12 principes d’interprétation biblique

Dans cet article, je me concentrerai sur un problème simple, auquel tout lecteur sérieux de la Bible est confronté : Quels textes de la Bible sont des injonctions contraignantes pour nous, et quels textes ne le sont pas ?

Prenons quelques exemples. « Se saluer par un saint baiser » : les Français le font, mais en général, pas les Américains. N’obéissent-ils donc pas à la Bible ? Jésus dit à ses disciples qu’ils doivent se laver les pieds les uns aux autres (Jean 13.14), mais la plupart d’entre nous ne l’ont jamais fait. Pourquoi « désobéissons-nous » à cette simple injonction, alors que nous obéissons à sa demande concernant la cène du Seigneur (« Faites ceci en mémoire de moi ») ? L’injonction faite aux femmes de garder le silence dans l’église est-elle absolue (1 Cor 14.33-36) et si ce n’est pas le cas, pourquoi ? Jésus dit à Nicodème qu’il doit naître de nouveau s’il veut entrer dans le royaume ; il dit au jeune homme riche qu’il doit vendre tout ce qu’il possède et le donner aux pauvres. Pourquoi faisons-nous de la première exigence une obligation absolue pour tous, alors que nous esquivons la seconde ?
Ce qui suit n’est pas une recette complète pour répondre à toutes les questions d’interprétation difficiles, mais quelques lignes directrices préliminaires pour résoudre ces questions, qui ne sont pas classées par ordre d’importance.

1. Cherchez aussi consciencieusement que possible l’équilibre de l’Écriture et évitez de succomber aux oppositions historiques et théologiques.

Historiquement, de nombreux baptistes réformés en Angleterre entre le milieu du XVIII e siècle et le milieu du XX e ont tellement insisté sur la grâce souveraine de Dieu dans l’élection qu’ils se sont sentis mal à l’aise avec les déclarations générales de l’Évangile. Comment dire aux incroyants de se repentir et de croire à l’Évangile, puisqu’ils sont morts dans leurs offenses et leurs péchés, et qu’ils ne peuvent en aucun cas faire partie des élus ? Ils devraient plutôt être poussés à s’examiner eux-mêmes pour voir s’ils ont en eux les premiers signes de l’action de l’Esprit, une conviction de péché, un sentiment de honte. Cette façon de voir n’est a priori pas très biblique, mais de nombreuses Églises ont pensé que c’était la marque de la fidélité. L’équilibre de l’Écriture a été perdu. Un élément de la vérité biblique a été élevé à une position qui lui permet d’annuler ou de prendre le pas sur un autre élément de la vérité biblique.
En fait, « l’équilibre de l’Écriture » n’est pas facile à maintenir, en partie parce qu’il y a différents types d’équilibres dans l’Écriture. Par exemple, il y a l’équilibre des diverses responsabilités qui nous incombent (prier, être fiable au travail, être un conjoint et un parent bibliquement fidèle, évangéliser un voisin, etc.). Il y a aussi l’équilibre de vérités que nous ne pouvons pas encore réconcilier, mais que nous pouvons facilement déformer si nous n’écoutons pas attentivement le texte. Dans chaque cas, un type d’équilibre biblique légèrement différent entre en jeu, mais il reste indispensable de rechercher l’équilibre biblique.

2. Reconnaissez que la nature antithétique de certaines parties de la Bible, est un artifice rhétorique et non un absolu.

C’est le contexte qui doit décider si tel est le cas.
C’est vrai en particulier dans les enseignements de Jésus.
Bien sûr, il y a des antithèses absolues dans l’Écriture qui ne doivent en aucun cas être édulcorées. Par exemple, les oppositions entre les malédictions et les bénédictions de Deutéronome 27-28 : la conduite qui attire les malédictions de Dieu et celle qui gagne son approbation sont en claire opposition.
Mais lorsque Jésus insiste sur le fait que pour devenir son disciple, on doit haïr ses parents (Luc 14.26), nous ne devons pas penser que Jésus approuve la haine entre les membres de la famille. L’enjeu est de prendre conscience que les exigences de Jésus sont plus urgentes et plus contraignantes que les relations humaines les plus précieuses et les plus chères (comme le montre clairement le parallèle de Mat 10.37).
Parfois, l’antithèse apparaît en comparant deux passages éloignés l’un de l’autre. D’une part, selon Jésus, la prière de ses disciples ne doit pas ressembler au bavardage des païens qui pensent être entendus à cause de leurs nombreuses paroles (Mat 6.7). D’autre part, Jésus peut aussi raconter une parabole dont la leçon est que ses disciples doivent prier avec persévérance et ne jamais se lasser (Luc 18.1-8). Pourtant, si nous imaginons que ces deux injonctions s’opposent, nous démontrons non seulement notre ignorance du style de prédication de Jésus, mais aussi notre insensibilité à ses exigences pastorales. La première est vitale pour ceux qui pensent séduire Dieu par leurs interminables prières ; la seconde est vitale pour ceux dont la vie de prière se limite à quelques phrases vite marmonnées.

3. Gardez-vous d’absolutiser ce qui n’est dit ou ordonné qu’une seule fois.

Non pas que Dieu doive dire les choses plus d’une fois pour qu’elles soient vraies ou contraignantes.
Mais plutôt parce que si quelque chose n’est dit qu’une seule fois, il est facile de mal la comprendre ou de l’appliquer à mauvais escient. Lorsqu’une vérité est répétée à plusieurs reprises et dans des contextes légèrement différents, le lecteur saisit mieux le sens et l’enjeu.
Ce principe sous-tend l’une des raisons pour lesquelles la plupart des chrétiens ne considèrent pas le commandement du Christ de se laver les pieds les uns aux autres comme une troisième ordonnance. Le baptême et la cène sont assurément évoqués plus d’une fois, et il y a de nombreuses preuves que l’Église primitive les observait tous les deux, mais on ne peut pas en dire autant du lavage des pieds.

4. Examinez soigneusement la justification biblique de toute parole ou de tout commandement.

Je ne veux pas dire que, si vous ne pouvez pas discerner la justification, vous devriez ignorer le commandement. Il s’agit d’affirmer que Dieu n’est ni arbitraire ni capricieux et qu’il fournit généralement des raisons et des structures de pensée derrière les vérités qu’il révèle et les exigences qu’il formule. Essayer de découvrir cette logique aide à comprendre ce qui constitue l’essence de ce que Dieu dit, et ce qui en est l’expression culturelle particulière.
Avant de donner quelques exemples, il est important de reconnaître que toute l’Écriture est liée à la culture. Une interprétation prudente et pieuse n’implique pas qu’il faille dépouiller ces formes culturelles pour découvrir la vérité absolue sous-jacente, car c’est impossible : nous ne pouvons jamais échapper à notre finitude. Il s’agit de comprendre ces formes culturelles et, par la grâce de Dieu, de découvrir la vérité que Dieu a révélée à travers elles.
Ainsi, lorsque Dieu ordonne aux gens de déchirer leurs vêtements et de revêtir le sac et la cendre, ces actions précises sont-elles à ce point constitutives de l’essence de la repentance qu’il n’y ait pas de véritable repentance sans elles ? Il n’y a pas de théologie du sac et de la cendre ; il y a une théologie de la repentance qui exige à la fois un chagrin radical et un changement profond.
Si ce raisonnement est juste, il a une incidence à la fois sur le lavage des pieds. Bien que cet acte n’apparaisse qu’une seule fois dans le N.T. comme un acte commandé par le Seigneur, l’acte lui-même est théologiquement lié, en Jean 13, au besoin urgent d’humilité du peuple de Dieu et à la croix.

5. Observez attentivement que l’universalité formelle des proverbes n’est que rarement absolue.

Si les proverbes sont traités comme des lois ou des jurisprudences, des erreurs majeures d’interprétation — et d’application pastorale — s’ensuivront inévitablement. Comparons ces deux paroles de Jésus : (a) « Celui qui n’est pas avec moi est contre moi, et celui qui n’assemble pas avec moi disperse » (Mat 12.30) et (b) «  Qui n’est pas contre nous est pour nous. » (Marc 9.40) Ces affirmations ne sont pas contradictoires si elles sont un avertissement pour la première à des personnes indifférentes, et pour la seconde aux disciples à propos de personnes dont le zèle dépasse la connaissance. Mais les deux déclarations sont certainement difficiles à concilier si chacune est prise de manière absolue, sans réfléchir à ces questions.
Prenons par exemple deux proverbes adjacents : « Ne réponds pas à l’insensé selon sa folie […] Réponds à l’insensé selon sa folie […] » (Prov 26.4-5) S’il s’agit de lois ou d’exemples de jurisprudence, la contradiction est inévitable. D’un autre côté, la seconde ligne de chaque proverbe fournit une justification suffisante pour nous faire entrevoir ce que nous aurions dû voir de toute façon : les proverbes ne sont pas des lois. Ils sont une sagesse distillée, souvent exprimée sous forme d’aphorismes piquants qui demandent réflexion ou qui décrivent des effets dans la société en général (mais pas nécessairement chez chaque individu), ou qui demandent de réfléchir à la manière dont ils s’appliquent et au moment où ils s’appliquent.

6. L’application de certains thèmes doit être traitée avec un soin particulier du fait de la distance historique.

Certains thèmes sont délicats — non seulement en raison de leur complexité intrinsèque, mais aussi à cause des changements dans les structures sociales entre les temps bibliques et notre époque.
« Que toute personne soit soumise aux autorités supérieures ; car il n’y a point d’autorité qui ne vienne de Dieu, et les autorités qui existent ont été instituées de Dieu. » (Rom 13.1) Une difficulté nouvelle pour appliquer ce texte se fait jour lorsqu’on vit dans une démocratie. En théorie au moins, une démocratie permet de s’opposer à un gouvernement sans violence ni effusion de sang.
Quelles sont précisément les responsabilités du chrétien dans ce cas (quel que soit votre point de vue sur la signification de Romains 13 dans son propre contexte) ?
En d’autres termes, nous vivons dans de nouvelles structures sociales, qui dépassent tout ce que Paul aurait pu imaginer ; elles ne renversent pas ce qu’il a dit, mais elles peuvent nous forcer à introduire des considérations que Paul n’a pas prévues pour appliquer de façon valable et réfléchie ses propos.
Il est très réconfortant, et épistémologiquement important, de se rappeler que Dieu les avait prévues, mais cela ne réduit pas les responsabilités herméneutiques qui sont les nôtres.

7. Déterminez non seulement comment les symboles, les coutumes, les métaphores et les modèles fonctionnent dans les Écritures, mais aussi à quoi ils sont liés.

Est-il acceptable de célébrer la cène avec des ignames et du lait de chèvre dans une église de village en Papouasie ? Et si nous utilisons du pain et du vin, ne sommes-nous pas en train d’insinuer subtilement que seule la nourriture des étrangers blancs est acceptable pour Dieu ?
C’est un problème non seulement ecclésiastique, mais aussi linguistique auquel les traducteurs de la Bible sont confrontés en permanence. Comment traduire « pain » et « vin » ? En effet, ces éléments sont liés à d’autres éléments de la Bible et il est presque impossible de les démêler. Après avoir remplacé « pain » par, disons, « ignames » afin d’éviter tout impérialisme culturel, que faire des liens entre la cène et la Pâque, où seul du pain sans levain devait être mangé : pouvons-nous parler d’« ignames sans levain » ?! Qu’en est-il du lien entre le pain, la manne et Jésus (Jean 6) ? Jésus (je le dis avec respect) va-t-il devenir l’igname de Dieu ?
Ainsi, ce qui commence comme un effort charitable de communication interculturelle conduit à des problèmes d’interprétation majeurs. En outre, les traductions de la Bible ont une durée de vie beaucoup plus longue que ne le pensent généralement les traducteurs. Cinquante ans plus tard, une fois que la tribu s’est familiarisée avec les cultures au-delà de ses forêts et qu’il semble préférable de revenir à un plus grand degré de littéralisme dans une révision, essayez de remplacer « ignames » par « pain » et voyez quel genre de querelles ecclésiastiques éclateront.
Dieu ne nous a pas donné une révélation culturellement neutre. Ce qu’il a révélé par des mots est nécessairement lié à des lieux et à des cultures spécifiques. Toutes les autres cultures doivent faire un effort pour comprendre ce que Dieu voulait dire lorsqu’il a dit certaines choses dans une langue particulière, à un moment et en un lieu précis. Pour une expression, un élément analogue peut être la meilleure façon de la rendre ; pour d’autres expressions, en particulier celles qui sont profondément liées à d’autres éléments de l’histoire de la Bible, il est préférable de rendre les choses plus littéralement, et d’inclure éventuellement une note explicative.

8. Limitez les comparaisons et les analogies en observant les contextes proches et lointains.

Les comparaisons et les analogies sont toujours autolimitées d’une manière ou d’une autre. Sinon, il ne s’agirait pas de comparaisons et d’analogies, mais de deux choses identiques. Ce qui rend possible une comparaison ou une analogie, c’est que deux choses différentes se ressemblent à certains égards. Il est toujours crucial de découvrir les plans sur lesquels les parallèles opèrent — ce qui est généralement précisé par le contexte — et de refuser toute généralisation.
Un disciple doit ressembler à son maître ; nous devons imiter Paul, comme Paul imite le Christ. Sur quels points ? Devons-nous marcher sur l’eau ? nettoyer le temple local avec un fouet ? fournir miraculeusement de la nourriture à des milliers de personnes à partir du repas d’un petit garçon ?
Devrions-nous être crucifiés ? Observons que la plupart des injonctions des Évangiles à suivre Jésus ou à faire ce qu’il fait sont liées à son abnégation : par exemple, de même qu’il est haï, nous devons nous attendre à être haïs (Jean 15.18) ; comme il va à la croix, nous devons prendre notre croix et le suivre (Mat 10.38 ; 16.24). Ainsi, la réponse à la question « Devrions-nous être crucifiés ? » est certainement oui et non : non, pas littéralement, diront la plupart d’entre nous, et pourtant cela ne justifie pas d’échapper complètement à l’exigence de prendre notre croix et de le suivre. Dans ce cas, la réponse est donc « oui », mais pas littéralement.

9. De nombreux mandats sont limités pastoralement par l’occasion ou les personnes auxquelles ils s’adressent.

L’Écriture offre de nombreux exemples de l’importance du contexte pastoral. Paul peut dire qu’il est bon pour un homme de ne pas toucher une femme (1 Cor 7.1). Mais, poursuit-il, il y a aussi de bonnes raisons de se marier, et il conclut finalement que le célibat et le mariage sont des dons de Dieu (1 Cor 7.7). Il n’est pas nécessaire de lire entre les lignes pour comprendre que l’église de Corinthe comprenait des personnes portées à l’ascétisme et d’autres en danger de promiscuité sexuelle (cf. 1 Cor 6.12-20). L’argument « Oui, mais » de Paul est empreint d’une sensibilité pastorale, qu’il déploie plus d’une fois dans cette lettre. En d’autres termes, il existe des limites pastorales à la ligne de conduite préconisée, limites rendues évidentes par le contexte.
Face à une doctrine complexe, les éléments particuliers sur lesquels il faut insister à un moment donné seront déterminés, en partie, par un diagnostic pastoral des problèmes prédominants du moment.

10. Faites toujours attention à la manière dont vous utilisez les récits.

Les récits sont évocateurs, suscitent l’empathie, sont faciles à mémoriser. Mais si l’on n’y prend garde, ils sont plus facilement mal interprétés que les textes doctrinaux.
En fait, les récits individuels doivent être interprétés non seulement dans le cadre du livre dans lequel ils sont insérés mais aussi dans celui du canon.
Prenons, par exemple, le récit des premières années de Joseph en Égypte (Gen 39). On peut en tirer d’excellentes leçons sur la manière de résister à la tentation. Mais  Une lecture attentive des premiers et derniers versets du chapitre montre également que l’un des points importants du récit est que Dieu est avec Joseph et le  bénit même au milieu des circonstances les plus épouvantables : ni la présence de Dieu, ni sa bénédiction ne se limitent à des moments de vie heureux. Lisez ensuite  le chapitre dans le contexte du récit précédent : Juda devient alors le faire-valoir de Joseph. L’un est tenté dans des circonstances de confort et d’abondance, et succombe à l’inceste ; l’autre est tenté dans des circonstances d’esclavage et d’injustice, et conserve son intégrité. Lisez maintenant le même chapitre dans le contexte du livre de la Genèse. L’intégrité de Joseph est liée à la manière dont Dieu soulage providentiellement de la famine non seulement des milliers de personnes, mais aussi en particulier le peuple de l’alliance de Dieu. Élargissez maintenant l’horizon pour embrasser l’ensemble du canon : soudain, la fidélité de Joseph dans les petites affaires fait partie de la sagesse providentielle qui préserve le peuple de Dieu, et conduit finalement au lointain fils (!) de Juda, David, et à son fils encore plus lointain, Jésus.
Ainsi, Genèse 39 va bien au-delà d’un récit moralisateur de résistance face à la tentation. La perspective acquise en élargissant les contextes révèle des dizaines de connexions et de significations supplémentaires que les lecteurs réfléchis (et les prédicateurs) ne devraient pas ignorer.

11. Rappelez-vous que vous êtes, vous aussi, culturellement et théologiquement situés.

Il ne s’agit pas simplement de considérer que chaque partie de la Bible est culturellement située ; les lecteurs attentifs reconnaîtront qu’ils sont eux aussi situés dans  une culture spécifique, imprégnés du langage, des hypothèses et des perspectives de leur temps. D’où l’importance d’une lecture méditative, autocritique, humble,  honnête, pour découvrir où la Parole remet en question les perspectives et les valeurs de notre époque et de notre lieu.
Les exemples sont légion. Les interprétations bibliques avancées par les féministes évangéliques sont-elles influencées par l’accent mis actuellement sur la libération  des femmes, ou bien les interprétations des exégètes plus traditionnels sont- elles biaisées par leur dépendance involontaire à des hypothèses patriarcales ? Ignorons-nous certains proverbes sur la pauvreté simplement parce que la plupart d’entre nous vivent dans une relative richesse ?
Reconnaissons honnêtement nos préjugés et acceptons progressivement de les réformer et de les remettre en question lorsque nous percevons que la Parole de Dieu nous emmène dans une direction tout à fait différente. À mesure que notre culture devient de plus en plus séculière, le besoin de ce type de lecture se fait de plus en plus pressant.

12. Admettez franchement que de nombreuses décisions d’interprétation s’inscrivent dans un système théologique plus vaste, que nous devons en principe accepter de modifier si nous voulons que la Bible ait le dernier mot.

Il s’agit bien sûr d’un sous-ensemble du point précédent, mais il mérite d’être traité séparément.
Certains chrétiens donnent l’impression que si l’on apprend le grec et l’hébreu et que l’on maîtrise l’herméneutique de base, on peut oublier la théologie historique et la théologie systématique : il suffit de faire son exégèse et l’on obtiendra la vérité directement de la Parole de Dieu. Mais bien sûr, tout n’est pas si simple. Inévitablement, votre exégèse dépendra de votre tradition ecclésiastique et de votre système théologique.
Les systèmes ne sont pas intrinsèquement mauvais. Ils ont pour fonction de rendre l’interprétation un peu plus facile et un peu plus réaliste : grâce à eux, il n’est pas nécessaire de chaque fois revenir aux bases. Si la tradition est largement orthodoxe, le système permet de s’éloigner des interprétations hétérodoxes. Mais un système peut être si étroitement rigide qu’il ne se laisse pas corriger par l’Écriture, ni même renverser par l’Écriture. En outre, de nombreux points d’interprétation litigieuse sont imbriqués dans d’autres : pour changer d’avis sur un détail, il faudrait changer d’avis sur des structures de base, ce qui est inévitablement beaucoup plus difficile. C’est également la raison pour laquelle un réformé pieux et un baptiste pieux ne parviendront pas à déterminer ce que dit l’Écriture au sujet, par exemple, du baptême, simplement en sortant quelques dictionnaires et en travaillant ensemble sur quelques textes pendant une demi-journée. Ce qui est en jeu, pour l’un comme pour l’autre, c’est la manière dont ces questions sont imbriquées dans un grand nombre d’autres points, qui sont eux-mêmes liés à toute une structure théologique.
Si l’on s’en tenait là, les postmodernistes auraient raison : l’interprète déterminerait toujours le sens.
Mais si les croyants sont a priori ouverts à changer d’avis (c’est-à-dire de système !), et s’ils acceptent humblement de tout soumettre, y compris leur système, à l’épreuve de l’Écriture, et s’ils sont disposés à entrer dans une discussion courtoise avec des frères et des sœurs d’un avis différent mais eux aussi désireux de laisser l’Écriture avoir l’autorité finale, alors les systèmes peuvent être modifiés, abandonnés, réformés.

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En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)