Sur l’inerrance biblique

1re déclaration de Chicago, 28 octobre 1978

Dans cet article, Henri Lüscher poursuit la présentation des « Déclarations de Chicago » au sujet du statut de la Bible et de ses implications. Dans l’ouvrage des Editions Kerygma, cette première déclaration occupe les pages 20 à 33. Nous avons résumé ces pages, et nous espérons que la lecture de cet article vous incitera à vous procurer et à lire l’intégralité de la déclaration.

I. Un résumé

En cinq points, les auteurs résument les 19 articles qui traitent de la révélation de Dieu en Jésus-Christ par les Ecritures, de son autorité divine et infaillible, du Saint-Esprit, son divin Auteur, de son inspiration verbale, de son infaillibilité, de son inerrance et des conséquences graves qui résultent d’une limitation ou d’une négligence de cette «totale inerrance divine».

Il. Dix-neuf articles

Les articles I et II affirment l’autorité totale des Ecritures, norme écrite suprême à laquelle l’autorité de l’Eglise est subordonnée. L’Ecriture ne reçoit pas son autorité de l’Eglise, de la tradition ou de quelque autre source; elle ne la reçoit ni des « symboles confessionnels de l’Eglise, ni de ses conciles, ni de ses déclarations ».

Les articles III à V affirment que « la Parole écrite dans son intégralité est révélation venant de Dieu ». Dieu a employé le langage comme mode de révélation, et cette révélation de Dieu dans la Bible est progressive. Ils rejettent la théologie existentialiste ou néo-orthodoxe selon laquelle la « Bible ne serait qu’un témoignage à la révélation et ne deviendrait révélation que dans l’ événement de la rencontre ». Elle n’est pas non plus soumise à la subjectivité de l’homme pour ne devenir valide qu’à sa réponse. Ni notre « finitude de créatures », ni la « corruption du langage et de la culture par le péché » n’ont empêché en quoi que ce soit « l’ouvre divine de l’inspiration ». Aucune « révélation ultérieure (qui peut accomplir une révélation antérieure) ne peut la corriger ou la contredire. Aucune révélation normative n’a été donnée une fois le Nouveau Testament au complet.

Les articles VI à X affirment l’inspiration plénière de la Bible, celle-ci étant inspirée « jusqu’aux mots mêmes de l’original ». Ils rejettent toute opinion sur une inspiration limitée. « Dieu a communiqué sa Parole par son Esprit au moyen des hommes qui l’ont écrite ». La personnalité et le style des auteurs ont été employés par Dieu dans son oeuvre d’inspiration. Ce n’était pas une inspiration « mécanique » où la personnalité des rédacteurs aurait été étouffée. L’inspiration a garanti la totalité de ce que les auteurs sacrés ont écrit. Tout est vrai et digne de foi, et aucune erreur n’a été introduite dans la Parole même à travers le canal des rédacteurs dont la nature était pourtant pécheresse. L’inspiration, au sens strict, concerne le texte des « autographes bibliques ». Mais, comme « Dieu a veillé dans sa providence » sur sa Parole, les manuscrits ont été établis avec grande exactitude, et l’on peut « affirmer que les copies et traductions des Ecritures sont la Parole de Dieu dans la mesure où elles se conforment fidèlement à l’original ». L’absence des autographes n’invalide en rien l’inerrance biblique ou la foi chrétienne.

L’article XI affirme l’infaillibilité de l’Ecriture et rejette « l’opinion selon laquelle la Bible pourrait à la fois être infaillible et errer dans ce qu’elle énonce. On peut distinguer infaillibilité et inerrance, mais non les séparer ».

Les articles XII et XIII affirment l’inerrance de la Bible dans « son intégralité » et rejettent l’opinion selon laquelle les thèmes spirituels et religieux touchant la rédemption sont inerrants en excluant de l’inerrance les énoncés touchant l’histoire et les sciences. L’inerrance des énoncés dans Genèse 1 à 11 (l’histoire de la création, du déluge, de la tour de Babel et l’origine des différentes nations) est clairement affirmée, et les « illégitimes hypothèses scientifiques sur l’histoire de la terre sont catégoriquement rejetées ». L’inerrance, en terme technique, signifie « l’entière vérité de l’Ecriture », et cela touche également « les problèmes de grammaire et d’orthographe,… les phénomènes de la nature… et les mentions de paroles fausses rapportées, l’usage de l’hyperbole et de nombres ronds, l’arrangement thématique des choses racontées, la diversité dans leur sélection lorsque deux ou plusieurs récits sont parallèles, l’usage de citations libres ».

L’article XIV affirme l’unité et l’harmonie interne de la Bible et rejette l’opinion qui infirme la vérité de l’Ecriture à cause des passages apparemment contradictoires et des difficultés non résolues.

L’article XV affirme que la doctrine de l’inerrance se fonde sur l’enseignement de la Bible au sujet de son inspiration. Il rejette l’opinion selon laquelle on pourrait négliger l’enseignement de Jésus sur l’Ecriture qui se serait accommodé « aux idées de son temps ». Il réfute également « toute limitation naturelle de son humanité ».

L’article XVI affirme la doctrine de l’inerrance comme partie intégrante de la foi chrétienne historique. Elle n’a pas été inventée par le protestantisme scolastique et n’est pas une résultante de la haute critique négative, opinions à rejeter.

L’article XVII affirme que le Saint-Esprit rend témoignage aux Ecritures et assure les croyants de cette vérité. Jamais le Saint-Esprit ne pourrait s’écarter de l’Ecriture ni la contredire, puisqu’il est Dieu, l’auteur de cette Parole.

L’article XVIII parle de l’herméneutique de la Bible en affirmant « qu’il faut interpréter l’Ecriture par une exégèse grammaticale et historique en tenant compte des formes et procédés littéraires ». L’Ecriture doit aussi être interprétée par l’Ecriture. Il rejette toute relativisation ou « dé-historicisation » du texte dans l’étude de la Bible. Une telle interprétation mènerait à la destruction de la foi chrétienne.

L’ article XIX affirme « la confession de la pleine autorité, infaillibilité et inerrance de l’Ecriture » comme « vitale pour la saine compréhension de la foi chrétienne ». Cette « confession devrait nous conduire à nous conformer toujours plus à l’image du Christ ». Mais le salut ne dépend pas d’une telle confession. Toutefois, la renier « ne serait pas sans graves conséquences pour le croyant individuellement et pour l’Eglise ».

III. Exposé

Pour une meilleure compréhension de la doctrine de l’inerrance, les auteurs ont esquissé un schéma doctrinal servant de base pour le résumé et les articles.

A. Création, révélation, inspiration

 » Le Dieu trinitaire a tout formé par ses commandements créateurs » et « gouverne tout par sa Parole « . Il a créé l’homme à son image pour « entendre la Parole que Dieu lui adressait et répondre dans l’obéissance joyeuse de l’adoration ». Depuis Adam, l’homme a reçu de Dieu « des messages de nature verbale: soit directement, comme l’Ecriture le rapporte, soit indirectement sous la forme du texte scripturaire ou d’une partie de ce texte ». A la chute, Dieu a promis le salut en commençant « à se révéler dans une série d’événements historiques », spécialement envers les croyants, pour se focaliser sur l’événement principal de la venue du Fils de Dieu sur la terre pour accomplir son oeuvre rédemptrice. Tout au long de cette histoire, « Dieu a prononcé des paroles précises de jugement et de miséricorde, de promesses et de commandements, adressées à des pécheurs pour les faire entrer dans une alliance avec lui ». Il l’avait fait par la bouche de ses prophètes de l’Ancien Testament. Puis, « l’ultime et suprême message de Dieu, sa parole au monde concernant ]ésus-Christ, une fois prononcé, puis expliqué par les membres du cercle apostolique, la série des messages révélationnels est venue à son terme ». Ils ont donc tous parlé de la part de Dieu, poussés par le Saint-Esprit (2 Pi 1.21). Cette Parole venant de Dieu, a l’autorité de Dieu, parce que Parole de Dieu.

B. Autorité: Le Christ et la Bible

 » Jésus-Christ, le Fils de Dieu, la parole faite chair, notre Prophète, Sacrificateur et Roi est l’ultime Médiateur de la communication de Dieu avec l’homme ». En plus de sa révélation verbale, « il révélait le Père par sa présence et ses actes ». Il est le centre de l’Ecriture. Les prophètes de l’Ancien Testament l’ont annoncé comme le Messie et les auteurs sacrés du Nouveau Testament ont affirmé et proclamé sa première venue en « relançant l’espérance dans l’attente de son retour ». En conséquence, l’Ecriture toute entière constitue « le témoignage divinement inspiré et partant normatif, au Christ ». La Bible est donc « essentiellement le témoignage du Père au Fils incarné », et nous devons rejeter comme « inacceptable » toute herméneutique qui ne « focalise pas sur le Christ historique ». Comme le Canon de l’Ancien et du Nouveau Testament est définitivement clos après le témoignage apostolique, « aucune révélation nouvelle ne s’ajoutera jusqu’au retour de Christ », Le mot « Canon » veut dire « règle » et nous rappelle l’autorité. L’Eglise est soumise à Dieu à qui appartient « l’autorité dans la révélation » et qui l’a conférée à Christ, Parole vivante et à l’Ecriture sainte, Parole écrite. Le Christ a rendu témoignage à l’Ecriture et est mort « dans l’obéissance aux prophéties messianiques », donc aux Saintes-Ecritures. Conjointement, les apôtres ont rendu témoignage à sa Personne qui leur avait promis et donné le Saint- Esprit pour les inspirer. Ainsi, le Christ et l’Ecriture deviennent « de façon solidaire une unique source d’autorité. Conclusion: « Ce que l’Ecriture dit, le Christ le dit ».

C. Infaillibilité, inerrance, interprétation

 » L’Ecriture sainte, Parole inspirée de Dieu » est donc infaillible « qui ne trompe ni ne se trompe » et inerrante, donc « exempte de toute fausseté et de toute faute ». Elle est « totalement vraie et digne de foi dans tous ses énoncés ». Cette Parole doit toujours être interprétée sur la base de son infaillibilité et de son inerrance. « En inspirant les rédacteurs de son message, Dieu a utilisé la culture et les conventions de l’environnement de ces hommes, environnement régi par la souveraine providence divine; imaginer qu’il en a été autrement, c’est interpréter de travers ». Il faut l’interpréter selon son sens littéral ou naturel – sens historico-grammatical, donc celui que l’auteur a exprimé en tenant compte des différents genres littéraires et en respectant leurs conventions des temps bibliques. Nullement liée à la culture de son temps « dans le sens que son enseignement ne serait pas universellement valide », la Bible est parfois « conditionnée culturellement par les coutumes et les conventions d’une période particulière, de telle sorte que l’application de ses principes aujourd’hui prend une forme modifiée ».

D. Scepticisme et critique

Depuis la Renaissance, l’humanisme a sérieusement érodé la foi chrétienne. La philosophie des Lumières a amené un fort courant de scepticisme qui a abouti à la haute critique. Les différentes formes humanistes s’attaquent alors subtilement au christianisme. « Ainsi, l’agnosticisme nie que Dieu soit connaissable, le rationalisme nie son incompréhensibilité, l’idéalisme nie sa transcendance et l’existentialisme nie la rationalité de ses relations avec nous. Quand ces principes non-bibliques s’insinuent dans la théologie au niveau des présupposés – c’est chose fréquente aujourd’hui – il devient impossible d’interpréter fidèlement la Bible ».

E. Transmission et traduction

Le texte des autographes (documents originaux) a été divinement inspiré. Vu sa transmission non exempte d’erreurs, le maintien de la critique textuelle est nécessaire pour détecter des altérations éventuelles au cours de la transmission des textes hébreu et grec extrêmement bien conservés à travers les manuscrits. Dieu, dans sa providence, a fidèlement veillé à sa transmission. Quant aux traductions, elles nous « éloignent d’un pas supplémentaire des autographes ». Mais on peut affirmer que « les sciences du langage permettent de déclarer » que nous possédons des traductions excellentes qui donnent le sens de l’Ecriture à son lecteur pour le rendre sage à salut par la foi dans le Christ Jésus (2 Tim 3.15).

F. Inerrance et autorité

L’autorité de l’Ecriture est affirmée,  » impliquant sa totale vérité ». Les auteurs de la présente déclaration se mettent sous l’autorité de cette Parole et « se rangent derrière le Christ et les apôtres, derrière toute la Bible en fait, et derrière la majeure partie de l’Eglise depuis les premiers jours jusqu’à tout récemment ». Il est préoccupant de voir que plusieurs de nos jours abandonnent cet article de foi, faisant preuve ainsi d’une insouciance irréfléchie et inconsciente. Une fois rompu ce premier maillon de la foi chrétienne, à savoir la foi en la totale vérité de la Bible, celle-ci diminuera dans son autorité et son contenu pour finir par perdre peu à peu toute son autorité. Ce sera la confusion et la perte de tout repère absolu et sûr, le chaos de la foi chrétienne, l’humanisme relativiste et subjectiviste ayant érodé totalement les fondements de la foi chrétienne.

« Notre affirmation: ce que l’Ecriture dit, Dieu le dit. A Lui soit la gloire! Amen! Amen! « 

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)