150 poèmes en un livre

Le Livre des Psaumes est le livre des superlatifs : c’est le livre le plus long du canon inspiré, avec le plus grand nombre de chapitres, avec le chapitre le plus long (le Psaume 119) et le plus court (le Psaume 117) de la Bible ; c’est le livre qui contient le verset central de la Bible (118.7) ; c’est le livre auquel le plus d’auteurs ont contribué ; c’est le livre le plus varié, etc. Alors comment aborder un tel monument ? Modestement, en donnant quelques éléments synthétiques sur l’ensemble du livre puis en essayant de tracer quelques lignes directrices.

150 POEMES

Le titre du livre

En hébreu, les Psaumes s’appellent sepher tehillim, qu’on peut traduire par « livre de louanges » ou, tout simplement « louanges ». La Septante grecque, puis la Vulgate latine, ont choisi le mot qui a donné notre titre actuel, psalmos, c’est-à-dire « livre de poèmes faits pour être chantés avec un accompagnement d’instruments à cordes » ; significativement, ce livre qui est au « cœur » de la Bible va nous parler au cœur, en en faisant vibrer la corde sensible.
Ces deux titres nous indiquent déjà deux des thèmes essentiels des Psaumes :
– c’est un livre de louange,
– c’est un livre de sentiments.
Le premier et le dernier verset reprennent ces deux thèmes majeur : « Heureux l’homme qui… » (1.1) ; « Que tout ce qui respire loue l’Éternel ! Louez l’Éternel ! » (150.6)

La structure

Les 150 Psaumes sont divisés en 5 « livres », tous terminés par une louange et une bénédiction finale, en forme de refrain (41.13 ; 72.18,19 ; 89.52 ; 106.48 ; 150).
Cette division en 5 livres figure dans le texte hébraïque original. Le premier — ou les premiers — Psaume(s) d’un livre ont une importance particulière, car ils donnent le thème général du livre.
Les Psaumes sont le plus long livre de la Bible — et de beaucoup1. Cette diversité est en soit une richesse et une difficulté. Tous les Psaumes ne me parleront pas de la même manière ou au même moment, mais il y en aura toujours un pour m’interpeler. Par ailleurs, il peut paraître ardu d’étudier à la suite tous les 150 Psaumes ; aussi est-ce un livre auquel on gagne à revenir fréquemment.

Le style

Dieu a permis que les Psaumes soient écrits en un style poétique plus facilement traduisible que la poésie française, par exemple, car il repose davantage sur les mots eux-mêmes et leur sens que sur les sons2.
Ce style poétique a une force particulière. Le langage figuratif permet de transmettre de façon condensée des images, des symboles, des figures, des émotions, dans une large variété de sens. Laissons « chanter » ce langage, laissons-nous emporter par ces images. Si nous comprenons si peu les Psaumes, c’est peut-être que nous sommes trop intellectuels ! La contrepartie est que nous trouverons davantage l’expression des sentiments de l’âme du fidèle que des exposés doctrinaux3.
Enfin n’oublions jamais que les Psaumes étaient chantés. Ils ont d’ailleurs été une source majeure de l’hymnologie chrétienne au cours des siècles. Alors nous aussi chantons les Psaumes !

L’ordre des Psaumes

Comme pour d’autres livres (cf. les Proverbes, Ecc 12.9), l’ordre des Psaumes est souvent difficile à saisir. Pour autant, cet ordre est scripturaire : en effet, quand Paul cite le Ps 2 en Actes 13.33, il dit explicitement : « selon ce qui est écrit dans le Psaume deuxième ».
L’ordre est rendu visible par plusieurs indices :
– Parfois, plusieurs Psaumes consécutifs ont le même auteur (ex. : 42 à 49).
– Une suite de Psaumes a le même titre, comme les Cantiques des Degrés (120 à 134).
– Un même thème peut se discerner pour relier plusieurs Psaumes (ex. : le Messie souffrant et glorieux dans les Ps 15 à 24, la louange universelle dans les Ps 146 à 150, etc.).

La structure d’un Psaume

– Le (ou les) premier(s) verset(s) d’un Psaume est important. Il donne souvent soit le thème général du Psaume (ex. : 73.1), soit la conclusion du développement (ex. : 40.1-3).
– La division en alinéas dans les traductions courantes n’est pas inspirée, mais elle éclaire généralement sur la succession des sujets ou des interlocuteurs.
– Saisir la succession des interlocuteurs est primordiale pour une bonne compréhension (ex. : 21). Ils peuvent être variés : Dieu lui-même (ex. : 50.7-13), le Messie (ex. : 22), le Saint Esprit (ex. : 95.7-11, voir Héb 3.7), le fidèle individuellement, les fidèles collectivement, etc. Mais il est à noter que les méchants, s’ils sont cités, ne parlent jamais directement.

Les auteurs

7 auteurs différents sont mentionnés pour 102 Psaumes. Tous (sauf Moïse) appartiennent à la même période de l’établissement de la royauté davidique. David lui-même est l’auteur de 75 Psaumes4.
Mais l’auteur réel du Psautier reste l’Esprit de Dieu (2 Sam 23.2 ; Marc 12.36) : ces paroles d’hommes sont aussi paroles de Dieu et ces descriptions inspirées d’expériences subjectives d’un individu prennent valeur universelle.

Les 4 portées des Psaumes

En simplifiant, on peut distinguer quatre portées différentes dans les Psaumes.

– 1. La portée historique

Les Psaumes éclairent les livres historiques de Samuel et des Chroniques, en montrant quels étaient les sentiments et les exercices de cœur de David dans les situations qu’il traversait et que ces livres historiques racontent5. Mais, au-delà de David et de ses circonstances propres, la vie de cet homme de foi nous est en instruction (1 Cor 10.11,13).
Ainsi la première lecture consiste à lire les Psaumes dans leur sens et leur portée historique, avec leur auteur et avec le peuple d’Israël.

– 2. La portée prophétique

Les Psaumes éclairent les prophètes : les prophètes s’adressent à l’homme de la part de Dieu (2 Pi 1.19-21), tandis que dans les Psaumes c’est l’homme qui s’adresse à Dieu. Tous les versets des Psaumes ne se sont pas encore accomplis : le règne final et complet de Dieu est encore à venir.
Aussi la deuxième lecture consiste-t-elle à lire les Psaumes avec le reste fidèle futur qui attendra le Messie glorieux.

– 3. La portée typologique

Les Psaumes éclairent les Évangiles : ceux-ci ne développent pas les sentiments du Seigneur Jésus pendant sa vie sur la terre ; Dieu a réservé ce trésor aux croyants qui, par la foi, les discernent dans ces expressions anticipatrices des Psaumes (1 Pi 1.10-12).
Ainsi la troisième lecture consiste-t-elle à lire les Psaumes avec Jésus, en cherchant à l’y trouver. N’oublions pas également que notre Seigneur, en Juif pieux, a maintes fois prié les Psaumes. Certaines paroles (en particulier celles où le psalmiste expose son intégrité morale — ex. : 26.1 ; 17.3) ne prennent leur sens complet que dans la bouche de l’Homme parfait.

– 4. La portée morale

Les Psaumes éclairent enfin notre vie quotidienne : « Tout ce qui a été écrit d’avance l’a été pour notre instruction, afin que, par la patience et par la consolation que donnent les Écritures, nous possédions l’espérance. » (Rom. 15. 4). Le Psautier a été, est et restera une source d’édification majeure pour chaque chrétien (Col 3.16)
Et c’est avant tout cette quatrième lecture des Psaumes, avec mes frères et sœurs et pour moi-même aujourd’hui, que nous souhaitons encourager !
Naturellement, selon le thème du Psaume, les quatre « notes » indiquées ci-dessus joueront plus ou moins fort — mais il est rare qu’elles n’y soient pas présentes, sous une forme ou une autre.

UN LIVRE DE LOUANGE

Qui loue ?

– En premier lieu, Christ, auquel plusieurs expressions de louange sont appliquées très directement par les auteurs du N.T. (ex. : 22.22, cité en Héb 2.12)
– Le fidèle personnellement et les fidèles collectivement : voilà deux aspects de notre louange à garder en équilibre. Nous louons en église, lors du culte communautaire, mais encourageons-nous à louer également dans notre culte personnel.
– Les anges (103.20 ; 148.2), la création, la nature (65.13 ; 96.11), toutes les œuvres de Dieu (103.22 ; 145.10) — tout concourt à la louange divine.

Pourquoi louer ?

Tout d’abord parce que Dieu attend notre louange. Une des caractéristiques des Psaumes est que le psalmiste motive sa louange : il trouve des sujets concrets pour alimenter son adoration, et en premier lieu la bonté de son Dieu (136 ; 107).
Voici quelques sujets de louange dans les Psaumes : la nature de Dieu, ses œuvres, son salut, sa gloire, sa parole, ses délivrances au quotidien, etc.
Peut-être parfois nous sentons-nous un peu « secs », nous manquons de thèmes de louange ; alors ouvrons les Psaumes ! Et, à la suite de David, disons-nous : « Mon âme, bénis l’Éternel, et n’oublie aucun de ses bienfaits. » (103.2)

Comment louer ?

Le plus important est la condition morale de l’adorateur (ex. : 51). Les formes, quant à elles, peuvent être diverses, avec ou sans instruments de musique. Aussi n’y attachons pas plus d’importance qu’elles n’en méritent.
Les Psaumes encouragent aussi à un « cantique nouveau » (33.3 ; 40.3 ; 96.1 ; 98.1 ; 144.9 ; 149.1). Sachons renouveler notre louange en trouvant des thèmes ou des manières de nous adresser à Dieu qui ne se contentent pas de ressasser indéfiniment les mêmes expressions…
La spontanéité a sa part, tout autant qu’une préparation soigneuse (45.1). La fréquence ne saurait jamais être trop grande (« chaque jour », 145.2). Aussi sachons nous encourager personnellement (« Mon âme, bénis l’Éternel ! », 104.1,35) et mutuellement (« Venez, chantons à haute voix à l’Éternel ! », 95.1).

Les Psaumes et la louange de l’Église

Loin d’être une forme surannée réservée aux fidèles de l’ancienne alliance, les Psaumes ont immédiatement fait partie intégrante du culte et de l’édification de l’Église apostolique (1 Cor 14.26 ; Éph 5.19 ; Col 3.16).
Plus tard, au cours de l’histoire de l’Église, ils ont été la source renouvelée de la louange des fidèles. La Réforme (avec entre autres Clément Marot) leur a accordé une place de choix. On observe une certaine régression de leur usage dans l’hymnologie protestante du xixe siècle, avant un « retour en grâce » récent. Mais, pour plusieurs, les Psaumes restent un livre à redécouvrir. Peut-être le confort de notre Occident non persécuté nous empêche-t-il en partie d’en savourer la pertinence et l’utilité ?

UN LIVRE DE SENTIMENTS

Sentiments et christianisme

Sentiment et foi n’ont pas toujours fait bon ménage. Au cours de son histoire, l’Église a oscillé entre deux tendances opposées : le mysticisme (qui prône le primat des sentiments) et l’intellectualisme (qui ravale les sentiments à une manifestation charnelle inutile voire nuisible). Face à ces deux extrêmes, nous admirons l’équilibre des Psaumes : le psalmiste laisse parler son cœur, mais objective son expérience à la lumière de la révélation de Dieu.
Prenons un exemple : le mot « bonheur » revient environ 25 fois dans le psautier, dont il est un thème clef. Pour les psalmistes, il revêt deux aspects :
– l’un est objectif : « Bienheureux l’homme qui… » décrit un état de faveur dans lequel se trouve le fidèle, indépendamment de ses états d’âme du moment ;
– l’autre est subjectif : « Tu es heureux » (128.2) ; la considération de son état et ses décisions volontaires (par exemple de garder les préceptes de Dieu) produisent dans le cœur du fidèle un sentiment de joie, de bonheur.

Quelques sentiments des psalmistes

Les psalmistes n’hésitent pas à exposer devant Dieu leurs sentiments, à la première personne du singulier, sans se contenter de généralités, mais sous la pression du besoin ressenti au moment même.
Cela se traduit par des plaintes ou des expressions de joie accompagnées d’actes physiques sans honte (comme les pleurs, 56.8 ; 119.136).
Amour, colère, joie, paix, tristesse, confiance, peur, etc. : quel que soit le sentiment du moment, nous pouvons trouver un Psaume qui s’en fasse l’écho. C’est particulièrement vrai pour les sentiments qui nous semblent « chrétiennement » les moins avouables, comme la colère. Or Dieu sait d’avance et parfaitement ce que nous ressentons et ne nous reproche jamais de le lui exprimer (ce qui ne veut pas dire qu’il approuve toujours de tels sentiments !). Le fait que ces expressions soient consignées dans des écrits publics (avant d’être sacrés) montre également la vérité du psalmiste devant les autres — même s’il évite de faire un étalage public de ses fautes6. Le repentir devant Dieu purifie mon cœur. Le repentir devant mon frère édifie ce frère, mais ma pudeur protège le cœur de ce frère.

Au cours de leur épanchement devant Dieu, les fidèles reçoivent la correction nécessaire de sentiments trop excessifs. Cette catharsis, cette libération, ce défoulement en prière, permet au psalmiste de recevoir l’instruction au milieu même de l’expression de ses sentiments (32.8) et de basculer brusquement de la supplication à la louange. Le changement d’état d’esprit est parfois soudain (28.2,6). Le « travail sur soi » n’a pas besoin d’être très long : devant Dieu, la « remontée » peut être rapide. Dieu intervient, soit dans les circonstances, soit directement dans le tréfonds de l’âme du fidèle, sans que le détail nous soit généralement donné pour nous permettre de nous l’approprier (ex. : 34.4-6).

Ainsi l’expression même de nos sentiments est une forme de louange, car elle glorifie Dieu dans son acte de création de l’humain et dans la reconnaissance de sa dépendance de lui. Apprenons donc à calmer nos craintes, à apaiser notre colère, à consoler notre tristesse, à dire notre joie, à exprimer notre amour, à affermir notre confiance aux pieds du Seigneur dans une méditation interactive de notre âme avec lui.

UN LIVRE QUI PARLE DE JESUS

Comme nous l’avons déjà dit rapidement, Jésus est présent dans les Psaumes (Luc 24.44-47).
Les Psaumes sont le livre de l’A.T. le plus cité dans le N.T. et deux tiers des citations concernent directement Jésus :
– Jésus est le fils de David, le roi par excellence (ex. : 2) ;
– Jésus est aussi le « nouvel Israël », qui récapitule l’expérience de son peuple et concentre l’opposition contre le peuple de Dieu et ses fidèles ;
– Jésus est aussi l’Éternel de l’A.T. en qui Dieu se révèle pleinement (ex. : 102.26-28 ; cf. Héb 1).

Les rabbins juifs appliquaient déjà beaucoup de Psaumes que nous qualifions de « messianiques » au Messie. Aussi, sans gommer le caractère historique (en particulier dans les expériences de David), sommes-nous frappés par la similitude des circonstances, voire par leur côté visionnaire (comme les mains et les pieds percés du Ps 22 dans une civilisation israélite qui ignorait la crucifixion).

Un livre qui nous invite à louer, un livre qui touche nos sentiments, un livre qui nous présente Jésus, un livre qui est au cœur de la Bible : que les Psaumes soient aussi un livre dans notre cœur !

1150 « chapitres », 2 461 versets, soit 60 % de plus que la Genèse (deuxième livre en nombre de versets).
2Voir l’article de Roger Liebi dans Promesses, n° 150, « Les Proverbes, un livre poétique », pour une introduction rapide à la poésie hébraïque. L’introduction du commentaire de Gerald Wilson, Psalms, vol. 1, The NIV Application Commentary, Zondervan, p. 31 à 57, donne des éléments très utiles — et le commentaire des Psaumes qui suit est également excellent.
3Ce point est à garder en mémoire lorsque nous cherchons à interpréter les Psaumes. Il est souvent vain de vouloir tirer d’expressions avant tout poétiques, des points de doctrines qui ne seraient pas solidement étayés par des textes plus didactiques tirés d’autres livres bibliques.
4Soit 50 % du livre, exactement : 73 où il est explicitement indiqué comme auteur + le Ps 2 d’après Act 13 + le Ps 10 par nature (car il est indissociable du Ps 9 comme l’indique la structure alphabétique consécutive de ces deux Psaumes — or le Ps 9 est attribué à David).
5C’est bien sûr vrai, au premier chef, pour les Psaumes dont le titre rappelle une circonstance historique de David. Toutefois d’autres Psaumes peuvent éclairer la façon dont il a ressenti certaines périodes de sa vie, bien qu’ils ne soient pas explicitement reliés à un épisode précis.
6Par exemple, le Ps 51 se contente de rappeler la faute de David dans la suscription. Le reste du Psaume montre un cœur saisi par la gravité de son péché, sans que David ne le mentionne explicitement. De ce fait, ce Psaume devient d’une application très générale.

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)