Servir Dieu dans l’Evangile de son Fils et dans l’Esprit de son Fils

Article initialement publié dans le « Témoin » de l’Action Biblique

Introduction

Un texte de l’Epître de Paul aux Romains a plus d’une fois retenu mon attention et nourri ma réflexion. Le voici: Dieu, que je sers en mon esprit dans l’Evangile de son Fils, m’est témoin que je fais sans cesse mention de vous demandant continuellement dans mes prières d’avoir enfin, par sa volonté, le bonheur d’aller vers vous (Rom 1.9-10).

Avant de s’exprimer extérieurement, le service de l’apôtre Paul se situait dans son esprit, c’est-à-dire dans son « homme intérieur », la partie la plus intime de son être. Etant fils de Dieu par la foi en Jésus-Christ (cp. Gal 3.26), Paul avait reçu dans son cour l’Esprit de son Fils (cp. Gal 4.6), Aussi servait-il Dieu dans l’Evangile du Fils, en plein accord avec ses enseignements, mais aussi dans l’Esprit du Fils, en conformité avec l’ exemple que le Fils a donné en tant que Serviteur parfait.

Ces quelques mots d’introduction suscitent quelques questions: Servons-nous Dieu? Comment le servons-nous? Ou bien: Nous servons-nous de Dieu?

L’on parle beaucoup de servir Dieu sans se douter qu’on peut se servir du service de Dieu pour atteindre des fins personnelles, et qu’un service pour Dieu n’est agréable que s’il est accompli dans l’Esprit de son Fils. Le Fils a servi dans l’esprit du sacrifice alors que beaucoup d’hommes poursuivent l’exaltation de la personnalité et des dons sous couvert du service de Dieu. Ils voient dans l’Eglise le moyen de mettre leurs personnes en valeur et en avant ils prétendent servir Dieu et s’écartent de l’exemple que Jésus a donné en servant Dieu dans l’Esprit de Dieu. Si Jésus-Christ n’a pas servi sans l’Esprit de Dieu, nous ne pouvons pas servir Dieu sans l’Esprit de son Fils. (Lire et méditer Es 42.1-3; Marc 10.45; Act 10.38; Phil 2.5-8).

La mentalité qui prévaut aujourd’hui est aux antipodes de l’Esprit du Fils, de la notion de sacrifice, de renoncement, de dépouillement, d’effacement, d’obéissance. L’on encourage plutôt tout ce qui plaît à la vie naturelle et tout ce qui peut souligner les dons, les droits et les revendications de cette vie. Reconnaissons honnêtement que le « moi » occupe plus souvent le trône que Jésus-Christ. Ce qui plaît à la chair est devenu le critère suprême alors que les exigences de l’Ecriture sont tout simplement ignorées ou méprisées. Une telle situation fait irrésistiblement penser au temps des Juges où il n’y avait plus de roi en Israël et où chacun faisait ce qui paraissait bon à ses yeux (cp Jug 17.6).

Quand le principe d’autorité est enlevé, plus rien ne fait barrage aux débordements du subjectivisme et de l’égoïsme, aux fantaisies du moi, aux caprices de la chair. L’érosion de la mentalité chrétienne a ouvert la voie à l’ anarchie jusque dans la maison de Dieu. Si les Juifs refusaient le gouvernement de Dieu du temps des Juges, il est bien des chrétiens qui refusent aujourd’hui de reconnaître l’existence des conducteurs spirituels et la légitimité de leur autorité, en dépit de textes aussi clairs que 1 Thes 5.12-13, 1 Tim 5 17 et Héb 13.17. Qu’est-ce à dire sinon qu’ils relativisent la vérité et l’autorité mêmes de l’Ecriture! Car, s’ils respectaient pleinement l’Ecriture comme suprême et infaillible autorité en matière de foi et de conduite, ils se soumettraient à son enseignement et à ses exigences et ils ne discuteraient pas l’ autorité des conducteurs établis par Dieu. Seuls l’orgueil, la recherche de l’ autonomie, le désir de « se prendre en charge » soi-même, le refus de la directivité, le principe d’autogestion sont à la base de ce formidable mouvement d’émancipation qui agit comme un ferment dans le monde et dans l’Eglise. Le moment vient donc où le jugement va commencer par la maison de Dieu (cp 1 Pi 4.17), car la maison de Dieu s’est laissé entamer et corrompre par l’ esprit du monde !

La vie et l’attitude de l’apôtre Paul

Paul servait Dieu en son esprit, dans l’Evangile de son Fils et dans l’Esprit de son Fils. Si nous considérons sa vie et son attitude, en rapport avec l’église de Corinthe, nous sommes dans le contexte historique de notre thème.

En effet, quel contraste entre celui qui voulait être regardé comme serviteur de Christ (cp 1 Cor 4.1) – dans le sens le plus humble du terme – et certains membres de l’Eglise de Corinthe enflés d’orgueil et régnant dans un état d’autosatisfaction frisant l’ inconscience et constituant une sorte de provocation face aux conditions de faiblesse, de souffrance et d’ignominie qu’enduraient les apôtres du Seigneur identifiés à leur maître! Sentons profondément ce contraste choquant en méditant les versets 8 à 15 de 1 Cor.4.

La lecture de ce passage nous permet d’évaluer ce que l’apôtre a enduré au sein de l’Eglise de Corinthe, dont il était le père spiri tuel, mais aussi le serviteur à cause de Jésus (cp 2 Cor 4.5).

Cette Eglise avait mis sa gloire dans des hommes (cp 1 Cor 1.12; 3.21 et 4.6) au lieu de se laisser attirer et subjuguer par la croix. Elle contestait le ministère de Paul, apôtre, et se laissait influencer par des hommes ambitieux, de différents clans, se donnant comme super-apôtres (cp 2 Cor 10.7: 11.2-6, 13).

En plus de cela, et alors qu’elle avait été spirituellement comblée par Dieu au travers du ministère de Paul (cp 1 Cor 1.4-7), l’Eglise de Corinthe lui reprochait d’avoir voulu profiter d’elle sur le plan matériel (cp 2 Cor 7.2; 12.16-18).

Il y aurait eu de quoi décourager quelqu’un dépourvu d’un esprit désintéressé, de l’esprit de service, de l’Esprit même du Fils. Ce n’était heureusement pas le cas de l’apôtre Paul qui, tout en défendant son ministère et son apostolat (cp 1 Cor 9.1-3) et en rejetant les accusations mensongères, ne se soustrayait pas à la croix et continuait à aimer les Corinthiens et à servir Dieu en ne faisant aucun cas des préjudices moraux qu’il subissait entant que personne! Ne glorifiait-il pas son Maître en écrivant les paroles suivantes aux Corinthiens: Voici, pour la troisième fois je suis prêt à aller chez vous, et je ne serai point à votre charge; car ce ne sont pas vos biens que je cherche, c’est vous- mêmes. Ce n ‘ est pas en effet, aux enfants à amasser pour leurs parents, mais aux parents pour leurs enfants. Pour moi, je ferai très volontiers des dépenses et je me dépenserai moi-même pour vos âmes. En vous aimant davantage, serai-je moins aimé de vous? (2 Cor 12.14-15).

Ce merveilleux passage met en relief un aspect, une dimension, sans lesquels le christianisme est réduit à une forme et devient une caricature de ce que son fondateur a manifesté: l’aspect et la dimension de la croix. Pensons à Jésus-Christ qui a marché vers l’heure du sacrifice, le sachant et le voulant. A aucun moment il n’ a voulu échapper à la mort de la croix (cp Luc 12.50; Mat 16.21; Jean 10.18 et 12.27-28). Depuis le baptême dans le Jourdain, où il s’identifia au pécheur. il s’avança résolument vers Golgotha, où Dieu le fit devenir péché pour nous, afin que nous devenions en lui justice de Dieu (cp Mat 27 .46; Rom 8.3; 2 Cor 5.21; Gal 3.13-14).

La sagesse et l’orgueil humains s’insurgent contre la croix car l’homme animal ne comprend pas les choses de l’Esprit de Dieu. Pour lui, la croix est une folie un scandale, une faillite (cp 1 Cor 1.18, 22-24; 2.1-2, 6-14). Le diable a toujours proposé un christianisme sans la croix, car un tel christianisme ne dérange pas ses plans puisqu’il laisse l’homme dans son autonomie par rapport à Dieu et dans son esclavage en ce qui concerne le péché.

L’ apôtre Paul ne voulait pas servir Dieu sans être identifié à Christ dans son humiliation, ce qui reviendrait à vouloir être plus grand que le Maître! (cp. Luc 22.24-27; Jean 13.16; 15.18-21). Il acceptait tout ce qu’implique le fait d’être une même plante avec Christ dans sa mort et sa résurrection.

Sans l’acceptation du sacrifice, nous buterons sans cesse sur les obstacles internes et externes que les circonstances de la vie mettent en évidence et nous remettrons constamment en cause notre marche chrétienne. Dès que surviendra une épreuve à cause de la parole (cp Mat 13.20-21), nous y trouverons une occasion de chute. La moindre contrariété, le plus petit renoncement nous surprendront loin de la croix, en flagrant délit de vouloir sauver notre vie égoïste. Acceptons donc la voie tracée par le Seigneur à ses disciples: Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même, qu’ il se charge de sa croix, et qu’il me suive. Car celui qui voudra sauver sa vie la perdra, mais celui qui la perdra à cause de moi la trouvera (Mat 16.24-25).

L’apôtre Paul en était arrivé à l’oubli de lui-même. Vivante offrande, il acceptait un préjudice constant en renonçant à lui-même. Aussi pouvait-il dire: Ce n’est plus moi qui vis, c’est Christ oui vit en moi (Gal 2.20). Je ne fais pour moi-même aucun cas de ma vie, comme si elle m’était précieuse, pourvu que j’accomplisse ma course avec joie, et le ministère que j’ai reçu du Seigneur Jésus, d’annoncer la bonne nouvelle de la grâce de Dieu (Act 20.24). Bien avant sa mort de martyr il servait déjà de libation pour le sacrifice (cp Phil 2.17 et 2 Tim 4.7).

Acceptons-nous cette répudiation du moi sans nous retrancher derrière le fait que les autres devraient d’abord en donner l’exemple? Le regard sur les autres peut devenir un prétexte, une excuse, un paravent. Attendre le perfectionnement de l’autre, c’est se paralyser soi-même, bloquer les relations fraternelles et empêcher l’engagement que Dieu nous destine. Combien de chrétiens regardent les autres et déterminent leur comportement à partir de ce que sont et de ce que font les autres! Il est certain que le diable a remporté ses plus grandes et ses plus nombreuses victoires à travers l’ orgueil, la susceptibilité, l’égoïsme des chrétiens et l’ activité incontrôlées de leurs langues médisantes et amères! (cp Jac 3.1-12). Tout cela est plus à craindre que les persécutions venant du monde sans Dieu. Ainsi donc, le chrétien qui résiste à la croix ne peut servir Dieu d’une manière conforme à l’Evangile, et à l’Esprit de Jésus-Christ. De plus, il fait le jeu du diable et devient un élément nuisible pour ses frères et sours dans la foi! Combien cela est triste et déshonorant!

Quelques illustrations de l’attitude sacrificielle de l’apôtre Paul

A. Paul s’étonnait de la jalousie et des disputes qui déchiraient les Corinthiens (cp 1 Cor 3.1-3). Attristé par leur esprit de clan fondé sur des préférences humaines: Moi, je suis de Paul moi d’Apollos! (cp 1 Cor 3.4), il s’écriait: Qu’est-ce donc qu’Apollos, et qu’ est-ce que Paul ? Des serviteurs, par le moyen desquels vous avez cru, selon que le Seigneur l’a donné à chacun (1 Cor 3.5).

En ne voulant pas être estimé pour plus qu’il n’était, un serviteur, Paul ne cherchait en aucun cas les applaudissements des hommes. Il acceptait d’être regardé seulement et simplement comme un instrument de la grâce de Dieu. La croix l’empêchait de devenir un personnage important, une vedette religieuse. Ce qu’il était il le devait exclusivement à la grâce de Dieu (cp 1 Cor 15.10).

B. L’unique préoccupation de Paul, comme serviteur de Christ et dispensateur des mystères de Dieu, se résumait à ceci: être trouvé fidèle (cp 1 Cor 4.1-2). Par conséquent il lui importait fort peu d’être jugé par un tribunal humain. Il s’ en remettait au jugement souverain et objectif du Seigneur: Celui qui me juge, c’est le Seigneur (cp 1 Cor 4.4). La croix opérait sur sa sensibilité à l’opinion et au jugement d’autrui. Il remettait sa cause à Dieu qui dispose du temps pour mettre en lumière ce qui est caché dans les ténèbres et pour manifester les desseins des cours. Alors chacun recevra de Dieu la louange qui lui sera due (1 Cor 4.5).

C. Paul se savait libre en Christ. Il n’ignorait pas ses droits: Ne suis- je pas libre?. N’avons-nous pas le droit de manger et de boire ? N ‘ avons-nous pas le droit de mener avec nous une sour qui soit notre femme, comme font les autres apôtres, et les frères du Seigneur, et Céphas? (1 Cor 9.1, 4-5). Pourtant il acceptait la croix sur sa liberté et sur ses droits, par amour pour les autres en rapport avec la faiblesse de leur conscience! (cp 1 Cor 6.12; 8.9; Rom 14.13; 1 Cor 10.23-24, 28-29). S’il n’usait pas nécessairement de tous ses droits de chrétien et de prédicateur, c’était pour ne pas créer d’obstacle à l’Evangile de Christ (cp 1 Cor 9.6-12). Libre à l’égard de tous il se rendait le serviteur de tous, afin de gagner le plus grand nombre (cp 1 Cor 9. 19). En se faisant tout à tous il s’identifiait – sans compromis avec le mal, ni l’ erreur – à tous ceux qu’ il évangélisait. L’on ne trouvait chez lui ni duplicité, ni hypocrisie, ni rigidité formaliste.

Conclusion

Bien qu’ayant les dons, les droits, la charge et les preuves de l’apostolat, bien qu’ayant eu part à des révélations ineffables, Paul n’ a jamais voulu en tirer une satisfaction personnelle, se prévaloir de rien (cp 2 Cor 12.1-10). Il n’aspirait qu’ à une chose: que Christ, sa vie, apparaisse en lui pour que d’autres soient gagnés à Lui. Nous avons à nous poser cette question: Qui paraît en moi? Est-ce Christ ou le moi ? Il faut que ce soit Christ si je veux servir Dieu agréablement et efficacement.

Car vous êtes morts, et votre vie est cachée avec Christ en Dieu. Quant Christ, votre vie, paraîtra, alors vous paraîtrez aussi avec lui dans la gloire (Col 3.3-4).

J.-J. D.

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En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Écrit par

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

Écrit par

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Écrit par

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)

 

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