Samson: Un pays ravagé

(Juges 15)

Israël devait passer tous les habitants de la terre promise par le fil de l’épée (Deut 20.16). La conquête par extermination commencée sous Josué devait être achevée par les générations suivantes. Devant le refus d’accomplir la justice divine, devant la multiplication de compromis et d’alliances avec les populations locales, Dieu s’est retourné contre son peuple. Comme annoncé par Moïse (Deut 28.15-68), le malheur était au rendez-vous.

La tâche de Samson consistait à sortir le peuple de sa léthargie, à le sensibiliser aux dangers des compromis et, en fin de compte, à le mener au combat contre les Philistins. Comme nous l’avons indiqué dans deux études antérieures (Promesses 1993/4, 1994/1 ), Samson est fidèle à l’Eternel. Au travers d’actes symboliques, il cherche à enseigner son peuple. Son mariage avec une Philistine montrait les dangers de mauvaises alliances.

Les récits du chapitre 15 reprennent et complètent le chapitre 14. Samson poursuit son enseignement sur la nature des Philistins et sur le danger d’alliances avec ce peuple. Comme lors de son mariage avec la Philistine (chapitre 14), notre héros enseigne son peuple au travers d’actes symboliques.

Samson visite sa femme

A l’époque de la moisson, Samson retourne vers la Philistine qui lui avait été promise (15.1). Pourquoi retourne-t-il vers elle, puisque lors des noces, il avait dévoilé la nature corrompue de cette femme et de tous les Philistins (Promesses 1994/ 1)? Quel sens donner aux paroles du juge lorsqu’il dit: je vais entrer dans la chambre de ma femme?

La chambre et le lit d’une femme représentent l’endroit de l’ intimité. Samson va vers la Philistine pour s’unir à elle. Il veut consommer son mariage, car lors des noces ( corrompues par l’iniquité des Philistins ), Samson avait quitté sa femme avant de s’unir à elle. Maintenant, il veut la connaître. Cette attitude surprend, puisque notre juge venait de démontrer la folie d’une alliance avec une telle femme. Samson aurait-il modifié son opinion ou serait-il naïf au point de croire que la femme a changé ? Rien de tout cela. Notre héros est convaincu du contraire: rien n’a changé et rien ne changera (malgré la leçon de justice donnée aux Philistins). Samson se montre pourtant prêt à pardonner la trahison passée. Il est même prêt à offrir une deuxième chance aux Philistins, mais comme lors des noces, il sait d’avance que cela ne jouera pas. Il est même convaincu qu’avec les Philistins cela ne pourra jamais jouer.

Lui n’a pas besoin de voir pour le croire. Puisque le Dieu de la vie a interdit des alliances avec ce peuple, cela lui suffit. Son insistance à s’engager avec cette femme vient de son désir de laisser aux Juifs une autre preuve de la nature corrompue des Philistins: un deuxième témoignage qui confirmera le premier. Ainsi, tout doute sera balayé.

Dès son arrivée, Samson apprend que sa femme a été offerte à quelqu’un d’autre (15.1-2). La promesse de lui donner cette Philistine n’a pas été tenue. Pire, le père rejette la faute sur Samson: j’étais persuadé que tu n’avais pour elle que de la haine (15.2). Accuser Samson de ne pas tenir ses engagements, alors que ce sont les Philistins qui ont triché! C’est un comble! Les coupables rejettent la faute sur l’innocent. Ces paroles du père témoignent que rien n’a changé chez les Philistins. Aucun repentir, mais une arrogance toujours plus marquée.

Devant le contrat rompu, devant les accusations infondées, Samson, le juge, doit intervenir et punir les coupables; Lorsqu’ il dit cette fois je ne serai pas coupable envers les Philistins, si je leur fais du mal (15.3), Samson utilise une litote: puisqu’un deuxième témoignage de la culpabilité de ce peuple a été fourni, leur condamnation est sans appel.

Des récoltes incendiées

La justice de Samson sera équitable. Pour comprendre la nature du jugement, il faut saisir d’abord l’ étendue du tort. La période de la visite donne une indication des attentes de Samson. En choisisant l’époque de la moisson (15.1) pour visiter sa femme, notre homme ne manifeste pas seulement un désir de coucher avec elle, mais encore et surtout une intention de recevoir une descendance. En le privant de femme, les Philistins l’ont privé aussi de descendance.

En juste juge, Samson applique la loi du talion: oeil pour oeil, dent pour dent, moisson pour moisson. Puisque les Philistins l’ont privé de sa moisson ( c’est à dire de sa descendance), il les privera de leur moisson. Leurs champs seront incendiés. Le lecteur juif notera, en passant, qu’une alliance avec les Philistins n’offre aucun avenir, puisque toute descendance est supprimée.

300 renards attachés par la queue

Pour accomplir son jugement, Samson attrape 300 renards qu’il attache par la queue avec une torche au milieu. Une fois les torches allumées, notre juge lâche ces 150 paires pour incendier tout le pays des Philistins. L’ action du juge est riche de sens.

En attachant des renards deux à deux par la queue, Samson veut symboliser des alliances mauvaises, des alliances qui ne peuvent produire que la destruction. Imaginez deux renards attachés par la queue. Chacun va tirer de son côté: aucune harmonie n’est possible. De plus si une difficulté se présente, si un problème surgit entre eux comme une torche enflammée, chaque partie redoublera d’efforts pour partir de son côté. Une collaboration des renards pour trouver un étang, y tremper leur queue et éteindre la mèche, est inimaginable. Chacun va tirer de toutes ses forces de son côté. L’anarchie est totale. Tout le pays est parcouru au hasard des efforts de chaque animal. Aucune solution ne peut être trouvée. Pire, tout le pays est contaminé par leur problème; toute la contrée est dévastée. Le message de Samson est clair: une mauvaise alliance ne produit rien de bon. Si Israël s’allie avec les Philistins, l’avenir ne peut être que sombre. A la moindre difficulté, chaque peuple ne pensera qu’à ses intérêts et le pays sera ravagé par les nombreux antagonismes.

Certains trouveront l’action du juge cruelle envers les renards, car ces animaux ont souffert injustement. Mais, dans cette souffrance, n’y a-t-il pas encore un symbole à saisir? Lorsqu’un pays est dominé par des hommes pécheurs, toutes les créatures sont plongées dans la souffrance. Comme les animaux sont des créatures inférieures, elles partagent (en partie) le sort des humains. Ainsi lors de la conquête de certaines villes, les animaux devaient être tués avec les hommes. Si notre esprit peut s’étonner de l’ordre divin, il innocente certainement Samson.

Pour saisir tout le symbolisme de cet acte, il est bon de s’arrêter encore un instant sur la quantité d’ animaux impliqués dans la destruction du pays. Le nombre 300 est peu fréquent dans l’Ecriture, mais il apparaît une autre fois dans le livre des Juges. Jephthé affirme que 300 ans séparent la conquête de la Transjordanie de son époque (11.26). Comme l’oppression des Ammonites du temps de Jephthé est contemporaine à une oppression de Philistins (10.6-7), et comme d’autre part la durée de la période des juges (calculée sur la base de l’information contenue dans 1 Rois 6.1) est inférieure à la somme des années d’oppression et de repos indiquées dans le livre des Juges, plusieurs commentateurs concluent que Jephthé et Samson sont contemporains, l’un ayant exercé son ministère en Tranjordanie (à l’est), et l’autre sur le littoral méditerranéen (à l’ouest). Les 300 renards symboliseraient, alors, les 300 ans pendant lesquels le littoral était sous domination philistine plutôt que juive.

Des meurtriers punis

Les Philistins répliquent à l’ action de Samson en attaquant sa belle-famille: les Philistins montèrent et brûlèrent (la Philistine), elle et son père (15.6). L’injustice de ce peuple éclate une nouvelle fois. Pourquoi tuer ces gens? Même s’ils étaient coupables de l’incendie (ce qui n’est pas le cas ), la destruction de biens matériels ne justifie jamais la mort. La peine capitale ne doit être administrée qu’en cas de blasphème ou d’une atteinte grave à la personne humaine. Un délit matériel ne peut être puni que par une amende, car la vie d’un homme est plus précieuse que tout l’argent du monde.

Samson réplique en battant les Philistins rudement, à plate couture (15.8). Comme suzerain légitime de ces voisins d’Israël (voir Promesses 1994/l), Samson applique une justice équitable. Puisque les Philistins se sont comportés en meurtriers, ils doivent mourir (Ex 21.12). Pour eux, la peine capitale est méritée.
 Lorsque les Philistins avaient péché en cachette la première fois, Samson les avait punis presque à leur insu. Comme cette fois l’iniquité n’est pas dissimulée (les Philistins ont commis leurs meurtres en plein jour), Samson rétablira la justice publiquement.

L’observateur attentif relèvera une extension des hostilités. (1) Des simples menaces de mort proférées pendant les noces (14.15), les Philistins passent aux actes en tuant sans raison des membres de leur propre peuple. (2) Après le péché opéré en cachette lors des noces, les Philistins bafouent la justice ouvertement. (3) De son côté, si Samson commence par tuer 30 hommes, le nombre des victimes semble augmenter: d’un nombre apparemment important (il les battit rudement, à plate couture: 15.8), on passera à 1000 victimes (15.16), puis même à 3000 à la fin de sa vie ( 16.27) soit plus que tous ceux qu’il avait tués pendant sa vie (16.30). Cette extension des hostilités est souhaitée par Samson, car une paix avec les Philistins s’oppose à la volonté divine. Samson agite le bâton dans la fourmilière pour obliger ses compatriotes à réagir: Ne vous laissez pas séduire par de belles paroles, mais soyez réalistes et battez-vous.

La lâcheté des frères

Les actions de Samson amènent les Philistins en territoire juif, ce qui n’est pas du goût des hommes de Juda qui craignent leurs voisins et veulent vivre en bons termes avec eux. Plutôt que de réagir et de saisir l’occasion de secouer le joug philistin, les hommes de Juda s’abaissent jusqu’à livrer leur héros.

La situation de Samson est délicate. Il accepte de se livrer à ses compatriotes à une condition: jurez-moi que vous ne me tuerez pas (15.12). Samson ne veut pas se battre contre ses frères. Dans la mesure où sa vie n’est pas menacée par les Juifs, il accepte le sort qu’ils lui réservent. Son ministère se poursuivra malgré tout. Il profitera même des nouvelles circonstances pour montrer aux hommes de Juda que les Philistins ne présentent aucun danger pour celui qui est consacré à l’Eternel.

Avec une mâchoire d’âne fraîche

En communion étroite avec Dieu, Samson est invincible. Sitôt livré aux Philistins, Samson est saisi par I’Esprit de l’Eternel, (15.14), les liens sont brisés; le joug de la captivité vole en éclat.

Samson exerce une nouvelle fois son ministère de juge. L’instrument du châtiment est une mâchoire d’ âne fraîche. L’objet convient à merveille pour punir des menteurs. Puisque ces hommes ne tiennent pas parole, une demi-bouche sera utilisée.

Dans la fraîcheur de la mâchoire, certains voient un indice de1a solidité de l’objet (un vieil os serait cassant). Sans exclure la dimension utilitaire, le choix de Samson est d’abord guidé par le symbolisme. La fraîcheur de l’os introduit une dimension temporelle. Puisque les mensonges des Philistins sont récents, la mâchoire est fraîche. En effet, la dernière tromperie ne remonte qu’à quelques heures, lorsque les Philistins ont dit aux hommes de Juda: nous sommes montés pour lier Samson, afin de le traiter comme il nous a traités (15.10). Les Philistins prétendent à l’équité: puisque cet homme a tué des Philistins, les Philistins le tueront. Ce rapprochement est trompeur et déforme la réalité. En tuant les Philistins, Samson avait agi selon la justice: les meurtriers devaient mourir. Quand les Philistins veulent tuer Samson, la situation est tout autre. Samson est un homme droit. Le mettre à mort est un meurtre. La prétendue justice philistine n’est qu’un tissu de mensonges. Par une demi-bouche, ils seront jugés.

Un dernier symbolisme peut être trouvé dans la nature de l’animal choisi. Un âne est un animal impur pour les Juifs. L’os d’un tel animal convient donc bien pour punir une nation impure. De plus, dans la maxime qui célèbre sa victoire (15.16), Samson s’amuse à identifier les Philistins avec des ânes. Le parallélisme entre les deux lignes du verset 16 place sur un même plan les mille hommes tués ( 15 .16b ) avec l’expression un âne parmi les ânes (traduction de la Colombe: 15.16a). Comme le mot hébreu hâmor(traduit par âne) véhicule aussi le sens d’empiler, l’expression un âne parmi les ânes peut aussi être rendue par: un tas d’ânes (la TOB traduit par je les ai entassés). Les mille Philistins tués ne sont finalement qu’un tas d’ânes. La comparaison n’a rien de flatteur, mais pour un peuple dont les meurtres témoignent un profond mépris de la vie humaine, l’abaissement au rang d’animal se comprend.

La bénédiction divine sur Samson

Le récit se termine avec une prière exaucée. Dans le besoin, Samson prie l’Eternel. Celui-ci répond par un prodige qui rappelle Moïse (Ex 17.3-6; Nom 20.7-11). Ce rapprochement est des plus flatteurs pour Samson, et devrait convaincre tout lecteur resté sceptique quant à la justesse des actions de notre juge: secouru par Dieu d’une façon analogue, Samson et Moïse sont placés sur un même plan. Manifestement aux yeux de Dieu, les deux hommes sont d’un même calibre.

D.A.

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)