A la redécouverte du Dieu Créateur

DÉFENSE DE LA FOI CHRÉTIENNE

Dans le dernier numéro de Promesses, sous le titre Les insensés pensent : «Dieu n’existe pas», nous avons tracé le développement d’une pensée athée à partir du rationalisme du 17e siècle, et cherché à montrer comment, dans un mouvement de cause à effet, elle a contribué à l’émergence des idéologies du 20e siècle avec leur lot de «goulags» et de génocides. Nous avons évoqué certains maîtres à penser représentatifs de ce mouvement, dont en particulier Charles Darwin (matérialisme biologique), Karl Marx (matérialisme politico/économique), Friedrich Nietzsche (athéisme militant), et Sigmund Freud (matérialisme psychologique).

Nous avons conclu en proposant de «formuler une réponse chrétienne qui soit notre témoignage, approprié à notre génération». C’est ce que nous tâcherons de réaliser ici, du moins en partie, car le sujet est tellement vaste que nous serons obligés de limiter le cadre de nos réflexions à quelques problèmes soulevés par le Darwinisme, et de poser des jalons qui pourraient stimuler des recherches plus poussées de la part de nos lecteurs dans les domaines qui les intéressent.

Une question d’a priori

Dieu existe-t-il ? La science, limitée par définition et par compétence à l’examen des faits observables, et conduisant à l’élaboration d’hypothèses puis de théories, ne peut fournir des «preuves» de son existence, ni, d’ailleurs, la «disprouver» ! On a bien dit que «Dieu ne se prouve pas» (ce à quoi les chrétiens pourraient répondre: «C’est vrai, mais il s’éprouve»). Car la question appartient au domaine extra-scientifique, métaphysique, et doit être classée dans la catégorie des a priori (ou présuppositions), c’est-à-dire de ce qui est axiomatique, à des notions premières admises sans démonstration ou antérieures à toute expérience. Qu’on le reconnaisse ou non, tout raisonnement, tout débat, toute recherche, partent nécessairement d’un choix, peut-être inconscient, d’a priori.

Nous verrons ci-après que l’existence de Dieu – du Dieu Créateur – est le point de départ sine qua non de la foi chrétienne. Cependant, nous maintenons que l’idée de la «non-existence de Dieu» est aussi un acte de foi (ou de non-foi si l’on préfère) qui n’a rien de scientifique… mais qui ne manque pas d’audace ! Il faudrait, en effet, être doté d’omniscience et d’omniprésence – attributs divins – pour fouiller dans les derniers recoins de l’univers où Dieu pourrait se cacher avant d’oser l’affirmer. A ce sujet il est intéressant d’évoquer une enquête entreprise avant la Deuxième Guerre Mondiale auprès des membres du «Fellowship of the Royal Society» en Grande-Bretagne, association à laquelle ne pouvaient accéder que des savants scientifiques dont les recherches avaient impressionné leurs pairs. Parmi les 200 réponses reçues à la question: «La science contredit-elle l’idée d’un Dieu personnel tel qu’enseigné par Jésus-Christ?»
– 26 répondirent par l’affirmative,
– 103 dirent que non,
– et 71 évitèrent de se prononcer par oui ou non.

Plusieurs ajoutèrent en substance: «Le fait que je suis professeur de chimie [ou d’une autre discipline] ne me qualifie pas pour exprimer une opinion déterminante dans un domaine religieux, politique ou autre… pas plus qu’une autre personne nonscientifique mais raisonnablement instruite» 1.

C’est, donc, au niveau des a priori que le dialogue entre chrétiens et leurs contemporains doit s’engager pour éviter les écueils cachés et rester valable.

Tester nos a priori

Puisque les a priori ne peuvent être prouvés, comment savoir si nous avons fait le bon choix? Dans la suite de notre article nous proposons de les soumettre à deux tests :
1.Qu’est-ce qui a motivé notre choix ?
2.Où, vers quels résultats, nous conduit notre choix?

1. Choix motivés

1.1. Parlant de l’attraction qu’exerce l’évolution sur l’homme naturel, Rick Lanser, que nous avons cité dans l’article précédent, dit que «celui-ci cherche constamment un chemin de détour autour de ce Dieu qui gène avec ses exigences morales (…)»; et de conclure: «L’évolutionnisme darwinien n’est, enfin, qu’une philosophie fondée sur [des a priori] religieux qui essaie, sans grand succès, d’interpréter les données à partir de prémisses purement naturalistes. Il est populaire, non pas en tant que bonne science, mais parce que, dans les mots de l’ultra-évolutionniste Richard Dawkins, il fournit les moyens d’être un «athée intellectuellement comblé»2.

Il s’agit là d’une accusation grave, que certains pourraient qualifier de procès d’intention. Mais est-elle fondée? Nous avons dit plus haut en substance que la science a longtemps été définie comme une investigation objective qui découvre et teste les faits. Cependant une autre définition, implicite dans l’establishment scientifique, englobe une philosophie matérialiste qui limite les tentatives d’explication de tout ce que nous observons à des causes naturelles, et s’oppose d’emblée à toute mise en question de l’évolution naturaliste. La présupposition en est que seules les forces naturelles rendent possible le développement de toute vie sur la terre, et que notre tâche se réduit à discerner les détails du mécanisme. (Tandis que la science véritable part du principe du libre examen, ne se limite pas arbitrairement à des théories naturalistes, mais reste ouverte à toute explication rationnelle et suit les indices où qu’ils conduisent.)

Ainsi, le biologiste Richard Lewontin de l’Université de Harvard accepte la théorie classique de l’évolution parce que, écrit-il, «nous avons un engagement préalable au matérialisme », engagement, admet-il, qui n’est pas fondé sur la science, bien au contraire ! Il ajoute: «Nous sommes forcés, par notre adhésion a priori [!] à des causes matérielles, de créer un appareil d’investigation et un ensemble de concepts qui produisent des explications matérialistes (…). Ce matérialisme est absolu, car nous ne pouvons permettre qu’un pied divin se glisse dans la porte» 3. Concession significative, en effet.

1.2. Qu’est-ce qui motive le choix du croyant en faveur de l’existence d’un Dieu Créateur, en l’absence de «preuves scientifiques» ? S’agit-il d’un élan irrationnel de ceux qui, selon Ludwig Feuerbach, projettent et objectifient la nature humaine pour en faire un être divin? 4 Nous répondrons que cette foi intuitive, profondément ancrée dans le cour de l’homme et quasi-universelle dans le temps et l’espace, fait appel à des témoignages éloquents, adéquats pour les uns mais jamais assez convaincants pour les autres… selon leurs a priori. Nous en développerons deux:

Témoignage de la création (appelée «révélation générale» par les théologiens). (1.2.1.)

Témoignage de l’Ecriture («révélation spéciale»). (1.2.2.)

1.2.1.Témoignage de la création

Nous utilisons délibérément le mot «création», dans son sens le plus large, plutôt qu’«univers» ou «nature». Depuis quelques années un grand débat se poursuit à l’intérieur des milieux scientifiques autour d’un concept présenté par l’auteur William Dembski, entre autres, dans son livre Intelligent Design (dessin intelligent). Un philosophe d’autrefois avait dit qu’une horloge ne pouvait exister sans horloger! Cet argument est repris à la lumière de découvertes récentes, surtout dans le domaine de la biologie moléculaire. Celle-ci reconnaît que la cellule vivante est une véritable usine en miniature, infiniment plus complexe que ce que Darwin pouvait imaginer. Les systèmes innombrables, variés mais synchronisés de la cellule agissent ensemble en harmonie comme autant de moteurs, pompes, ressorts, communicateurs et transporteurs, de telle manière qu’ils doivent tous être complets et en place avant de fonctionner. De plus, ils ne peuvent pas évoluer et fonctionner à travers d’innombrables stages intermédiaires, étape après étape, comme l’exige le Darwinisme. Cette structure incroyablement complexe, conforme à un modèle préconçu, est la marque du dessin intelligent.

De même, l’apparition de la théorie de l’information jette une lumière sur le code génétique, l’«ADN»: celle-ci a la même structure qu’un langage. L’origine de la vie doit, donc, être expliquée en termes d’information biologique, information qui ne saurait être créée par des forces matérielles, aveugles ! Darwin lui-même, à son époque, a reconnu l’évidence en faveur du dessin, mais l’a écartée [a priori !] en espérant montrer que les êtres vivants avaient seulement l’apparence du dessin, tout en étant le résultat du hasard et de la sélection naturelle 5; son but était d’exclure Dieu comme explication du dessin évident des organismes.

Ce témoignage de la création comporte d’autres aspects que nous devons nous contenter de mentionner brièvement:

Le dessein (avec un «e») intelligent, ou la notion de finalité. En d’autres termes: pourquoi la création? A quoi sert-elle? «Devant la vision de l’unité et de l’harmonie de la création qui s’impose à eux, de nombreux savants en viennent à remettre en honneur la notion de finalité longtemps abandonnée sous l’influence du rationalisme et du scientisme; la finalité leur apparaît non seulement comme une finalité interne immanente, une finalité de fait du domaine directe de la biologie, mais aussi comme une finalité externe à l’être vivant et à la création tout entière, une finalité transcendante qui, pour être essentiellement d’essence métaphysique, n’en correspond pas moins à une réalité. Or, la finalité, quels qu’en soient le niveau et la perspective, exclut l’idée de hasard et implique l’existence d’un Dieu qui a conçu et créé, et qui continue à diriger et à gouverner» 6

Le «principe anthropique» de la cosmologie nous dit que l’univers tout entier, avec les milliers d’éléments qui le composent, est très exactement ajusté dans tous ses détails pour rendre la vie possible et la soutenir. L’astronome Fred Hoyle, pourtant athée, y voit l’implication «qu’un surintendant a bricolé avec les [propriétés] physiques» 7.

Ceux qui lisent l’anglais et désirent approfondir ces questions, pourraient consulter la liste d’ouvrages des plus intéressants, notamment de la plume de Phillip E. Johnson, publiés par les Groupes Bibliques Universitaires de l’Amérique du nord 8.

1.2.2.Témoignage de l’Ecriture

Importance

Citons un extrait de l’ouvrage de J. M. Nicole: «Le schéma classique de la destinée humaine d’après la Bible se résume en trois mots: création, chute, rédemption. Avec raison, nous avons tendance à majorer le troisième, qui constitue le centre de l’Evangile. Mais nous avons tort de ne pas prêter attention autant que nous le devrions au premier.

«Si nous ouvrons l’Ecriture, dès le début nous sommes mis en présence, et cela majestueusement, du Dieu créateur. On aurait pu imaginer une autre entrée en matière. C’est cellelà que le Saint-Esprit a choisie pour notre édification. Tout au long de l’Ancien Testament, les prophètes et les psalmistes reviennent sur ce thème (…).

«Lorsque les apôtres évangélisaient les païens, ils ne se bornaient pas à parler du péché et du salut, ils prenaient soin aussi de poser à la base de leur enseignement le fait de la création (…). Dans les moments difficiles qu’ils traversaient, les premiers chrétiens trouvaient force et consolation à la pensée qu’ils s’adressaient au Créateur de l’univers, et c’est lui qu’exaltent les cantiques célestes de l’Apocalypse (…)» 9.

Bref survol biblique La doctrine biblique de la création ne doit pas être confondue avec une quelconque hypothèse scientifique des origines, car son but est éthique et religieux, tout en étant présentée comme une réalité historique. Loin d’être confinée aux premiers chapitres de la Genèse, cette doctrine est invoquée dans un nombre étonnant de textes, tant dans l’Ancien Testament que dans le Nouveau. En voici quelques exemples, à titre indicatif: Néh 9.6; Job 38.4ss; Ps 8; l9.1-7; 33.6-9; 90.2; 102.26-28; 104; Es 40.26,28; 42.5; 45.18; Jér 10.12-16; Amos 4.13; Mat 18.4; Jean 1.1ss; Act 17.24; Rom 1.20,25; 4.17; 2 Cor 4.6; Col 1.16-17; Héb 2; 11.3; 1 Pi 4,19; Apoc 4.11; 10.6; 14.6-7.

Héb 11.3 fournit un bon point de départ pour considérer la doctrine: «C’est par la foi que nous comprenons que le monde a été formé par la parole de Dieu, de sorte que ce qu’on voit ne provient pas de ce qui est visible.» Cela veut dire que, à l’instar de l’auteur de la Genèse – et de Jésus-Christ (Mat 18.4)! – nous partons de l’a priori, non seulement que Dieu existe, mais qu’il a créé toutes choses ex nihilo. En d’autres termes, la doctrine biblique de la création est fondée sur la révélation divine, tout comme le mystère de la rédemption, et ne peut être saisie et acceptée que par la foi.

De plus, l’ouvre de la création est attribuée tour à tour aux trois personnes de la Trinité: au Père (Gen 1.1; Ps 33.6; Es 44.24), au Fils (Jean 1.3; Col 1.16), et au Saint-Esprit (Gen 1.2; Job 26.13), en tant qu’ouvre une et indivisible du Dieu trinitaire. Loin d’être un acte nécessaire ou inévitable, la création doit être comprise comme le fruit d’une initiative libre de Dieu, déterminée par sa volonté souveraine. Ainsi Dieu peut être à la fois le Seigneur transcendant, distinct de sa création, et immanent, Dieu de la providence dont dépend la création pour son existence continue. Le rôle de cette création est de manifester la gloire de la puissance éternelle, de la sagesse et de la bonté du Créateur, bref d’être, comme le dit Calvin, «le théâtre de sa gloire» 10.

En parfait accord avec l’Ancien Testament, le Nouveau Testament tout entier assume ou affirme la création du monde par Dieu et sa dépendance absolue de lui. Cette création, ainsi que les corollaires de grâce et de liberté, sont les axiomes [a priori – ndlr] sur lesquels toute la vérité biblique est érigée 11.

Portée de la doctrine

Le grand théologien Alfred Edersheim, juif messianique, insiste sur la portée de la doctrine de la création: «Quatre grandes vérités, touchant à l’ensemble de la révélation, nous viennent du récit biblique le plus ancien, comme le fleuve, divisé en quatre bras qui sortaient du jardin d’Eden:
1. la création de toutes choses par la puissance de la parole de Dieu;
2. la descendance de toute l’humanité de nos parents communs, Adam et Eve;
3. notre solidarité avec Adam, tête de la race humaine, dans le péché et la chute;
4. la promesse d’un second Adam, sans péché, qui par ses souffrances nous délivrerait des conséquences de la chute, et deviendrait l’Auteur d’un salut éternel pour tous ceux qui croiraient en lui» 12

«De toutes les oeuvres créées par Dieu», ajoute Edersheim, «l’homme seul a été créé «à son image, selon sa ressemblance» (Gen 1.26). Cette expression met en relief, non seulement l’intelligence conférée par Dieu et l’immortalité qu’il lui a accordée, mais aussi la nature parfaite, morale et spirituelle, que l’homme possédait au commencement.»

J. M. Boice développe ce thème, en détaillant les attributs que possède l’homme créé à l’image de Dieu:
1. personnalité: connaissance, vie affective, volonté;
2. moralité: liberté, conscience, responsabilité;
3. spiritualité: potentiel de communion avec Dieu13.

2. Vers quel résultat nous conduit notre choix?

2.1. «Dieu n’existe pas!»

L’hédonisme inconscient: «Mangeons, buvons, amusons-nous, car demain nous mourrons!»

L’angoisse: «Jean Rostand (1894- 1977) tout au long de sa vie s’est interrogé sur son athéisme, reconnaissant qu’il n’était «ni satisfait ni apaisé, obsédé» qu’il était, «sinon par Dieu, du moins par le non-Dieu» 14.

Le désespoir : «Le monde est absurde, la vie n’a pas de sens : inutile de se poser des questions pour lesquelles il n’y a pas de réponse. Il ne nous reste qu’à reconnaître notre désespoir, à l’accepter et à apprendre à vivre avec lui.»

2.2. Dieu existe!

«Celui qui s’approche de Dieu doit croire qu’il existe et qu’il récompense ceux qui le cherchent» (Hébreux 11.6b).

A vous, cher lecteur, de faire votre choix, et de suivre jusqu’à sa destination inévitable, le chemin dans lequel vous vous engagez.

F.H.

Notes

1 A. Rendle Short, Modern Discovery and the Bible, Inter-Varsity Fellowship, Londres, 1947; p. 11.
2 Rick Lanser in Associates for Biblical Research Newsletter, jan/fév. 2000; p. 2.
3 Cité par Nancy Pearson in We’re not in Kansas Anymore, Christianity Today, 20 mai 2000; p. 45.
4 Voir art. précédent dans PROMESSES no 134
5 Nancy Pearson, art. cit. in Christianity Today; p. 46.
6 Art. sur la Création in Nouveau Dictionnaire Biblique, Editions Emmaüs, 1992; p. 296s.
7 Nancy Pearson, art. cit.: p. 47.
8 Inter-Varsity Press, P.O. Box 1400, Downers Grove, IL 60515, USA, www.ivpress.com.
9 J. M. Nicole, Précis de doctrine chrétienne, Editions Institut Biblique de Nogent-s/Marne, 1983; p. 63s.
10 Art. sur la création in The New Bible Dictionary, Inter-Varsity Fellowship, Londres, 1967; p. 269s.
11 The Expositor’s Bible Commentary, Zondervan, 1978, Vol. 1; p. 46.
12 Alfred Edersheim, Bible History, Old Testament, Hendricksen, 1998; p. 11.
13 J. M. Boice, Le Dieu Souverain, Editions Emmaüs, 1981; p. 179s.
14 Art. cit. in Nouveau Dictionnaire Biblique, p. 297.

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)