Les insensés pensent: «Dieu n’existe pas»

DÉFENSE DE LA FOI CHRÉTIENNE

Ils sont corrompus, leurs actions sont dégradantes, aucun n’agit bien.
(Psaume 14.1; Bible du Semeur)

DANS ce tableau terrible de la nature humaine, écrit W. G. Scroggie 1, il est question, moins d’un athéisme formulé, philosophique, que d’un athéisme pratique, d’une perversité morale. Est athée, écrit-il, celui qui exclut Dieu de ses calculs et qui ordonne sa vie sans tenir compte des droits et des exigences divins. Toutefois, nous constatons que la pensée détermine le caractère et inspire le comportement, car l’homme «est tel que sont les arrière-pensées de son âme» (Proverbes 23.7a). La pensée et l’acte sont indissociables. Tout homme qui agit de la sorte est qualifié d’insensé par le Seigneur, et le chemin dans lequel il s’engage conduit à la catastrophe… et au jugement.

Un regard en arrière

Nous venons de quitter un siècle jalonné d’horreurs. Quel chiffre donner, en dizaines de millions, au nombre de victimes des guerres, des massacres et autres génocides pendant le 20e siècle? Comment expliquer cette inqualifiable inhumanité de l’homme envers son prochain? Qu’est-ce qui a inspiré les goulags, les camps de concentration, les pogroms, «l’holocauste », le terrorisme ? Pouvonsnous en tirer des conclusions qui seraient utiles pour notre propre cheminement? Nous allons essayer de poser des jalons de réponses à ces questions en retraçant dans quelques grandes lignes le développement de la philosophie athée au travers de ces derniers siècles. Au risque de trop simplifier, nous serons obligés de résumer, de survoler, de choisir des exemples représentatifs pour illustrer nos propos. Dans un article ultérieur nous tâcherons de formuler une réponse chrétienne aux problèmes évoqués.

Au 17e siècle: extension du rationalisme

Un mouvement de pensée émerge au 17e siècle, le Rationalisme, qui n’est pas, au départ, une approche explicitement athée. Les rationalistes des 17e et 18e siècles ont développé des systèmes marqués par une grande diversité, mais fondés sur une prémisse commune: la rationalité de l’univers et le pouvoir de la raison de le saisir. Déjà les Réformateurs du 16e siècle avaient pris comme point de départ – rationnel – l’action de Dieu en Christ de laquelle témoignait la Sainte Ecriture. Mais d’autres, sans être forcément irréligieux, appliquaient la logique à leur étude de la structure rationnelle de l’univers; puisque toutes choses pouvaient être jugées à la lumière de la raison, celle-ci finissait, pour certains, par évacuer le surnaturel pour ne laisser que la nature et ce qu’ils pouvaient déduire en l’examinant. Libre à chacun d’assigner à Dieu dans son schéma le rôle qu’on voulait bien lui accorder. On peut citer comme exemples Descartes (1596-1650), Spinoza (1632-1677), et Leibnitz (1646- 1716) 2.

Au 18e siècle: le «siècle des Lumières» met la Révélation biblique sous le boisseau

Dans le contexte d’un mouvement, devenu mondial, vers le rationalisme hérité du 17e siècle, la pensée du 18e siècle se raffine, et combine l’opposition à la religion surnaturelle avec la confiance en la toute-suffisance de la raison humaine, motivées par l’ardent désir de promouvoir le bonheur des hommes dans cette vie. La plupart de ses représentants rejettent le dogme chrétien; ils affichent leur hostilité au catholicisme ainsi qu’à l’orthodoxie protestante, qu’ils considèrent comme des barrières à l’utilisation des facultés rationnelles humaines. Leur confiance inébranlable en la bonté de l’homme les rend aveugles à la réalité du péché, et produit un optimisme facile: il suffit de reconnaître les principes de la raison éclairée pour annoncer le progrès et la perfectibilité de la société humaine 3. Nous citerons deux exemples parmi les représentants de ce courant de pensée.

Jean-Jacques Rousseau (1712- 1778). Sans abandonner la religion, il popularise la nature, et cède à un parti pris qui subsistera aux 19e et 20e siècle: une conception naïve, optimiste, du caractère de l’homme, combinée au refus de prendre au sérieux la Révélation chrétienne 4.

Emmanuel Kant (1724-1804). Sa pensée représente le point culminant du rationalisme du 18e siècle. Kant rejette les preuves traditionnelles de l’existence de Dieu. L’homme devenu adulte doit se débarrasser de toute pseudo-autorité externe, et faire ce que lui dicte sa raison, car il n’a plus besoin de Dieu comme conseiller céleste. Il faut libérer le christianisme de sa foi en un Dieu surnaturel qui intervient dans les affaires humaines, et mettre à sa place la notion d’un Créateur impersonnel qui ne s’intéresse plus au monde. Une religion d’auto-suffisance doit remplacer l’idée de la grâce de Dieu qui mène au salut 5.

Au 19e siècle: l’athéisme étend ses racines

Le 19e siècle, époque de foi et d’incrédulité, fut témoin, d’une part, de l’expansion missionnaire et de réveils, et, d’autre part, d’un nombre grandissant de voix clamant haut et fort que les fidèles sont captifs d’illusions. Nombre de philosophes partageaient le désir de réinterpréter le christianisme à la lumière des connaissances qu’ils estimaient vraiment modernes. Dans l’opinion publique, les savants scientifiques expliquaient de mieux en mieux le fonctionnement de l’univers, laissant de moins en moins de place à Dieu. Pour certains, le renversement définitif de Dieu allait ouvrir la voie à des philosophies athées 6 ou agnostiques 7 dignes de prendre sa place 8.

Ludwig Feuerbach (1804-1872). Ce philosophe allemand exerce une influence déterminante sur certains de ses contemporains et successeurs, par un matérialisme qui réduit à néant la dimension spirituelle. Selon lui, dans la religion l’homme purifie, projette et objectifie sa propre nature pour en faire et contempler un être divin distinct 9. «La théologie n’est rien d’autre que l’anthropologie; la connaissance de Dieu n’est rien d’autre que la connaissance de l’homme» 10.

Charles Darwin (1809-1882): le matérialisme biologique. Dans son livre célèbre, L’origine des espèces (1859), Darwin combine et développe deux idées maîtresses. La première, ancienne, postule le développement graduel de la vie au cours de millions d’années à partir d’un ancêtre commun. La seconde, nouvelle, parle de «sélection naturelle » par la concurrence et la survivance des plus forts 11. Ainsi est promulguée l’hypothèse d’une sélection fondée sur des variations aléatoires et la lutte pour la survivance. Toutes les caractéristiques humaines – physiques, mentales et morales – auraient leur explication dans une modification progressive de nos ancêtres anthropoïdes, et tomberaient, par conséquent, dans le domaine de la loi naturelle, du hasard. L’évolutionnisme déborde du cadre biologique et devient le tremplin pour des philosophies évolutionnistes sociologique, morale et éthique 12.

Notre but ici n’est pas d’entrer dans un débat d’ordre scientifique (pour lequel nous serions incompétents), car notre querelle avec Darwin se situe sur le plan théologique. L’agnosticisme de Darwin devient plus évident dans ses déclarations postérieures au livre mentionné plus haut. Pourquoi Darwin figure-t-il parmi les cinq hommes qui, selon un sondage fait en décembre 1999, ont exercé le plus d’influence sur l’humanité pendant les 1000 dernières années ? « Je crois, dit Rick Lanser, qu’il s’agit de l’attraction qu’exerce l’évolution sur l’homme naturel, car celui-ci cherche constamment à contourner ce Dieu qui gêne avec ses exigences morales (…). Je pense que nous verrons bientôt la macroévolution 13 darwinienne dirigée vers la décharge des idées abandonnées. De nouvelles découvertes en biochimie et d’autres sciences «dures», combinées avec des études statistiques, feront la démonstration définitive que les changements provoqués par des mutations sont impossibles (…). L’évolutionnisme darwinien n’est, enfin, qu’une philosophie fondée sur [des a priori] religieux qui essaie, sans grand succès, d’interpréter les données à partir de prémisses purement naturalistes. Il est populaire, non pas en tant que bonne science, mais parce que, dans les mots de l’ultra-évolutionniste Richard Dawkins, il fournit les moyens d’être un « athée intellectuellement comblé» 14. Nous reviendrons ci-après sur l’influence que le Darwinisme a exercé sur d’autres maîtres à penser.

Karl Marx (1818-1883): «matérialisme dialectique» politico-économique. En 1843 Marx avait déjà formulé le programme auquel il resterait désormais fidèle. «L’abolition de la religion, écrit-il, en tant que bonheur illusoire de l’homme, est indispensable pour son bonheur véritable ». Marx voit en Feuerbach le fondateur du matérialisme authentique et de la science positive, en ce qu’il avait fait de la relation d’homme à homme le principe fondamental de sa théorie. Et de dénoncer la religion comme ennemie de tout progrès; le vide laissé par sa disparition doit être rempli par un matérialisme dynamique modelé sur la dialectique de Hegel. Le mariage du matérialisme avec la tension dialectique s’appelle «matérialisme dialectique»: sa façon d’étudier les phénomènes de la nature est dialectique, alternant entre thèse et antithèse pour aboutir à une synthèse, tandis que son interprétation de ces phénomènes est matérialiste, dénuée de la dimension spirituelle. A ce sujet Bertrand Russell, lui-même athée, commente: «Marx se déclare athée, et pourtant il garde un optimisme que seul le théisme pourrait justifier. D’une manière générale, tous les éléments dérivés de Hegel sont non-scientifiques, dans ce sens qu’il n’y a aucune raison de les supposer vrais» 15.

Karl Marx, fervent admirateur de Charles Darwin, trouve utile la loi darwinienne de la compétition. Ayant lu L’origine des espèces en 1860, il commenta: «Le livre de Darwin est très important, et me sert de base comme science naturelle pour soutenir la lutte historique». Ainsi l’évolution apporte sa contribution à la doctrine communiste, selon le rôle que Marx choisit de lui assigner 16.

Friedrich Nietzsche (1844-1900): athéisme militant. Adversaire acharné de la religion, il est fêté comme le fondateur de l’école de la «Mort de Dieu». Son point de départ est la non-existence de Dieu. L’homme est, par conséquent, laissé à lui-même pour déterminer l’orientation de sa vie, puis se débrouiller seul. Nietzsche n’a que du mépris pour ceux qui rejettent l’idée chrétienne de Dieu, mais cherchent à récupérer la morale chrétienne. Il faut tout balayer, ditil, et recommencer à partir de zéro pour que chacun distingue par sa propre volonté entre le bien et le mal. Les torrents de diatribe amère émis par cet homme, malade toute sa vie et mort aliéné, ont eu une influence incalculable sur nombre d’écrivains, de poètes et de philosophes européens. Il est à noter surtout que Nietzsche fut adopté comme le philosophe attitré du National Socialisme, et reconnu pour être l’athée le plus conséquent du 19e siècle 17.

Sigmund Freud (1856-1939) : le matérialisme psychologique. Freud choisit la science naturelle comme point de départ, et enracine sa théorie dans les sciences biologiques et leurs méthodes de recherche. En d’autres termes, il opère dans un système fermé de cause à effet, dans lequel les lois biologiques et physiques de la nature déterminent tous les aspects de l’existence humaine. Il maintient, donc, que l’évolution de l’homme à partir d’animaux inférieurs, l’émergence des croyances religieuses et l’essor de la civilisation, ainsi que le développement de chaque personnalité individuelle, sont asujettis à des lois naturelles inexorables 18.

Au 20e siècle: qui sème le vent moissonne l’ouragan

Dans la mosaïque de textes tirés de l’Ancien Testament construite par Paul pour décrire les hommes sans Dieu, il dit, entre autres: «Leur bouche est pleine d’aigres malédictions. Leurs pieds sont agiles quand il s’agit de verser le sang. La destruction et le malheur jalonnent leur parcours. Ils ne connaissent pas le chemin de la paix. A leurs yeux, respecter Dieu n’a aucun sens» 19. Peut-on trouver un tableau plus percutant de ceux qui, au cours du 20e siècle, ont adopté et mis à exécution l’athéisme militant hérité des maîtres à penser, leurs prédécesseurs? Dieu est évacué de la scène; l’homme, accident de la nature ou résultat de lois naturelles aveugles, n’est plus créé à l’image de Dieu. Il perd, par conséquent, son identité unique, sa dignité et sa valeur, et peut être supprimé selon les caprices de quiconque exerce le pouvoir absolu et en abuse. Les Hitler et autres Staline pouvaient formuler leur propre système éthique et supprimer quelques millions de leurs contemporains sans craindre d’avoir des comptes à rendre à un quelconque Etre suprême. Il nous paraît donc évident que les événements tragiques du 20e siècle ont été inspirés par l’influence diabolique de Darwin, Marx, Freud et leurs compères. Ainsi que nous l’avons déjà dit, notre querelle avec eux ne se situe ni sur le plan biologique, ni sur les plans politique ou psychologique, mais bel et bien avec leurs a priori théologiques; notre point de départ à nous est la conviction que Dieu est – Créateur, Rédempteur et Juge – et qu’un jour tous les hommes se tiendront devant lui pour rendre compte de leurs actions sur la terre.

La lecture de cet article n’aura peutêtre pas été des plus faciles, mais n’avons-nous pas besoin de courage et de discernement pour voir en face les réalités du 20e siècle, et formuler une réponse chrétienne qui soit notre témoignage, approprié à notre génération? Nous espérons, Dieu voulant, consacrer un nouvel article à cette question.

F.H.

Notes

1 W. Graham Scroggie, The Psalms, Pickering & Inglis, Londres, 1946; vol. 1, p. 98.
2 Colin Brown, Philosophy and the Christian Faith, Tyndale Press, Londres, 1969; p. 48ss.
3 The Oxford Dictionary of the Christian Church, Oxford University Press, Londres, 1958; p. 105.
4 Colin Brown, op. cit., p. 81ss.
5 Ibid.; p. 90ss.
6 Athéisme: refus de croire en l’existence de Dieu.
7 Agnosticisme: le doute quant à la possibilité de savoir si Dieu existe ou non.
8 Colin Brown, op. cit.; p. 107ss.
9 Ibid.; p. 133ss.
10 L. Feuerbach, The Essence of Christianity, 1841; p. 14.
11 Colin Brown, op. cit.;. 147ss.
12 Charles Hummel, The Galileo Connection, IV Press, 1986; p.. 227ss.
13 Apparition de nouvelles expèces par voie de mutation.
14 Rick Lanser in Associates for Biblical Research Newsletter, jan/fév. 2000; p. 2.
15 Colin Brown, op. cit.; p. 135ss.
16 Ibid.; p. 147.
17 Ibid.; p. 137ss.
18 Roger Hurding, Roots and Shoots, Hodder & Stoughton, Londres, 1985; p. 73.
19 Romains 3.14-18; Bible du Semeur

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)