Quelques expériences de George Müller

De tout temps, l’Eglise s’est préoccupée de la situation matérielle de ses membres et a tâché d’exercer la charité au dehors. L’importance attachée aux questions sociales dans notre civilisation actuelle a posé à l’Eglise des XIXe et X Xe siècles des problèmes particuliers, qu’elle a résolus de diverses manières.

Certains chrétiens ont cherché à soulager la misère autour d’ eux sans créer de grandes organisations. Ils ont ainsi travaillé au bien-être matériel de leur entourage, comme par exemple Félix Neff dans les Hautes-Alpes, ou, avant lui, le pasteur Oberlin ( 1740-1826) du Ban-de- la-Roche en Alsace. Ce dernier, au cours d’un ministère de 60 ans, a appris à ses paroissiens, bûcherons grossiers, à cultiver un jardin, à construire des routes, il a introduit des métiers, tout cela avant tout pour la gloire de Dieu et le salut des âmes.

D’autres ont eu pitié de l’enfance abandonnée. Ainsi Georges Müller (1805-1898) a fondé un orphelinat à Bristol. Un de ses buts essentiels était de montrer au peuple de Dieu que le Seigneur prend soin de ceux qui s’attendent à Lui pour leurs besoins matériels. Sans jamais rien demander à personne, il a toujours reçu, en réponse à la prière, tout ce qui était nécessaire à l’ entretien des 2000 orphelins qu’il avait recueillis.

(J.-M. Nicole, in Précis de l’Histoire de l’Eglise, p. 250)

L’article qui suit contient essentiellement les réflexions-mêmes de G. Müller, telles que Mme G. Brunelles a traduites dans son livre: «Georges Müller, sa vie et son oeuvre» (Cahors, 1926, p. 358 à 366).

Economes du Seigneur : Quelques détails sur la gérance de G. Müller -29 mai 1874.

«Durant les trente ans écoulés, j’ ai souvent souligné que l’enfant de Dieu était l’économe du Seigneur, et qu’il y avait lieu de donner de façon systématique à mesure que Dieu bénissait, sans s’amasser de trésors sur la terre; j’ ai dit les bénédictions temporelles et spirituelles qu’il y avait à obéir au Seigneur, les fruits abondants que récoltaient ceux qui agissaient selon les principes qu’il pose lui-même… mais je n’ai pas donné en chiffres l’état de ma gérance. C’est ce que je veux faire passer maintenant sous les yeux du lecteur en remontant à l’époque où j’ai commencé d’ appliquer ces principes. Je ne recherche pas la louange des hommes mais la gloire de Dieu et le bénéfice que mes frères pourront tirer de mon exemple. Je laisserai les derniers mois de 1830 et commencerai avec 1831. Cette année-là, il plut au Seigneur de me donner trois mille sept cent quatre-vingt-quinze francs sur lesquels nous avons donné mille deux cent cinquante francs. Je dis nous, car ma bien chère femme partageait absolument ma façon de voir et elle désirait autant que moi vivre de façon simple et économique à cause du Seigneur.

En 1833, je reçus quatre mille huit cent quatre-vingts francs. Remarquez que le Seigneur nous rendit et bien au-delà, ce que nous avions donné pour lui, non seulement les douze cent cinquante francs, mais presque quatre fois cette somme. C’est ainsi qu’il fait; j’ai souvent eu l’occasion de l’observer durant ces quarante-quatre ans passés. Cette année-là, nous avons donné au Seigneur dix-sept cent cinquante francs. Une petite fille était née à notre foyer, mais cela ne modifia pas notre manière de faire; nous ne fûmes que plus désireux de nous amasser des trésors dans le ciel afin qu’elle aussi en eût le bénéfice.» (…)

Avec les années, G. Müller reçoit davantage: en 1839, quelque neuf mille francs et il donne aussi toujours davantage. Mais en 1840, il ne reçoit que six mille soixante-deux francs:

«Le Seigneur change souvent de méthode, écrit-il à ce propos. Non seulement cette année-là il n’y eut pas d’augmentation, mais encore une sérieuse diminution. C’est ainsi que Dieu éprouve souvent la foi de ses enfants ayant en vue leur plus grand bien: il leur enseigne de très précieuses leçons et permet certaines difficultés pour éprouver leur coeur. Et que fîmes-nous, ma chère femme et moi? Nous n’avons pas dit: «Le Seigneur nous a oubliés!» Nous n’avons pas dit non plus que, dorénavant, il y aurait lieu d’économiser l’argent dont nous n’avions pas besoin; mais nous continuâmes de donner dans la mesure du possible.

En 1841, l’épreuve de notre foi continua. Mais l’année suivante, il plut au Seigneur de nous confier davantage, soit huit mille deux cent quarante-quatre francs. Sur cette somme, nous avons donné trois mille deux cent cinquante francs. Nous ne nous sommes pas dit alors que la maison que nous habitions et qui était louée nous convenait, et qu’il serait sage de mettre de l’ argent de côté pour l’ acheter. Mais nous souvenant que nous sommes ici-bas étrangers et voyageurs, que nos possessions sont célestes et à venir, et que nous ne sommes que les économes de ce que le Seigneur nous confie, nous lui avons consacré tout ce que nous possédions. Je ne crains pas de me placer à côté du chrétien qui, en 1842, a essayé d’amasser des richesses pour lui-même et a persévéré dans cette voie, et de lui demander s’il est plus heureux que moi, et s’il a de plus brillantes espérances que les miennes pour l’éternité. Oh! si les chrétiens voulaient s’attacher à la Parole de Dieu et conformer leur vie à ce qu’elle enseigne!…

En 1845, je reçus dix mille huit cent trente-trois francs. Remarque, cher lecteur, qu’il plut au Seigneur de me rendre les deux mille cinq cents francs que j’ avais donnés en son nom, en 1844. Cette année nous eûmes la grande joie de pouvoir donner cinq mille cinq cents francs. Non pas dans le but d’obtenir davantage, mais pour que Dieu fût glorifié, avec les moyens qu’il lui plaisait de mettre à notre disposition. Tel répand son bien qui l’augmente encore davantage, et tel épargne outre mesure pour n’aboutir qu’ à la disette (Prov. 11.24).

En 1852, je reçus onze mille cent trente-sept francs. Que le lecteur veuille bien se souvenir que je n’avais pas de traitement, que je ne recevais rien pour les actes pastoraux…, que ni ma femme ni moi nous ne touchions rien comme directeurs des Orphelinats où cependant nous travaillions beaucoup tous les jours, et année après année. J’auraispu, en toute justice, attribuer à chacun de nous un salaire, car pour parler à la manière des hommes, nous le gagnions bien! Mais pour plusieurs raisons nous avons préféré ne pas le faire, et dépendre uniquement du Père céleste qui est toujours si bon et si tendre envers ses enfants.

En 1858,je reçus vingt-cinq mille sept cent vingt-sept francs trente-sept centimes et demi. Le total est exact, même pour les centimes. Il y a des centimes dans les sommes qui me sont envoyées anonymement. Tu es peut-être surpris du chiffre de cette somme, cher lecteur? C’est effectivement un chiffre élevé… mais tu as c’ertainement découvert mon secret… Ce n’est pas à cause de mes mérites, ni parce que je demandais quoi que ce soit aux hommes directement ou indirectement en leur laissant entendre mes besoins… Je n’en parle qu’à Dieu. Et quand il lui plaît de me donner plus que le nécessaire pour ma famille et pour moi, je le consacre avec joie à son oeuvre ou au service des pauvres ou aux membres de la famille qui peuvent en avoir besoin; je me considère comme l’économe du Seigneur; du moins j’essaye de l’être. Et il lui plaît de me confier toujours davantage, ce qui me procure la joie et l’honneur de pourvoir aux nécessités des autres et de donner pour son oeuvre. Sur la somme ci-dessus, nous avons donné dix-neuf mille neuf cent francs. (…)

En 1862… Dieu nous a fait la grâce de pouvoir donner vingt et un mille neuf cent vingt et un francs vingt-cinq. Je dis que Dieu nous a fait cette grâce. Car n’imagine pas, cher lecteur, que l’argent m’est indifférent, et que c’est pour cela que je le donne… Non, tu te tromperais fort. En cela comme en toutes choses j’ai besoin de faire monter vers Dieu la prière du psalmiste : Aide-moi, et je serai sauvé (Ps 119.117). Si j’étais laissé à moi-même et malgré toutes les expériences faites, je me laisserais aller à aimer l’argent, à l’entasser, à essayer d’augmenter ce qu’on me donne; car je suis calculateur par nature, et mon tempérament naturel est celui de l’homme d’affaires. Mais Dieu me fait la grâce de calculer pour l’éternité…, de calculer que le Seigneur Jésus s’est fait pauvre pour que je fusse enrichi, de considérer qu’il a versé son sang pour me sauver; il convient donc que je lui donne en retour ce qu’il lui a plu de me confier à titre d’économe.»

En 1870, l’année de la mort de Mme Müller, G. Müller reçut cinquante et un mille six cent quatre-vingt-sept francs quinze… sur lesquels il donna quarante-deux mille huit cent trente-neuf francs quarante-cinq.

Durant les années suivantes, Müller garda davantage par-devers lui; et il explique que cela ne provenait pas d’ une augmentation de dépenses personnelles, ou de ce qu’il s’était décidé à placer de l’argent… Non! mais il n’ avait pas eu l’occasion de tout dépenser utilement. Par contre, en 1874, il fut amené à donner durant les cinq premiers mois douze mille cinq cent francs de PLUS QUE CE QU’IL AVAIT RECU

A cette époque, les dons pour l’Oeuvre restant constamment en-dessous des dépenses, G. Müller considéra la situation en face. C’étaient deux mille cent bouches qu’il fallait nourrir chaque jour, sans compter tous les frais de vêtements, d’entretien, les soins médicaux, etc… De plus, il aidait cent quatre-vingt-neuf missionnaires, soutenait cent écoles ayant ensemble quelque neuf mille élèves, il fournissait des millions de traités et des milliers d’exemplaires de l’Ecriture. Enfin, à côté des dépenses courantes, il y avait les dépenses imprévues avec lesquelles il fallait aussi compter. Allait-il se trouver devant une caisse vide? Voici ce qu’il écrivit à ce propos:

«Dieu notre trésorier, notre trésorier infiniment riche nous reste. C’est cette pensée qui me donne la paix… Lorsque j’ai vu se dresser devant moi la possibilité d’une caisse vide, je me suis dit presque invariablement: Puisque Dieu s’est servi de moi pour fonder cette Oeuvre et qu’ il m’a conduit à l’agrandir, puisqu’ il a subvenu jusqu’ici, c’est-à-dire durant quarante ans, à tous ses besoins, il donnera encore le nécessaire. J’ai mis ma confiance en lui; il ne permettra pas que je sois confus.»

C’est à propos des sommes gardées pendant les années d’ abondance, surplus qui lui permit de traverser les mois de disette, que G. Müller écrivit les lignes suivantes:

«Ce serait une erreur de croire que je me hâte de dépenser ce que je reçois, comme si c’était un crime que de posséder quelques billets de banque. Non! Mais ce que je veux, c’est de ne jamais me considérer comme le propriétaire de ce que j’ai, peu ou beaucoup, et d’avoir présent à l’esprit que cela appartient à Dieu et non à moi… J’ai donc pu donner du 1er janvier au 26 mai 1874, beaucoup plus que je ne recevais et subvenir aux dépenses de l’Oeuvre que les dons ne couvraient plus.

Bien des lecteurs diront j’en suis sûr: Qu’il fait bon pouvoir donner ainsi! Qu’il est agréable de pouvoir répandre si largement. – Que j’aimerais pouvoir faire de même! Effectivement! C’est là une expérience bénie. Ne voulez-vous pas la faire aussi? Donnez, à mesure que Dieu vous bénit et qu’il vous accorde l’aisance. Ne donnez que peu si vous n’avez pas assez de foi pour donner beaucoup: mais ce que vous faites, faites-le de tout votre coeur, avec fidélité, avec persévérance. Ne faites pas un essai de quelques semaines seulement…, continuez quelles que soient vos circonstances…, et vous aurez toujours plus de joie à donner.

Encore un mot. Comme économes du Seigneur, il ne convient pas que nous dépensions largement pour nous-mêmes. Je me suis toujours accordé le nécessaire, et même ce qui rend la vie confortable, facile, surtout depuis que j’avance en âge; mais je me suis toujours gardé du luxe…

Et maintenant, au soir de la vie, pensez-vous que je regrette les six cent soixante-quinze mille francs que j’ai donnés jusqu’ici? Certainement pas! Et je bénis Dieu de l’honneur qu’il m’a conféré en me permettant de les donner».

La biographie de G. Müller peut être obtenue aux éditions Emmaüs (1982), sous le titre: «G. Müller, l’audace de la Foi.»

G.M.

Mettez-moi de la sorte à l’épreuve, dit l’Eternel des armées.
Et vous verrez si je n’ouvre pas pour vous les écluses des cieux,
Si je ne répands pas sur vous la bénédiction en abondance.

Mal 3.10

 

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)