Trois armées sauvées par une harpe

ETUDE BIBLIQUE

(2 Rois 3)

Daniel ARNOLD

Les journaux cherchent souvent à capter l’attention par des manchettes insolites. L’engagement militaire entre Moab et la coalition d’Israël-Juda-Edom au IXe siècle avant Jésus-Christ aurait fait leur bonheur, car les éléments atypiques y sont légions. Parmi les titres accrocheurs, on n’aurait eu que l’embarras du choix: « Trois armées sauvées par une harpe », « Nos fins stratèges militaires oublient les réserves d’eau », « Le prophète des villes disponible en plein désert », « Un pacifiste écrase les armées de Moab », « Une pénurie d’oculistes fatale à Moab », « Retrait insensé des troupes alliées ».

Les éléments intrigants tournent principalement autour des paroles et des actes d’Elisée, mais pas uniquement. La levée du siège israélite suite au sacrifice du fils du roi de Moab laisse perplexe au point que les traducteurs, divisés, attribuent la fureur engendrée tantôt aux Moabites (Jér, Darby, TOB, Syn), tantôt aux Israélites (Segond, Semeur). Cependant, même si les éléments intrigants abondent dans ce récit, la logique humaine y est aussi présente.

Stratégies humaines

La révolte de Moab est motivée par la crise que traverse Israël. En moins de deux ans, le roi Achab et son successeur sont morts et l’armée israélite a été défaite par les Syriens. Les Moabites profitent de cet affaiblissement temporaire pour secouer la tutelle israélite.

La réaction d’Israël est tout aussi compréhensible. Affaiblie par la crise, la nation ne veut pas encore perdre une importante source de revenus. Une intervention rapide contre son vassal s’impose. Ne disposant que d’une armée atrophiée, le roi Joram d’Israël cherche un soutien auprès de deux nations voisines ayant un intérêt commun à voir la puissance de Moab limitée. De plus, le roi Josaphat de Juda, son principal allié, avait déjà montré ses bonnes dispositions à l’égard d’Israël en combattant aux côtés d’Achab (1 Rois 22). Un plan d’attaque ingénieux est élaboré. En passant par le chemin du désert d’Edom (v.8), la coalition cherche à contourner Moab par le sud de la mer Morte pour prendre la défense adverse à revers.

Sur le plan religieux, l’ingénieux Joram cherche à gagner le bon plaisir de l’Eternel. Ayant compris que le baalisme pratiqué par son père Achab et par son frère Ahazia leur a été néfaste, Joram renverse les statues de Baal érigées par son père (v.2). La réforme religieuse est manifeste, tout en étant limitée. Les prophètes de Baal ne sont pas tués (ils le seront par Jéhu, conspirateur et successeur de Joram: 2 Rois 10.18-27), Joram, en habile politicien, cherche à concilier des intérêts divergents. Il veut gagner le soutien de l’Eternel et de ses fidèles sans trop froisser les gens vendus au paganisme.

La « sagesse » de Joram s’avère totalement inefficace. Sur le plan militaire, le contournement « ingénieux » de Moab tourne à la catastrophe. La distance à parcourir, le terrain aride à traverser, le nombre élevé d’hommes et d’animaux à abreuver ont été sous-estimés. Sans eau, et donc sans force, hommes et bêtes deviennent une proie facile pour l’ennemi. Sur le plan religieux, les réformes de Joram sont tout aussi inefficaces puisqu’elles laissent l’Eternel indifférent comme l’indiquent les paroles d’Elisée: Si je n’avais égard à Josaphat, roi de Juda, je ne ferais aucune attention à toi et je ne te regarderais pas (v, 14). Le roi n’est pas allé assez loin dans son rejet du baalisme (contrairement à Jéhu son successeur: 2 Rois 10.30).

L’engagement surprenant d’Elisée

L’engagement d’Elisée est tout autre. Si les efforts empreints de « sagesse » humaine ont conduit le pays au bord du gouffre, les actes déroutants du prophète conduisent la nation vers le salut.

Tout d’abord, Elisée surprend par sa disponibilité. Le prophète peut être trouvé sans aucune difficulté, alors même que les armées semblent égarées en plein désert. A-t-il accompagné les troupes comme aumônier ou logeait-il là « par hasard »? Toujours est-il qu’Elisée, fidèle à lui-même, est présent là où se trouvent des besoins (cf. Promesses 119 « Elisée, le prophète du peuple »).

Deuxièmement, les paroles d’Elisée à l’égard de Joram étonnent par leur dureté. Bien que le roi vive dans le compromis, il confesse la souveraineté de l’Eternel et semble même implorer deux fois l’aide divine (Le roi d’Israël dit: Hélas! l’Eternel a appelé ces trois rois pour les livrer entre les mains de Moab v.10, 13). Joram a aussi détruit les statues de Baal, et comme Elisée est le prophète de la grâce, le lecteur pourrait s’attendre à plus de compréhension. Les paroles d’Elisée sont pourtant claires: Si je n’avais égard à Josaphat, roi de Juda, je ne ferais aucune attention à toi et je ne te regarderais pas (v.14). Les efforts de réforme de Joram ne valent rien aux yeux de l’Eternel. Joram ne mérite pas d’être sauvé et, si finalement, il est quand même secouru, c’est uniquement parce qu’il est associé à Josaphat. La grâce est donc bien attachée au ministère d’Elisée, mais ce n’est pas une grâce sans forme ni contour. Le salut est possible uniquement parce qu’il y a association avec Josaphat le juste (qui est aussi le descendant de David et l’ancêtre du Messie). Ce principe trouve sa pleine expression dans le Nouveau Testament avec l’imputation de la justice de Christ au pécheur qui lui est attaché.

Un étonnement plus important encore vient de la demande d’Elisée à avoir un joueur de harpe. Certes, la musique inspire. La musique calme aussi les esprits. Celle de la harpe en particulier apaise et détend. Elisée en avait-il personnellement besoin ou pensait-il à ses auditeurs qui devaient prêter attention à son message étonnant? Comme souvent avec Elisée, la dimension utilitaire est secondaire. Elisée a recours à des objets pour illustrer ses messages. En demandant un joueur de harpe, Elisée se situe à l’opposé de ce qu’on pouvait attendre. Pour secourir une armée, on a besoin d’épées, de lances, de chars de fer, mais pas d’un instrument de musique. A la rigueur, une trompette peut servir à rassembler les hommes et un tambour peut encourager une troupe à marcher au pas. Une harpe, par contre, n’est d’aucune utilité. Son transport est difficile et délicat, et sa musique adoucit les mours au lieu de stimuler la combativité et le courage. Par le recours à une harpe, Elisée veut montrer que la solution recherchée sort de l’ordinaire. La paix intérieure est fondamentale. Or cette paix ne peut être présente que s’il y a communion avec Dieu. Fondamentalement, c’est la paix avec Dieu qui doit être recherchée.

L’ordre donné par Elisée de creuser des trous en plein désert peut aussi étonner. Cependant, ceux qui connaissent la région savent que l’eau peut arriver à l’improviste dans les wadi asséchés. Venus de la Méditerranée, les nuages chargés d’humidité restent accrochés aux collines élevées de Judée et y déversent leur eau. Les torrents formés après un orage s’écoulent ensuite rapidement vers l’est à travers le désert de Judée. Elisée annonce donc l’arrivée d’un phénomène naturel, mais peu fréquent. Le prophète insiste sur l’absence de vue. « Vous serez bénis, mais vous ne verrez pas l’origine de la bénédiction ». Le peuple pécheur (qui ne voit pas Dieu) ne pourra pas voir la pluie. Il pourra néanmoins bénéficier d’une grâce particulière.

Elisée annonce une victoire totale: le salut des Israélites, mais aussi la défaite de l’ennemi. Le pays sera dévasté: Vous frapperez toutes les villes fortes et toutes les villes d’élite, vous abattrez tous les bons arbres, vous boucherez toutes les sources d’eau, et vous ruinerez avec des pierres tous les meilleurs champs (v.19). Cet ordre d’Elisée surprend, car il paraît contraire aux injonctions de Moïse: Si tu fais un long siège pour t’emparer d’une ville avec laquelle tu es en guerre, tu ne détruiras point les arbres en y portant la hache.(Deut 20.19-20). Lors d’une campagne militaire, le pays ne devait pas être ravagé. Cependant, il faut noter que le développement sur le siège d’une ville (Deut 20.10-20) est formé de trois parties: une première partie qui traite d’un siège en terre étrangère (Deut 20.10-15); une deuxième qui aborde la situation lors d’une guerre dans la terre promise (Deut 20.16-18); une troisième qui parle des arbres (Deut 29.19-20). Faut-il comprendre que les ordres de cette troisième section s’appliquent aux deux régions (l’étranger et la terre promise) ou seulement à la seconde région (la terre promise), ce qui annulerait la difficulté? L’ordre d’Elisée de dévaster un pays étranger ne s’opposerait pas, alors, à la loi mosaïque.

Pour Israël, la dévastation du pays paraît contre-productive, car le but de la campagne était de garder sous tutelle un pays qui pouvait payer d’importants revenus. Or en saccageant le pays pour une longue période (il faut du temps pour que les arbres repoussent et un gros effort est nécessaire pour vider les puits et débarrasser les terres agricoles de leurs pierres), Israël se punit lui-même puisqu’il détruit les terres qui devaient lui rapporter des produits. Pour Juda, par contre, la dévastation est positive, car l’appauvrissement des Moabites est synonyme d’un affaiblissement général du pays. Ce voisin belliqueux sera donc moins menaçant. Nous voyons ainsi que l’ordre d’Elisée va dans le sens annoncé: Dieu sauve Israël pour aider Juda et non pour aider Israël.

Quand on comprend le sens des gestes et des paroles d’Elisée, tout devient logique. Le prophète agit en plein accord avec son ministère. Il annonce la grâce à celui qui est tourné vers l’Eternel (Juda), mais il rejette celui qui est indifférent ou qui essaie simplement d’utiliser le Seigneur (Israël).

Une dernière surprise

La narration se termine par une surprise de taille. Les Israélites lèvent le camp devant le sacrifice d’un enfant. Pourquoi partir alors que l’ennemi est à genoux?

Dans un dernier effort, le roi de Moab cherche à s’en prendre au roi d’Edom (v.26). Veut-il punir le roi d’Edom pour s’être allié avec Israël et Juda ou cherche-t-il à le convaincre de changer de camp? Cherche-t-il à tuer le plus faible des trois rois pour redonner courage à ses troupes? Quoiqu’il en soit, il n’atteint pas son but et devant l’échec, il finit par sacrifier son propre fils. A la surprise générale, alors que tout le reste avait échoué, le lecteur apprend soudain que ce dernier acte abominable met fin au siège. Pourquoi?

Les Moabites sont-ils tout à coup revigorés par la conviction que leur dieu les aidera? Les Israélites craignent-ils que les Moabites aient reçu une force nouvelle? Littéralement, on a: « il y eut un grand qasap sur Israël ». Qasap signifie colère, fureur, indignation, irritation, trouble, ou même écume (pour de l’eau agitée). C’est probablement moins la colère que le trouble qui est souligné ici, le trouble d’Israël qui craint subitement le courroux de Kemosh, le dieu national des Moabites (cf. note de la TOB).

Les juifs, qui se soucient peu de la colère de l’Eternel, craignent la colère du dieu païen, et cela malgré leurs succès militaires et malgré l’intervention surnaturelle de Dieu qui vient de démontrer sa puissance, et sa volonté de sauver Israël, de battre l’ennemi. La superstition est une folie. Elle voile l’intelligence et étouffe le bon sens. Contre toute logique, Israël se retire.

Joram est le roi des aveugles. Elisée le champion du discernement. C’est pourquoi lorsqu’il fallait sauver la coalition de la débâcle, Elisée avait demandé une harpe, symbole de la douceur et de la paix, symbole de la communion avec Dieu: Comme le joueur de harpe jouait, la main de l’Eternel fut sur Elisée (v.15). Ce ne sont pas les armes et la force qui donnent la victoire (Israël l’avait à portée de main), mais la lucidité qui vient d’une communion avec Dieu. S’il fallait résumer le conflit, on pourrait dire: « Trois armées sauvées par une harpe, puis égarées par la superstition ».

D.A.


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les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Écrit par

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

Écrit par

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Écrit par

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)

 

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