4.L’évangélisation d’homme à homme


Les valeurs chrétiennes dans la vie de la cité. Un exemple africain, l’Eglise évangélique des Frères, Bangui, capitale de l’Empire Centrafricain, 1972 – 1976.



L’évangélisation d’homme à homme

  L’Eglise des Castors, qui est l’Eglise évangélique des Frères la plus importante de la capitale, Bangui, offre un modèle unique pour l’étude de l’évangélisation. Ce n’est pas un missionnaire occidental qui l’a créé, mais un pasteur africain. Il l’a appelé EVANGELISATION DE QUARTIER.
  L’Evangélisation de Quartier est l’enfant né du cerveau du pasteur Noël Gaiwaka. Son Eglise l’Eglise des Castors de Bangui – a connu une histoire remarquable de croissance, lente mais régulière. Peu après sa création en 1954, l’Eglise s’est rendu compte qu’il serait nécessaire et très valable d’adopter une limite optimale de croissance. Le pasteur aussi bien que les fidèles ont cru dès le départ au modèle biblique de « divisez et multipliez », principe qui a fait ses preuves.
  La première église « filiale » est née 3 ans plus tard. Par la suite, à chaque fois que l’église atteignait sa limite optimale, on créait une nouvelle église. En 1972, l’église avait ajouté 7 « enfants » à sa famille, avec au total 5000 fidèles assistant au culte, soit une croissance annuelle nette de 267 en moyenne pour les 18 premières années de son histoire.
  Puis, en 1972, une évolution remarquable a eu lieu dans le modèle de croissance de la famille de l’Eglise des Castors. Au cours des trois années suivantes, quatre églises « familiales » supplémentaires ont été créées dans la ville, et le nombre total des fidèles assistant au culte est passé à plus de 8000 – une croisance nette de 1000 par an pour les trois dernières années. Ceci constituait presque quatre fois la croissance annuelle nette pendant les 18 années précédentes.
  L’idée a germé dans Le coeur du pasteur Gaiwaka au cours d’une période où la croissance des Eglises des Frères dans l’Empire Centrafricain s’était presque – complètement immobilisée. De 1969 à 1972, les tensions se faisaient de plus en plus fortes entre église et mission. Il y avait de graves divisions au sein de la dénomination. Alors, au milieu de cette période de malentendus et de problèmes, une campagne d’évangélisation a été lancée dans tout le pays en 1970 et 1971, regroupant dans la coopération les cinq dénominations évangéliques du pays.
  Bien que la campagne ait eu pour plusieurs des groupes des résultats positifs importants, en fait la plupart des églises de la dénomination des Frères n’en ont tiré que peu ou pas de fruit durable. Les raisons semblaient évidentes: D’abord, la condition spirituelle des églises, dûe aux tensions existantes. Et, en second lieu, le manque de suivi adéquat dans la planification, la préparation et les procédures de la campagne.
  En 1968, le nombre des membres des Frères avait atteint une pointe de 60000 (dans l’ensemble du pays). Cependant, durant les tensions des 4 années suivantes, on n’a pas sorti de rapports statistiques et aucun n’était disponible. Quand finalement les problèmes ont été résolus à la Conférence générale en 1972 et que l’on a à nouveau rassemblé des données statistiques, on s’est aperçu que la dénomination avait eu une croissance de zéro au cours des 4 dernières années. Le nouveau total était exactement le même qu’en 1968: 60000.
  Toutefois, les résultats de la campagne nationale parmi les églises des Frères n’ont pas été négatifs dans l’ensemble. Deux points forts de la campagne ont eu un effet salutaire à la fois sur la dénomination dans son ensemble, et sur l’Egise des Castors en particulier, bien que le pasteur Gaiwaka n’y ait pas lui-même participé.
  L’une des forces de la campagne était l’accent mis sur l’évangélisation d’individu à individu ainsi que sur l’utilisation d’une littérature adaptée à la culture comme instrument efficace d’évangélisation. Ceci exigeait que tous les membres soient totalement engagés et soigneusement formés.
  On a noté qu’une grande campagne comme celle-là peut constituer un substitut ou un stimulant pour faire s’engager l’église dans la tâche d’évangélisation. Et pour le pasteur Gaiwaka, la campagne nationale a été un extraordinaire stimulant. Bien qu’il n’y ait pas participé, il s’est mis à voir en elle un potentiel illimité d’évangélisation, en ce qu’elle mobilise et motive les gens pour en gagner d’autres à Christ et les amener dans la communion de l’église.
  En mettant dans leurs mains un outil efficace et en leur apprenant à s’en servir, en faisant d’eux des disciples dans l’art de l’évangélisation d’homme à homme, le pasteur Gaiwaka a découvert une nouvelle énergie atomique spirituelle qui, si elle est mise en valeur comme il faut, pourrait résulter en une explosion évangélisatrice dans sa propre église et dans l’évangélisation d’une ville toute entière pour Christ.
  « Pendant des années », a-t-il témoigné lors de la séance de travail sur Evangélisation / Croissance de l’Eglise tenue en mars 1976, « j’ai pensé que le travail du ministère, et en particulier d’évangélisation, était le travail du pasteur. Mais j’ai changé totalement d’orientation. Comme il a été indiqué si nettement dans Ep. 4:11,12, c’est le travail de l’église toute entière. Ma tâche est d’en équiper les membres pour qu’ils évangélisent par l’exemple et par le précepte ».
  C’est ce changement d’orientation né de la stratégie de la campagne nationale d’évangélisation qui a constitué le tournant décisif. Mais ce changement d’orientation comportait plus que le simple fait de mobiliser et de motiver ses fidèles, ou d’en faire des disciples pour évangéliser. Le pasteur Gaiwaka a réalisé que cela exigerait une préparation minutieuse et beaucoup de prières.

  Premièrement, il s’est donné comme objectif d’atteindre la ville entière pour Christ. Les observations qu’il avait faites sur la récente campagne l’ont amené à croire que le moyen le plus efficace pour le faire se situait sur une base de formation de disciples d’individu à individu. Mais ceci exigeait le recrutement et la formation de tous ses membres.

  Deuxièmement, il s’est rendu compte que cela ne pourrait se faire d’un seul coup, en une seule réunion d’évangélisation de masse. Pour que son but soit atteint, il fallait que ce soit fait par l’église elle-même et non par un évangéliste venu de l’extérieur. Pas même le pasteur. Mais les gens eux-mêmes – tous participant systématiquement à la tâche de gagner la ville pour Christ. Et il fallait que ce soit fait par étapes.
Du point de vue administratif, la ville de Bangui est divisée en sections nettement délimitées, appelées quartiers. Pourquoi ne pas utiliser ces limites pré-établies, a-t-il pensé, et organiser notre objectif dévangéisation autour des quartiers de la ville déjà existants ?

  Troisièmement, le pasteur Gaiwaka s’est rendu compte qu’une évangélisation à longue portée suivant le modèle du Nouveau Testament doit avoir comme résultat à la fois de rattacher les convertis à des assemblées existantes et de donner naissance à de nouvelles assemblées. Sinon, la tâche d’évangélisation n’atteint pas son objectif. La stratégie des quartiers fournissait un cadre naturel pour réaliser ce double objectif. Il fallait qu’il édifie à partir du noyau de membres de chaque quartier. Il fallait qu’il en fasse des disciples de façon qu’ils fassent à leur tour des disciples dans leur voisinage immédiat. Et il devait aider à la fois les communiants et les convertis à comprendre les rapports et les responsabilités que Dieu leur assigne à l’égard de l’assemblée filiale novice dans leur propre quartier. L’implantation d’assemblées devait devenir un des objectifs du processus d’évangélisation.


A l’invitation du pasteur Gaiwaka, le missionnaire Don Hocking lui-même a participé à l’une des campagnes du quartier. Voici comment il décrit la stratégie en six points du pasteur Gaiwaka:

1. Elle a eu comme point de départ le pasteur.
En fait, en raison de l’importance numérique de l’Eglise des Castors, il y a 4 pasteurs. Deux d’entre eux sont chargés des réunions en Sango, la langue véhiculaire de l’Empire Centrafricain, et les deux autres des réunions en français, qui est la langue officielle du pays. Le pasteur Noël Gaiwaka étant le plus âgé, il est ce que l’on pourrait appeler le pasteur principal.
  Ensemble, ces 4 pasteurs ont mis au point la stratégie, coordonné les préparatifs, et préparé le terrain longtemps à l’avance par des messages sur l’évangélisation un enseignement sur la formation de disciples, la prière organisée et l’engagement de tous les membres. Lorsque la campagne dans le quartier suivant était annoncée, chaque membre de ce district prévoyait la responsabilité particulière qu’il y aurait. Et chacun des 4 pasteurs les aidait à s’y préparer.

2. Elle a été centrée dans un lieu de réunion spécifique.
Il y a dans chaque quartier une petite chapelle où les chrétiens se rassemblent chaque matin pour prier. Le dimanche, bien sûr, ils vont à l’église principale pour le culte. Ces chapelles sont petites et peuvent contenir au plus peut-être 100 personnes. L’Eglise des Castors peut contenir environ 1700 fidèles.
  D’une manière très naturelle, les chapelles de quartiers offrent un point d’identification et de continuité à long terme pour la congrégation naissante. Alors que dans le Nouveau Testament un bâtiment ou un lieu de réunion n’est jamais appelé l’ecclesia. (église), le corps local de Christ est cependant toujours identifié avec un lieu de réunion spécifique désigné par sa situation géographique, c’est-à-dire l’Eglise de Corinthe, l’Eglise dans la maison de Philémon, etc.
  Le pasteur Gaiwaka a trouvé que ces chapelles étaient extrêmement importantes comme centres de rassemblement, non seulement pour la prière, mais également pour l’enseignement, le culte, l’objectif d’évangélisation, ainsi que la naissance et le développement de l’assemblée embryonnaire.

3. Elle engageait systématiquement les membres dans une semaine intensive d’évangélisation.
Le lundi matin, ils se réunissaient dans la chapelle pour prier. L’après-midi, ils y retournaient pour y recevoir inspiration, et enseignement. Ceux qui n’avaient pas la possibilité de se réunir à ce moment-là, on prenait leur nom et on organisait pour eux une autre séance de formation. Mais tous étaient engagés.
  Après les chants et la prière, et une lecture édifiante de la Parole, chacun écrivait son nom en haut d’une feuille de papier en laissant la place pour les noms de ceux qui étaient susceptibles d’être amenés par lui à Christ. Chaque jour suivant de la semaine, le pasteur « fait l’appel ». On fait le point des progrès accomplis. On ajoute le nom de ceux qui sont venus à Christ le jour précédent, après s’être occupé de chacun individuellement.
Ensuite, les pasteurs font un cours sur la manière de gagner les âmes et sur l’utilisation des documents écrits préparés spécialement à cette intention. A la fin, les membres se divisent en groupes de trois pour la prière, après laquelle le pasteur et les fidèles sortent avec la ferme espéreance que, tandis que certains planteront et que d’autres arroseront; Dieu fera certainement croître. Tel est le processus qu’ils ont suivi tout au long de la semaine.
  Chaque après-midi, ils revenaient rendre compte de leurs activités. Il était stupéfiant de les voir amener avec eux de nouvelles personnes. Au lieu de 20, ce sont soudain 30, puis 50 personnes qui assistent à la réunion. A la fin de la semaine, la chapelle était comble, plus de 100 personnes étant présentes. La majorité d’entre elles avaient été amenées à Christ au cours de la semaine.
  Les gens partaient et revenaient avec de nouvelles personnes. On avait donné à chacun une carte de 7,5 x 12,5 cm sur laquelle il écrivait le nom de 6 amis non chrétiens. Deux jours plus tard, certains revenaient avec les 6 amis et réclamaient une autre carte « 6 amis ».

4. Elle a rendu les gens responsables vis-à-vis d’autres dans le Seigneur,
en quelque sorte des rapports de « grand frère » à « petit frère.. Lorsqu’une personne est gagnée à Christ et amenée dans la chapelle, son nom est inscrit sous celui de son « grand frère ». Celui qui a pris la responsabilité de l’amener là et de le conduire à Christ est à présent également responsable de la croissance et de l’éducation de son « frère cadet » en Christ. Cette délégation de responsabilité envers le chrétien « cadet » est l’un des traits les plus significatifs du concept d’évangélisation de quartier et, peut-être plus que toute autre chose, il est la raison du pourcentage élevé de « fruit qui demeure » (Je 15:16).

5. Le point culminant s’est situé le soir du dernier samedi, avec une grande fête.
Après la semaine intensive d’évangélisation, tous les chrétiens, y compris ceux qui avaient mis leur confiance en Christ durant la semaine, se sont rassemblés pour un moment de fête et de communion fraternelle. Ensemble, ils ont adoré Dieu en chantant, en priant et en tirant de la Parole un encouragement. Sans façon, ils ont pris une tasse de café ou une boisson fraîche, des makala (sorte de beignets) et des fruits, et ils ont rompu le pain ensemble ainsi que dans le Nouveau Testament. Ils ont vécu dans leur quartier un nouveau type d’appartenance mutuelle, et d’appartenance à Christ et à Son Eglise.

6. La stratégie comprenait un programme à long terme de suivi et de contiunité.
Tout nouveau converti a fait tout de suite partie d’une des classes organisées à l’avance pour la préparation au baptême. Tout nouveau converti a reconnu que « accepter Christ » signifiait faire partie de Son Corps visible – son association locale de croyants. En « recevant la Parole avec joie », ils ont été « baptisés » et « ajoutés » à la nouvelle assemblée. Et ils ont persévéré en « enseignement », « communion fraternelle » et « évangélisation »… « Et le Seigneur ajoutait chaque jour à lEglise ceux qui étaient sauvés » (Actes 2: 41-47).


CE PLAN AVAIT DE NOMBREUX AVANTAGES:   – L’organisation de la campagne était facilitée par les divisions pré-établies de la ville.
  – Il y avait des membres de son église qui vivaient dans pratiquement tous les quartiers, fournissant ainsi un noyau d’évangélisation dans chaque secteur de la ville. Il pouvait édifier sa stratégie autour de ces noyaux.
  – Les quartiers eux-mêmes étaient constitués de goupements homogènes à l’intérieur desquels les rapports naturels se prêtaient à une évangélisation d’individu à individu. Les membres des tribus qui migrent vers la ville tendent à s’installer parmi leurs propres congénères. Ils se sentent à l’aise parmi eux. Et ils sont acceptés naturellement, ce qui ouvre la porte au témoignage et à la formation de disciples. L’évangélisation « par quartiers », le pasteur Gaiwaka le savait, tiendrait compte des gens eux-mêmes qui vivent dans ces secteurs; des disciples faisant des disciples à l’intérieur du contexte de leur sphère d’influence et de leur style de vie individuel. Ceci constitue à son avis Le pilier de la moisson d’évangélisation.
  – La stratégie d’évangélisation quartier par quartier a fourni un moyen excellent de mesurer les réalisations. Elle a permis au pasteur et aux fidèles de savoir quand une phase de la poussée d’évangélisation était terminée et qu’une autre commençait. Dimanche après dimanche, l’assemblée des Castors pouvait suivre les progrès accomplis. Ils se sentaient participer à l’ensemble de la poussée d’évangélisation. Comme on avait prévu pour chaque quartier une semaine d’efforts d’évangélisation, on recrutait les membres habitant dans ce district. Ainsi, chaque membre avait un rôle à jouer dans la stratégie couvrant toute la ville.


LES RESULTATS
de cette nouvelle stratégie d’évangélisation ont été très encourageants.

  Premièrement, elle a eu pour résultat de faire s’engager un grand nombre de personnes dans l’évangélisation. Pas tous, mais certainement la majorité (plus de 50 % des membres de l’Eglise des Castors) ont participé à la série de campagnes, qui a duré un an.

  Deuxièmement, elle a eu pour résultat une tentative systématique pour atteindre la ville entière pour Christ. Il y a eu à présent une campagne dans chaque quartier. Et les habitants de chaque partie de la ville ont été confrontés aux exigences de Christ.

  Troisièmement, elle a eu pour résultat une croissance certaine de l’église. Le nombre de fidèles assistant au culte du dimanche dans toute la ville a passé de 5000 à 8000, soit un taux de croissance de 60% De plus, depuis le début du programme, 4 nouvelles églises des Frères ont été créées par l’assemblée des Castors: Garamba, Yembe Trois, Bimbo et Bangui Mporo.

  Quatrièmement, elle a eu pour résultat l’initiation à un programme de formation de disciples dans lequel la majorité des membres ont été, ou sont actuellement, formés à faire des disciples. Ils viennent à présent au culte du dimanche non en tant qu’observateurs, mais en tant que participants à la véritable « raison d’être » de l’église, à savoir faire des disciples.

  Cinquièmement, elle a eu pour résultat de pousser toute la dénomination à entreprendre un programme d’évangélisation passionnant et productif qui a vu 22 000 personnes venir à Christ en 7 mois, de juillet 1975 à février 1976. Environ 40 % de celles-ci sont devenus des disciples, ont été baptisés et intégrés aux églises locales. Les autres sont encore dans des classes où on leur enseigne la Parole pour les préparer au baptême.

  Sixièmement, elle a eu pour résultat la réunion de la séance de travail sur Evangélisation / Croissance de l’Eglise en mars 1976, dont le point culminant a été des projections par la foi pour les 17 églises des Frères y participant, et totalisant 13 275 nouveaux membres et 26 nouvelles églises pour les 5 années à venir. Les pasteurs de ces églises sont retournés dans leurs assemblées locales pour y organiser à leur tour des séances de travail semblables et encourager leurs églises à fixer des objectifs de foi.

  Juste avant la séance de travail du mois de mars, le dimanche 29 février 1976 au matin, plus de 800 fidèles avaient assisté au premier culte en français. Au second culte en Sango, il y en avait environ 1700, ce qui fait au total plus de 2500 fidèles assistant au culte du dimanche matin pour l’Eglise des Castors. Si l’on tient compte des cultes des 12 églises, on estime les fidèles à environ 8000 ce matin-là.

  Un peu plus d’un mois plus tard, à la suite de la séance de travail, l’Eglise des Castors a mené sa propre séance de travail sur la croissance de l’église dont le point culminant a été la fixation d’un objectif de foi de 6000 nouveaux membres et la création d’une nouvelle église « filiale » au cours des cinq années venir !

(Autorisé par A. E. A. M.)

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Écrit par

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

Écrit par

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Écrit par

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)

 

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