Hésitation et entêtement d’un homme charnel

1 Samuel 14.16-46

Le dicton tel père tel fils ne s’applique certainement pas à Saül et Jonathan. Alors que Jonathan a témoigné de courage, d’intelligence, de détermination et de foi (14.1-15)1, Saül se trouve dépourvu de toutes ces qualités. L’exploit du fils est suivi par une scène où le père multiplie les fautes dans les domaines les plus divers. On le voit hésiter là où il faut s’engager rapidement, et s’entêter là où il faudrait se remettre en question.

L’arche méprisée

Devant la nouvelle de la déroute des Philistins, Saül hésite à engager ses troupes (14.16-18). L’ennemi avait tellement resserré son étau sur Israël, que sa fuite soudaine laisse Saül perplexe, d’autant plus que seul Jonathan et son écuyer manquent à l’appel, dans le camp israélite. Le roi doute que deux hommes (si vaillants soient-ils) aient pu mettre l’adversaire en déroute.

Le roi fait chercher l’arche pour consulter Dieu. La démarche peut paraître sage, mais c’est oublier d’une part que la situation de Saül était tellement désespérée que tout recul de l’ennemi devait être exploité immédiatement, et d’autre part que l’arche ne devait jamais être déplacée pour être consultée. C’est aux hommes de venir devant Dieu et non l’inverse. Puisque l’arche était dans le camp, c’était à Saül de s’en approcher. Des années plus tard, David s’opposera à ce que l’arche le suive en exil dans sa fuite devant Absalom (2 Sam 15.24-25). La légèreté avec laquelle Saül traite l’arche (et Dieu par la même occasion) est encore plus manifeste, lorsque quelques instants plus tard, le roi interrompt le sacrificateur en pleine séance de consultation. On l’entend dire: «Maintenant que la fuite des Philistins se confirme, je n’ai plus besoin de toi. Tu peux disposer ». Saül traite le sacrificateur et l’arche comme on traite un valet. Pour Saül, l’arche n’est qu’un objet utilitaire; Dieu n’est là que pour répondre à ses besoins.

Un vœu stupide

Le combat tourne rapidement à l’avantage des Israélites. Les Hébreux craintifs qui étaient passés dans les rangs philistins sont revigorés par le coup d’éclat de Jonathan et tournent casaque une fois de plus (14.21). De l’intérieur du camp philistin où ils avaient trouvé refuge, ils attaquent l’ennemi et accroissent sa confusion. Les maquisards sortent eux aussi de leur retraite et assaillent l’ennemi de partout (14.22).

Au moment où la victoire semble certaine, le narrateur mentionne un vœu solennel de Saül: «Maudit soit l’homme qui prendra de la nourriture avant le soir, avant que je me sois vengé de mes ennemis! » (14.24). Le roi impose un jeûne pour s’assurer une victoire imposante. Désire-t-il que ses soldats ne perdent pas de temps à se ravitailler? C’est peu probable, car une armée sait se restaurer en quelques minutes. Plus vraisemblablement, Saül impose un jeûne pour des raisons religieuses. Tout comme le roi pensait, avant le combat, qu’un sacrifice était indispensable à une victoire militaire (13.8-12), maintenant, il espère accroître sa victoire en décrétant un jeûne généralisé. Saül est le type même d’un homme religieux, mais charnel. Un homme qui veut contraindre Dieu par ses pratiques religieuses.

Le calcul de Saül s’avère néfaste. Jonathan qui a déjà fait preuve d’un excellent discernement spirituel et militaire critique son père: «Mon père trouble le peuple; voyez donc comme mes yeux se sont éclaircis, parce que j’ai goûté un peu de ce miel. Certes, si le peuple avait aujourd’hui mangé du butin qu’il a trouvé chez ses ennemis, la défaite des Philistins n’aurait-elle pas été plus grande?» (14.29-30). Au lieu d’accroître la victoire, le vœu de Saül la diminue, car le peuple manque de force physique et de lucidité.

Sur le plan spirituel, la conséquence du vœu est tout aussi négative. Privé de lucidité, le peuple tiraillé par la faim se rue sur la première nourriture disponible et la dévore sans respecter les lois divines sur les aliments. Saül, qui avait demandé au peuple un signe extérieur de consécration (le jeûne), le conduit à transgresser ouvertement la loi divine.

Le premier autel construit par Saül

A l’annonce du comportement du peuple, Saül est scandalisé. Il critique sans ménagement ses soldats qui l’avaient suivi à la lettre pendant toute la journée («Vous êtes des traîtres» 14.33).

La réaction du roi peut paraître saine. Elle ne dénote, cependant, pas un discernement exceptionnel. D’une part, le péché était manifeste, et d’autre part, le roi a été rendu attentif à la faute du peuple par des tiers (14.33). On peut se demander si de lui-même, le roi aurait découvert le péché. On notera aussi que Saül critique le peuple sans se remettre personnellement en question: aucune parole de regret au sujet de son vœu.

La suite du récit est encore moins favorable à Saül. Le roi érige une pierre pour y égorger les animaux. Un lecteur peu familier avec les prescriptions mosaïques pourrait approuver la démarche du roi, mais c’est oublier que Dieu avait expressément défendu de répandre du sang sur une pierre lorsqu’un Juif devait saigner une viande pour un simple repas. Le sang devait être répandu «sur la terre comme de l’eau» (Deut 12.15-16, 20-24), pour éviter d’assimiler ce geste à un sacrifice et transformer n’importe quelle pierre en autel.

Or, la pierre érigée par Saül devient rapidement un autel («Saül bâtit un autel à l’Éternel: ce fut le premier autel qu’il bâtit à l’Éternel»14.35). Par conséquent, en imposant à chaque soldat de faire saigner son animal sur cette pierre, Saül contraint chaque homme à transgresser une nouvelle fois la loi mosaïque, les sacrificateurs étant seuls autorisés à égorger les animaux sacrifiés.

Finalement, il convient de noter que si des sacrifices ont été offerts, ce sont uniquement des sacrifices de communion. Les sacrifices pour le péché et les holocaustes2, indispensables dans une telle situation, sont ignorés. Saül témoigne ainsi d’une grande insouciance par rapport au péché. Pour lui, une faute ne demande pas réparation.

Quand Saül veut écouter, Dieu ne veut plus parler

Après avoir «corrigé» le comportement du peuple, Saül s’apprête, sans la moindre hésitation, à poursuivre les Philistins. Ses soldats n’émettent aucune objection (« Fais tout ce qui te semblera bon»14.36). Comment oseraient-ils contester après avoir été repris si sévèrement par leur roi? Par contre, le sacrificateur suggère de consulter Dieu. Réalise-t-il que Saül a péché, mais hésite-t-il à le lui dire, ou a-t-il simplement la conscience troublée par rapport à ce qui vient de se passer?

Saül accepte le conseil, car la situation est moins pressante qu’au début du conflit. Les Philistins ont pu s’éloigner et les Israélites eux-mêmes se sont arrêtés pour manger. Maintenant, Saül peut prendre le temps de consulter Dieu. Les questions sont précises, mais Dieu ne donne aucune réponse (14.37).

Ce silence est immédiatement perçu comme un signe réprobateur de l’Éternel. (On connaît mal les détails des consultations divines, mais cela importe peu pour comprendre ce récit). Saül est convaincu que quelqu’un a péché. Il s’efforce donc de découvrir le coupable. Il jette le sort et demande à Dieu de désigner le coupable : «Dieu d’Israël! fais connaître la vérité» (14.41).

Saül témoigne d’une forte myopie. Il interprète correctement le silence de Dieu, mais se méprend sur la nature du péché. Quelqu’un a péché, cela est manifeste, mais pas besoin d’être devin ou de jeter le sort pour connaître le coupable. Une connaissance élémentaire des lois divines suffit à désigner Saül et le peuple comme coupables. En jetant le sort, Saül ne témoigne pas de la volonté de connaître la pensée divine, mais d’un refus de reconnaître son propre péché.

Saül s’enhardit à menacer de mort le coupable: «Car l’Éternel est vivant, le libérateur d’Israël! Même si Jonathan, mon fils, en est l’auteur, il sera puni de mort» (14.39). Sans connaître la nature du péché, Saül énonce la sentence. Manifestement, Saül se laisse dominer par sa colère plutôt que par la justice. En effet, si un pécheur doit être puni, la punition doit toujours être en rapport direct avec la gravité du méfait: ni plus ni moins. Et comme Saül prétend ignorer le coupable et le péché, toute sentence ne peut être que prématurée.

Jonathan désigné par le sort

Plus d’un lecteur est étonné que le sort tombe sur Jonathan. Pourquoi Dieu (qui dirige toute chose) fait-il tomber le sort sur Jonathan? Le fils de Saül serait-il réellement le coupable? Bien sûr que non. Jonathan est le seul innocent. Il a témoigné de foi, de courage et de discernement, et c’est par lui que la victoire est venue. Certes, il a mangé du miel, mais dans l’ignorance du jeûne imposé par son père. Et même s’il avait transgressé l’ordre de Saül, cela ne serait qu’une désobéissance à un ordre humain, alors que Saül et le peuple ont transgressé les commandements divins.

Certains objecteront à cette lecture du texte à cause des paroles de Jonathan qui, interrogé par son père, répond: «J’ai goûté un peu de miel, avec le bout du bâton que j’avais à la main: me voici, je mourrai » (14.43). Croire que Jonathan accepte sereinement la sentence du père, c’est ignorer la réplique qui suit: «Saül dit: Que Dieu me traite dans toute sa rigueur, si tu ne meurs pas, Jonathan!» (14.44). Saül réitère sa menace de mort, car il perçoit l’ironie de son fils. Jonathan trouve la sentence de son père tellement absurde (son père sait qu’il ignorait tout du jeûne imposé: 14.17) qu’il ne peut répondre que par l’ironie. Face à la folie, toute protestation rationnelle est vouée à l’échec. L’ironie, par contre, peut parfois encore ouvrir les yeux. «Réponds à l’insensé selon sa folie» conseille le sage (Pr 26.5).

L’intervention divine va d’ailleurs dans le même sens. En désignant Jonathan, c’est-à-dire l’innocent, par le sort, Dieu répond à Saül par l’ironie. Lorsqu’on prétend chercher la volonté divine, alors qu’on la contourne sciemment, et lorsqu’on veut contraindre Dieu à répondre (en jetant le sort), alors qu’il a refusé de le faire, on ne doit pas s’attendre à un miracle du Seigneur. Dieu désigne l’innocent pour sortir, si c’est possible, le roi de son égarement. Le peuple, jusquelà très soumis à Saül, comprend la leçon et s’oppose à l’exécution de Jonathan. L’injustice est vraiment trop flagrante.

Notes :
1 Voir précédent article : L’exploit de Jonathan, 1 Sam 14.1-15.
2 Pour ces deux sacrifices, le pécheur ne peut rien manger de l’offrande.

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En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)