Vocation chrétienne (2)

Vocation chrétienne (2)

René Pache

La vocation n’est pas à bien plaire! Dieu ne dit pas: «Voulez-vous faire quelque chose pour moi? Ce serait bien tout de même’!» Non, Dieu ne parle pas ainsi. Nous avons beaucoup trop l’idée que la chose indispensable et suffisante, c’est la conversion. Certainement, nous savons qu’il est nécessaire de se convertir. C’est la base de départ. Pourtant, allez demander à ceux qui président les camps de jeunes, si c’est chose facile que d’amener à la conversion des jeunes de nos églises! Parfois, ils n’en veulent pas parce qu’ils en ont trop entendu parler; d’autres fois, leur volonté rebelle ne leur permet pas de plier. ..alors qu’ils connaissent fort bien la nécessité de la conversion.
Or, reconnaissons que la conversion est liée à la vocation. «Vous vous êtes convertis, en abandonnant les idoles pour servir le Dieu vivant et vrai». Sauvés pour servir, cela va ensemble. Au jour de votre conversion, vous êtes entrés dans te corps de Christ. De ce fait, vous êtes soumis à la tête, Christ, et vous servez, sur la terre, à l’exécution de sa volonté. Dieu nous a dégagés de l’emprise de Satan; il a mis la main sur nous et nous pousse en avant. Revenons à Moïse. Il a alors quatre-vingts ans; Dieu lui parle: «Maintenant, va!». Et Moïse de présenter toutes ses excuses; il y en a au moins cinq, qui se résument ainsi: «Envoie, Seigneur, qui tu voudras envoyer; les autres, mais pas moi!» Alors la colère de Dieu s’enflamme contre Moïse. ..Si on regimbe, on se heurte à la colère de Dieu (Ex. 4, 8). Moïse partit, quand il vit la colère de Dieu !
Dieu promène ses regards sur les chrétiens disposés à le servir, car il a préparé d’avance leurs bonnes oeuvres. Reprenons aussi le cas de Jérémie.
Dieu l’appelle, mais le prophète n’est pas prêt: «Je répondis: Ah, Seigneur Eternel, voici, je ne sais point parler, car je ne suis qu’un enfant». L’Eternel me dit: «Ne dis pas, je suis un enfant, car tu iras vers tous ceux auprès de qui je t’enverrai. Tu diras tout ce que je t’ordonnerai. Ne les crains point, car je suis avec toi pour te délivrer». (Jér. 1, 17). Autrement dit, toi, ceins tes reins, lève-toi, dis-leur tout ce que je te commanderai; ne tremble pas en leur présence, de peur que je ne te fasse trembler devant eux. Jérémie n’a plus à choisir, mais à obéir.
Plus tard, Jérémie rencontre de l’opposition (ch. 17). Les gens disent: Où est la parole de l’Eternel? Qu’elle s’accomplisse donc!» On se moque de lui, de ses messages prétendument inspirés. Et Jérémie ajoute, parlant à l’Eternel: «Et moi, pour t’obéir, je n’ai pas refusé d’être pasteur». Plus loin encore (ch. 20): «Tu m’as persuadé, Eternel, je me suis laissé persuader, tu m’as saisi, tu m’as vaincu!» Ce n’était point agréable d’être le prophète Jérémie. Il a connu la prison, le fond de la citerne, l’Egypte, où il ne voulait pas du tout aller. Il s’est laissé saisir, briser. «Aussi la Parole de l’Eternel fait-elle de moi tous les jours un objet d’opprobre et de raillerie. Si je dis: Je ne ferai plus mention de Lui, je ne parlerai plus en son nom. ..il y a en moi comme un feu brûlant qui me consume les os. Je m’efforce de le maîtriser, mais je ne le puis. ..!>, Il ne peut faire autrement.
Citons encore Ananias (Act. 9). Dieu lui dit: «Lève-toi, va dans la rue appelée la Droite, et cherche dans la maison de Judas un nommé Saul de Tarse, qui est en prière». Ananias répondit: «Seigneur, j’ai entendu dire. ..tout le mal que cet homme a fait à tes saints. ..» Mais le Seigneur n’entre pas dans la discussion et réplique: «Va, car cet homme est un instrument que je me suis choisi. ..» Je sais tout de même mieux que toi ce qu’il faut faire. Si j’appelle, c’est qu’il y a une tâche à accomplir!
En lisant l’Ecriture, il ne semble pas qu’il s’y trouve beaucoup d’appels à une vocation. Nous, nous faisons de tels appels, mais je ne suis pas sûr que nous ayons raison. Plutôt que des appels à la vocation, il y a des ordres de marche, des désignations pour telle ou telle tâche précise. C’est à nous de savoir si nous voulons obéir. «Va et dis».
L’exemple du centenier est frappant; il s’exprime ainsi devant Jésus: «Moi qui ai des soldats sous mes ordres, je dis à ce soldat, va et il va, viens et il vient, fais ceci et il le fait» Or, quand Dieu nous parle, n’est-ce pas la même chose?

Vocation totale

Elle englobe toute notre personnalité. «Vous ne vous appartenez point à vous-mêmes, car vous avez été rachetés à grand prix. Glorifiez donc Dieu dans votre corps, dans votre esprit», dans vos biens, en tout ce que vous êtes. (I Cor. 6, 19-20). Jésus est mort et il est ressuscité «afin que ceux qui vivent ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui est mort et ressuscité pour eux». (II Cor. 5, 15).
On nous a posé la question: Peut-on distinguer entre une vocation pour un service «à plein temps» et une vocation pour servir Dieu et le glorifier dans sa profession, dans son atelier, sa ferme? Au départ, cette question ne se pose même pas. Nous appartenons totalement à Dieu, ce que nous sommes, ce que nous avons, ce qui est autour de nous, tout devient instrument pour Le servir et toucher les hommes qui nous entourent. Dire qu’il y a des vocations laïques et des vocations, disons, «pastorales», est à mon avis sans fondement biblique. Nous croyons au sacerdoce universel, nous sommes tous rois et sacrificateurs, et nous le sommes pleinement, même si nos tâches et nos dons sont différents.
A certains moments de sa vie, l’apôtre Paul gagnait son pain comme artisan, en faisant des tentes, ce qui peut arriver à n’importe qui. A d’autres moments, il recevait un soutien, un salaire, un honoraire, afin de pouvoir donner tout son temps à la prédication de la Parole.
En règle générale, les chrétiens sont des témoins dans leur profession, leur village, leur ville. Par contre, si Dieu le précise à un certain moment, il faudra que certains donnent tout leur temps pour écrire un livre qui édifie les autres, pour prêcher, ou pour accomplir une tâche impossible lorsqu’on a d’autres travaux sur les bras. Et ce ne sera peut- être que pour un temps.

Vocation reçue

Ce n’est pas forcément une vision qui vous transporte; c’est plutôt une capitulation, un acte d’obéissance, un abandon. «Aussitôt, je ne consultai ni la chair, ni le sang» disait Paul. «En conséquence. .., je n’ai pas résisté à la vision céleste». Jusque là, Saul était en pleine révolte, en pleine résistance. Quand il comprit, il ne résista plus.
Le jour de notre obéissance, le jour de notre vocation, nous cesserons d’être des déserteurs, ou des planqués, des serviteurs inutiles, des méchants ou des paresseux.
Joseph est un bel exemple de vocation, de vocation différente de celles que nous avons mentionnées. Il a été conduit par les circonstances. Dieu ne lui a jamais dit: Tu iras en Egypte, puis tu me serviras là-bas de témoin; ensuite tu sauveras ton peuple. Non. Un pas après l’autre; vie d’obéissance, de confiance; vie lumineuse, merveilleuse dans l’abandon et la soumission.
Comment puis-je être sûr que Dieu m’appelle? Mais, il y a longtemps qu’il vous appelle! Nous sommes tous appelés. ..et c’est aux anciens à donner l’exemple. Quand ai-je su que j’étais sauvé? Le jour où j’ai cru, où j’ai accepté. Comment sais-je que je suis appelé? Quand je me rends à l’évidence. Il est clair que Dieu m’appelle, et maintenant, j’obéis.
Mais attention !

Vocation refusée

Jonas, exemple classique, prend un bateau pour aller en Espagne, alors que Dieu lui avait dit d’aller à Ninive. Ce qui ne lui réussit pas du tout! Finalement, il reprend le bon chemin !
Le peuple d’Israël a été partiellement fidèle à sa vocation; mais dans l’ensemble, il a été infidèle.
Samson termine sa carrière par un échec, alors même que, ses cheveux ayant repoussé, il peut faire mourir un bon nombre de Philistins en brisant les colonnes du palais: triste fin, vocation gâchée.
Il en fut de même de Saül, premier roi d’Israël, ainsi que du jeune homme riche de la parabole. Il n’a pas voulu obéir, il n’a pas fait confiance, car il avait une idole dans son coeur.
Que de vies chrétiennes empreintes de tristesse, par manque d’obéissance à une vocation précise. De bien braves gens, bien honorables, piliers de nos églises! Est-ce que leur vie (et la mienne) a été vraiment l’accomplissement de la vocation du Seigneur? Celui qui n’est pas au centre de la volonté de Dieu n’est pas heureux. «Celui qui met la main à la charrue et qui regarde en arrière n’est pas propre au royaume de Dieu».
Après avoir considéré tout cela, peut-on vraiment dire: «C’est désastreux, nous n’avons pas de vocations, nous manquons des «dons» nécessaires dans notre église, ceci et cela nous font défaut»? Chacun de nous ne devrait-il pas commencer par s’examiner soi-même?

Vocation renouvelée

Voyez comme Dieu a été bon pour Jonas. Après un refus précis d’obéir, après un mauvais témoignage sur le bateau, Dieu le rappelle, le replace à son point de départ et lui permet d’accomplir sa vocation.
Pierre, aussi, avait bien mal commencé en reniant son Maître, mais le Seigneur le restaure. «Simon, fils de Jonas, m’aimes-tu? …Pais mes brebis ». On comprend alors la parole de Paul à Timothée, qui s’adresse aussi à nous: «Je t’exhorte à ranimer le don de Dieu que tu as reçu par imposition de mes mains. Car ce n’est pas un esprit de timidité que Dieu nous a donné, mais un esprit de force, d’amour et de discipline propre ».
Inutile de regarder en arrière, de se lamenter sur ceci ou cela, à propos de ce qui s’est passé dans nos vies. Dans sa bonté, le Seigneur pardonne, couvre nos fautes et ouvre de nouvelles portes. Il ranime le don que nous avions peut-être négligé.
A l’église d’Ephèse, Jésus dit: «Ce que j’ai contre toi, c’est que tu as abandonné ton premier amour». Elle avait répondu, connu le réveil, le zèle, l’expansion, puis elle était retournée en arrière. Le Seigneur reprend aussi celle de Laodicée: «Aie donc du zèle et repens-toi». Regardons donc en face ce que Dieu veut aujourd’hui pour nous. Notre vocation sera ainsi affermie pour l’éternité.
«C’est pourquoi, frères, appliquez-vous d’autant plus à affermir votre vocation et votre élection». En ce qui me concerne, j’aurais imaginé que l’élection était immuable et éternelle. Certainement, Dieu nous connaît de toute éternité. Mais il faut que je réponde à son appel car, finalement, quels sont les élus? Ceux qui réalisent leur vocation, ceux qui obéissent, ceux qui mettent en pratique et que Dieu connaît d’avance. «Appliquez-vous d’autant plus à affermir votre vocation et votre élection, dit la Parole, car en faisant cela, vous ne broncherez jamais. C’est ainsi que l’entrée dans le royaume éternel vous sera pleinement accordée». Parce que Dieu (cela a été dit pour Israël et je le répète ici) ne se repent ni de ses dons, ni de son appel (Rom. 11, 29). «Je cours vers le but, disait Paul, afin de remporter le prix de la vocation céleste en Jésus-Christ».
Cela commence avant toute éternité et nous conduit jusque dans le ciel, dans l’éternité qui est devant nous. Tels sont la portée et le prix de cette vocation céleste.
Il est donc clair que nous sommes tous appelés. J’espère que nous en sommes tous convaincus, et par conséquent, prêts à obéir. Sachons dire désormais: Seigneur, envoie-moi! Et non pas seulement: Il manque des vocations dans nos églises; envoie tel ou tel jeune auquel je pense! Ne serait-ce pas aux chrétiens d’âge mûr de telle ou telle église (et qui en ont les moyens) de faire quelque chose de plus? La réponse et l’action commencent par nous. Si nous agissons tous ensemble, nous serons tous merveilleusement bénis.

(Conférences de Lavigny, Suisse, 1968)


les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)