Ehud : La fidélité au zénith (Juges 3.12-30)

Evaluation

Le titre est-il bien choisi ? Un commando qui utilise ruse et tromperie pour tuer un adversaire sans lombre d une hésitation, peut-il servir dexemple moral ? Un meurtrier na pas bonne presse. Mais attention aux confusions, gare à ces raccourcis qui gomment les frontières. Un guerrier nest pas nécessairement un criminel! Ehud est un libérateur, un sauveur suscité par Dieu pour mettre fin à la tyrannie dun roi étranger.

Si un lecteur veut comprendre Ehud sans étudier les chapitres précédents, il doit veiller, à linstar du voyageur qui prend un train en marche, à ne pas manquer Othniel, ce marchepied qui donne accès au convoi des Juges. Objet de notre première étude, le portrait-robot dOthniel léclaireur avait fixé le cadre de justice, de foi et de courage dans lequel sexerçait le ministère des juges. Précédé immédiatement par ce panneau indicateur, linterprète dEhud est orienté dans sa lecture. Le deuxième juge marchera dans les traces du premier.

Soucieux de clarté, lauteurdes Juges fournira une aide supplémentaire pour la compréhension de son message. A la fin du récit dEhud,la mention et le pays fut tranquille pendant quatre-vingt ans (Jug 3.30) permet de contrôler lanalyse. Le pays est en repos à lissue du ministère du juge, un repos total même puisque le chiffre fourni est le double de celui donné pour Othniel, le juge type (80 au lieu de 40: Jug 3.11,30). Qui dit repos dans le contexte de la justice divine, dit approbation divine. Si le lecteur a développé des réserves sur le comportement de ce juge, la bénédiction finale linvite à reprendre son étude: retour à la case départ pour rectifier linterprétation du texte.

Comme des projecteurs qui illuminent une scène aux deux extrémités, comme deux phares qui marquent lentrée dun chenal, le portrait dOthniel et la mention du repos éclairent linterprète et lui évitent de faire naufrage : Ehud est fidèle, il est doublement fidèle.

Sa récompense deux fois supérieure à celle dOthniel (et à dautres juges comme Débora et Gédéon: Jug 5.31; 8.28) peut sexpliquer de deux manières. Ehud peut avoir reçu la part dhéritage de laîné (une portion double des autres: Dt 21.17) pour sa grande fidélité. Parfait en tous points, il est lexemple à suivre, le leader par excellence. Dautre part, la récompense double peut marquer une double fidélité: celle du juge et celle du peuple. Sans devoir trancher entre ces deux explications, nous relèverons la fidélité générale de cette génération, en commençant par celle du peuple pour continuer par celle du juge. L engagement du peuple

La période des juges est marquée par une succession de révoltes du peuple contre Dieu; révoltes qui engendrent la colère divine; colère qui suscite des oppresseurs; oppresseurs qui amènent le peuple au brisement et à la repentance; humiliation qui touche le coeur sensible de Dieu. Celui-ci envoie alors un libérateur pour aider le peuple à chasser lennemi. A la génération suivante, loin davoir appris la leçon, le peuple senfonce une nouvelle fois et plus profondément dans lapostasie. Le cycle est vicieux, car à chaque ronde, on avance davantage dans les ténèbres. Lécart entre Dieu et le peuple se mesure à la distance séparant le juge du peuple. Plus ce dernier séloigne de lEternel, plus il conteste le messager divin. Au début de la période des juges, le peuple, après avoir confessé son péché, se place à lunisson derrière Ehud; avec Débora, les premiers signes de dissension apparaissent (Jug 5.15b-17, 23); Gédéon reçoit des reproches des gens dEphraïm (Jug 8.1), qui les transforment en menaces de mort pour Jephthé (Jug 12.1); quant à Samson, il se voit livré à lennemi par Juda, la tribu qui aurait dû montrer lexemple (Jug 15.11- 13)!

Ehud en vedette

Si lon revient à la génération dEhud et à lengagement du peuple derrière son juge, il faut noter que le mérite de la libération en revient surtout au juge. Sans omettre entièrement le peuple, lauteur montre par la place quil consacre au deuxième juge, que celui-ci tient le rôle clé de cette rédemption. Ehud est lacteur principal. Sil nest plus seul en piste comme Othniel, il continue à monopoliser lattention du lecteur. Le récit arrangé en forme de chiasme concentre toute laction autour du combat solitaire du juge à Jéricho.

Ehud rappelle Josué et préfigure David. Dans un premier temps, il explore le territoire ennemi. Ensuite, il y retourne pour pénétrer dans Jéricho et affronter seul le colosse ennemi (si Goliath dominera par sa stature, Eglon impressionnait par sa corpulence). Après avoir défait le chef, Ehud sonne du cor, se met à la tête du peuple et leur dit: suivez-moi, car lEternel a livré entre vos mains les Moabites, vos ennemis (Jug 3.27-28). En vrai chef, il précède ses troupes au combat. Il est présent du début à la fin de la libération.

Ethique de la guerre

La stratégie suivie pour vaincre lennemi est relevé avec soin par lauteur. Elle débute par la ruse et la tromper culmine par la mort du tyran et sachève par lannihilation des troupes ennemi. Avant de reprendre ces trois aspects, un mot sur léthique divine simpose.

Le respect du prochain tel quil est énoncé dans les dix commandements nexclut ni lusgae de la force ni le recours à la ruse. Certes, le prochain doit être traité avec équité. LAncien comme le Nouveau Testament demandent à lindividu de ne pas répondre à la haine la haine. Lamour divin commande même daccepter des contrariétés, des injustices et des humiliations. Si lindividu doit tendre lautre joue, autre est lattitude de la société. Le ministère des autorités consiste à faire respecter la justice, ou du moins à restreindre les injustices. Linnocent doit être protégé contre les menaces les plus graves. La police et larmée doivent sopposer au méchant, au besoin par la force. La justice doit, si le délit est prouvé, condamner le coupable et, pour les offenses les plus graves, demander la peine capitale. Juste après avoir donné les dix commandements à son peuple (Ex 20), Dieu ordonne de tuer les meurtriers (Ex 21.12) .Ainsi, la peine capitale ne contredit pas le sixième commandement, mais léclaire. Le respect de la vie innocente exige la mort de celui qui na pas ce respect. Dautre part, si le meurtrier perd le droit à la vie, il perd aussi le droit au respect, en particulier le droit à la vérité. Pour tuer le meurtrier, on peut le tromper si nécessaire. Eglon est ce meurtrier, et Ehud en le tuant et en le trompant pour le tuer nenfreint nullement la justice divine telle que Dieu la révélée. LEternel lui-même nenvoie-t-il pas parfois un esprit dégarement pour tromper celui qui doit mourir (endurcissement de Pharaon, aveuglement dAchab:Ex 14.17; 1 Rois 22.19- 23) ?

Stratagème de guerre

La ruse dEhud comporte trois volets. En premier lieu, il cherche à endormir la méfiance de lennemi: un présent est offert au roi de Moab. Comme plusieurs hommes sont nécessaires pour son transport, le don est dimportance. Etait-ce un tribut exigé par l ennemi ou un cadeau spontané ? Peu importe. Labondance des biens matériels et le calme dans lequel lopération de déroule semblent témoigner de la soumission et du bon vouloir des sujets. Eglon sapplaudit de sa puissance et de sa domination. Lefficacité du soporifique est rapide et agit dès le départ du groupe dIsraélites. Lorsque Ehud revient, la vigilance est déjà relâchée.

Le deuxième aspect du stratagème ressort de larme dEhud. Le juge est un Benjamite (littéralement un fils de ma main droite) qui ne se servait pas de la main droite (Jug 3.15). Etait-il gaucher ou plus vraisemblablement ambidextre comme semble lindiquer Jug 20.16 ? Dans tous les cas, il fixe son épée sur le côté droit pour mieux passer les contrôles «anti-terroristes» : les gardes ne cherchaient-ils pas surtout les épées sur le côté gauche? Dautre part, lépée est privée de garde (puisque le manche même senfoncera dans 1a chair du roi: Jug 3.22) afin de mieux épouser le profil de la jambe (une épée plate dune coudée se colle aisément contre la cuisse). .

Finalement, Ehud misera sur le despotisme de son adversaire pour lisoler de ses gardes. O roi! Jai un message secret pour toi (Jug 3.19). Eglon qui rêve comme tout tyran dasseoir encore davantage sa domination, «discerne» en Ehud un traître prêt à se vendre à lui. Le roi dit: Silence! Et tous ceux qui étaient auprès de lui sortirent (Jug 3.19). A linstant, lentretien particulier désiré est accordé. Prenant Ehud pour un traître, Eglon linvite sans se douter que le Benjamite cherche justement à le tromper. Au côté du roi ne se trouve pas un fils de ma droite qui aurait passé à gauche (changé de camp), mais un homme qui sans se servir de la main droite a placé à sa droite lépée de la justice! Le méchant qui veut écraser les fidèles par la parole dun traître reçoit la parole de Dieu (Jug 3.20), celle de la justice divine qui le transperce (l épée du juge). Lironie est à son comble; le renversement est total. Le méchant tombe par sa méchanceté.

Une victoire totale

La mort dEglon est fondamentale. Général en chef de ses troupes et artisan qui tire toutes les ficelles, le roi de Moab est le centre névralgique de la force ennemie. Cest lui qui doit être abattu en premier. Pour se défaire dune tyrannie, il faut lui trancher la tête. Déstabilisé, désorienté, désemparé même, lennemi sera ensuite détrôné et détruit. A la décapitation suivra le démembrement.

Pour marquer et annoncer la défaite totale de loppresseur, Eglon est transpercé de part en part (1épée sortant même par derrière: Jug 3.22). Larme est laissée dans le corps pour souligner laspect irrévocable de la défaite. Si ce symbole est marquant pour le lecteur, il lest encore plus pour lennemi. Après avoir frappé Eglon, lépée d Ehud sape le moral du peuple à commencer par celui des plus proches collaborateurs du tyran. Les deux tranchants de lépée reflètent bien le coup double porté à lennemi; ils annoncent aussi la débâcle complète de loppresseur.

Une fois le chef tué, leffort militaire se porte sur les troupes. Ehud rassemble ses compatriotes pour les mener au combat. Il ne se contente pas de chasser ladversaire. Il veut le détruire. En contrôlant les gués du Jourdain, il lui coupe toute voie de retraite (Jug 3.29). lls battirent dans ce temps-là environ dix mille hommes de Moab, tous robustes, tous hommes vaillants, et pas un néchappa (Jug 3.29). La défaite des oppresseurs est complète.

Lengagement total du juge peut étonner. Lannihilation de lennemi nest-elle pas la marque dun coeur dépourvu de compassion ? Il nen est rien. La vraie compassion cherche à lutter contre les forces du mal. Un ennemi mort est toujours un ennemi inoffensif, comme en témoigne la longue période de paix qui suivra. De plus, Ehud, le libérateur divin, est aussi le justicier de lEternel. Non seulement le chef des meurtriers (Eglon) doit être puni de mort, mais encore tous ceux qui se sont associés à ses barbaries (ses troupes). Unis dans le péché, ils doivent être unis dans le jugement.

Le courage du héros

La sympathie de lauteur inspiré face au combat mené par Ehud peut étonner plus dun esprit aujourdhui. Le pacifisme moderne toujours disponible pour lever une armada de boucliers face à tout usage de la force, est prêt à jeter la pierre à notre héros. La parole de Dieu est plus nécessaire que jamais. Engagé, dévoué pour son peuple, courageux à lextrême, assez lucide pour ne pas être berné par un utopisme périlleux, Ehud saisit le mal par les cornes et le détruit. Il est lexemple même du héros dont une nation peut être fière. Avec lui, la fidélité est au zénith.

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)