Elisée et le siège de Dothan: un regard d’aigle ou de taupe?

(2 Rois 6.8-23)

Maigret, Colombo, Derrick ont l’oil pour découvrir l’indice qui dévoile le coupable. Tenaces, méticuleux, attentifs aux détails et doués de psychologie, ils voient ce qui échappe aux autres. Au niveau des enquêtes policières, ils n’ont pas leur pareil. Dans d’autres domaines, d’autres personnes se distinguent par un sens de l’observation hors du commun. Professionnels ou amateurs, ils repèrent les fautes d’orthographe, l’erreur de raisonnement, la fausse note dans un concert, la copie de l’original dans une galerie de tableaux, la plus légère flexion d’un genou chez les meilleurs gymnastes. Experts dans les domaines les plus divers, ils percent les mystères et les énigmes, discernent le vrai du faux, repèrent l’aiguille dans la meule de foin.

Le champion de la vue

Tous ces hommes sont experts. Ils ont un don de discernement manifeste, mais leur compétence reste limitée à un domaine particulier. Le récit du siège de Dothan nous présente cependant un homme dont le discernement n’est pas seulement remarquable, mais exceptionnel, surhumain même. Elisée est le champion des champions dans le domaine de la vue.

Premièrement, Elisée est capable de voir les choses les mieux cachées sur le plan humain. Ainsi, tous les secrets militaires de l’ennemi, même les plus confidentiels, lui sont connus. Il entend directement toutes les paroles du roi de Syrie, y compris celles prononcées dans la chambre à coucher royale, l’endroit le mieux protégé du camp ennemi. Sa connaissance est totale, instantanée et, semble-t-il, illimitée dans le temps ( «Cela arriva non pas une fois ni deux fois» v.l0).

Deuxièmement, Elisée est capable de faire voir à un proche collaborateur les réalités matérielles fondamentales cachées au commun des mortels. Entouré par l’ennemi syrien qui a porté son siège sur Dothan, Elisée ne manifeste aucune crainte, car il sait que l’armée de l’Eternel veille sur lui. Il encourage son serviteur d’abord par sa foi ( «Ne crains point, car ceux qui sont avec nous sont en plus grand nombre que ceux qui sont avec eux» v.16), puis par sa prière («Elisée pria, et dit: Eternel, ouvre ses yeux, pour qu’il voie. Et l’Eternel ouvrit les yeux du serviteur, qui vit la montagne pleine de chevaux et de chars de feu autour d’Elisée» v.17). Le serviteur peut voir de ses yeux, distinctement, en plein jour (v.15), une armée étincelante. Ce n’est pas une erreur d’optique (comme dans le cas des Moabites qui avaient interprété les reflets du soleil levant sur de l’eau pour du sang: 2 Rois 3.22-23). L’armée entoure Elisée, donc la ville de Dothan. Que le soleil soit de face, de dos ou de côté, le résultat est le même. Ce n’est pas non plus un simple rêve, car le serviteur voit ce qui est matériellement là.

Troisièmement, Elisée est capable de troubler la vue d’une armée entière. Ce qui est manifeste pour tous les hommes devient opaque pour les soldats. Ainsi, lorsqu’Elisée se présente aux Syriens, il prie l’Eternel de troubler la vue des soldats («Daigne frapper d’aveuglement cette nation! Et l’Eternel les frappa d’aveuglement, selon la parole d’Elisée» v.18), puis il leur promet de les conduire vers l’homme recherché et les emmène à Samarie. Ainsi, en l’espace de deux prières – une pour son serviteur (v .17) et une pour les Syriens (v.18) -, on passe de la lumière aux ténèbres, d’une révélation exceptionnelle à la confusion la plus totale. Les soldats deviennent le jouet d’Elisée qui les conduit dans la capitale israélite, située à 14 kilomètres au sud de Dothan. Notons que les soldats ne sont pas totalement aveugles puisqu’ils peuvent marcher et suivre Elisée. Ils voient le prophète, mais sont incapables de l’identifier. Avec naïveté, ils croient aux paroles du premier venu: « Elisée leur dit: Ce n’est pas ici le chemin, et ce n’est pas ici la ville; suivez-moi, et je vous conduirai vers l’homme que vous cherchez. Et il les conduisit à Samarie » (v.19). Leur enquête leur avait pourtant révélé que le prophète se trouvait à Dothan (v.13). En entrant à Samarie, les Syriens ne voient pas les troupes de soldats israélites qui les encerclent. Ce n’est que suite à une nouvelle prière d’Elisée qu’une vue normale leur est rendue: « Lorsqu’ils furent entrés dans Samarie, Elisée dit: Eternel, ouvre les yeux de ces gens, pour qu’ils voient! Et l’Eternel ouvrit leurs yeux, et ils virent qu’ils étaient au milieu de Samarie » (v.20). Ainsi, de la sortie de Dothan à l’entrée de Samarie, les Syriens sont dans le trouble et la confusion la plus totale, sans être aveugles pour autant.

Le discernement limité des hommes

Le récit du siège de Dothan ne sou- ligne pas seulement les dons exceptionnels d’Elisée dans le domaine de la vue, mais illustre aussi le discernement limité des autres hommes. La confusion des troupes syriennes n’est que l’aspect le plus manifeste de l’égarement et des limitations humaines.

Avant de nous étendre sur la cécité humaine, notons cependant que dans la première partie du récit, qui culmine avec la vision du serviteur qui voit l’armée de l’Eternel (v.8-17), chacun semble tout voir. Ainsi, le roi d’Israël reçoit les informations nécessaires pour se protéger des guets-apens de l’ennemi. Désirant être sûr des informations reçues, il prend la peine de vérifier les dires du prophète et constate de visu l’exactitude des informations transmises («Le roi d’Israël envoya des gens, pour s’y tenir en observation, vers le lieu que lui avait mentionné et signalé l’homme de Dieu» v.l0). Quand les Syriens découvrent l’inefficacité de leur stratégie, leur roi est rapidement informé de l’origine des fuites: «Elisée, le prophète, qui est en Israël, rapporte au roi d’Israël les paroles que tu prononces dans ta chambre à coucher» v.12). Le texte est succinct. Rien n’est dit sur la manière dont les Syriens sont arrivés à cette conclusion. Le narrateur souligne simplement le fait qu’ils savent. Les Syriens peuvent ensuite trouver Elisée: « Le roi dit: Allez et voyez où il est, et je le ferai prendre. On vint lui dire: Voici, il est à Dothan » (v.13). A nouveau, le récit est concis. Les difficultés d’une telle recherche sont ignorées. Les Syriens savent, c’est tout ce qui importe.

Cette première lecture ignore cependant les limites des protagonistes. Le roi d’Israël n’est pas informé de toutes les paroles prononcées par le roi de Syrie dans sa chambre, mais seulement de celles qui ont trait à sa sécurité. Elisée ne dévoile pas au roi d’Israël où se trouvent stationnées l’ensemble des troupes syriennes, ce qui lui aurait permis de mener l’offensive. Elisée est le prophète de la vie et non de la mort. Il protège les hommes (Juifs et païens), mais n’encourage jamais l’agression. D’autre part, le roi d’Israël manifeste une limitation dans sa connaissance par son incrédulité. Le roi ne semble satisfait des paroles d’Elisée que dans la mesure où il peut les vérifier (v. 10). Une telle personne sera nécessairement limitée dans sa connaissance, car beaucoup d’informations révélées par Dieu ne peuvent être vérifiées dans cette vie.

Dans l’autre camp, le roi de Syrie est limité, lui aussi, dans sa connaissance. Dans un premier temps, il se trompe royalement lorsqu’il attribue les fuites à un traître (« Le roi de Syrie appela ses serviteurs, et leur dit: Ne voulez-vous pas me déclarer lequel de nous est pour le roi d’Israël? » v.ll). Dans un deuxième temps, le roi témoigne d’une grande naïveté quand il croit pouvoir capturer Elisée. Comment le roi de Syrie pouvait-il simplement envisager d’attraper le prophète qui avait déjoué tous ses plans? Certes, il réussit à identifier la source des fuites, puis à localiser le lieu de résidence du prophète. Il réussit même à encercler la ville de Dothan avant le départ du prophète. Mais cela ne signifie pas que le roi réussit dans son entreprise. La suite de l’histoire montre le contraire. Ce ne sont pas les envoyés syriens qui capturent Elisée, mais Elisée qui capture les envoyés. Le prophète domine tout le récit. Il ne manifeste aucune intention de fuir, ni avant l’arrivée des Syriens ni après. La logique permet de penser qu’Elisée n’ignorait rien des projets revanchards du roi à son égard, mais qu’il attendait simplement à Dothan l’arrivée des troupes pour leur jouer un tour à sa manière. Les aurait-il même aidés à le trouver qu’on n’en serait pas surpris.

A la fin du récit, le roi d’Israël témoigne une nouvelle fois de ses limites quand les troupes syriennes pénètrent dans Samarie. « Le roi d’Israël, en les voyant, dit à Elisée: Frapperai-je, frapperai-je, mon père? » (v.21). Le roi d’Israël veut tuer les soldats, ce qui s’oppose à tout bon sens comme le lui fait sentir le prophète: « Tu ne frapperas point, répondit Elisée; est-ce que tu frappes ceux que tu fais prisonniers avec ton épée et avec ton arc? » (v.22). Pour un stratège militaire, les prisonniers de guerre sont souvent plus utiles vivants que morts. Vivants, ils peuvent être astreints à des corvées difficiles ou être négociés dans l’échange de prisonniers (la jeune servante de Naaman n’était certaine-ment pas la seule prisonnière juive des Syriens: 2 Rois 5.2). Elisée oppose un non ferme au roi. Les prisonniers ne seront pas tués. Cela ne s’opposerait pas seulement à une saine logique militaire, mais Elisée n’est tout simplement pas le prophète de la mort. Mieux, il est le prophète de la vie, et va donc relâcher les captifs, après les avoir restaurés (« Donne-leur du pain et de l’eau, afin qu’ils mangent et boivent, et qu’ils s’en aillent ensuite vers leur maître » v,22), Elisée ne demande rien en contrepartie de son geste généreux, L’amour du prophète est manifeste.

Que voyons-nous?

Cette évaluation du discernement des différents personnages du récit nous conduit à nous poser la question de notre propre discernement: d’une manière générale, mais aussi par rapport à ce texte. Que comprenons-nous en lisant ce récit du siège de Dothan? En particulier, quel sens donner aux interventions d’Elisée?

Elisée voit loin, très loin, mais jusqu’où voit-il? Elisée révèle des choses cachées, mais avons-nous saisi tout son message? Comme nous l’avons souligné dans un précédent article («Elisée, le prophète des signes» Promesses 122), Elisée annonce le ministère de Jésus-Christ. Dans le récit consacré au siège de Dothan, Elisée se joue d’une armée hostile qui l’entoure tout comme Jésus passe aux travers de foules hostiles (Lc 4.28-30; Jn 7.30; 8.20). Elisée parle de la protection de l’armée de l’Eternel (équipée de chevaux et de chars de feu) tout comme Jésus fait allusion à douze légions d’anges qui pourraient intervenir au moindre signe de sa part (Mt 26.53). Elisée ouvre les yeux de son serviteur pour qu’il puisse voir l’aspect glorieux, mais caché de Dieu, tout comme Jésus emmène ses disciples sur le mont de la Transfiguration pour qu’ils puissent voir la face cachée de sa gloire (Mt 17.1-13). Elisée témoigne de l’amour pour son prochain tout comme le Christ. Le prophète sauve les hommes de la mort. Il avertit le roi d’Israël des guets-apens syriens et empêche la colère du roi d’Israël de frapper les troupes syriennes vaincues. Juifs et païens sont l’objet de son amour tout comme Jésus a aimé les hommes de toutes nations en mourant sur la croix pour eux.

Elisée est le prophète de la vue. Il ouvre une fenêtre sur l’avenir. Il annonce Jésus-Christ. La vision des chevaux et des chars de feu attirent l’attention des Israélites sur des ressources divines insoupçonnées, mais extraordinaires. Pour les chrétiens, la vision des armées de l’Eternel est là pour nous encourager à persévérer dans les difficultés. Beaucoup de choses nous échappent, mais nous n’avons pas besoin de tout voir pour croire. La parole du Seigneur suffit, car ce qu’il dit est toujours vrai.

A ce sujet, certains esprits sont gênés par le « mensonge » d’Elisée lorsqu’il dit aux Syriens: «Ce n’est pas ici le chemin, et ce n’est pas ici la ville; suivez-moi, et je vous conduirai vers l’homme que vous cherchez. Et il les conduisit à Samarie» (v.19). Mais s’agit-il vraiment d’un mensonge? Elisée a tenu parole et ne s’est pas dérobé devant les Syriens. Il serait plus correct de dire qu’Elisée a égaré ses agresseurs par une parole ambiguë. L’égarement est manifeste, mais il faut souligner qu’Elisée est dans une situation de légitime défense. Il ne trompe pas son prochain pour lui faire du mal, mais pour l’empêcher de faire du mal. La différence est de taille.

Dieu ne trompe jamais ceux qui se confient en lui. L’Ecriture est lumière et vérité. Elle n’induit jamais en erreur ni ne contient la moindre erreur. Ne nous lassons pas de l’étudier, car c’est par elle que Dieu a choisi de se révéler. Un esprit d’humilité doit nécessairement accompagner cette étude, car Dieu résiste aux orgueilleux, mais il donne son Saint- Esprit à ceux qui le lui demandent.

L’existence est faite d’interrogation. L’Ecriture nous paraît parfois obscure. Elisée nous intrigue par ses actes. Les circonstances semblaient catastrophiques au serviteur d’Elisée. Mais quand Dieu intervient, ouvre les yeux et se révèle, quand il illumine l’Ecriture, alors tout change. Le serviteur d’Elisée avait reçu l’assurance que les armées de l’Eternel campaient autour de Dothan. Le chrétien a reçu la promesse de la présence quotidienne du Seigneur. A ses disciples, Jésus a dit: «Voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde» (Mt 28.20). Sa présence est plus réconfortante que toutes les armées célestes. Car lui peut non seulement nous protéger, mais nous consoler.

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)