ESTHER – Survivre dans un monde hostile (Daniel ARNOLD)

Daniel ARNOLD
Editeur: Editions Emmaüs, CH-1806 St-Légier, 208 pages, 2000

CET OUVRAGE est un commentaire évangélique du livre d’Esther. Un coup de chapeau à l’auteur de ce commentaire qui a le don – comme il nous l’a déjà prouvé par son dernier commentaire sur les Juges – d’aborder les questions qui préoccupent l’homme moderne. Malgré l’absence apparente de Dieu dans ce livre, il est partout visible par sa Providence. Il contrôle et règle tout, à chaque détail près, afin que ses desseins s’accomplissent en faveur de son peuple.

Esther aborde aussi les grandes questions qui agitent la société moderne: sexisme, féminisme, racisme, génocides, soif de puissance, légitime défense, sanctions, peine capitale, etc. Ce livre est donc passionnant et actuel.

Nous apprenons aussi à travers ce livre que nous pouvons «survivre dans un monde hostile», question aussi actuelle qu’au temps d’Esther. Le Dieu tout-puissant, saint et juste est aussi un Dieu de grâce et de tendre sollicitude envers tous les siens.

L’auteur du commentaire a divisé son ouvrage en six chapitres principaux: 1. Un aperçu de l’écho que le livre a reçu dans différents milieux; 2. Une synthèse des données sur les caractères des principaux personnages; 3. D’autres considérations littéraires sur la structure, le genre littéraire et le message du livre; 4. un examen des questions historiques: contexte, identification des principaux personnages, date de la rédaction et auteur, questions liées à l’historicité du livre; 5. Le commentaire des neuf chapitres du livre d’Esther et 6. Le problème du livre d’Esther dans la traduction grecque des Septante. Septante-sept pages sont consacrées à l’introduction du livre d’Esther, nonante- huit pages à ses neuf chapitres, commentés selon les divisions, quatorze pages pour la question de la traduction des Septante, et cinq pages pour la bibliographie.

Pour faire envie au lecteur d’étudier le livre d’Esther avec l’aide de cet ouvrage passionnant et instructif, il nous a semblé bon de nous y étendre un peu plus.

Un livre apprécié et contesté (p. 9 – 11). Nous apprenons que ce livre a subi à travers les âges passablement d’attaques quant à sa canonicité, son historicité et sa valeur spirituelle et éthique – certains rabbins, la traduction des Septante, qui a ajouté à peu près 50% de texte par rapport à la version originale en hébreu, l’Eglise d’Orient, l’Eglise d’Occident, même Luther à certains égards. Or l’ouvrage de Daniel Arnold démontre de façon magistrale combien le livre d’Esther est divinement inspiré, et met en valeur les différentes facettes de ce livre divin qui pointent vers son Auteur, comme par exemple, le rôle qu’y joue la Providence, sa logique, sa structure, son harmonie, son éthique, etc.

Le portrait des principaux personnages (pp. 13-32). Nous apprécions la perspicacité avec laquelle l’auteur de l’ouvrage décrit les personnages leur caractère et leur relation avec l’histoire d’Esther. Les événements s’enchevêtrent les uns dans les autres et Dieu, dans le livre d’Esther, fait intervenir chaque personnage et chaque événement au moment juste. Caractères et événements sont intimement liés, et D. Arnold fait ressortir avec force que Dieu reste le Maître de l’Histoire. De nos temps où les assauts contre l’inspiration plénière et l’inerrance des Ecritures se multiplient, il est encourageant de voir combien le Dieu souverain et omnipotent tient tous les fils de l’Histoire, lui dont la Providence ressort de façon si surprenante tout au long du livre.

Haman, personnage totalement égocentrique, orgueilleux, arrogant, colérique, impatient, ésotérique et superstitieux, est le type de l’insensé. Assurérus à la façade sympathique, passif et irresponsable, est toujours d’accord pour plaire à tout le monde, car il aspire à la toute-puissance, et il manque totalement de discernement. Pour délivrer son peuple des machinations diaboliques, Dieu sucite deux personnages singuliers: Mardochée et Esther. Mardochée, discret, réservé, humble, patient, persévérant, prévenant envers les faibles et respectueux du droit et de la justice est un homme ferme dans la foi et courageux; il ne recherche que l’honneur de Dieu. Il le fait dans l’abnégation de luimême. N’est-il pas une figure de la sagesse par excellence? Contrairement à Haman et Assuérus à l’éthique «utilitariste » et «situationnelle», Mardochée vit une éthique qui honore Dieu. Esther, soumise, vraie femme et discrète, développe son caractère à travers cette épreuve de force.Elle n’est pas le jouet du roi, mais l’instrument de Dieu pour préparer un renversement de situation. Grâce à sa discrétion, sa volonté et sa fidélité à son Dieu tout basculera en faveur de Dieu et de son peuple. Dieu, dans l’histoire d’Esther, est le personnage le plus important. Pourtant, son nom n’y apparaît jamais, et «il n’y aucune référence à la prière, au Temple, aux sacrifices, à l’alliance, à Jérusalem». Sa discrétion ne fait ressortir qu’avec d’autant plus d’éclat son contrôle souverain et sa providence dans les événements. A l’auteur de dire avec pertinence que «l’absence du nom de Dieu est un moyen propre à souligner que c’est le Dieu caché qui ouvre et accomplit ses desseins. Le livre d’Esther illustre la réalité d’un monde de prétention, où chacun veut paraître important et où Dieu est négligé. L’absence du nom divin se révèle donc comme fondamentalement pédagogique» (p.32).

Le message du livre et les caractéristiques littéraires (pp.33-77). «L’aventure d’Esther est donc celle d’un drame avorté, mais c’est aussi un drame conté». La narration produit un effet dramatique dans chaque chapitre et dans chaque situation. Le génocide planifié, décrété et vécu dans les premiers chapitres par les uns se transforme en un effet de boomerang contre les méchants. Une autre caractéristique du livre est la surprise qu’il produit sur le lecteur à chaque retournement de situation. «Esther est un livre à mystère». Plusieurs interrogations se posent au lecteur. Daniel Arnold nous donne trois groupes de questions intéressantes. On y trouve aussi de l’ironie. Il cite huit exemples de retournements de situations dans lesquels on a l’impression que l’auteur sacré choisit tel événement pour ironiser sur les intentions et les actes du cour du méchants parce qu’ils seront finalement anéantis par le Dieu invisible, mais bien à l’ouvre en faveur des siens. «Dieu règne en maître sur ce monde, même quand les hommes ne lui prêtent aucune attention». En revanche, la sagesse de Mardochée et d’Esther nous servent d’exemples. La sagesse du juste sort finalement au grand jour. La structure du livre contient plusieurs dualités composées de paires de personnages et d’événements et d’autres «éléments secondaires». L’auteur de l’ouvrage présente aussi «la structure d’Esther en forme de chiasme («procédé stylistique qui consiste à placer les éléments de deux groupes formant une antithèse dans l’ordre inverse de celui que laisse entendre la symétrie» (Le Petit Larousse). On y trouve deux fois sept éléments pour l’ensemble du livre (p.32). Puis, nous retrouvons des chiasmes dans les chapitres un (p.82), deux (p.93), trois (p.104), et quatre (p.114). L’histoire d’Esther affiche aussi un rythme qui «s’intensifie à l’approche du centre, puis se relâche vers la fin du livre. Il y a crescendo et decrescendo ». Le dénouement se trouve au milieu du livre (5.3-7.2), où nous assistons à un retournement foudroyant de situation avec deux éléments importants: «l’intervention divine et la ruse» sage d’Esther. Daniel Arnold relève aussi d’intéressants parallélismes entre Joseph et Mardochée, Moïse et Esther, Ruth et Esther, et Saül et Mardochée. Relevons également la réalité historique dont l’auteur parle. Ces «répétitions dans l’histoire biblique montrent l’unité fondamentale de dessein divin, alors que les différences reflètent les diversités de la vie, ainsi que les particularité du plan divin dans le temps».

Le message fondamental du livre pointe vers «la survie des fidèles dans un monde hostile», réalité très actuelle. Dieu reste-t-il passif, inexistant ? Esther démontre à quel point Dieu prend soin des siens dans toutes les circonstances de la vie. La sagesse, la pratique de la justice et la commémoration de la victoire sont trois enseignements précieux que la narration nous fournit. Le chrétien est aussi appelé à commémorer la mort et la résurrection de Jésus-Christ. Bref, survivre dans un monde hostile est impossible sans le secours du Dieu invisible, omnipotent et toujours présent. Ces parallélismes doivent nous rappeler que Jésus a fait une «ouvre différente, meilleure et plus grande», car «le salut n’est plus lié à une terre», et le chrétien n’est pas appelé à se retirer du monde, mais à être un témoin de Christ. Nous sommes «dans le monde sans être du monde» (Jean 17.11,14,15). Le livre «d’Esther doit aussi être lu dans le cadre de la révélation progressive de Dieu». C’est une étape vers le divin Mardochée qui viendra délivrer son peuple et juger le monde. Dans cette attente, nous sommes appelés à mettre notre entière confiance en Dieu (Héb 11.1), même s’il reste discret sur la scène. Un mot encore concernant la typologie. Il faut être prudent dans ce domaine, car souvent de tels effort d’allégorisation peuvent aussi voiler une explication du comportement d’Esther et de Mardochée par exemple. Après tout, la victoire finale nous est assurée, mais nous ne devons pas nous arrêter à mi-chemin dans notre combat de la foi.

Contexte historique, date et auteur (pp.59-77). Cette partie est consacrée à une défense claire en faveur de l’historicité du livre d’Esther. L’auteur le fait avec compétence. En le situant entre 483 et 472 av. J.-C. et en l’insérant entre Esdras 6 et 7, soit entre la reconstruction du temple sous Darius I en 516 et le retour d’Esdras en 457. Assuérus est identifié à Xerxès. Les chapitres 1 et 2 d’Esther cadrent à merveille avec les événements cités par l’historien Hérodote. L’historicité de Vasthi, Esther, Mardochée et le génocide contesté par les théologiens libéraux ne résistent pas aux arguments avancés par Daniel Arnold. La date ancienne de la rédaction est en harmonie avec l’historicité du livre dont l’auteur pourrait bien être Mardochée, «auteur talentueux, capable de reconnaître dans l’histoire l’harmonie des desseins divins» (p.77).

Commentaire (pp.81-176). La seconde partie de son ouvrage est consacrée à un commentaire des neufs chapitres, subdivisés en chapitres et sections à l’intérieur des chapitres. Chaque chapitre est précédé d’une introduction. Ce qui rend le livre particulièrement attrayant, c’est l’actualisation des différents problèmes, événements et comportements des principaux acteurs à la lumière des textes sacrés. Les récits sont expliqués sous l’angle d’une éthique biblique en harmonie avec l’ensemble de l’Ecriture divinement et pleinement inspirée. La principale force de cet ouvrage est, à notre avis, de se focaliser sur la souveraineté absolue de Dieu et sur sa Providence, ce qui donne à la foi chrétienne un ancrage très solide dans un monde hostile.

Le livre d’Esther dans la traduction grecque des Septante (pp.179- 194). Cette annexe intéressante nous apprend que l’on passe de 167 versets du texte hébreu à 267 dans le texte grec de la version des Septante. Les omissions du texte hébreu sont de 9%, la traduction libre de 36% et seulement 55% du texte hébreu sont traduits fidèlement dans le texte grec. Toute cette problématique nous est donnée en détail, et nous apprécions ces informations précieuses qui nous rappellent combien nous devons être reconnaissants pour des Versions traduites sur la base des textes originaux en hébreu pour l’Ancien Testament et en grec pour le Nouveau Testament.

Bibliographie (pp.195-199). Elle contient cinq pages et est utile au lecteur qui aimerait approfondir encore l’étude du livre d’Esther.

Nous avons aussi apprécié les nombreuses notes explicatives et complémentaires au texte en fin de chaque page. Les quelques tableaux, dessins et graphiques frappent l’oil par leur clarté et leur simplicité et nous aident en même temps à mieux comprendre les explications.

En résumé, ce nouvel ouvrage qui vient s’ajouter à celui des Juges («Les héros de la foi») est venu enrichir la bibliothèque du lecteur assidu d’un nouveau «classique» parmi les commentaires excellents de la Bible, et nous le recommandons chaleureusement.

Henri Lüscher

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Écrit par

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

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(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Écrit par

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)

 

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