» par certains côtés comme créature faite à l’image de Dieu, l’homme a amplement démontré sa faillite, son impuissance totale à maîtriser les forces du mal et de la destruction, à commencer par le mal qui est en lui et ronge son propre cœur.

En dépit de tout, la confiance, l’assurance, l’arrogance continuent à prévaloir, et l’on s’acharne sans états d’âme à élever «une statue d’or» à la gloire de l’homme. C’est la répétition de l’Histoire.

A l’aube de l’an 2000, j’ai été frappé d’entendre deux discours présidentiels allant exactement dans le même sens, celui de l’optimisme à tous crins nourri aux sources de la foi en l’homme. Cela fait frémir… surtout après des avertissements divins (catastrophes naturelles) comme ceux que nous avons eus récemment!

La forme individualisée de cette foi démente en l’homme, c’est «le culte de soi» que promeut et nourrit la psychologie, si omniprésente dans notre culture: Sache que, dans les derniers jours, il y aura des temps difficiles. Car les hommes seront égoïstes… 2 Tim 3.1,2. Egoïstes signifie littéralement épris d’eux-mêmes.

Un narcissisme effrayant sévit dans notre société, y compris dans une chrétienté décadente.

IV – Le secret pour résister au monde

Vers la fin du livre de Daniel, nous trouvons l’annonce prophétique de la venue d’un roi syrien, Antiochus Epiphane («l’illustre »), dont le règne se situe au début du IIe siècle avant Jésus-Christ (175 – 164). Ce roi impie cherchera à détruire en Palestine le culte du vrai Dieu, défiera la foi juive et les fidèles en Israël en dévalisant le Temple et en érigeant une statue de Jupiter dans le Lieu Très Saint. Il ordonnera aussi d’offrir des porcs en holocaustes et détruira tous les écrits sacrés qu’il trouvera. Ces profanations suscitèrent la révolte des Maccabées, cf. livre apocryphe du même nom.

C’est à propos de cette résistance héroïque à un paganisme provocateur et persécuteur que le livre de Daniel nous révèle le secret spirituel de la victoire: CEUX QUI CONNAITRONT LEUR DIEU agiront avec fermeté, Dan 11.32.

Pas de fermeté sans connaissance personnelle, intime, profonde de Dieu.

Les quatre Hébreux connaissaient intimement et clairement leur Dieu: sa gloire, sa puissance, souveraineté, fidélité, justice, miséricorde, bonté, etc. (cf. Dan 9, la prière du prophète).

C’est pourquoi ils ont pu, par la foi, résister à l’idolâtrie païenne et à ses menaces, et même la vaincre.

Cette connaissance est source de convictions inébranlables, et c’est d’hommes et de femmes convaincus dont l’Eglise a besoin, de chrétiens profondément enracinés dans la connaissance de leur Dieu à travers l’action de la Parole et de l’Esprit.

Notes :
(1) FREOE, «Fédération Romande d’Eglises et Oeuvres Evangéliques»

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En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)