L’OEcuménisme dans la Bible : le bon et le mauvais

Introduction

Voici comment le « Petit Robert » définit l’ocuménisme: – « Mouvement favorable à la réunion de toutes les églises chrétiennes en une seule ». Cette définition est elle-même discutable, et il est évident que, dans ce sens restreint, il n’y a pas d’ocuménisme dans la Bible. Pour le N.T., l’église universelle de la Nouvelle Alliance est une réalité spirituelle, et les églises locales sont unies par des liens spirituels, et non administratifs.

Cependant, dans un sens plus large il y a bien un « ocuménisme » dans la Bible, ou plutôt il yen a deux, l’un bon et l’autre mauvais. Signalons que le mot grec « oikoumené » veut dire « terre habitée » ou « habitable », et qu’il est employé assez souvent dans la LXX (version grecque ancienne de l’A.T., datant d’avant J.-C.), surtout dans les Ps (ex. 24.1, la terre), et dans Esaïe. La première mention est dans Ex 16.35; Israël a mangé la manne jusqu’à son entrée dans la terre (promise). Dans le N.T. il désigne l’Empire Romain (Luc 2.1), et la terre entière (Luc 4.5), où il est traduit par « monde » (Colombe). A partir du 4e siècle les Pères de l’Eglise ont employé ce terme pour désigner la totalité de la réalité ecclésiastique de leur époque (les « conciles ocuméniques » rassemblaient idéalement des représentants de toutes les églises), et enfin il a été repris au XXe siècle dans le cadre de la recherche de l’unité de toutes les églises dites « officielles ».

Mais le bon ocuménisme est la reconnaissance réciproque, franche, et loyale, de l’autre en tant que serviteur de Dieu authentique. Il est opposé à l’exclusivisme et à l’étroitesse d’esprit. Le mauvais est la confusion entre la religion révélée et les religions humaines, même si elles se disent « chrétiennes ».

I. L’ocuménisme dans l’Ancien Testament

Le premier, et peut-être le meilleur exemple de bon ocuménisme dans la Bible, est la rencontre d’Abram et de Melchisédek dans Gen 14.17-20. Abram rentre en direction d’Hébron, de sa sortie courageuse où il a pu délivrer Lot et sa famille des mains de la confédération des rois du nord; il passe tout près de Jérusalem, d’où vient à sa rencontre le roi/sacrificateur Melchisédek. (L’identification de Salem avec Jérusalem est justifiée par le Ps 76.3, où Salem est assimilée Sion). La seule ombre au tableau est la présence du sinistre roi de Sodome, qui servira de contraste. Il faut peut-être insister sur le fait que ce Melchisédek est un être humain tout comme Abram; il n’est ni ange ni théophanie (apparition divine), même s’il constitue, avec d’autres personnages de l’A.T., une préfiguration de Christ. S’il n’était pas humain, il ne pourrait être ni roi de Jérusalem, ni sacrificateur (Héb 5.1). Lorsque le texte d’Héb 7.3 dit, à propos de Melchisédek, qu’ il est sans père, sans mère, sans généalogie, et qu’ il n’a ni commencement de jours, ni fin de vie, il ne faut pas en déduire que l’auteur de l’épître le croyait de nature angélique. Il utilise plutôt l’omission, par l’auteur de la Genèse, de ces données généalogiques, pour nous diriger vers la compréhension allégorique du roi de Salem, type du Fils éternel de Dieu.

Nous ignorons si Abram et Melchisédek se connaissaient déjà, ce qui n’est pas impossible. Le pain et le vin que ce roi fit apporter étaient naturellement destinés à restaurer les vainqueurs affamés. C’était un geste pratique de solidarité humaine, par lequel Melchisédek approuvait publiquement l’action énergique qu’avait menée Abram. Après ce geste de munificence royale, c’est le sacrificateur qui parle en bénissant Abram et son Dieu qui est aussi le sien. Car il faut remarquer que l’un comme l’autre, Melchisédek et Abram invoquent le Dieu Très-Haut, Maître du ciel et de la terre, qu’Abram appelle également l’Eternel, le Dieu de l’Alliance qui allait se révéler comme tel à Moïse au buisson ardent (Ex 3).

Leur reconnaissance mutuelle est basée sur leur foi commune au Dieu vivant qu’ils servent chacun dans sa situation respective. Ils n’ont pas ressenti le besoin de former conjointement une « super-église » avec quartier général à Jérusalem, Melchisédek comme PDG, et Abram comme secrétaire général! Dans une pleine communion, ils sont allés chacun son chemin selon la vocation que Dieu lui avait adressée. Melchisédek est rentré à Salem, et Abram a continué à parcourir en long et en large le pays qui lui était promis.

Est vraiment « ocuménique » celui qui reconnaît partout ses frères, et jouit d’une bonne communion avec eux dans le Seigneur, sans nécessité d' »unité » administrative – et sans confusion entre la parole de Dieu et la tradition des hommes. La vraie tradition est la communication de l’évangile de génération en génération, car le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob est celui des générations successives. En ce qui concerne les Pères de l’Eglise, et autres docteurs, faisons comme Calvin qui a cherché à obéir à l’injonction apostolique de tout examiner mais de ne retenir que ce qui est bon et conforme à l’Ecriture, sans prétendre à l’infaillibilité (1 Thes 5.21), ni mépriser les hommes que le Seigneur Christ a donnés à son église (Eph 4.11).

a. Mauvais ocuménisme: Josaphat et Achab

(1 Rois 22 et 2 Chron 18; 19.1-3)

En ce temps-là le peuple de Dieu était divisé entre le royaume de Juda au sud, dont Josaphat était un bon roi, craignant l’Eternel, et celui d’Israël (Samarie) dans le nord, avec le malheureux Achab, celui-là même qui avait épousé Jézabel, païenne idolâtre, et s’était déjà opposé au prophète Elie. Joram, fils de Josaphat, avait d’ailleurs épousé Athalie, fille d’Achab sur l’instigation de son père pour des raisons politiques (alliance contre la Syrie, l’ennemi commun).

En vertu de cette alliance politique mais impie, Josaphat et Achab étaient installés l’un à côté de l’autre dans toute leur gloire royale à la porte de Samarie, et assistaient à un « culte ocuménique » où les prophètes de Baal et d’Astarté disaient des mensonges au nom de l’Eternel. Mais dans un geste de ce qu’on appellerait aujourd’hui le « pluralisme théologique », Josaphat insistait pour que l’on fasse venir Michée, le seul vrai prophète de l’Eternel qui se trouvait alors dans le nord (à ne pas confondre avec son homonyme qui a écrit 150 ans plus tard). Celui-ci, après avoir ironiquement donné le même message de conformisme religieux que les faux prophètes, révéla qu’il venait d’assister à une scène royale autrement plus impressionnante et véridique que celle qui se jouait alors à Samarie; elle scellait le sort d’Achab, qui allait tomber au combat. Achab va tout faire pour que Josaphat soit tué à sa place, mais celui-ci sera sauvé de justesse, et la parole de Dieu s’accomplira, comme « par hasard » (2 Chron 18.33). Lorsque Josaphat est enfin rentré chez lui, le prophète Jéhu le rencontre, et lui reproche son alliance avec Achab: Doit-on secourir le méchant, et aimes-tu ceux qui haïssent l’Eternel? A cause de cela, l’Eternel est indigné contre toi (2 Chron 19.2).

Or, il est à craindre que le culte de Marie et des saints soit comparable à celui de Baal et d’Astarté, du moins sur le plan spirituel, qui est le plus important; Astarté était la reine du ciel… Cela ne veut pas dire bien entendu que tout catholique romain pris individuellement soit méchant, haïssant l’Eternel, mais nous parlons du système romain dans la mesure où il favorise la confusion religieuse, où le Seigneur Christ est déshonoré au profit d’un culte idolâtre qui relève de l’ancien paganisme. (Que ceux qui en doutent viennent faire un tour en Auvergne!). D’où le besoin d’une extrême prudence aujourd’hui dans nos pays où nos églises sont sollicitées par la sirène ocuménique. Les circonstances changent, mais les principes spirituels inculqués par la parole de Dieu demeurent toujours valables.

b. Au retour de la Captivité

(Esdras 4.1-5)

Les adversaires de Juda et de Benjamin étaient les Samaritains: non plus ceux du royaume de Samarie, qui étaient Israélites, ni encore ceux des Evangiles et des Actes, devenus monothéistes, mais des païens installés par les Assyriens à la place des tribus déportées du nord, en partie judaïsés, tout en retenant leur ancien paganisme (2 Rois 17.34 et 41): Ils craignaient l’Eternel, est-il dit, mais rendaient en même temps un culte à leurs statues. Il y a là, hélas, une ressemblance frappante avec le catholicisme romain.

Voici donc leur proposition ocuménique: Nous bâtirons avec vous, car comme vous, nous invoquons votre Dieu…, ce qui était une demi-vérité, mais aussi un vrai mensonge, car pour être invoqué droitement, Dieu doit l’être exclusivement, ce qui n’était pas leur pratique. Dieu n’aime pas les mélanges, comme nous l’enseignent les deux premiers commandements, (Ex 20.3-6). Aimer Dieu, c’est garder ses commandements, Si l’on nous accuse de légalisme, nous invoquerons les paroles de Christ: Il est écrit, tu adoreras le Seigneur ton Dieu, et à lui seul tu rendras un culte (Mat 4.10). C’est donc en vain que le Catéchisme de l’Eglise Catholique affirme: « Le culte des images saintes est fondé sur le mystère de l’Incarnation du Verbe de Dieu. Il n’est pas contraire au premier commandement » (2141); et (2131): « En s’incarnant, le Fils de Dieu a inauguré une nouvelle économie des images ». C’est exactement ainsi qu’une tradition humaine en vient à annuler la Parole de Dieu. Soyons donc clairvoyants et vigilants!

Zorobabel, Josué et les autres chefs ont-ils eu raison de répondre aux Samaritains: Ce n’est pas à vous et à nous de bâtir une maison pour notre Dieu: nous bâtirons nous seuls pour l’Eternel, le Dieu d’Israël (Esd 4.3)? Il est à craindre qu’aujourd’hui beaucoup de croyants les taxeraient tout simplement de sectaires, d’esprits étroits. Mais il ne faut pas oublier qu’en leur temps Zorobabel, le prince de Juda, et Josué, le grand sacrificateur, ont été des préfigurations de Christ (les deux oliviers de Zach 4.14), et ce n’est donc pas à la légère qu’on les condamnerait là où l’Ecriture s’abstient de le faire. Pour notre part nous sommes persuadés que c’est par l’Esprit de Christ qui était en eux qu’ils ont refusé cette collaboration contre nature avec des demi-païens étrangers au peuple de Dieu. N’oublions pas que ceux-ci étaient des « adversaires » (v.1), comme le démontre leur comportement (aux v. 4-5).

Dans les pays francophones comme la France et la Belgique où l’église romaine est très largement majoritaire, il est très tentant pour les évangéliques de vouloir sortir de leur isolement en collaborant à des projets communs tels que des expositions bibliques, etc. Mais, avant de s’y lancer, il faut bien peser le pour et le contre, en se laissant diriger par les principes spirituels qui se dégagent de l’Ecriture. Il faut, par exemple, se donner la peine de lire ce que l’Eglise Romaine dit d’elle-même dans son nouveau catéchisme, où elle se montre malheureusement incapable de renier son passé – ce qui n’empêche pas qu’on y trouve quelques belles pages, au sujet de la Trinité, par exemple.

II. « L’ocuménisme » dans le N. T. : la cohabitation, et ensuite la séparation de l’Eglise par rapport au Judaïsme

Il est indispensable de se rappeler que la partie historique du Nouveau Testament décrit un temps de transition entre l’Ancienne et la Nouvelle Alliance. Ce qui est normatif, ce sont les principes spirituels qui s’en dégagent. C’est ainsi que le Seigneur Jésus, né sous la loi (Gal 4.4), a toujours vécu en Juif pratiquant, tout en dénonçant la tradition des anciens lorsque celle-ci annulait la parole de Dieu; et ses apôtres ont suivi leur Maître en exerçant leur ministère dans la mesure du possible dans le Temple et dans les synagogues, jusqu’à ce qu’ils en soient chassés. Dans ce cadre, on peut parler d’un « ocuménisme » judéo-chrétien, car alors le « papillon » de l’Eglise se dégageait peu à peu du « cocon » du judaïsme.

Ceci dit, il faut tenir compte du fait que le judaïsme de l’époque n’était plus tout à fait la religion de Moïse et des prophètes, à cause précisément de ces couches progressives de traditions humaines qui s’y étaient ajoutées au travers des siècles. C’est ainsi que la démarche pédagogique du Seigneur Jésus comprenait un « décapage » très sérieux, comme on le voit par exemple dans Mat 5.21, 27, 31, 33, 38 et 43. Le Seigneur ne s’en prend pas, bien entendu, à la Loi de Dieu, mais à la mauvaise interprétation de celle-ci par les sacrificateurs et les scribes, dont on voit la glose à la fin des v. 21 et 43. Dès le début, il s’agissait donc d’une cohabitation critique où Christ et ses apôtres cherchaient à ramener Israël à la pure parole de Dieu, comme l’avaient fait Jean-Baptiste, et les Prophètes avant lui.
Mais ici intervenait quelque chose de nouveau: la Nouvelle Alliance promise par Jérémie 31.31ss. Elle a tout de suite rencontré une opposition farouche: Jean-Baptiste, le Précurseur du Seigneur, a été rejeté par les autorités religieuses, et exécuté par Hérode; ensuite ces mêmes autorités ont livré Jésus au procureur romain, et les apôtres ont été persécutés et chassés du Temple et des synagogues.

C’est ainsi qu’après une cohabitation temporaire, l’Eglise s’est progressivement séparée du judaïsme, car à l’époque la première représentait la religion élevée, et le second, la corruption de celle-ci par des traditions humaines. Depuis, l’Eglise « officielle » a eu largement le temps de se corrompre de la même façon et il ne faudrait pas que nous pensions être nous-mêmes à l’abri d’un traditionalisme stérile! Quoi qu’il en soit, tout cela était prévu et écrit d’avance: Es 6.9-10 est cité dans les 6 premiers livres du N.T.! C’est le douloureux mystère de l’incrédulité d’Israël qui perdure jusqu’à nos jours, mais qui prendra bientôt fin, comme nous promet Rom 11.

Puisque l’Evangile est pour le Juif premièrement (Rom 1.16), Paul a profité de la tribune que lui offrait la liberté de parole dans la synagogue pour annoncer l’Evangile, d’abord aux Juifs, puis aux prosélytes et aux païens craignant Dieu, dans chaque ville qu’il visitait. C’est seulement lorsqu’il en était rejeté qu’il réunissait les chrétiens à part. Paul allait aussi loin qu’il le pouvait dans sa conformité extérieure au judaïsme, en se faisant tout à tous; par exemple, il a circoncis Timothée, non parce qu’il croyait à l’utilité de la circoncision en soi, mais parce que la mère de celui-ci était juive, et Paul ne voulait mettre aucun obstacle à l’évangélisation de ses frères selon la chair. De même, il s’est plié (la mort dans l’âme?) aux exigences de ses frères judéo-chrétiens à son arrivée à Jérusalem (Act 21. 18ss) en pourvoyant aux dépenses de 4 hommes qui avaient fait un vou.

On ne saurait imaginer Paul devenu apôtre, en train d’entamer un dialogue ocuménique avec les autorités juives, afin de « réunir tous les enfants d’Abraham ». Il aurait objecté qu’Abraham eut deux fils, l’un esclave, et l’autre libre, et que l’esclave ne reste pas toujours dans la maison (Jean 8.35, Gal 4.22ss). Ce n’est que par la repentance et la foi en Christ, dons de l’Esprit, que l’on devient vrai enfant d’Abraham, que l’on soit juif ou non. Ceci nous amène à un exemple d' »ocuménisme » vraiment réussi dans le N.T .

Juifs et non-Juifs devenus un même corps en Christ

Jésus et ses disciples étaient tous juifs, comme l’étaient les membres des toutes premières églises, celles de Jérusalem et de la Judée. Mais déjà dans l’A.T. les prophètes avaient annoncé l’accession des nations à la foi (Deut 32.43 LXX), Nations, réjouissez-vous avec son peuple (voir Rom 15,10). Dès le début de son ministère, le Seigneur Jésus avait prédit l’entrée des païens dans l’Eglise (Mat 8.11: Plusieurs viendront de l’orient et de l’occident, et se mettront à table avec Abraham, Isaac et Jacob dans le royaume de Dieu; Jean 10.16: J’ai encore d’autres brebis qui ne sont pas de cette bergerie… il y aura un seul troupeau, un seul berger). C’est ainsi qu’après la Pentecôte, Philippe a été amené à évangéliser les Samaritains avec le succès que l’on sait (Act 8), et à baptiser l’eunuque éthiopien; Simon Pierre a été envoyé dans la maison de Corneille, centenier romain (Act 10 et 11), et a su convaincre ses frères judéo-chrétiens du bien-fondé de son action (Act 11.18: Dieu a donc accordé la repentance aussi aux païens).

De plus en plus il s’est avéré que l’on ne pouvait contenir le vin nouveau de l’Evangile dans les vieilles outres du judaïsme, et à Antioche des hommes hardis ont annoncé l’évangile avec succès aux Grecs (Act 11.19-21). En outre, Dieu préparait déjà son instrument en la personne de Saul de Tarse, devenu Paul, futur apôtre des nations (Act 9.15: Cet homme est pour moi un instrument de choix, afin de porter mon nom devant les nations…). Tout cela a préparé la première mission de Paul (Act 13 et 14), où Juifs et non-Juifs se sont convertis à Antioche de Pisidie, Iconium, et Lystre. Cependant, au retour de Paul et Barnabas à Antioche (de Syrie), il arrive ce qui devait arriver: Quelques hommes, venus de la Judée, enseignaient les frères en disant: Si vous ne vous faites pas circoncire selon la coutume de Moïse, vous ne pouvez être sauvés (Act 15.1). C’est ce qui a précipité le « Concile de Jérusalem », où Pierre et Jacques ont été les porte-parole du Saint Esprit pour maintenir la liberté chrétienne. Toute la question était de savoir si les païens étaient acceptés dans l’Eglise sans se convertir aussi au judaïsme. L’ordre donné aux chrétiens d’origine non juive de s’abstenir du sang (v. 29), était une mesure provisoire pour faciliter la coexistence de Juifs et de non Juifs dans les églises.

C’est ce même souci de cohabitation fraternelle et ocuménique qui a poussé Paul à montrer tant de zèle à organiser la collecte parmi les églises non juives, en faveur des chrétiens pauvres de la Judée. Il y voyait une façon pratique de susciter un véritable ocuménisme entre ces chrétiens et églises d’origine si diverse; et comme une anticipation de l’accomplissement de la prophétie d’Esaïe, qui prévoyait que les nations apporteraient leurs richesses à Jérusalem.

C’est ainsi que ce virage difficile a été négocié avec succès, grâce à l’assistance de l’Esprit Saint, et que Juifs et non Juifs ont pu vivre ensemble, dans l’Eglise, une réelle communion d’esprit. La condition d’une telle unité est que chacun soit prêt à abandonner la vaine manière de vivre qu’il a héritée de ses pères (1 Pi 1.18), et à marcher pleinement dans les voies que le Seigneur nous a indiquées dans sa Parole. Aujourd’hui les chrétiens et les églises peuvent s’unir dans la mesure où ils en font autant: Si vous savez cela, vous êtes heureux pourvu que vous le mettiez en pratique, Jean 13.17.

Voilà donc en quoi consiste le vrai et le bon ocuménisme.

C. P.

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Écrit par

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

Écrit par

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Écrit par

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)

 

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